Angélique : « En entrant à l’armée, je suis devenue accro au sport. »Championne de Space Race, 34 ans, infirmière militaire
Une warrior, une Amazone, Wonder Woman en chair et en os. Angélique Chetaneau est infirmière militaire et championne de courses d’obstacles, les Spartan Race, qui sont un peu les douze travaux d’Hercule à l’ère moderne. Sa puissance, elle se la forge à coup d’entraînements solides et surtout d’un mental d’acier. Angélique a trouvé comment être invincible.
Propos recueillis par Claire Bonnot
Publié le 17 mars 2021 à 17h01, mis à jour le 29 juillet 2021 à 13h07
« Le sport, pour moi, ça a vraiment commencé quand je suis entrée à l’armée, à l’âge de 18 ans, juste après mon bac. J’ai toujours aimé ça, mais je n’ai jamais été en faire un club, par exemple. J’étais plutôt une personnalité artiste, je faisais du piano, du chant, de l’art dramatique.
C’est lors des examens d’entrée à l’armée que je suis devenue accro au sport. Je ne partais pas de zéro, mais je n’en avais jamais fait à haut niveau, je me suis donc entraînée à fond via la natation et la course. Ma sœur étant en fac de sciences du sport, c’était l’occasion de s’entraîner ensemble et c’est devenu une histoire de famille.
C’est en arrivant ensuite dans ma première affectation sur Paris comme infirmière militaire qu’on s’est inscrite à des compétitions en commun.
Dans l’armée, les entraînements étaient quotidiens : courses, natation, parcours du combattant avec les rangers et des sacs très lourds à porter.
Au-delà de cette puissance physique que je me suis découverte, l’armée m’a forgé un mental d’acier : j’ai toujours eu le goût de l’effort, le fait de vouloir repousser mes limites, mais l’armée m’a appris à gérer la douleur, à aller plus loin. Aujourd’hui, je sais que je ne lâcherai jamais.
Ce qui a été fort avec l’armée, ça a été le sens du collectif. C’est ça qui me donne cette sorte d’invincibilité aujourd’hui. Le fait d’aller au bout pour un groupe, ça m’a vraiment construit ce mental inébranlable.
Le groupe stimule, ça vous emmène plus loin que si vous le faisiez uniquement pour vous. À l’armée, des gens comptent sur vous, vous vous dépassez pour l’autre, donc vous ne pouvez pas vous dire : « J’ai mal, je vais arrêter » car on fera perdre, d’une certaine manière, toute une équipe.
À la base, j’ai un caractère très fort et heureusement pour moi car, effectivement, l’armée n’est pas toujours un milieu aisé pour une femme. On n’a pas d’autre choix que de s’affirmer en tant que femme. Grâce au théâtre notamment, ce n’était pas difficile pour moi de prendre la parole.
Les hommes que vous avez en face cherchent à voir que vous avez autant d’assurance qu’eux, voire plus. Quand vous avez un mental de battante, tout de suite, ça donne confiance. Ça s’est donc très bien passé pour moi : j’ai adoré avoir sous mon commandement et être commandée par des hommes et des femmes.
Le sport est quelque chose de très valorisant pour moi. Ça donne une vraie assurance dans tous les aspects de ma vie et pas seulement en compétition.
C’est totalement euphorisant de se rendre compte qu’on est capables de faire un peu plus chaque jour. Chercher où est la limite, c’est boostant ! Et encore plus en tant que femme : voir que, sur certains aspects physiques, on est à l’égal des hommes, voire supérieures aux hommes.
Côté mental, on les dépasse largement ! Je m’en suis rendu compte à l’armée. Les hommes ont souvent une plus grande faiblesse que les femmes : au moment de craquer, même s’ils sont au-dessus physiquement, c’est toujours les femmes qui vont porter le groupe. Du coup, on est complémentaires !
C’est en sortant de l’armée que je me suis lancée dans la compétition Spartan Race avec ma sœur. On a débuté en tant que volontaires pour pouvoir faire la course gratuitement puis on a débuté en amateurs. J’ai eu de bons résultats et je me suis inscrite en élites.
Comme je gagnais de plus en plus, j’ai voulu voir du pays et j’ai concouru en Europe et dans le monde. C’est d’ailleurs quand je suis allée concourir aux Émirats que j’ai été repérée par un grand sponsor, xdubai.
J’ai donc intégré la team professionnelle de Spartan là-bas et je fais aussi partie de l’équipe de France Spartan. Je suis en quelque sorte une athlète professionnelle, mais ça reste difficile de gagner sa vie avec ce sport.
Les Spartan Race me procurent quand même beaucoup de stress sur la ligne de départ parce que je connais le bon niveau de mes concurrentes. Et parce que j’ai toujours envie de bien faire : je fais ça pour gagner ou, au moins, faire un résultat. Mais dès que je concoure, je me sens puissante !
Quand on fait l’épreuve de planté de javelot, on ressent une extrême fierté par exemple. Ma plus grosse émotion a été mon titre de championne d’Europe en 2018 lors de ma course en équipe avec ma sœur et une de mes meilleures amies. C’est ce que j’ai toujours aimé, cet esprit d’équipe !
La course qui a été un tournant pour moi, ça a été les 24h en Suède par moins 15 degrés ! On était en hiver donc il y avait très peu d’heures de jour. On avait une boucle d’à peu près dix kilomètres avec un très gros dénivelé et une grosse densité d’obstacles. Il fallait faire cette boucle non stop pendant 24h. À chaque arrivée de boucle, ta crew de restaure, te réchauffe et tu repars.
Vers 1 heure du matin, je n’allais pas bien du tout, j’ai ressenti l’envie d’aller dormir, c’était terrible. Pour être finisher, je savais que je devais au moins faire sept tours de boucle. Mon cerveau me torturait et me disait : « Tu peux t’arrêter, c’est déjà bien ce que tu as fait ! ».
Ça a été une vraie bataille ! Et par une espèce d’automatisme, à force de lutter contre ces pensées, mon cerveau s’est mis en mode automatisme.
Quand ça devient très compliqué, je compte dans ma tête pour déconnecter de la réalité. Le physique suit toujours, il suffit de bien se préparer. Le mental, il faut le domestiquer. J’ai fini septième dans le classement femmes, je suis extrêmement fière.
Cette expérience m’a fait dire que j’ai de sacrées possibilités à partir du moment où je sais comment me préparer. Et après, il suffit de mettre de l’engagement. Il n’y a jamais de limites ! Ça fait prendre conscience à quel point, si le corps est en phase avec l’esprit, il peut faire des choses incroyables.
Je n’ai pas de préparateur mental, j’ai trouvé beaucoup de clés toute seule, mais c’est quelque chose auquel je pense. Pour aller encore plus loin. En tout cas, je n’ai jamais abandonné une compétition. Ni pour une blessure ni pour une autre raison.
Le sport me vide complètement la tête. Et j’en ai besoin car, dans le travail d’infirmière, on absorbe beaucoup de souffrance des malades ou des familles donc mentalement c’est assez compliqué.
Le sport est un exutoire à toute cette lourde charge émotionnelle. Ça me permet d’aller au travail sans être aigrie et de pouvoir recevoir cette souffrance. C’est une vraie soupape de décompression.
Je m’entraîne six jours par semaine avec deux entraînements par jour. Je fais de la course, du vélo, du rameur en salle, de la natation, du CrossFit, de la musculation et du travail spécifique d’obstacles. Pour la mobilité, du yoga, sans oublier la récupération active.
Je dirais aux filles qui ont peur de se lancer dans ce type de sport de commencer pour le plaisir ! On a des compétitions amateurs et on essaye d’ailleurs de promouvoir au maximum le sport pour les femmes. On n’en a pas assez dans la course d’obstacles ! Sur les grands événements, on a 200 hommes pour 50 femmes. Il faut vraiment venir essayer.
Les femmes ont tendance à se mettre des limites physiques en pensant qu’elles n’en seront pas capables. Pourtant, ce type de sport ne demande pas une force extraordinaire mais plutôt une agilité, une compréhension des mouvements. La force est accessible avec un entraînement spécifique.
C’est extrêmement ludique comme activité sportive ! On n’y voit que le côté warrior, mais c’est que du bonheur ! On court dans des endroits magnifiques avec un jeu d’obstacles. C’est divertissant !
Ensuite, c’est comme tout, si on n’essaye pas, on ne saura jamais. Ce sont des sports qui valorisent et qui s’apparentent à la vie. On peut avoir des coups durs, des obstacles qui nous tombent dessus et il faut pouvoir les surmonter le plus possible pour avancer…
Si vous arrivez à le faire dans la vie, la course d’obstacles, ce sera de la rigolade ! »
Le Palmarès d’Angélique
Spartan Race Middle East Championship UAE – novembre 2017: 3e
Spartan Race Asia / Pacific Championship Malaisie – Décembre 2018: 3e
Championnat du Monde Spartan Trifecta Grèce – Novembre 2018: 5e
Championnat d’Europe Spartan Team France – Juillet 2018: 1ere
Championnat du Monde Spartan Team USA – Octobre 2018 : 5e
1er Championnat du Monde par Equipe OCR par Equipe Race England – Octobre : Top 10
Championnat du monde Spartan 24h Suède – décembre 2019 : Top 10
Pour suivre les douze travaux d’Angélique, direction son compte Instagram @angie_ocr
ÀBLOCK! est un média indépendant qui, depuis plus d’1 an, met les femmes dans les starting-blocks. Pour pouvoir continuer à produire un journalisme de qualité, inédit et généreux, il a besoin de soutien financier.
Pour nous laisser le temps de grandir, votre aide est précieuse. Un don, même petit, c’est faire partie du game, comme on dit.
Le terrain du sport féminin, Émeline Dodard le connaît bien depuis qu’elle s’est jetée dans l’aventure du football américain. Passionnée par ce jeu tactique, elle met son esprit d’ingénieure au service de son poste d’attaquante. Et donne de la voix pour le médiatiser. Témoignage d’une fille aussi audacieuse que coriace.
Amoureuse du ballon rond, c’est elle qui le dit. D’aussi loin qu’elle se souvienne, au Canada comme en France, Jessica Silva a toujours été une footeuse passionnée. Avec ses joueuses du FC Metz, cette entraîneure ambitieuse se bat pour son club mais aussi pour le développement du foot féminin.
Elle a tout quitté pour vivre de sa passion pour le sport. Céline Martin officiait dans le domaine de l’informatique jusqu’à ce que la découverte du CrossFit en décide autrement. Aujourd’hui coach sportive, elle a fait le pari de lancer sa propre salle à Limonest près de Lyon.
À l’âge de 8 ans, elle est entrée dans la vague. Aujourd’hui, à 19 ans, Oïana Trillo voue une passion sportive au sauvetage côtier. En équipe de France ou au pôle sport de Montpellier, elle fait figure d’espoir de la discipline. Témoignage d’une fille qui se sent comme un poisson dans l’eau.
Depuis ses 9 ans, elle fonce sur sa moto. Balayant d’un revers de gant en cuir les commentaires sexistes, Justine Pedemonte, 15 ans au compteur, se balade de circuits en circuits et ramène un paquet de trophées à la maison. Témoignage d’une fille qui vit à 200 à l’heure.
Tout comme son compagnon, elle s’est élancée ce week-end pour une nouvelle Grande Odyssée. La musher française Aurélie Delattre, tenante du titre de la catégorie Limited, a toujours le même objectif : gagner, en mettant le plaisir de ses chiens au coeur de l’aventure. Rencontre avec une reine des neiges.
Perdue dans un tourbillon, égarée dans un trop-plein de vie, Adeline s’est (re)trouvée grâce au yoga. Généreuse et légère, elle offre désormais les clés de la connaissance de soi à tous ceux qui ont la même quête. Douceur, apaisement, alignement… Chut, elle raconte.
Elle s’appelle Aurélie Hoffmann alias Lil’Viber. Mais sur les circuits, on l’appelle aussi « Wonder Lili ». Elle, c’est une super héroïne de la bécane qui se déguise comme ça lui chante pourvu que ce soit haut en couleur. Cette nana qui affole les chronos casse les codes à toute berzingue. Ultra féminine, elle est une motarde jusqu’au bout des ongles. Faites de la place !
Victime d’une agression sexuelle dans le métro, elle naviguait entre détresse, rage et culpabilité. La découverte de la boxe lui a rendu une sérénité qu’elle ne pensait plus possible. Témoignage.
Entre les ciseaux et les baskets, elle est toujours ÀBLOCK! Coiffeuse de métier et sportive de coeur depuis toujours, cette fan du challenge vient d’accomplir (en partie) un des plus grands défis de sa vie : la Diagonale des Fous. Et si elle n’a pu boucler la course, l’année prochaine, elle compte bien finir le travail !
Elle fait partie d’une asso qui met notamment en avant les sports de glisse et plus particulièrement du wakeboard. Plus largement, elle s’engage pour que les filles se fassent une place dans tous les sports extrêmes. Capucine est une « Demoiselle Shreddeuse » qui ne veut plus avoir peur de rien.
Il y a six mois, elle apprenait qu’elle était atteinte d’un cancer du sein. Battante, cette dingue de CrossFit a décidé de continuer à bouger pour donner du rythme à ses journées. Mais aussi pour entretenir son mental et rester femme. Témoignage.
Elle est surnommée « La petite fiancée de l’Atlantique ». Et ce n’est pas volé. Le 3 août 1990, Florence Arthaud établit le record de la traversée de l’Atlantique Nord, à la voile et en solo, battant le record détenu par Loïck Peyron.
Si le football néerlandais est à un tournant de son histoire, cette jeune joueuse de 19 ans est, elle, en passe de devenir une icône. La fédération vient d’accepter qu’Ellen, surdouée du ballon rond, joue avec des garçons, pour ainsi devenir la première femme à faire partie d’un effectif masculin.
Pour elle, une seule discipline, c’est loin d’être assez. Elodie Bonnin est une multi-sportive et que ce soit pour un marathon ou un Ironman, cette amoureuse du sport donne tout ce qu’elle a. Et peu importe le challenge, c’est avec des potes qu’elle aime le relever. Témoignage d’une fille toujours en mouvement.
Pionnière des courses de motos féminines, championne de France à multiples reprises, Patricia Audebert alias “Paty“ a la moto dans la peau. Pilote passionnée et innée, la belle blonde n’a jamais eu froid aux yeux (bleus). À 66 ans, la voilà repartie sur la route mythique du Bol d’Or Classic, armée de son flegme légendaire.
Art martial, il a longtemps été une « histoire de bonhommes ». Les compétitions de judo, littéralement « voie de la souplesse », ne se sont ouvertes aux femmes qu’en 1980. Une certaine Rena « Rusty » Kanokogi trouva pourtant un subterfuge pour fouler les tatamis bien avant l’heure…
Elle a 23 ans, mais elle roule sa bosse depuis longtemps. Juliette Labous, récemment 4e du Tour de France Femmes, n’en finit plus de monter en puissance. La coureuse de DSM continue à voir loin et à viser haut. Rencontre avec une cycliste qui n’a pas fini de changer de braquet.
Une avancée majeure, une priorité. C’est en tout cas le message que la Fédération Royale Marocaine de Football entend faire passer en signant des accords visant à booster le foot féminin dans son pays. Elle vient en effet d’entériner un contrat-objectifs avec les différents acteurs de la discipline. Preuve de l’intérêt grandissant que porte le pays à son développement. Et de son ambition à la faire entrer dans un Nouveau Monde. Explications.
Elle est sauveteuse en mer et au-delà. Stéphanie Barneix accompagnée de cinq autres waterwomen rallient actuellement Monaco et Athènes en paddleboard. Un échauffement avant le défi Cap Optimist, qui se déroulera entre le Pérou et la Polynésie Française en janvier 2023. Un défi à la seule force des bras pour soutenir les personnes atteintes de cancer.
Première femme à arbitrer un match de Ligue des champions masculine, le 2 décembre dernier, la voilà désormais entrée dans les annales du foot. À 36 ans, la Frappart frappe les esprits et poursuit sur sa lancée, celle d’une pionnière dans le monde de l’arbitrage. Décryptage d’une carrière sans faute.
Elle a marqué de son empreinte le football moderne. Tout au long de sa riche carrière, Nicole Abar n’a cessé de collectionner les titres et les récompenses. L’ancienne internationale, désormais âgée de 63 ans, consacre désormais la majeure partie de son temps à militer pour un sport plus juste et plus ouvert. Rencontre avec une fille qui n’était qu’une « joueuse alibi » devenue une femme engagée.