Elle résidait aux États-Unis depuis dix-neuf ans sous le nom de « Stella Walsh ». Mais c’est son pays natal que la coureuse polonaise Stanislawa Walasiewicz représenta aux Jeux de Los Angeles.
Quelques jours avant les JO de 1932 (et parce qu’elle était visiblement une graine de championne), les States lui propose la naturalisation qu’elle accepte avant de se rétracter et de choisir de courir sous les couleurs de son pays.
Mais la polémique qui suivra ses nombreuses victoires (elle a établi 100 records mondiaux et/ou nationaux, dont 51 records en Pologne, 18 records mondiaux, 8 records européens) n’aura rien à voir avec ça.
La sprinteuse véloce fit une performance extraordinaire au 100 m et surprit les spectateurs qui avaient empli le Los Angeles Memorial Coliseum en remportant la médaille d’or avec un nouveau record mondial de 11,9 s.
L’histoire olympique de Stella Walsh ne s’arrête pourtant pas là. Lors de l’édition suivante, à Berlin, en 1936, elle obtient la médaille d’argent au 100 m, derrière la jeune Helen Stephens.
Ses exploits font couler beaucoup d’encre. Son visage et sa carrure aussi.
La championne olympique est accusée par un journaliste polonais d’être un homme. Pour prouver sa féminité, elle se déshabilla, oubliant sa pudeur, devant un groupe de juges. Qui, pour l’heure, n’eurent rien à redire au fait qu’elle était bien une femme.
Ses deux médailles en poche, miss Walasiewicz rentra ensuite aux États-Unis et abandonna la compétition. Dès lors, elle mena une longue carrière en tant que coach.
Le 4 décembre 1980, alors qu’elle faisait des achats dans une supérette de la ville de Cleveland, dans l’Ohio, un groupe de voleurs armés fit irruption dans le magasin. Le propriétaire de l’établissement résista à l’attaque avec un pistolet et tira. L’une des balles atteignit Walsh, qui mourut sur-le-champ.
Quand le corps de l’ancienne sportive arriva à la morgue, le légiste eut tout le temps d’établir si, oui ou non, comme ne cessait de le crier certains journalistes, Stanislawa Walasiewicz alias Stella Walsh était une fille ou un gars.
L’autopsie mit fin à la polémique : ni l’une ni l’autre. La championne était intersexe, « née avec des caractéristiques sexuelles qui ne correspondent pas aux définitions typiques de « mâle » et « femelle », selon la définition de l’ONU.
Malgré cette découverte, Stanislawa Walasiewicz garda son titre olympique en tant que femme.