En voiture, Simone ! Ou l’histoire de la folle virée automobile de Simone Louise des Forest
Elle est à l’origine de l’expression « En voiture, Simone ! » Simone Louise des Forest, de son nom complet Simone Louise de Pinet de Borde des Forest, ne rêvait que d’une chose : piloter ! Elle s’est lancée dans la compétition automobile à une époque où les femmes se faisaient rares sur les circuits. Portrait d’une intrépide qui a vécu à 100 à l’heure.
Par Sophie Danger
Publié le 22 septembre 2021 à 17h30, mis à jour le 03 janvier 2024 à 15h45
Elle a douze ans à peine lorsqu’elle tient, pour la première fois de sa vie, un volant entre ses mains. Nous sommes en 1922 et la jeune Simone Louise de Pinet de Borde des Forest, initiée par son oncle, découvre avec un bonheur infini les joies de la conduite à l’occasion d’une excursion familiale.
Submergée par une sensation de liberté absolue, grisée par la vitesse, la Royannaise est immédiatement conquise. Elle ne va plus, dès lors, aspirer qu’à une chose : recommencer.
Il lui faudra pourtant patienter encore sept ans pour se lancer sans chaperon. Sept longues années avant de valider ses talents par un « certificat de capacité féminin », précieux sésame qui deviendra par la suite le permis de conduire.
Enfin autonome, Simone Louise de Pinet de Borde des Forest se lance à corps perdu dans la course automobile, loisir d’ordinaire réservé aux hommes.
Ses premiers pas auront lieu dès l’année suivante, en 1930, à l’occasion de la course de côte de La Baraque, épreuve très prisée dont le coup d’envoi est donné à Clermont-Ferrand.
Très vite, l’apprenti pilote enchaîne. Quelques mois plus tard, elle dispute son premier rallye. L’enjeu est énorme : rallier Paris à Vichy soit plus de 400 kilomètres de route avalés en compagnie de sa mère, co-pilote d’un jour.
L’expérience est concluante. Simone Louise de Pinet de Borde des Forest est définitivement mordue et tente sa chance sur le Paris-Antibes-Juans-les-Pins. Une fois encore, la jeune femme fait preuve de talent. Sa réputation grandit.
Elle tape alors dans l’œil de Charles de Cortanze. Le célèbre pilote niçois la persuade de prendre le départ du rallye de Monte-Carlo.
Femme de défis, Simone Louise de Pinet de Borde des Forest accepte et s’inscrit pour l’édition 1934 avec son amie Fernande Hustinx. Le duo, qui navigue à bord d’une Peugeot 301, s’élance de Bucarest.
Les 3772 kilomètres à parcourir pour rejoindre la Principauté vont s’avérer épiques. L’hiver roumain est rude et la météo bien peu clémente. Malgré le vent, le froid et des routes parfois à la limite du praticable, les deux comparses ne renoncent pas.
Premier équipage féminin à passer le ligne d’arrivée, elles s’offrent la Coupe des Dames et accrochent une très honorable 17e place au Général.
Après une nouvelle tentative en 1935 aux côtés d’Odette Siko, la Charentaise se lance dans la course aux records à l’été 1937. À l’époque, les responsables de la société Yacco, spécialiste des huiles de moteurs, se sont toqués de mettre sur pied une équipe féminine capable de faire trembler les chronos.
Simone Louise de Pinet de Borde des Forest est de l’aventure tout comme Odette Siko, Claire Descollas et Hellé Nice. Les quatre fantastiques vont se retrouver sur le circuit de Montlhéry.
Si l’entente n’est pas toujours cordiale, les performances, elles, sont au rendez-vous. À elles quatre, elles vont s’adjuger pas moins de vingt-cinq marques de référence mondiales dont certaines sont, à ce jour encore, toujours d’actualité.
Un parcours sans faute que la guerre va malheureusement venir interrompre.
Simone Louise de Pinet de Borde des Forest décide de mettre ses talents de pilote au service de la Croix Rouge. Elle rependra la cours de sa carrière une fois la paix revenue.
Monte-Carlo, Mille Miglia – une des courses les plus célèbres au monde – le Championnat de France des routiers, les 24 heures de Spa… l’intrépide sera de toutes les courses, louée à chacune de ses apparitions par les plus grands, Fangio en tête, pour son adresse et son courage.
Il faudra attendre 1957 pour la voir déserter définitivement les circuits. À 47 ans, la Royannaise a une furieuse envie d’entamer un nouveau chapitre de sa vie.
Elle consacrera désormais son temps à voler, son autre marotte, et à dispenser des cours de conduite dans l’auto-école qu’elle a monté sept ans auparavant.
Elle s’éteindra à Vichy presque un demi-siècle plus tard, laissant derrière elle le souvenir d’une pionnière au palmarès extraordinaire dont le souvenir perdure à travers une expression, « En voiture Simone, c’est toi qui conduis, c’est moi qui klaxonne ! ».
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