Véro Grafe : « Je viens des sports de combat et quand je masse ces sportifs surpuissants, ils me respectent. »Massothérapeuthe de Strongmen, bodybuilders, powerlifters et ferristes, 45 ans.
Métier : réparer les hommes les plus forts du monde. Massothérapeute pour gladiateurs du XXIe siècle alias les Strongmen, Véronique Grafe -appelez-la simplement “Véro“- envoie du lourd pour les remettre d’aplomb ! « Maman » de cette troupe de mecs super balèzes, l’ex-boxeuse se bat pour institutionnaliser sa discipline. Incursion au cœur de l’incroyable corps humain et de la force poussée à son extrême.
Propos recueillis par Claire Bonnot
Publié le 20 octobre 2021 à 18h13, mis à jour le 25 mars 2022 à 17h14
« Mon parcours jusqu’à ce métier est fait de chemins de traverse. Tout simplement parce je n’avais aucune idée que ça existait ! Je suis originaire du Luxembourg, mais tout a commencé quand j’ai débarqué à Paris, via le bodybuilding.
Les bodybuilders n’avaient pas cette notion de massage pour la récupération contrairement aux pays nordiques ou aux États-Unis où c’est complètement intégré. Je voulais offrir une pédagogie, leur faire comprendre à quel point la récupération est importante pour accroître leurs performances.
C’est en parcourant les événements sportifs pour me faire connaître que je suis tombée un jour sur les compétitions de Strongmen. J’en ai massé et ils n’ont plus jamais voulu que j’arrête !
La discipline du Strongman est un sport de force, les sportifs soulèvent les objets les plus lourds qu’on puisse trouver. C’est un sport répandu dans les pays de l’Est, aux États-Unis et dans les pays du Nord d’où le sport est originaire mais, il y a dix ans, quand je suis arrivée, ça n’existait pas encore en France.
Ce n’est pas un sport institutionnalisé donc notre objectif a été de mettre en place les structures qui puissent permettre aux sportifs de devenir athlètes Strongmen. On en est aux prémisses.
J’ai donc fondé en décembre 2019 l’association FFSTRONG (Fédération Française de Strong). En attendant d’avoir des locaux, j’organise des stages de perfectionnement aux techniques Strongman avec des intervenants expérimentés sur des thèmes comme le tirage de camions par exemple.
L’adage du Strongman est : savoir soulever n’importe quoi, n’importe où, n’importe quand. Comme dans chaque discipline, nous retrouvons différentes catégories de poids chez les hommes comme chez les femmes. Les catégories diffèrent en fonction des pays. En France, les catégories accessibles pour les hommes sont -90kg, -105kg, +105kg et pour les femmes : -72kg, -82kg, +82kg
Toute petite, je faisais beaucoup de judo. Ensuite, et pendant douze ans, j’ai pratiqué la boxe française et thaï. Au Luxembourg, j’étais championne régionale. Je suis devenue coach fitness et, en parallèle, secrétaire médicale en rhumatologie.
Ma venue en France est liée avec le souhait de changer de métier, de m’orienter davantage vers le sport qui est toute ma vie.
Ici, je me suis inscrite dans une école de massage. J’y ai appris des techniques essentiellement axées sur le bien-être. Au Luxembourg, je travaillais surtout en thérapeutique qui est le fait de traiter la pathologie du muscle, de soigner la cause.
Je me suis aussi inscrite dans une école en Thaïlande où, pendant un mois et demi, je me suis formée à divers types de massages dont des massages thaï traditionnels. Là-bas, ils y vont beaucoup plus franchement qu’en France où nous avons beaucoup de barrières, d’idées reçues sur la fragilité des muscles et du corps.
De là, est née ma société Siddharta Massages. J’ai croisé la route de la médecine chinoise par le plus grand des hasards. Je m’étais inscrite pour six années d’école de médecine traditionnelle chinoise à Paris, en lien avec Shanghai pour la validation des acquis. J’ai appris à soigner les pathologies musculo-squelettiques. Et puis, je suis venue au Strongman.
Pour ça, je fais beaucoup de musculation car « il faut envoyer du lourd » pour pouvoir masser ces gars-là. Il faut une sacrée endurance musculaire, notamment pour tenir le premier et le dernier massage de la semaine qui durent chacun cinquante minutes. Je m’entraîne quatre fois par semaine pendant 1h, essentiellement chez moi.
Je n’ai donc pas suivi une formation pour “réparer“ les Strongmen, mais je travaille à partir de connaissances solides et emportée par ma passion pour le sport et tout ce qui touche au muscle. Avec les Strongmen, c’est vraiment de la mécanique fine, c’est pointu !
Cette discipline est parfaite pour développer ma technique de massothérapie : je traite rarement le problème mais plutôt la cause du problème, c’est ma différence. C’est une technique qui n’existe pas, donc j’ai envie de la partager, de l’enseigner et de la faire évoluer car j’ai beaucoup de demandes dans tous les coins de France même si mon cabinet est basé à Paris.
Ma technique, je l’ai développée avec tous les sports de force, Strongmen mais aussi bodybuilders et powerlifters. Ce sont des techniques de massages profonds qui viennent détendre le muscle. Ils sont très ciblés sur un muscle en particulier.
Comme je l’expliquais, je recherche la cause et non la conséquence de la pathologie. J’allie des techniques occidentales – où on vous apprend à ne pas faire mal, où certaines zones ne doivent pas être trop touchées- à la méthode asiatique -qui ne fixe pas les mêmes limites-, j’utilise ainsi, par exemple, des ventouses qu’on appelle la cuppingtherapy. Ce sont des techniques adaptées à des corps hors normes. Mais je n’ai pas que des sportifs au cabinet, tout le monde peut venir consulter.
Mon but est de soigner et d’apprendre à mes patients et notamment les sportifs à s’autogérer, à devenir autonomes. D’habitude, la première chose que leur dit le corps médical quand ils se blessent, c’est qu’il faut arrêter définitivement leur pratique et c’est quelque chose qu’ils ne veulent pas entendre.
Le problème, c’est qu’ils repartent alors seuls et non accompagnés avec leur douleur en bandoulière. Mon but est de les accompagner le mieux possible vers leur maximum et de leur permettre de continuer malgré quelques petits problèmes.
Mes athlètes Strongmen ont besoin d’aller au bout d’eux-mêmes, de puiser le maximum dans leur force, c’est clairement du sport extrême. Cependant, je leur apprends à connaître leurs limites pour ne pas se blesser. Leur apprendre à écouter leur corps.
D’ailleurs, la médecine chinoise est une médecine de prévention quand, en France, on est dans la guérison, dans l’après. Là-bas, on va voir son thérapeute entre chaque saison pour que le médecin nous prépare à la saison qui arrive. Ici, on ne va voir le médecin que lorsqu’on est malade. On traite la maladie et moi je traite la bonne santé !
Dans le milieu du Strongman, je suis un peu la « maman » de tous ces hommes surpuissants… Je viens des sports de combat, je suis respectée et ça se passe très bien. Il n’y a pas de machisme dans ce milieu du Strong contrairement aux sports de combats. Le problème vient de la concurrence entre les structures de Strongmen. C’est dommage car, pour moi, c’est une force qu’il y ait plusieurs groupes, ça prouve que la discipline prend de l’ampleur !
Mais ce sport est encore trop impopulaire en France pour être institutionnalisé. C’est ma lutte, en quelque sorte, d’y parvenir.
Je suis plutôt une battante, quand je me lance dans quelque chose je ne compte pas ! Je suis empathique, généreuse, mais je suis aussi une lionne. Je ne me laisse pas faire et je montre à mes « gros lionceaux » quelles sont les valeurs de ce sport.
J’ai toujours été habituée à me débrouiller seule. Mon association est très jeune et il y a de la concurrence.
J’ai dû faire au moins cher et j’ai moi-même fabriqué un certain nombre d’outils pour les épreuves Strongman comme les boules en béton, par exemple. Ça m’a pris un an pour en fabriquer une trentaine et, ça, ça impressionne les sportifs.
Je leur montre ainsi qu’on peut faire beaucoup avec rien, qu’il n’y a pas de limites, qu’on peut arriver à tout quand on s’en donne la peine ! »
ÀBLOCK! est un média indépendant qui, depuis plus d’1 an, met les femmes dans les starting-blocks. Pour pouvoir continuer à produire un journalisme de qualité, inédit et généreux, il a besoin de soutien financier.
Pour nous laisser le temps de grandir, votre aide est précieuse. Un don, même petit, c’est faire partie du game, comme on dit.
Pleine de peps, cette fana de running est un vrai guépard. Dopée aux marathons et aux entraînements ultra matinaux, elle a découvert la course par hasard et n’en décroche plus. Go pour un shoot d’endorphines !
À 17 ans, elle a déjà fait face à de nombreux revers. Mais, à chaque fois, elle est revenue sur les courts, raquette fermement en main, bien décidée à gagner. Aujourd’hui, Oriane Raguin se sent prête pour entrer dans la cour des grandes.
Grande blonde explosive au sourire franc, l’athlète et coach sportif Anouk Garnier, double championne du monde de course à obstacles, est une adepte des parcours du combattant. Son nouveau défi : battre le record du monde de grimper de corde où, à la force de ses bras, elle se hissera jusqu’au deuxième étage de la Tour Eiffel.
Maman d’un enfant en bas âge, la trentenaire Noëlie n’a pourtant jamais lâché le guidon et s’est fait une place de choix dans le monde du vélo. Son prochain défi ? La course reine de l’ultra-cyclisme, la RAF 2500km, sans assistance et en totale autonomie. Avec sa coéquipière Elsa, elles seront le premier duo féminin de toute l’histoire de la RAF. De vraies Indiana Jones au féminin !
Pour son soixantième anniversaire, elle s’est offert un titre de vice-championne du monde de précision d’atterrissage. Elle, c’est Kti Devos, pilote référence en vol et ski et en précision d’atterrissage, deux disciplines affiliées au parapente. Témoignage d’une fille de l’air.
Ultra compétitive et un rien hyperactive, cette championne haute comme trois pommes fait figure de prodige du tennis de table. Double championne de France en benjamines et multi-sélectionnée en équipe de France, Albane Rochut est carrément ÀBLOCK!
La performance, l’échec, la résilience… elle a tout connu. À la suite d’un burn-out sportif, cette ex-infirmière a appris à se mettre en mouvement différemment. Devenue coach mentale, Louise Retailleau partage désormais son expérience pour aider les autres à toujours se relever pour mieux se révéler.
Aussi solaire que son Sud natal et dopée à l’énergie du sport-passion, elle envoie du lourd. Mais désormais, c’est tout en douceur. Ou presque. La coach Jessica Vetter, ex-gymnaste et championne de CrossFit, désire aujourd’hui aider les autres à se sentir bien dans leur corps, sans jamais se départir de son humour communicatif. Les muscles n’ont qu’à bien se tenir !
Le foot, pour elle, c’est une longue histoire. Elle s’appelle Karine Van den Eynde et a quitté sa Belgique natale il y a quinze ans pour s’installer en France. Ex-joueuse de football, elle a monté une équipe destinée aux femmes de plus de 50 ans en Dordogne. Dans le but de renouer avec le ballon rond, celui qui lui donne des ailes.
Elle a donné un an de sa vie pour la Transat Jacques Vabre qui vient de s’élancer du Havre. Elle, c’est Charlotte Cormouls-Houlès, 27 ans, navigatrice passionnée qui n’aurait jamais imaginé pouvoir s’embarquer dans pareille aventure. Nous l’avons rencontrée deux jours avant son grand départ. Avec sa co-skippeuse Claire-Victoire de Fleurian, la voilà à flot pour voguer vers un rêve devenu réalité.
Elle a déjà eu mille vies. Océanographe, éducatrice sportive en voile légère et croisière avant de travailler sur un chantier d’IMOCA pour finalement se lancer dans le commerce de voiles. Hélène Clouet, 34 ans, n’a de cesse, à travers ses aventures, d’assouvir sa passion pour la navigation. Engagée au départ de la Mini Transat en 2021, la Caennaise, Rochelaise d’adoption, a monté une association, « Famabor », afin d’inciter d’autres filles à se lancer !
En juin dernier, elle est arrivée première de l’Ironman de Nice dans la catégorie 40-44 ans, la voilà maintenant en route pour les Championnats du monde de la spécialité qui se dérouleront à Hawaï le 14 octobre. Adeline Trazic, professeure d’arts plastiques, n’a qu’une ambition : franchir la ligne d’arrivée et faire le plein d’émotions sur la terre du triathlon.
Un nageur artistique et une pilote moto confrontés tous les deux au sexisme, une boxeuse ambitieuse ou encore 5 infos clés sur l’une des meilleures judokates mondiales, Clarisse Agbegnenou (sur notre photo), c’est le meilleur d’ÀBLOCK! cette semaine. Enjoy !
Chloé est une passionnée de sport depuis toute petite, ça l’a forgée, l’a aidée à se faire accepter des autres et des gars en particulier. Témoignage d’une fan de running qui a du souffle.
Longtemps réfractaire à l’éducation physique, Senda Berenson s’est servie du sport pour renforcer sa constitution fragile. Devenue professeure de sport à Boston, elle s’est mise en tête d’y convertir ses élèves en les initiant à une discipline toute jeune, le basketball. Retour sur le parcours d’une pionnière qui a su saisir la balle au bond.
Déchirant et édifiant, le documentaire Netflix « Team USA : Scandale dans le monde de la gymnastique » retrace l’enquête qui a mené à l’accusation de Larry Nassar, médecin officiel de la Fédération américaine de gymnastique, pour agressions sexuelles sur des centaines de gymnastes. À voir absolument pour que « la honte et le pouvoir changent de camp ».
Les fans de basket comprendront ce terme, d’autres amateurs de sports collectifs aussi, mais les autres… Car même avec une traduction assez simple à obtenir, ce terme n’est pas clair. C’est quoi, à votre avis ? Les sportifs et sportives, les coachs, ont leur langage, selon les disciplines qui, elles aussi, sont régies par des codes. Place à notre petit lexique pratique, le dico « Coach Vocab ».
On les adore ces séances où on pète la forme, où tous les exercices nous semblent easy, où on se dépasse en mode “même pas mal“. Forcément, ça donne envie de recommencer. Vite, trop vite. Et c’est là que la récupération joue son rôle. Pas convaincu ? Lis plutôt la réponse de notre coach, Nathalie Servais !
Elle a eu besoin de faire jusqu’à six heures de sport par jour. Servane Heudiard est bigorexique, un terme qui désigne une addiction pathologique au sport. Écrire lui a permis de prendre de la distance, de retrouver le plaisir et d’alerter sur les dangers de la pratique à outrance.
Tic, tac, tic, tac. Le 9 septembre approche…l’heure de la 25e édition de La Parisienne. Et si les courses ne sont prévues que le dimanche 11 septembre, le village édifié pour l’événement a un programme bien chargé.
Elle a la gagne dans le sang. Ancienne championne de lutte, elle se passionne aujourd’hui pour le foot américain. Running back au sein de l’équipe féminine des Léopards de Rouen, elle pulvérise tout sur son passage, y compris les clichés. Témoignage d’une Féline.
Ce week-end, ma saison commence ! Le circuit du Mans accueille la première étape de mon championnat. Je me sens bien, j’ai hâte ! Parce que l’année dernière, lors d’une de mes victoires, j’ai pleuré à l’arrivée et ce n’était pas de joie…
Le terme est connu des initiés de sports Co dont le hockey sur glace, mais si vous n’êtes pas un spécialiste, il est pour le moins compliqué de s’imaginer à quoi peut bien ressembler une trappe sur une patinoire. Alors, c’est quoi, à votre avis ? Les sportifs et sportives, les coachs, ont leur langage, selon les disciplines qui, elles aussi, sont régies par des codes. Place à notre petit lexique pratique, le dico « Coach Vocab ».