Julie Debrabant : « Être cheffe de projet pour Benjamin Ferré sur le Vendée Globe est très fort émotionnellement. » Cheffe de projet de Benjamin Ferré pour le Vendée Globe 2024, 37 ans.
Il y a peu, elle n’était jamais montée sur un bateau. Pas de quoi arrêter cette professionnelle de la com' qui s’est engagée, dès le début, aux côtés de Benjamin Ferré, pour son premier Vendée Globe. Confidences d'une fille de l'ombre qui travaille à mettre en lumière un skipper d'exception.
Publié le 08 novembre 2024 à 17h31
« Avant de m’engager aux côtés de Benjamin Ferré pour le Vendée Globe, j‘ai travaillé pour une société 100 % digital qui proposaitdes assurances voyage pour les jeunes qui partaient en tour du monde, pour les expatriés… J‘étais directrice marketing et communicationet j’avais monté tout un réseau d’influenceurs autour de moi avec des gens qui parlaient voyages, tours du monde... C’est comme ça que j’ai rencontré Benjamin qui, à l’époque, lançait Imago, son incubateur d’aventures.
Après sept ans, j’ai décidé de quitter mon poste. Je ne savais pas trop ce que j’allais faire, j’avais juste envie de changer et j’ai commencé à travailler en freelance pour divers clients dont Benjamin qui avait besoin de quelqu’un pour refaire son site, sa charte graphique, sa communication… Au bout de six mois environ, c’était un matin, il m’appelle pour me demander de lui faire un faux dossier de sponsoring au cas où, m’explique-t-il, il ferait le Vendée Globe.C’était totalement improbable mais, après quarante allers-retourset quinze avis différents, je me suis rendu compte que ce dossiern’était pas si faux.
Après cela, Benjamin s’est lancé dans la recherche de sponsors et, quand il allait à un rendez-vous avec une marque,il avait besoin de quelqu’unpour lui faire des plans de com etexpliquer à ses interlocuteurs que l’accompagner sur le Vendée Globe ne se limitait pas à mettre un logo sur une voile, que l’on pouvait imaginer des opérations sur-mesure avec eux. Au tout début, je me suis dit que j’allais lui filer un coup de main et puis qu’on verrait bien ce que ça donnerait.En qualité de freelance, je bossais sur plein de petits projets et j’étais contente, mais aucun d’entre eux ne m’excitaient suffisamment pour que je me lève le matin en me disant : « Ça va être incroyable, on va vivre un truc de fou ! ». À cette époque, je n’avais jamais vu un bateau de ma vie et je ne connaissais rienàl’univers de la voile, le défi était incroyable.
La recherche de sponsors a duré un an et a été éprouvante etintense tant et si bien que, quand il y avait des courses, je ne pourrais pas te dire ce que je faisais de mes journées !Je sais simplement que je répondais au téléphone et que je disais : « Ok, je gère ». Ceci étant, entre le moment où il m’a demandé son faux dossier et la fin de l’année, j’étais persuadée, quoi qu’il se passe, qu’il ferait le Vendée Globe. Durant tout ce temps, on a quand même connu quelques coups durs et notamment des moments où on était en passe de signer et, le lendemain, pour x raisons, la guerre en Ukraine par exemple, tout tombait à l’eau.
Je me souviens qu’un jour, on s’est retrouvés dans un café à Paris, les yeux dans les yeux à se dire que là, quand même, on n’avait pas un centime en poche etque l’échéance approchait. J’ai eu le sentiment d’un éternel recommencement, que rien ne s’arrêtait jamais jusqu’àce que Monnoyeur devienne le sponsor titre. Ce chapitre clos, Benjamin m’a proposé de gérer ses partenariats. J’avais très envie de travailler sur un gros projet mais, vu mes connaissances en voile, j’avais peur de ne pas êtrela personne adéquate pour lui, or, en ce qui le concerne, c’est précisémentce qui l’intéressait. Il voulait un regard extérieur, il savait aussi que durant l’année écoulée, j’avais eu le temps de bien m’immerger dans le sujet. C’est comme ça que je suis devenue cheffe de projet et ma mission a, dès lors, été de faire en sorte que les sponsors soient satisfaits, que l‘on s’occupe bien d’eux, que l‘on soit toujours présents pour eux.
Il y a également un volet communication à gérer mais là, je peux compter sur Domitille qui s’occupe des réseaux sociaux, et sur Ninon qui, elle, s’occupe des journalistes, sans compter les gens qui viennent nous aider lorsqu’on a besoin de photos, de vidéos… Nous sommes désormais une équipe et qui plus est, une équipe mixte. Certaines te diront peut-être qu’être une femme dans ce milieu-là est difficile, je ne sais pas. Pour ma part, c’est quelque chose auquel je n’ai jamais prêté attention pour la simple et bonne raison que je ne viens pas de ce milieu et que mon enjeu à moi,c’étaitd’être acceptée dans un univers qui m’était inconnu.
L’autre chose qui nous différencie, c’est que nous sommes tous sur des premières fois et tous super contents d’être là. Au moment où je vous parle, on attaque la dernière ligne droite. Même si on a anticipé, depuis le 1er septembre tout le monde se réveille en même temps, tout le monde veut des choses en même temps, c’est un peu la folie mais, malgré tout, je me lève le matin et je suis heureuse.
Ce 10 novembre, Benjamin sera en mer mais l’aventure ne sera pas terminée pour autant. Il y a ce que l‘on appelle une cellule de crise, à savoir un groupe de personnes qui, sur des postes différents,doit toujoursêtre joignable et j’en fais partie. L’idée c’est que, s’il arrive quelque chose pendant la course, il faut immédiatement en informer les sponsors et ce, de la bonne manière car Benjamin est quelqu’un qui ne veut pas qu’on fasse de drama.
La difficulté est de maîtriser les informations qui sortent et je sais que, sur le Vendée Globe, la course sera encore plus médiatisée que les autres. Ma mission consistera aussi à réceptionner toutes les communications internes, à les transférer aux partenaires, les mettre en forme, raconter son histoire à bord et envoyer des newsletters. Je ne serai donc pas en vacances quand il partira mais je serais soulagée.
Mon aventure Vendée Globe à moi, se termina bien après qu’il ait passé la ligne d’arrivée et elle restera à part. Avant cette expérience aux côtés de Benjamin, j’avais déjà organisé des événements mais là, l’enjeu est complètement différent. Quand tu organises un lancement de film par exemple, il faut que les personnes rentrent dans le bon ordre, que tout soit bouclé à telle heure, tu as du stress mais, émotionnellement, ça n’a rien à voir. Là, tu as créé des liens avec le skipper, tu as envie qu’il parte, envie que ça se passe bien, qu’il soit dans de bonnes conditions et puis mon poste fait que je me retrouve parfois à faire tampon entre lui, la famille, les amis, les sponsors qui veulent partager ces moments avec lui tout en sachant que l’on doit le préserver pour qu’il puisse se concentrer.
Il y a quelque chose de très fort émotionnellement dans ce projet. Le jour du départ, je pense que je ne vais faire que pleurer même si j’ai plein de trucs à gérer. Je sais que je ne pourrai pas m’en empêcher et je n’ose même pas imaginer l’arrivée ! C’est pour ces raisons d’ailleurs que je suis incapable d’imagination pour ce qui m’attendaprès. Travailler de nouveau avec Benjamin ? Je ne sais pas ce qu’il fera, si ce sera à terre ou en mer. Quoi qu’il arrive, si le projet est cool, je suivrai. »
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