Karine Joly et Greg Crozier « Arriver au sommet du freefly en couple, c'est une chance incroyable. »
Seize ans qu’elle fait équipe avec Gregory Crozier, son compagnon à la ville. Karine Joly, 43 ans, a tout plaqué pour vivre sa passion pour le parachute en général, et le freefly en particulier. Un pari couronné de succès puisque le couple collectionne titres et records. Dans leur viseur désormais, un rendez-vous avec l’Everest et une tentative de record du monde mixte aux États-Unis. Rencontre avec un duo qui aime s’envoyer en l’air.
Par Sophie Danger
Publié le 28 octobre 2024 à 17h37
Karine, ton premier saut en parachute remonte à tes 18 ans, un saut en tandem qui te donne immédiatement le goût de la discipline…
Lorsque j’ai fait ce saut en tandem à 18 ans, j’ai tellement halluciné de découvrir toutes ces nouvelles sensations pendant la chute libre que, quand je suis arrivée au sol, je me suis dit qu’il fallait que je vive ça de nouveau. C’était trop intense, trop fou. J‘ai mis de l’argent de côté et j’ai commencé à apprendre en solo quand j’avais 23 ans.
Greg, en ce qui te concerne, tu évoques des influences cinématographiques.
Quand j’étais ado, il y avait des séquences de chute libre dans beaucoup de films et notamment Point Break, qui m’a particulièrement marqué. Ce qui m’a également attiré dans la discipline, c’est sa dimension militaire : la chute libre était utilisée pour aller d’un point A à un point B rapidement ou dans le secret.
C’est également par le biais du parachutisme que vous vous êtes rencontrés.
Karine - on s’est rencontrés dans un club de parachutisme effectivement. J‘étais à Lyon pour visiter mes parents, Greg y était aussi de passage. Nous sommes allés faire notre saut et nous nous sommes retrouvés dans le même avion. Nous avons sympathisé et noussommes assez rapidement devenus potes.
Est-ce que la compétition faisait déjà partie de votre pratique à cette époque?
Greg– Non, on s’orientait doucement, chacun dans notre coin, vers le vol en 3D mais, pour pouvoir être tête en haut, tête en bas, tourner autour de quelqu’un à l’horizontale ou à la verticale, çademande du temps. Et puis, à l’époque, et ça l’est encore, l’élite française faisait partie de la crème mondiale ce qui était, à la fois, inspirant mais qui générait un écart colossal entre le haut niveau et la pratique amateur.
À partir de quand vous êtes-vous autorisés des ambitions sportives ?
Greg – Le virage date de 2007.Tout est parti d’une conversation. À l’époque, j’étaissaisonnier dans des bateaux, je faisais de grosses saisons d’été et j’avais inconsciemment tiré un trait sur tout ce qui était compétition sportive car elles ont principalement lieu durant cette saison. Karine m’a demandé, à ce moment-là, si j’avais des regrets dans la vie, et après réflexion, je lui ai répondu que c’était ça, la compétition, que ça aurait été un gros challenge et un gros plaisir pour moi.Elle m’a dit : « On y va ! ».
Karine – En ce qui me concerne, je n’ai jamais vraiment eu l’esprit de compétition. Dans tous les sports que j’ai pratiqués, et notamment le karaté, mes enseignants ont toujours voulu que j’en fasse parce que, selon eux, j’avais du potentiel mais pour moi, compétition était un mot qui avait une connotation assez négative, qui signifiait rivalité et je n’aimais pas cet aspect-là. À l’issue de cette fameuse conversation avec Greg, je me suis dit qu’on allait se lancer dans la compétition juste pour qu’il n’ait pas de regret mais je ne savais pas du tout ce que ça allait donner, ni à quel point ça allait nous transformer. C’était simplement un pari.
Le fait de pouvoir se lancer à deux, qui plus est avec ton compagnon, t’a permis de changer d’avis sur ce qu’est la compétition ?
Karine - Oui et non. Nous avons rencontré beaucoup d’obstacles durant nos années de compétition, il y a eu beaucoup de rivalités et ça, ce n’était pas spécialement une partie de plaisir. En revanche, quand on s’entraîne avec un but, un objectif, le niveau monte en flèche d’un coup et ça, c’est extraordinaire. Se voir évoluer tous les deux ensemble et partager ça en couple, c’est une chance incroyable. Par la suite, on a su traverser tous ces obstaclesavec beaucoup d’acharnement et de résilience pour arriver au sommet.
Greg - On ne s’est pas rendu compte de ce dans quoi on se lançait.Pendant deux-trois ans, on a continué nos activités professionnelles, on alternait, puis on a rapidement compris que, si on voulait atteindre le très très haut niveau c’était impossible.C’était un gros pari. Pour le réussir, on a laissé la vie que l’on avait construite à Monaco et il fallait être un peu fou pour faire ça.
Est-ce qu’il y avait beaucoup de pratiquantes en freefly à cette époque-là ?
Karine -Quand j’ai commencé en 2004, la discipline était majoritairement masculine. Ça a évolué au fil des années et aujourd’hui, il y a environ 30 % de pratiquantes loisir en parachutisme en France.
Comment tu expliques ce manque de représentation féminine ?
Karine - Je ne sais pas si je peux l’expliquer, mais, en ce qui concerne mon expérience personnelle, ce que je peux dire c’est que, en 2004, on était quand même sur des environnements très masculins et très très militaires, dans l’idée un peu clichée qu’on se fait du militaire à savoir quelqu’un d’un peu rustre, qui peut avoir parfois des réflexions déplacées. Tout cela faisait que ce n’était pas un milieu très avenant. Peu à peu, la pratique s’est « démilitarisée » parce qu’il y a eu de plus en plus de pratiquants civils et parmi eux, des femmes.
Est-ce que le côté extrêmede la pratique a pu être un frein également ?
Karine - Il est vrai que, dans l’esprit des gens, le parachute est une pratique risquée mais pas du tout. En France, c’est très encadré, on a un matériel très performant et on est toujours équipé avec deux parachutes : le parachute principal que l’on déploie nous-mêmes, et le parachute de secours. On a également un appareil de sécurité qui déploie notre voile de secours si jamais on venait à perdre connaissance. Après, il y a l’acte de se jeter d’un avion et, pour beaucoup, c’est très impressionnant.
Greg – Il y a un truc à passer pendant une dizaine de sauts qui est un peu bizarre mais après, on oublie complètement. Le parachutisme est un sport depuis cinquante ans et les disciplines artistiques existent, elles, depuis vingt-quatre ans. Cela signifie que si tu emmènes ton gamin de 16 ans sauter, tu ne vas pas te dire : « J’espère qu’il va rentrer ce soir ». Le parachutisme n’est plus du tout de la cascade et ça, depuis longtemps, c’est vraiment un sport.
Karine et Greg ont participé avec 42 parachutistes à un saut tête en bas, de nuit, dans le ciel de l’Arizona aux États-Unis, le 22 mars 2024.
Vous collectionnez les titres jusqu’à la récompense suprême, 2018, vous êtes sacrés champions du monde de la discipline. Il représente quoi ce titre pour vous ?
Greg - C’était notre deuxième titre après notre victoire enCoupe du monde en 2012.Il reste qu’il est beaucoup plus difficile de remporter un Championnat du monde : il y a des Coupes du monde tous les ans et c’est open alors que les Championnats du monde ont lieu tous les deux ans et ce sont les meilleures équipes qui y participent, deux au maximum par Fédération. Gagner en 2018, c’était absolument incroyable pour nous à tous les niveaux : ça se passait pour la première fois en Australie, sur la Gold Coast, ce qui ne se reproduira probablement jamais ; ça faisait dix ans que nous avions fondé notre équipe. Gagner, si loin, le titre ultime pour nos dix ans d’existence, on ne pouvait pas rêver mieux, c’était absolument magique.
Il y aussi le fait que toi, Karine, tu deviens la 3e femme seulement à remporter cette distinction.
Karine – Oui, je suis la troisième et la troisième Française. Ça s’explique aussi par le fait qu’il n’y a pas énormément de femmes qui poussent la compétition à haut niveau en freefly. C‘est une discipline dans laquelle on doit apprendre à dompter son corps et ça, ça prend des années. Les femmes n’ont pas toujours autant de temps à accorder au sport et puis arrive un moment où elles veulent fonder une famille etelles s’arrêtent, ce qui limite le nombre de compétitrices. C’est aussi une discipline assez martiale et il y a également une question de gabarit : quand on saute avec un garçon, il est parfois difficile pour nous de suivre, ça demande une bonne condition physique, pas mal de muscles.
Cela demande plus d’engagement que pour une discipline mixte plus classique ?
Karine – Oui, ça demande beaucoup de sacrifices sur tous les plans. Pour ma part, j’en ai fait beaucoup. À partir du moment où on a décidé de se lancer, tout mon temps libre a été dédié à mon sport. Et puis, c’est la même chose pour l’investissement mental, il y a un aspect martial une fois encore, on est à fond, on fait attention à notre hygiène de vie, à rester entraînés tout le temps…
C’est la même chose pour toi Greg ?
Greg–Pour moi, c’était plus dur mentalement que physiquement. Mentalement, il fallait guider notre équipe dans un univers dans lequel on ne nous attendait pas. La Fédération avaitmisé sur d’autres, on arrivait un peu comme un cheveu sur la soupe et il fallait réussir à entrer dans leurs plans.
Par la suite, vous continuez à enchainer les distinctions et les records du monde. Vous en détenez plusieurs dont un féminin pour toi Karine.
Karine - Oui, il date de novembre 2022. Ça s’est passé aux États-Unis et se sont les Américaines qui l’ont organisé pour célébrer l’anniversaire des 100 ans de l’obtention du droit de vote par les femmes. Elles ont réuni les meilleures flyeuses, elles en espéraient 100, on a réussi à être 80 ce qui est une belle performance.
Vous avez récemment participé à une formation « head down sequential » en compagnie de 64 parachutistes venus de neuf pays différents. La suite, ce sera un saut au-dessus de l’Everest en novembre prochain…
Greg – J’arrive à 10000e saut et je cherchais quelque chose de spécial pour l’occasion. Il y a à peu près un an, j’ai eu cette idée-là. Nous avons des amis qui, tous les ans, partent en équipe très restreinte pour filmer des personnalités souvent très fortunées qui vont faire un saut face à l’Everest. Je les ai contactés pour leur demander si je pouvais faire partie de la prochaine aventure.
Tu seras également de la partie Karine ?
Karine – Oui,on va le faire tous les deux. Il va y avoir deux jours d’acclimatationet, au troisième, si le temps le permet, on montera à un peu plus de 8 000m, quasiment en face du sommet,pour se poserà 3 800 mètres.
Après ça, on partira aux États-Unis pour une tentative de record du monde mixte. On va viser un 100 personnes dans la positiontête en haut…
Le rugbyman et ex-numéro 2 de la fédé de rugby a accepté de se confier sur la place du ballon ovale dans sa vie, mais aussi sur le rugby féminin. Un face à face percutant, sensible et chaleureux avec…sa fille.
Les sportives n’ont pas la côte chez les chanteurs, c’est ce que révèle un classement des noms du sport les plus cités dans les textes de titres musicaux.
Une ex-gymnaste devenue surfeuse (Lauriane Lamperim sur notre photo), une basketteuse emblématique, une parachutiste qui a fait du ciel son univers, une patineuse qui a bousculé l’ordre établi, une Simone qui a roulé sa bosse ou encore une championne de karaté qui se raconte dans notre podcast, c’était le menu de la semaine dernière sur ÀBLOCK! et c’est à (re)découvrir sans modération…
Elle a goûté à l’eau froide, il y a quatre ans. Depuis, Marion Joffle enchaîne les défis, établit de nouveaux records mondiaux et rafle toutes les médailles sur son passage, avec comme unique objectif de se dépasser. La nageuse surnommée « Le Pingouin », le prouvera encore, en 2022, avec la traversée de la Manche. Nous l’avions suivie lors des Mondiaux en eau glacée, juste avant la pandémie, en Slovénie. Fraîche rencontre avec une fille joyeusement « givrée ».
Elle trace sa route rugbystique sans se retourner, plaquant sans vergogne les préjugés misogynes qui collent encore trop souvent au maillot des filles mordues de ballon ovale. Du haut de son 1,85 m pour 85 kg, Lénaïg Corson est l’un des piliers de l’équipe de France de rugby à XV. Dans la vie comme sur le terrain, elle est cash et sans peur. Échanges puissants avec une joueuse qui en a sous les crampons.
Attention, froid devant ! Pour cette semaine des mondiaux de ski, ÀBLOCK! est en mode compet’ : décryptage des championnats, découverte en détails de trois skieuses tricolores qui s’en donnent à cœur joie devant leur public (dont Laura Gauché sur notre photo), c’est le Best-of ÀBLOCK! de la semaine !
Elle a marqué, de manière indélébile, les deux campagnes olympiques auxquelles elle a participé. Christine Caron dite Kiki Caron, 73 ans le 10 juillet prochain, s’est adjugée l’argent du 100 mètres dos aux JO de Tokyo en 1964 avant de bousculer les codes en devenant porte-drapeau de la délégation française à Mexico, quatre ans plus tard. Une première mondiale pour les Jeux Olympiques d’été. Rencontre avec une icône qui a fait bouger les lignes, et pas uniquement dans les bassins.
Le foot, pour elle, c’est une longue histoire. Elle s’appelle Karine Van den Eynde et a quitté sa Belgique natale il y a quinze ans pour s’installer en France. Ex-joueuse de football, elle a monté une équipe destinée aux femmes de plus de 50 ans en Dordogne. Dans le but de renouer avec le ballon rond, celui qui lui donne des ailes.
Alors que les prochains JO sont dans les starting-blocks pour Paris 2024, le Comité International Olympique fait déjà cap sur 2028 avec Los Angeles et cinq disciplines inédites au programme. Ça va dépoter !
Elle s’appelle Emma Gongora , nom de scène : Valkyria. Combattante professionnelle, cette Marseillaise d’adoption qui a tout plaqué pour vivre sa passion pour la boxe anglaise court depuis 2018 après un rêve, celui de devenir championne du monde. Confidences d’une warrior.
Hervé André-Benoit organise le Festival International des Sports Extrêmes alias FISE depuis plus de vingt ans. Une compétition annuelle de sports urbains qui se déroule chaque année à Montpellier. COVID-19 oblige, ce passionné de BMX et de wakeboard, propose une édition 100 % digital dont le top départ vient d’avoir lieu. Rencontre avec un rider qui tente de convaincre les filles de truster des terrains de jeu traditionnellement masculins.
C’est l’initiative de l’année. Paris ouvre son stade pour accueillir les premiers Jeux Mondiaux Féminins. Une nouvelle ère pour le sport mondial. Une compétition 100 % féminine pour mettre en lumière les femmes dans le sport.