JO 1928Lina Radke, l’athlète trop "disgracieuse" pour courir
Elle s’appelait Karoline Radke-Batschauer dite Lina Radke. Pionnière de l’athlétisme, cette Allemande qui courait comme un lièvre fut la première médaillée d’or olympique au 800m, mais aussi la dernière jusqu’en…1960. Après sa victoire, l’épreuve fut tout bonnement supprimée. Miss Radke avait manqué de grâce en franchissant la ligne d’arrivée…
Par Valérie Domain
Publié le 30 mars 2021 à 15h06, mis à jour le 22 septembre 2022 à 10h57
On est bien d’accord, les JO conçus en 1896 par Coubertin se voulaient un hymne à la virilité, une alliance « muscle et cerveau ». Autant dire, qu’en ce temps-là, la femme n’avait d’autre rôle que celui d’applaudir. Son absence sur le terrain sportif allait de soi.
En 1900, face à un mécontentement grandissant du sexe « faible », le baron cède (un peu) et propose d’inclure quelques épreuves « décentes ». Parmi elles, tennis, voile, croquet, golfou encore patinage artistique: de la grâce mesdemoiselles, de la grâce ! On doit s’y amuser, davantage qu’y concourir.
Alors, lorsqu’en 1928, apparaissent les premières épreuves d’athlétisme ouvertes aux femmes (combat durement mené par la pasionaria du sport Alice Milliat), l’ambiance n’est plus aux petits sauts de biche et jupes à mi-mollets.
Les filles enfilent les shorts, cheveux au vent et regards de tueuse.
Ainsi est apparue Lina Radke, 25 ans, 55 kilos pour 1,69m, coupe à la garçonne, baskets conçues spécialement pour elle par Adi Assler, qui fondera vingt ans plus tard… Adidas.
Meilleure coureuse allemande de demi-fond, Karoline Batschauer est championne nationale en 1926 sur 1000m, record-woman mondiale du 800m, en 1927, ce qui la qualifie pour les JO.
La même année, elle épouse Georg Radke, le manager du club d’athlétisme de Baden-Baden. Bonne pioche, l’homme est un progressiste et accepte de l’entraîner pour les Olympiades.
les chaussures de course de Lina Radke signées Adidas, 20 ans avant la création de la marque…
Le 2 août 1928, à Amsterdam, le stade est bondé pour ces JO qui accueillent pour la première fois des athlètes féminines dans ses couloirs. Confiante, concentrée, Lina Radke s’aligne, avec huit autres concurrentes, au départ du 800m.
La course sera sienne du début à la fin, distançant ses adversaires avec près de huit mètres d’avance avant le dernier tournant. Son sprint final sera porté par la clameur d’un public exalté. Résultat : victoire de Lina Radke, doublée d’un record du monde en 2’16″8.
Derrière elle, les athlètes ne veulent rien lâcher et arrivent, exténuées, hors d’haleine, sous l’œil d’une caméra intransigeante. C’en est trop. Le CIO et la presse déclarent le spectacle « affligeant » et soutiennent que la constitution des femmes est trop fragile pour de telles distances.
Une presse qui se déchaîne et a trouvé son bouc émissaire : la victorieuse et recordwoman Lina Radke, apparemment trop applaudie pour être honnête.
Elle fustige ainsi son manque de féminité et l’humilie, lui reprochant d’avoir gagné sans grâce, aux côtés de « pauvres femmes », incapables d’atteindre le niveau requis, de par « leur constitution fragile et leur manque d’entraînement ».
Et si le couloir emprunté par Lina Radke lors de ce 800m ouvrait la voie au changement, le changement, ce n’était pas maintenant. Devant le tollé provoqué par cette équipée sauvage, le CIO interdit les courses supérieures à 200m aux femmes.
Le 800m féminin ne fera sa réapparition au programme officiel qu’en 1960. Soit trente-deux ans pour réhabiliter la femme sur les pistes d’athlé des Jeux Olympiques.
Lina Radke au coude à coude avec la Japonaise Kinue Hitomi, avant de s’envoler…
Après cet épisode plutôt cauchemardesque, Lina Radke ne plia pas et poursuivit ses entraînements, remportant encore quelques compétitions de haut niveau, avant de raccrocher les crampons à la fin des années 30. Elle devint entraîneure à Breslau, ville allemande devenue polonaise en 1945 et dont elle fut expulsée.
Dans sa fuite, Lina perdit sa médaille d’or. Le comité olympique est-allemand lui en offrira une copie en 1956. La championne s’éteindra le 14 février 1983 dans sa ville natale de Karlsruhe. Sans faire de bruit.
ÀBLOCK! est un média indépendant qui, depuis plus d’1 an, met les femmes dans les starting-blocks. Pour pouvoir continuer à produire un journalisme de qualité, inédit et généreux, il a besoin de soutien financier.
Pour nous laisser le temps de grandir, votre aide est précieuse. Un don, même petit, c’est faire partie du game, comme on dit.
Une tenniswoman qui avait la tête dans les étoiles, un petit rab enneigé pour les jeunes, une runneuse que rien n’arrête (Anaïs Quemener sur notre photo), une Question qui tue spécial cardio, c’est le meilleur de la semaine sur ÀBLOCK! Enjoy !
C’est le moment de s’offrir une ultime glisse. Le premier week-end d’avril, à Serre-Chevalier, la 35e édition du Ski d’Or va rassembler des centaines d’élèves de l’École du Ski Français. Pour des courses enneigées, mais pas seulement.
Deux amoureuses du ballon rond, une tenniswoman espionne à ses heures, une fille pour qui ça va comme sur des roulettes, une course pour les jambes mais avec le cœur (sur notre photo) ou une Question qui tue spécial muscles, c’est le choix d’ÀBLOCK! cette semaine. Régalez-vous !
Bientôt trois mois que toi et ta best friend suivez la même routine sportive. Et force est de constater qu’elle est bien plus sculptée que toi. Ses muscles poussent-ils plus vite ? S’entraîne-t-elle en cachette ? ÀBLOCK! t’explique pourquoi, en matière de renforcement musculaire, on n’est pas tous égaux.
Des histoires de pionnières qui changent le monde (telle Ana Carrasco sur notre photo), une course du cœur qui nous prend aux tripes, une roller-girl pour qui ça roule, une joueuse de rugby qui n’a rien d’une brute ou encore une légende du basket activiste, c’est le meilleur d’ÀBLOCK! et c’est juste pour vous !
On n’a pas attendu le 8 mars pour parler des femmes. On est ÀBLOCK! avec elles depuis trois ans, vous avez remarqué ? Mais, ok on joue le jeu, en redonnant à quelques pionnières du sport la place qu’elles méritent, à l’instar de Jessi Combs sur notre photo. Grâce à elles, les femmes ont pu (peuvent), peu à peu, changer le monde et leur monde.
Quatre jours et quatre nuits. Le 22 mars, trois-cents runners s’élanceront sur les routes, entre Paris et la Haute-Savoie, pour sensibiliser au don d’organes. Ce sera la 36e édition de La Course du Cœur. La bien-nommée.
Des footeuses au quotidien, un photographe qui a su mettre en lumière les maux de la patineuse Sarah Abitbol, une roller-girl pour qui ça roule, une skieuse aux anges (Chloé Trespeuch sur notre photo) ou encore une cycliste que rien n’arrête, c’est le meilleur de la semaine. Let’s go !
Un film documentaire où se mêle à la fois passion et détresse. Ce jeudi soir, France 3 nous invite à entrer dans les coulisses (et les vestiaires) de l’équipe de foot féminine En Avant Guingamp. Ça s’appelle « Sur la touche » et c’est bien vu.
Une crossfiteuse que rien n’effraie, un photographe à l’œil expert, un récap’ de la fête internationale de la glisse et une coupe du monde pour le moins originale, c’est le meilleur d’ÀBLOCK! cette semaine. Enjoy !
Une discipline mélangeant handball et roller, ça vous parle ? Du 21 au 26 avril, la Coupe du Monde de Rollball se déroulera dans la ville indienne de Pune. Et pour la première fois, une équipe de France féminine, menée par sa capitaine Laurie Laporte, sera de la partie.
Une Pamela Anderson made in France (la sauveteuse en mer Oïana Trillo sur notre photo), une handballeuse militante, une skieuse qui a une bonne descente, une philosophe qui parle de sport comme personne… C’est le meilleur d’ÀBLOCK! cette semaine !
L’histoire des filles sur les tatamis, la présentation de la plus grosse compét’ féminine du ballon ovale, une accro au sport qui témoigne et tout sur la sortie du livre de la championne olympique de hand Cléopatre Darleux, c’est le meilleur de la semaine sur ÀBLOCK!. Enjoy !
Elles n’étaient plus conviées sur le Tahiti Pro, étape décisive de la Coupe du Monde de surf, depuis quinze ans. Du 11 au 21 août, la Polynésie Française accueille de nouveau les surfeuses sur les monumentales vagues de Teahupo’o, là où la crème de la crème va se disputer un succès de renom. Et la Française Johanne Defay espère bien rafler la mise…
L’Euro féminin de handball ? C’est maintenant ! Sur les parquets, et c’est souvent le cas, l’équipe de France débarque en favorite. Là encore et dans la continuité de leur titre olympique, les Bleues ont bien l’intention de tout casser avec un groupe rajeuni mais toujours aussi performant. Si on faisait les présentations ?
Ex-footballeuse devenue l’une des entraîneuses françaises les plus en vue, Amandine Miquel, à la tête de l’équipe de foot féminine du Stade de Reims, n’a jamais eu peur de s’imposer. Elle ose sur tous les terrains et n’a pas l’intention de faire de la figuration, où que ce soit.
La culture du muscle chez la femme. C’est tout l’objet de l’étude de Jean Griffet qui s’est intéressé au corps féminin culturiste. Un corps, aujourd’hui disparu en France, dans lequel ce professeur émérite en sciences et techniques des activités physiques et sportives à l’université d’Aix-Marseille II, voit un profond vecteur d’équité entre hommes et femmes.