Agathe : « La course m’a appris à ne plus fuir la difficulté. Je n’abandonne plus, je fonce ! »Runneuse, 31 ans, graphiste
Jamais elle n’aurait imaginé se sentir aussi bien dans ses baskets. Dans tous les sens du terme. Agathe est devenue addict à la course à pied après avoir commencé le running pour perdre ses kilos en trop. Aujourd’hui, elle s’offre des shoots d’adrénaline en multipliant les marathons. Une aventureuse profondément inspirante qui donne envie de parcourir le monde à grandes foulées pour mieux se réconcilier avec soi-même.
Propos recueillis par Claire Bonnot
Publié le 11 janvier 2021 à 11h22, mis à jour le 29 juillet 2021 à 14h31
« Quand j’ai commencé le sport, je n’étais bien que dans l’eau… Courir ? Je ne voulais pas en entendre parler. J’ai fait de la natation en compétition pendant dix ans tout au long de mon adolescence. Quand j’ai arrêté, c’était pour me consacrer à mes études puis à mon boulot. Comme j’ai mis un peu de temps à me stabiliser dans mon milieu professionnel, ça a influé sur mon équilibre personnel et le sport n’était alors plus dans mes priorités.
La conséquence de tout ça ? Une importante prise de poids. Je faisais plus de 90 kilos pour 1,65m. Même si je n’étais pas dans une obésité morbide, les chiffres de l’IMC étaient là et, de toute évidence, je ne me sentais pas bien dans mon corps.
Le déclic, ça a été en 2016, quand j’ai signé mon CDI comme graphiste dans un club de rugby professionnel à Bordeaux. J’avais enfin trouvé une stabilité, ça se passait bien et j’évoluais dans un lieu et milieu où le sport était évidemment omniprésent. Le petit coup de pouce ? En tant qu’employée, j’ai eu droit à une carte de sport gratuite. Mine de rien, le coût est souvent un frein à la pratique du sport. Comme il était levé, je me suis dit « Pourquoi pas ! » Et quand je me lance dans un truc, je m’y mets à fond donc… ça a été un cercle vertueux.
J’ai fait attention à ce que je mangeais sans pour autant suivre de régime strict, un rééquilibrage alimentaire en fait grâce à une application sur laquelle je notais ce que je mangeais dans la journée. Je gardais cependant toujours le côté plaisir lors de quelques repas dans la semaine. J’ai perdu très vite, mes collègues étaient impressionnés, je fondais à vue d’œil !
Car, en parallèle, j’avais un meilleur rythme de vie qui incluait la reprise du sport : beaucoup de salle, des cours collectifs qui m’empêchaient de filer avant la fin et de la musculation pour continuer à brûler des calories. J’ai perdu trente kilos en sept mois.
Je n’ai pas commencé la course à pied tout de suite. Je me souviens du déclic comme si c’était hier. On était en novembre, aux alentours de 18h, il faisait nuit, hyper froid, je n’étais pas très motivée pour aller à la salle qui se trouvait un peu loin de chez moi.
Alors je me suis dit : « Je vais enfiler mes baskets et je vais aller courir ! ». Au début, je ne faisais que 30 minutes et puis je me suis mise à faire 2/3 séances de running par semaine et le weekend, toujours dans mon optique de perte de poids. Je pense que j’y ai tout de suite trouvé un certain plaisir car sinon je n’aurais pas continué !
C’est à ce moment-là que les collègues m’ont dit que j’allais pouvoir m’inscrire au semi-marathon de Bordeaux ! Moi, quand on me challenge, ça marche ! Et j’ai couru…
J’ai acheté de vraies baskets, une montre connectée, je me suis entraînée via un programme pendant deux mois, toute seule. J’ai vraiment pris du plaisir à faire ça, du début à la fin, et j’ai même fait un bon temps le jour J !
Un mois après, je faisais le semi-marathon de Poitiers et ainsi de suite. J’ai adoré collectionner les médailles, je me suis lancée comme ça, c’était vraiment du plaisir.
L’année suivante, je me suis inscrite sur un marathon. Je pensais être capable de m’y préparer toute seule, mais j’ai fait des erreurs et, un mois avant la course, je me suis blessée, je pleurais de douleur. Je me suis fait une tendinite du long fibulaire. J’ai dû faire de la rééducation pendant quelques mois, j’ai changé de baskets, j’ai porté des semelles… Ça s’est guéri et j’ai repris les courses.
J’ai eu envie de me challenger pour ne pas me reposer sur ces difficultés et, en 2018, j’ai commencé à penser au projet du marathon de la Grande Muraille de Chine (plus de 5000 marches à gravir !). J’adore pratiquer ma passion en voyageant – j’ai participé à des courses aux Pays-Bas ou encore en Norvège. Mais la Grande Muraille… c’est un très gros défi, l’un des marathons les plus durs au monde.
J’ai donc commencé à me faire accompagner par des préparateurs, physique et mental, pour mettre toutes les chances de mon côté. J’ai aussi monté un dossier pour trouver des financements, des partenaires. L’entraînement était plutôt exigeant, 4 à 5 séances par semaine à conjuguer avec mon boulot. Avec le Coronavirus, j’ai dû abandonner le projet pour 2020. Ça a été une grosse déception et un peu de découragement car j’avais énormément bossé et tout était préparé, réservé… Mais ce qui m’a tenue, c’est que j’ai eu la chance de faire d’autres courses depuis cette annulation.
L’une d’entre elles a agi comme un tournant dans ma pratique et, malgré la difficulté, a été un enseignement pour la suite. C’était le marathon de Bilbao, en Espagne, en octobre 2020. Il a lieu de nuit et, là, il pleuvait des cordes, j’avais mes règles, il n’y avait pas de public au bord de la route, le parcours était horrible ! Bref, c’était loin d’être tout beau tout rose ! Pourtant, je préfère ça car je peux m’en servir sur le plan du mental maintenant : j’ai eu un gros passage à vide pendant environ dix kilomètres, il me devenait impossible de continuer à courir, je n’avais plus de jambes et j’étais tellement trempée que mon sac à dos rajoutait du poids à celui de mon corps épuisé.
À cinq kilomètres de la fin, la voiture-balai m’a proposé d’abandonner ou alors il me fallait aller plus vite car ils allaient bientôt démonter la ligne d’arrivée. Tout ça pour rien ? Il en était hors de question. Alors, j’ai accéléré. Et je serais incapable de dire où je suis allée chercher cette énergie ! J’ai passé la ligne d’arrivée pile au bon moment et j’ai pu récupérer ma médaille. Ce sont les moments difficiles qui nous forgent et j’ai compris que j’avais des ressources incroyables.
Le fait de courir m’a permis de trouver un équilibre dans ma vie, de m’épanouir dans autre chose que dans mon boulot et d’y être d’ailleurs plus efficace. Maintenant, grâce au sport et au running, quand je suis face à une difficulté, au lieu d’abandonner, je fonce et ça repart ! Je me réfère toujours à ça désormais et ça m’aide à avancer dans la vie de tous les jours.
En fait, en courant, tu sens lorsque les endorphines sont lâchées, et là t’es tellement bien ! Enfiler mes baskets et y aller, ça me permet d’évacuer le stress et la frustration de la journée. Depuis que j’ai quitté Bordeaux centre pour la campagne alentour, c’est encore mieux parce que je cours dans les vignes…
Depuis cet été, j’ai la chance d’être coachée par Marine Leleu qui s’est installée à Bordeaux. Elle correspond exactement à ce que je cherchais : un coaching centré sur l’humain. En plus, on avait toutes les deux le même objectif, celui de participer au marathon de la Grande Muraille de Chine et elle me prépare pour mai 2021. Si ce n’est pas maintenu, je réfléchirai à un raid féminin. J’ai envie de partager une course, j’aime l’idée de se surpasser à plusieurs !
Les courses, les semi-marathons et marathons, me permettent de sortir de ma zone de confort, de me surpasser. C’est un travail exigeant dans lequel toute la phase de préparation en amont est hyper intéressante sur tous les plans, physique et mental. La course n’est pas une fin une soi, ce qui est formateur, c’est tout ce qu’il faut mettre en œuvre avant pour y arriver. Sans se mettre trop de pression car en partant tout de suite sur de gros objectifs, on risque de se décourager et on va avoir tendance à se dire qu’on n’y arrivera pas.
Mon conseil pour se lancer dans le défi du sport, c’est de se fixer des petits objectifs intermédiaires, c’est plus motivant ! Personnellement, concernant ma perte de poids, je savais que ça ne se ferait pas du jour au lendemain, j’ai accepté que ça prenne du temps et les choses se sont faites peu à peu.
Ce qui peut aider aussi, c’est la communauté que l’on se crée ou que l’on suit sur les réseaux sociaux. Elle m’a accompagnée dans ma perte de poids et m’a inspirée car je me disais : « Cette fille va à sa séance de sport, ça fonctionne, je vais tenter aussi. » Parfois, c’est vrai, ça peut procurer de la frustration, mais dans ces cas-là, il faut vraiment bien choisir les comptes que l’on suit.
De mon côté, c’était important de partager et de témoigner sur ce qui marchait pour moi. Ça m’a boostée, ça m’a permis de prendre confiance en moi et j’étais heureuse de pouvoir apporter quelque chose aux autres. Même si je ne suis pas une pro, je pouvais donner des conseils ou du moins apporter une expérience sur ma perte de poids et les bienfaits du sport. C’est incroyable de se dire qu’on peut être, pour certains, un modèle…»
Agathe en mouvement, ça se passe comme ça !
Pour prendre de la graine du parcours sportif motivant de Agathe, c’est sur son site internet
Pour la suivre dans ses grandes foulées au jour le jour, direction son compte Instagram
Modaliza
D'autres épisodes de "Running, après quoi courent les filles ?"
ÀBLOCK! est un média indépendant qui, depuis plus d’1 an, met les femmes dans les starting-blocks. Pour pouvoir continuer à produire un journalisme de qualité, inédit et généreux, il a besoin de soutien financier.
Pour nous laisser le temps de grandir, votre aide est précieuse. Un don, même petit, c’est faire partie du game, comme on dit.
Depuis ses 9 ans, elle fonce sur sa moto. Balayant d’un revers de gant en cuir les commentaires sexistes, Justine Pedemonte, 15 ans au compteur, se balade de circuits en circuits et ramène un paquet de trophées à la maison. Témoignage d’une fille qui vit à 200 à l’heure.
Tout comme son compagnon, elle s’est élancée ce week-end pour une nouvelle Grande Odyssée. La musher française Aurélie Delattre, tenante du titre de la catégorie Limited, a toujours le même objectif : gagner, en mettant le plaisir de ses chiens au coeur de l’aventure. Rencontre avec une reine des neiges.
Perdue dans un tourbillon, égarée dans un trop-plein de vie, Adeline s’est (re)trouvée grâce au yoga. Généreuse et légère, elle offre désormais les clés de la connaissance de soi à tous ceux qui ont la même quête. Douceur, apaisement, alignement… Chut, elle raconte.
Elle s’appelle Aurélie Hoffmann alias Lil’Viber. Mais sur les circuits, on l’appelle aussi « Wonder Lili ». Elle, c’est une super héroïne de la bécane qui se déguise comme ça lui chante pourvu que ce soit haut en couleur. Cette nana qui affole les chronos casse les codes à toute berzingue. Ultra féminine, elle est une motarde jusqu’au bout des ongles. Faites de la place !
Victime d’une agression sexuelle dans le métro, elle naviguait entre détresse, rage et culpabilité. La découverte de la boxe lui a rendu une sérénité qu’elle ne pensait plus possible. Témoignage.
Entre les ciseaux et les baskets, elle est toujours ÀBLOCK! Coiffeuse de métier et sportive de coeur depuis toujours, cette fan du challenge vient d’accomplir (en partie) un des plus grands défis de sa vie : la Diagonale des Fous. Et si elle n’a pu boucler la course, l’année prochaine, elle compte bien finir le travail !
Elle fait partie d’une asso qui met notamment en avant les sports de glisse et plus particulièrement du wakeboard. Plus largement, elle s’engage pour que les filles se fassent une place dans tous les sports extrêmes. Capucine est une « Demoiselle Shreddeuse » qui ne veut plus avoir peur de rien.
Il y a six mois, elle apprenait qu’elle était atteinte d’un cancer du sein. Battante, cette dingue de CrossFit a décidé de continuer à bouger pour donner du rythme à ses journées. Mais aussi pour entretenir son mental et rester femme. Témoignage.
Première femme moniteur parachutiste de l’histoire de son régiment, basé à Montauban, elle est aussi une excellente triathlète. Petite, sa famille la surnommait, “l’adjudant-chef“, autant dire que sa vocation militaire n’aura été une surprise pour personne. Et le sport dans tout ça ? Il fait partie du pourquoi de son engagement. Témoignage d’une femme de troupe.
Enfant, ado, enceinte ou jeune maman, Alexandra n’arrête jamais le sport. Gants aux poings ou baskets aux pieds, cette fille ÀBLOCK! s’épanouit dans l’effort et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.
Pour elle, une seule discipline, c’est loin d’être assez. Elodie Bonnin est une multi-sportive et que ce soit pour un marathon ou un Ironman, cette amoureuse du sport donne tout ce qu’elle a. Et peu importe le challenge, c’est avec des potes qu’elle aime le relever. Témoignage d’une fille toujours en mouvement.
Elle ne vient pas d’une famille de militaires, mais a toujours eu une attirance pour les airs. Aujourd’hui, au sein d’une unité aéroportée, Céline fait partie des 5 % de femmes à avoir intégré les Forces Spéciales. Le sport est, pour elle, à la fois une source d’émotions fortes et le secret d’un mental d’acier. Témoignage d’une femme spéciale.
Un événement solidaire et sportif. L’ONG Baroudeur de l’Espoir lance la 6e édition d’Amalia. Un challenge unique, celui de marcher 40 000 km pour sensibiliser à la situation dramatique des enfants du Proche-Orient et récolter des fonds pour leur retour à l’école. Chaussez vos baskets, c’est à partir d’aujourd’hui !
Championne de France en sauts d’obstacles handisport et journaliste à Radio France, Laëtitia Bernard est aveugle de naissance. Ce qui ne l’a jamais fait reculer et elle a su s’élancer pour trouver sa joie et sa liberté, autant sur le plan personnel que sportif. Un parcours incroyable qui rappelle que tout est possible lorsqu’on dépasse ses craintes. Une femme 100 % ÀBLOCK!
Huit ans après son sacre, la triathlète a retrouvé sa couronne de Championne de France. À 33 ans, Jeanne Collonge est une forcenée. Dans l’eau, sur un vélo ou à pied, elle conjugue les bonheurs sportifs par tous les temps. Rencontre avec une fille qui donne tout.
Ils ont pour ambition de rafler les plus belles médailles aux Jeux Olympiques de Paris 2024. Ambre Frotté et Alexis Blin font partie des jeunes gymnastes français les plus talentueux. Entre deux entraînements à l’INSEP, ils ont répondu à notre Q&A vidéo.
Les Internationaux de France de tennis s’ouvrent porte d’Auteuil et avant de savoir qui soulèvera la coupe Suzanne-Lenglen (les paris donnent gagnante Iga Swiatek sur notre photo), zoom sur les championnes de ces sept dernières années, celles, souvent inattendues, qui ont brillé sur les courts du plus grand tournoi parisien.
Née avec un handicap au pied et à la cheville, elle n’a aucune limite. Marie Patouillet, médaillée paralympique en cyclisme, a toujours été guidée par son amour du sport, son courage et sa détermination. Un dépassement de soi qui l’a menée sur la piste aux étoiles : celles des athlètes de haut niveau qui inspirent et font avancer bien des causes car cette fille-là roule pour les femmes et les athlètes handisport. Entretien.
Elles souhaitaient démontrer à toutes et tous que le vélo est un formidable outil d’affirmation et d’émancipation. Louise Roussel et sa co-équipière Océane Lepape ont pédalé durant deux mois pour rencontrer des pratiquantes. Elles en ont rapporté mille souvenirs mais aussi un documentaire, « Les échappées ».
Alors que la France a pris le top départ du déconfinement le 11 mai dernier, troquant l’enfermement obligatoire pour des échappées belles bien méritées, quid de l’évolution du comportement sportif des Français ? On vous dit tout…
Ce samedi 8 octobre, si on s’offrait une petite mise en bouche de Paris 2024 ? À moins de deux ans des JO, une Journée Paralympique s’installe place de la Bastille et mettra en avant des champions et championnes que rien n’arrête. L’athlète et présidente du Comité Paralympique et Sportif Français, Marie-Amélie Le Fur, y jouera les coachs, entre animations et autres démonstrations sportives et festives. On y va ?
Elle est suivie par plus de 132 000 aficionados sur Instagram. Lilou Ruel, freerunneuse professionnelle, n’a que dix ans de parkour derrière elle mais un CV déjà bien rempli. Dernier fait d’arme : à 19 ans, elle est devenue, en mai 2022, la première femme à réussir le Manpower à Evry. Rencontre vertigineuse.
Elles nous ont inspirés, nous ont émus, soufflés, amusés ou encore étonnés. Par leurs mots, leurs émotions si bien exprimées. Leurs confidences sont des cadeaux et nous sommes fiers de les accueillir toutes ces filles ÀBLOCK! Merci, girls, d’avoir fait de 2020, année troublée, une année de partage. Merci d’avoir accompagné notre nouveau média. Cela valait bien de réunir ici quelques pépites glanées au gré de nos rencontres. Le choix a été si difficile que nous reviendrons prochainement mettre en lumière d’autres championnes pour d’autres délicieuses petites phrases. Vive 2021 avec vous ! Savourez !
Elle a mis un terme à sa carrière à l’issue des JO de Tokyo. Fanny Horta, vice-championne olympique de rugby à 7, en a terminé avec la compétition mais pas avec le terrain. Engagée dans la commission des athlètes pour Paris 2024, elle ambitionne, à l’avenir, d’accompagner, à son tour, des groupes sur le chemin de la performance et de la réalisation de soi. Rencontre avec une fille qui sort de la mêlée.