Adélaïde : « En parkour, pas besoin de faire des vrilles ou de grimper sur les toits pour s’amuser ! » Adepte de PK, présidente de l’association Pink Parkour, 32 ans

Adélaïde : « En parkour, pas besoin de faire des vrilles ou de grimper sur les toits pour s’amuser ! »
Elle a découvert ce sport acrobatique par hasard. Et n’a plus jamais cessé de pratiquer depuis. Adélaïde Gandrille, traceuse et présidente de l’association Pink Parkour, a trouvé dans le PK comme on appelle le parkour chez les initiés, un moyen de s’épanouir, physiquement et intellectuellement. Témoignage d’une fille qui sait comment franchir tous les obstacles.

Propos recueillis par Sophie Danger

Publié le 01 juin 2022 à 17h31

« J’ai découvert le parkour par hasard, en 2014. J’étais étudiante à la fac et je souhaitais m’inscrire à une activité sportive. Au départ, je pensais à quelque chose de plus classique, mais j’ai raté la rentrée sportive. Conséquences : soit il n’y avait plus de places dans ce qui me plaisait, soit c’était très orienté compétition et je n’avais plus l’âge requis.  

C’est un ami qui, après avoir entendu mes doléances, m’a parlé du parkour. Je ne connaissais pas cette discipline. J’ai effectué des recherches sur internet et je suis tombée sur l’association Pink Parkour. Je me suis inscrite et je n’ai plus jamais arrêté de pratiquer depuis.   

Avant le parkour, j’avais testé différents sports comme la GRS, la danse, l’équitation… J’en changeais régulièrement car, si le côté social de l’activité physique m’attirait, ces disciplines en elles-mêmes ne me parlaient pas forcément et je n’avais pas réussi à trouver quelque chose qui me correspondait vraiment.  

Le parkour, c’était autre chose. J’ai découvert une discipline facile d’accès, pratiquée en extérieur dans des lieux différents et qui ne nécessitait, pour tout équipement, qu’une paire de baskets.  

L’autre avantage avec le parkour c’est que, contrairement aux sports d’équipes par exemple, ce n’était pas engageant dans le sens où le groupe ne dépend pas de toi. J’ai également été séduite par le fait que c’était à la fois un sport solitaire, car tu es seule face aux obstacles, mais avec un effet de groupe très important : on s’entraîne ensemble, on se soutien, on se donne des conseils. C’était un juste milieu entre sport individuel et sport collectif. 

Lorsque j’ai rejoint l’association, elle existait depuis quatre ans. À l’origine, il y avait deux traceuses : Stella Bencteux et Charlène Léglise qui ont débuté le parkour dans des structures qui se voulaient mixtes mais qui, dans les faits, ne l’étaient pas. Pink Parkour est née de leur envie de se rassembler entre femmes pour partager les difficultés que l’on peut rencontrer dans la pratique.  

Au début, c’était plus un rassemblement de pratiquantes. L’augmentation de la demande les a conduits à se structurer. Pink Parkour est alors devenu une association. Dans les premiers temps, elle proposait un cours par mois, puis un cours par semaine, deux cours par semaine…  

Aujourd’hui, nous sommes toujours sur ce même rythme, deux cours par semaine, avec, en plus, des activités pendant les vacances et des à-côtés durant les week-ends. 

Quand j’ai commencé, nous étions cinq-six. L’hiver, quand il faisait froid, nous pouvions nous retrouver à deux-trois et j’ai beaucoup aimé le côté cours particulier, le fait d’avoir les coachs rien que pour nous et de pouvoir bénéficier d’un entraînement très ciblé. Aujourd’hui, nous sommes une quarantaine d’adhérentes et les filles sont plus régulières.  

Cela ne nous empêche pas d’essayer de garder cette philosophie en tête en divisant notre gros groupe en petits groupes. Pink Parkour s’est fait connaître petit à petit grâce au bouche-à-oreille. La différence, aujourd’hui, c’est que les gens commencent à connaître la discipline et y viennent plus facilement. 

À ses débuts, l’image du parkour véhiculée au cinéma ou dans les médias, mettait plutôt en avant sa seule facette spectaculaire. On nous montrait des gars hyper forts, torses nus, qui faisaient des sauts énormes à des hauteurs vertigineuses. Ça n’a pas beaucoup évolué depuis alors que le parkour ne se limite pas à ça. On peut très bien pratiquer sans faire ce genre de choses.

J’ai l’impression, malgré tout, que de plus en plus de personnes ont envie de s’y essayer même si certaines se disent encore, en voyant ça, qu’elles n’ont pas le niveau ou ne parviennent pas à se projeter dedans à long terme.  

Ça change peu à peu mais, même si ces freins s’atténuent avec le temps, ils sont toujours présents. Cela étant, il y a beaucoup d’associations qui se montent partout en France et de plus en plus de créneaux féminins. Il y a une volonté de trouver des solutions pour engager un public à qui, à cause de cette image, la discipline ne parle pas forcément. Les femmes représentent désormais 15 % des licenciés de la Fédération.  

Il existe également des événements, à l’étranger, créés en priorité à destination de ce public-là.  Tout cela est très positif. On sent également que le profil des adhérentes évolue.  

Quand j’ai commencé, la plupart des filles, comme moi, cherchaient une association qui ne leur coûterait pas trop cher, où elles pourraient évoluer en petit comité pour reprendre la pratique sportive de manière agréable. Aujourd’hui, il y a un côté plus engagé, plus militant, car l’accès au parkour n’est pas aussi facile pour les filles que pour les garçons.

Pour autant, même si la pratique reste majoritairement masculine, nous avons découvert que le fait de n’être qu’entre filles pouvait poser problème. Nous nous sommes rendu compte que, lorsque nous nous déplacions sur de gros rassemblements fédéraux qui peuvent réunir entre cinq-cents et huit-cents participants, nous nous retrouvions en minorité, situation dont nous n’avions pas l’habitude et qui pouvait se révéler perturbante.  

C’est pour cela que nous avons décidé d’organiser des évènements mixtes. Ce n’est pas tant le fait de se retrouver avec des garçons qui est important mais le fait d’évoluer avec des personnes différentes.  

Ça peut être des garçons mais aussi des filles qui ne s’entraînent pas de la même manière que nous. Tout cela permet de sortir de sa zone de confort, de ses habitudes, d’échanger. La mixité permet cependant à nos adhérentes d’ouvrir la pratique à leurs amis si ces derniers ont envie d’essayer.

En huit ans de pratique, le parkour m’a apporté beaucoup de confiance en moi. Lorsque tu te rends compte que tu es capable de te débrouiller toute seule, de faire des sauts que tu n’imageais pas pouvoir réaliser un jour, tu te dis c’est incroyable !  

Ce sport qui semble n’être accessible qu’aux gens a priori très enclins au risque ou très musclés ne l’est pas, tout cela vient avec la pratique. On n’est pas obligées de faire des vrilles ou de grimper sur les toits pour s’amuser, se renforcer, être bien et fortes. Il existe différents styles de parkour, certains se rapprochent plus de l’escalade, d’autres de la danse, ce qui permet de séduire un public varié.

Et puis, le parkour, c’est très ludique. Avec lui, le renforcement musculaire devient un plaisir. Grâce à cette discipline, je dirais que je me suis épanouie physiquement mais aussi intellectuellement car, quand je me suis inscrite, je ne ressentais pas spécialement le besoin d’être entourée de filles.

Depuis, j’ai compris l’importance d’avoir des modèles, des personnes avec qui échanger. Finalement, je crois que nous sommes toutes pareilles. Nous avons toutes hésité, toutes eu des blocages, toutes eu peur avant de commencer mais, lorsque nous nous y sommes mises, on s’est toutes dit que c’était dommage d’avoir attendu si longtemps !

Pour celles qui aimeraient se jeter à l’eau, il ne faut surtout pas hésiter, écouter sa petite voix intérieure. Si on est attiré par le parkour, c’est que l’on est prête à sauter le pas. »

  • Pour découvrir l’association Pink Parkour, rendez-vous sur leur site.

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