Mary-Ambre Moluh L’ambitieuse petite sirène tricolore
Depuis toute petite, Mary-Ambre Moluh se sent comme un poisson dans l’eau. Parmi les meilleures dans toutes les catégories dans lesquelles elle a concouru, la nageuse de 18 ans plonge désormais dans le bassin des grandes et elle ne manque pas de souffle !
Par Quentin Haton
Publié le 07 avril 2024 à 18h37, mis à jour le 22 juin 2024 à 17h22
Mary-Ambre Moluh est de ces nageuses qui portent en elles le murmure des vagues et l’ambition des grands fonds. Née dans l’effervescence de Créteil, cette Cristolienne pure souche trouve dans les bassins de l’USC Natation non seulement une seconde maison mais aussi une vocation.
L’apprentissage de la natation, initié pour apaiser les inquiétudes maternelles face aux étés grecs en bord de mer, est rapidement devenu le terrain d’une révélation. Celle d’une aptitude pour la glisse, un talent inné pour fendre l’eau avec une aisance déconcertante.
Dès l’enfance, alors que les jours s’écoulent entre l’école et les entraînements, une flamme s’allume au fond de son cœur. Repérée par un coach visionnaire qui a su voir une pro au-delà des éclaboussures d’une petite fille de CE1, elle commence à nourrir une envie, celle de se dépasser, de transformer chaque coup de bras en une quête de perfection.
La transition vers le sport-étude au collège Victor Hugo n’est que la confirmation d’un engagement total pour la compétition, où les premiers succès départementaux et régionaux attisent sa soif de victoire.
L’adolescence de Mary-Ambre n’est pas faite de distractions ordinaires. Au lieu de cela, elle passe ses soirées devant les replays des compétitions, non pas pour se replonger dans l’adrénaline de ses propres courses, mais pour étudier la manière dont ses aînés gèrent le tumulte émotionnel et médiatique de l’après-compétition.
Maxime Grousset et Yohann Ndoye Brouard, figures emblématiques de la natation tricolore, deviennent ses modèles, non seulement pour leurs prouesses dans l’eau mais aussi pour leur éloquence devant les caméras. Elle observe, elle apprend, et elle excelle, tant dans les bassins que dans l’art délicat de l’interview, maniant avec une maturité impressionnante le verbe et la nage.
Cristolienne avant tout, elle puise dans l’énergie de sa ville la force de persévérer. Les bords de Marne, le centre commercial Créteil Soleil, sont autant de refuges où elle recharge ses batteries, entourée de ses amis, avant de replonger dans le grand bain des compétitions.
La rencontre avec Théo Amable marque le début d’une ère nouvelle. Spécialisée en dos et en nage libre, elle se hisse au rang des compétitrices d’exception. Mary-Ambre brise le record de France junior au 50 m nage libre à seulement 13 ans, un exploit qui annonce déjà la couleur de sa détermination sans faille. Dunkerque, en 2019, est le théâtre de son éclatante affirmation, où elle se pare d’or et d’argent. Ainsi sont posées les premières lignes d’un palmarès promis à l’excellence.
Mais c’est à Rome, lors du championnat d’Europe juniors 2021, qu’elle atteint pour la première fois les sommets. La Française y décroche une médaille d’argent au 100 m dos qui reste gravée dans sa mémoire comme un souvenir précieux.
Ces moments de gloire, loin de la plonger dans l’autosatisfaction, ne font que renforcer son désir de conquête, de repousser toujours plus loin les limites de son potentiel.
Sa consécration au championnat de France 2022 sur 50 m dos, où elle devance Analia Pigrée, ne fait que confirmer son ascension fulgurante. Qualifiée pour les championnats du monde en petit bassin à Melbourne, elle voit déjà au-delà, animée par le rêve suprême : les Jeux olympiques de Paris en 2024.
Pourtant, derrière son sourire se cache une insatisfaction chronique, un moteur puissant qui la pousse à viser toujours plus haut, à ne jamais se contenter de l’acquis. Les médailles, elle en a déjà collectionné cinq aux championnats d’Europe junior. Mais c’est le record du monde junior du 50 m dos qui l’obsède, signe tangible d’une perfection toujours à conquérir.
Ses débuts internationaux chez les seniors sont un baptême du feu, une plongée dans le grand bain. La Française est confrontée à un stress inédit mais ô combien formateur. Cette expérience, loin de l’effrayer, renforce sa détermination et sa soif d’apprendre. Melbourne représente une nouvelle étape, un tremplin vers l’objectif ultime de Paris 2024, où elle aspire à concrétiser ses rêves de gloire olympique.
Et alors que les défis s’enchaînent, des championnats du monde de Budapest aux championnats d’Europe de Rome, sans oublier les rendez-vous juniors à Kazan et en Roumanie, elle se prépare déjà à une nouvelle aventure : à l’automne, elle s’envolera pour l’université américaine de Berkeley en Californie où elle poursuivra en sport-étude, mais désormais made in USA.
Pour l’heure, toutefois, elle garde les yeux fixés sur un autre horizon : les Jeux olympiques de Paris 2024.
Un rêve, certes, mais pour elle, une destinée à portée de main, une évidence qui s’écrit à chaque entraînement, à chaque souffle, à chaque battement de cœur. Dans l’eau, elle est chez elle, et c’est là, entre deux coulées, qu’elle construit son avenir, guidée par l’étoile de ses ambitions.
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