Christine Duchamp : « Avoir de l’impact sur le développement du hockey, ça, c’est fort ! »Métier : directeur technique national (DTN)
Première femme à occuper le poste de Directrice Technique Nationale à la Fédé Française de Hockey sur Glace, Christine Duchamp s’offre un parcours de pionnière dans un sport de glisse où elle a toujours foncé vers les buts. Ancienne joueuse, capitaine de son équipe, entraîneure de l’équipe de France Féminine et première joueuse à avoir évolué en D1 masculine...un parcours inspirant !
Propos recueillis par Claire Bonnot
Publié le 29 janvier 2021 à 17h02, mis à jour le 29 juillet 2021 à 14h27
10 métiers du sport, 10 femmes, 10 témoignages. À l’occasion de l’opération « Sport Féminin Toujours » lancée par le ministère des Sports et le CSA, ÀBLOCK! s’associe à Femix’Sports avec pour mission de promouvoir le sport au féminin. Ensemble, nous avons choisi de mettre en lumière les métiers de la sphère sportive, ces métiers à féminiser d’urgence pour davantage d’équité et d’équilibre dans cet univers encore trop masculin.
« Je suis originaire d’une région où le hockey sur glace est le sport numéro 1, c’est presque une religion là-bas, près de Gap ! Dans mon petit village, il y avait une patinoire naturelle, ma maman était présidente de l’association et mon papa faisait les travaux d’entretien donc c’est vraiment une histoire de famille et de copains ! Mon prof d’EPS au collège jouait dans l’équipe de Gap… J’ai toujours baigné dans la culture du hockey sur glace.
Ce qui m’a tout de suite plu, c’est la vitesse de ce sport, le côté collectif, ludique et la technique entre le patinage et le maniement du palet. C’est un sport qui allie intensité (par un engagement physique fort) et sensations (procuré par la glisse).
J’ai débuté en jouant avec les garçons de mon village et puis j’ai intégré une équipe féminine en senior, à l’adolescence. J’ai ensuite poursuivi en clubs en fonction des régions où je faisais mes études, Lyon, puis Cergy.
J’ai fait des études de STAPS (Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives, ndlr) pour devenir professeure d’EPS, mais j’ai bifurqué au moment de passer le concours vers celui de professeur de sport. J’avais échangé avec le DTN adjoint qui me proposait de m’investir dans un projet Fédéral qui m’intéressait beaucoup. À ce moment-là, je jouais en Équipe de France, ce qui me permettait de m’orienter vers un projet professionnel dans mon sport.
J’ai pu continuer ma carrière en parallèle et ça c’était vraiment chouette, j’étais très soutenue par ma Fédération. Je n’ai pas eu à y renoncer, même une fois en poste de CTN et ce, grâce à des horaires aménagés. J’ai fait ça de 2001, date de prise du poste, à 2005.
En tant que Directrice Technique Nationale depuis janvier 2019, je suis un cadre technique du ministère des Sports et j’anime l’équipe de la direction technique de la Fédération Française de Hockey sur glace (FFHG) qui intervient sur trois grands champs d’action : le haut niveau (principalement les équipes de France), la formation des entraîneurs, et le développement de la pratique. Je mets ainsi en œuvre le projet de la Fédération mené par le Président et son équipe.
C’est un poste de manager : il faut aimer s’impliquer dans les organisations, conduire des équipes. Il s’agit de concevoir, de mettre en œuvre des projets et de gérer l’équipe en charge de ces projets, équipe composée de cadres techniques du ministère et de personnel fédéral.
Il faut aussi être capable de naviguer dans des sphères un peu différentes : une sphère institutionnelle (ministère des Sports notamment), une sphère fédérale avec ses élus, salariés, bénévoles mais aussi avec les clubs (dirigeants, entraîneurs) et bien sûr être au contact des athlètes. En conclusion, il faut surtout développer ses capacités d’adaptation.
Il est impératif d’être un leader, mais il y a plusieurs formes de leadership… Avant tout, il faut être soi-même et faire avancer les choses à sa façon. Ce que j’aime et ce qui, je l’espère, transparaît dans ma manière de manager, c’est le besoin de partager des émotions, de vivre des aventures fortes ensemble, que ce soit avec les équipes de France ou avec les équipes qui conduisent des projets faisant avancer le hockey français. Nous avons un fort attachement à l’équipe de France, toute l’équipe a le sang bleu blanc rouge !
Ce qui me plaît dans cette fonction ? J’aime le hockey sur glace dans toutes ses dimensions, le travail en équipe et le fait de m’impliquer à fond dans un projet ambitieux ! À ce poste, j’ai aussi la chance de pouvoir choisir, de prendre des décisions – en étant entourée par mon équipe, bien sûr – qui vont avoir de l’impact pour le développement de mon sport et, ça, c’est fort !
Mon parcours au sein du hockey sur glace m’a forcément aidée à avoir ce poste-là. Au-delà des compétences, je pense qu’on peut avoir besoin de se sentir légitime en tant que femme. Moi, j’avais besoin d’avoir du crédit dans un milieu très masculin.
Il y a encore quelques années, quand j’ai débuté, le milieu du hockey sur glace était très fermé pour ne pas dire macho. Mais il y a eu ensuite des évolutions grâce à des personnes qui ont été à des postes clés : des leaders féminines ont poussé des portes, telles que Dominique Durand, première responsable du hockey féminin, puis Corinne Dogémont qui lui a succédé et d’autres ont eu envie que les portes s’ouvrent, comme le Président actuel de la FFHG, Luc Tardif, le Vice-président Pierre-Yves Gerbeau et le Directeur Général Éric Ropert, qui sont trois fortes personnalités très ouvertes et fortement engagées pour développer la pratique féminine.
Dans cet élan, j’ai pu, à mon tour, faire bouger les choses. C’est incroyable ce qui s’est passé en vingt ans concernant la place des femmes. En 2003, on a donné l’autorisation aux joueuses de jouer avec les garçons dans toutes les catégories si tant est qu’elles ont le niveau sportif.
C’était un besoin de développement pour la fédération car il n’y avait pas assez de joueuses en France pour avoir beaucoup d’équipes. On avait donc besoin que les joueuses se développent avec les garçons, mais c’était limitant car elles ne commençaient à jouer que lorsqu’elles pouvaient entrer dans une équipe senior.
Cette réglementation a fait changer les mentalités au sein de notre sport. Au lieu de dire : « On empêche les joueuses de jouer », on a dit : « C’est aux entraîneurs d’estimer que les joueuses ont le niveau de jouer avec les garçons ». Tout comme ils le faisaient déjà pour les garçons : au niveau technique et physique, il ne faut pas que ce soit dangereux pour la joueuse ou le joueur.
Avant ça, en gros, le schéma était le suivant : les filles faisaient du patinage et les garçons du hockey sur glace. C’était clairement de la discrimination, du machisme. On considérait que le hockey sur glace n’était pas un sport pour les filles. Le deuxième frein était lié aux différences physiques entre garçons et filles à l’adolescence.
En tant que DTN, bien sûr que je veux faire monter les filles, mais mon rôle est de m’occuper de la pratique dans son ensemble. Ce sport n’a pas attendu que je sois DTN pour s’engager dans la voie de la féminisation.
Cependant, il y a un moment très fort pour moi : la première participation de l’Équipe de France féminine en Championnats du monde élite, en 2019. Je l’ai vraiment ressenti comme la récompense d’un travail entamé plus de dix ans auparavant.
C’est une génération de joueuses qui a démarré cette aventure et qui a progressé jusqu’à cette première qualification aux championnats du monde élite. Quel bonheur ! L’étape d’après sera de se qualifier pour les Jeux Olympiques.
Je dirais aux futures candidates qu’il faut oser et que c’est toujours possible si elles ont l’envie ! En ce qui me concerne, c’est vraiment grâce à ce que m’ont dit certaines personnes de mon entourage que j’ai pris conscience de mes possibilités.
Patricia Costantini, l’une des premières femmes DTN, par exemple, m’avait dit : « Je pense que tu devrais devenir DTN ! ». À l’époque, je ne me projetais pas du tout là-dedans et ça m’avait touché. Car, dans ma tête, ça ne faisait pas partie du possible.
Pourquoi ? Il y a peut-être à voir avec la représentation que l’on a de la place des femmes dans la société. Marie-Françoise Potereau (aujourd’hui présidente de FEMIX’Sports,ndlr) qui a été une figure de la Fédération a aussi été une personne et une femme inspirante pour moi. Ce sont elles qui vous permettent de comprendre que c’est possible. Peut-être que j’aurai moi-même un impact en ce sens ! »
Devenir Directeur Technique National
En résumé, le directeur technique national (DTN) est un technicien de très haut niveau dans sa spécialité sportive, placé sous la double autorité, hiérarchique, du ministère des Sports et, fonctionnelle, du président de sa fédération. Il est au centre d’un système complexe où il doit composer avec des enjeux sportifs, juridiques, médiatiques, sociaux, économiques, humains, politiques et professionnels. C’est à la fois un manager, un gestionnaire et un leader. Il coordonne l’action de l’ensemble des CTS et du personnel technique de la direction technique nationale. Il contribue à la définition de la politique fédérale, en assure l’application et en évalue les résultats.
Quelle formation ? Le recrutement d’un DTN se déroule en plusieurs étapes : un appel à candidature, un entretien de positionnement, la prise en compte de la proposition du président de la fédération sportive concernée, la décision du ministre. Le DTN est nommé dans ses fonctions par le ministre des Sports puis sa lettre de missions est établie par le directeur des sports.
Le témoignage de Christine a été recueilli dans le cadre de notre opération visant à féminiser les métiers du sport. En partenariat avec Femix’Sports, l’association qui accompagne le développement et la promotion du sport au féminin et en mixité.
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Amoureuse du ballon rond, c’est elle qui le dit. D’aussi loin qu’elle se souvienne, au Canada comme en France, Jessica Silva a toujours été une footeuse passionnée. Avec ses joueuses du FC Metz, cette entraîneure ambitieuse se bat pour son club mais aussi pour le développement du foot féminin.
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Depuis ses 9 ans, elle fonce sur sa moto. Balayant d’un revers de gant en cuir les commentaires sexistes, Justine Pedemonte, 15 ans au compteur, se balade de circuits en circuits et ramène un paquet de trophées à la maison. Témoignage d’une fille qui vit à 200 à l’heure.
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Elle s’appelle Aurélie Hoffmann alias Lil’Viber. Mais sur les circuits, on l’appelle aussi « Wonder Lili ». Elle, c’est une super héroïne de la bécane qui se déguise comme ça lui chante pourvu que ce soit haut en couleur. Cette nana qui affole les chronos casse les codes à toute berzingue. Ultra féminine, elle est une motarde jusqu’au bout des ongles. Faites de la place !
Victime d’une agression sexuelle dans le métro, elle naviguait entre détresse, rage et culpabilité. La découverte de la boxe lui a rendu une sérénité qu’elle ne pensait plus possible. Témoignage.
Entre les ciseaux et les baskets, elle est toujours ÀBLOCK! Coiffeuse de métier et sportive de coeur depuis toujours, cette fan du challenge vient d’accomplir (en partie) un des plus grands défis de sa vie : la Diagonale des Fous. Et si elle n’a pu boucler la course, l’année prochaine, elle compte bien finir le travail !
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Il y a six mois, elle apprenait qu’elle était atteinte d’un cancer du sein. Battante, cette dingue de CrossFit a décidé de continuer à bouger pour donner du rythme à ses journées. Mais aussi pour entretenir son mental et rester femme. Témoignage.
Une kayakiste qui vit au fil de l’eau (Manon Hostens sur notre photo), une Question qui tue spécial grand âge, une cycliste sur les routes de la gloire ou encore une judokate statufiée… c’est le meilleur d’ÀBLOCK! cette semaine !
Le 15 mai, si on s’engageait pour le sport féminin lors d’une course d’orientation dans la nature basque ? Ici, évidemment, on est pour ! C’est concocté par la Cap Women Organisation qui a bien l’intention de nous réserver d’autres surprises…
Après 80 jours et 8 000 km sur l’océan Pacifique en paddle board, les six waterwomen emmenées par Stéphanie Barneix, ont bouclé leur grand défi Cap Optimist. Un défi maritime et solidaire pour sensibiliser à la lutte contre le cancer.
Elle est l’une des pionnières britanniques de l’athlétisme. La Londonienne Mary Lines est une vraie gazelle sur les pistes de sprint. Elle le prouve le 20 août 1922 lorsqu’elle bat le record du monde féminin du 100m. Un exploit qui tiendra quatre ans.
Un mix de course, natation et paysages, une flèche sur glace (Maame Biney sur notre photo), une artiste tatouée, une monumentale capitaine et une question qui tue, c’est le meilleur de la semaine sur ÀBLOCK! Bon rattrapage !
Du Havre à Saint-Gilles-Croix-de-Vie, la Solitaire du Figaro donne son coup d’envoi ce 26 août 2018 pour la 49e fois de son histoire. Une course en solitaire en quatre étapes près des côtes et au grand large. Amateurs et navigateurs reconnus tiennent la barre !
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Si le temps est à l’enfermement, si l’on se prive des autres, que l’on se coupe de l’extérieur, l’ouverture peut être intérieure. C’est ce que propose ce nouveau podcast via des séances guidées de yoga et réalisé par la yogi Isabelle Morin-Larbey. Un cadeau précieux.