Stéphane Kempinaire« Dans les photos de sportives, on perçoit une grâce, une émotion douce. »
Ses clichés sont un savant mélange de composition graphique et de couleurs. Mais elles sont aussi un concentré d’émotions. Autant dire que Stéphane Kempinaire a l’oeil. À la tête de l’agence KMSP, il partage avec nous 5 clichés qui lui ressemblent.
Par Sophie Danger
Publié le 22 février 2023 à 18h12, mis à jour le 28 avril 2023 à 15h08
Comment la photographie s’est-elle invitée dans ton parcours ?
Je préparais un monitorat de sport, spécialité équitation lorsque j’ai eu un accident. J’ai été en rééducation pendant un très long moment, mais je continuais malgré tout à suivre mes potes en compétition et je les photographiais.
La photo, c’est quelque chose que j’aimais et ce, depuis tout petit. Ça a commencé comme ça. Par la suite, il se trouve que le père de l’un de mes amis était directeur du plus grand laboratoire de Paris. J’ai eu la possibilité d’y faire des stages et de pouvoir appréhender tous les domaines de la photographie, que ce soit le développement, le tirage noir et blanc, la repique, la retouche… tout ce que l’on ne sait plus faire dans la photo numérique.
Lorsque j’ai commencé à me dire que je pourrais en faire mon métier, je suis allé au flan frapper à la porte de l’agence Vandystadt. J’ai été reçu par le directeur, Gerard Vandystadt, qui m’a dit que mes photos étaient nulles mais qu’il avait besoin d’un archiviste. J’ai dit banco en pensant que je verrai bien comment ça se passerait une fois que j’aurais un pied dans l’agence.
Je suis progressivement passé d’archiviste à la négociation avec les agences de pub, les sponsors et, peu à peu, je me suis remis à la photo. Mon itinéraire a débuté comme ça et aujourd’hui, j’ai fondé ma propre agence, KMSP avec Philippe Millereau.
Stéphane Kempinaire en pleine immersion photographique…
Quelle est, selon toi, la définition d’une belle photo de sport ?
Une belle photo de sport implique, comme pour n’importe quel domaine, de connaître ce que l’on va photographier. Si tu connais bien le domaine dans lequel tu vas évoluer, tu sais quels sont les bons angles, les bonnes attitudes et tout cela te permet d’optimiser la prise de vue.
Je pense aussi que, quand tu réalises des photos dans un domaine donné depuis un certain temps, il ne faut pas se cantonner à ce que tu sais faire, il faut sortir de sa zone de confort, il faut prendre des risques.
Par exemple, la photo où l’on voit Florent Manaudou cracher de l’eau : je savais que, lorsqu’il se se prépare, il prend de l’eau et il la souffle. Pour autant, autour de lui, ce n’était pas très beau, c’était très fouillis. Il faut alors trouver une position particulière, comme cet angle qui me permettait d’avoir ce fond noir sur lequel il se détache et qui vient sublimer la photo.
Est-ce que tu abordes le sport féminin de manière différente lorsque tu couvres un événement ?
Avec les femmes, la photo est moins tournée sur l’exploit et la puissance. Lorsque l’on regarde la photo de Caeleb Dressel qui sort pour une reprise de nage de papillon, c’est de la puissance pure.
Sur les photos des filles, que ce soit celles de natation synchronisée ou les sorties de bassin, il y a toujours une élégance supplémentaire. Je pense qu’il y a plus d’émotion, d’émotion douce j’entends, qui ressort des photos sur lesquelles on voit des athlètes femmes. Il y a plus de grâce.
Est-ce que c’est vraiment ce qui ressort des photos ou est-ce que c’est ce que l’on va chercher pour coller aux clichés véhiculés par les deux sexes ?
Non, ce ne sont pas des clichés, c’est mon ressenti. Avec les sportives, il y a des comportements qui font que la photo va être plus sensuelle, plus imprégnée d’où cette émotion douce dont je parlais.
On le voit sur la photo de cette fille, Anna Santamans, qui vient de finir sa course. Elle fait du sprint et quand elle arrive, elle est épuisée or, elle est très belle même si c’est une photo d’effort.
Tu as sélectionné pour nous quelques-uns de tes clichés préférés. Parmi eux, il y a cette photo des soeurs Tremble qui attire l’attention et par sa composition graphique et par l’utilisation que tu fais des couleurs. Elles sont à la fois discrètes et, dans le même temps, très vives…
Charlotte et Laura Tremble sont des filles que j’apprécie particulièrement. Elles sont jumelles et sont toutes les deux en équipe de France de natation synchronisée.
Cette photo-là concluait une session de shooting qui avait duré toute la journée. J’avais apporté le fond noir mais, à ce moment, il y a eu une lumière un peu zénithale qui est arrivée. Je savais qu’on allait réussir un truc assez sympa mais je ne savais pas que cette eau qui éclabousse allait prendre une telle teinte. Ce côté turquoise, c’est ce qui donne un petit plus à la photo.
Même si la photographie, c’est de la maîtrise, que la chance ne joue pas, il m’arrive parfois d’être surpris par quelques rendus.
L’autre photo de natation synchronisée rappelle la fresque de Michel-Ange sur le plafond de la Chapelle Sixtine à Rome avec ce geste du doigt, ce regard…
C’est la directrice de l’équipe de France de natation synchronisée qui avait imaginé ce genre de composition d’image.
C’était juste avant les Jeux Olympiques de Rio. Moi, je suis immergé et, dans l’eau, il faut savoir que les flashs sont plus aléatoires. Ceci étant, encore une fois, il y a eu ce rayon de lumière qui arrive, vient taper dans le fond de la piscine et je m’en suis servi.
La composition est incroyable mais ce qui ressort avant tout, c’est la maîtrise totale de ces filles. À aucun moment, on a l’impression qu’elles sont en train de travailler, on ne sent pas qu’elles sont en apnée, les visages sont sans effort avec un regard tourné.
Et puis, il y a une part d’inattendu avec ce soleil qui permet de réhausser l’éclairage et remonte sur les visages. Ce cliché, je l’ai fait en couleur mais il ne me plaisait pas, il y avait une nuance trop cyan que je n’aimais pas, alors je l’ai basculé en noir et blanc.
Tu a sélectionné deux photos de mouvement, il y a celle de la nageuse Marion Joffle qui évolue en bassin extérieur et qui semble venir te saluer et celle de Laura Augé dont le visage est encadré par une gerbe d’eau extraordinaire…
J’ai pris la la photo d’extérieur à l’occasion d’un championnat de France en eau glacée. Il fait deux degrés dehors, quatre dans l’eau. Cette image, je l’avais en tête, je voulais faire ce que l’on appelle un mi-air, mi-eau.
Il se trouve qu’à chaque passage, cette nageuse, Marion Joffle, me regardait et j’ai trouvé ça rigolo. Pour obtenir cet effet, moi aussi je suis dans l’eau. J’ai le dos à l’extérieur, je respire avec un tuba et mon caisson, dans lequel se trouve mon boitier, est à moitié immergé.
Ce ne sont pas des photos faciles car il ne faut pas donner trop d’épaisseur à l’eau. Il faut également avoir une certaine maîtrise de l’immersion pour ne pas bouger. Ce jour-là, j’ai dû rester quarante minutes dans l’eau car il y avait d’autres nageuses et j’avais oublié mes gants. J’avais très froid et quand je suis sorti de l’eau, mes mains étaient violettes !
Et la photo de Laura Auger, tu l’as recommencée combien de fois pour parvenir à ce mouvement parfait de cheveux et d’eau ?
J’ai fait une seule photo. Tout est au flash. Laura est au milieu de la piscine, il faut bien avoir prévu l’éclairage, anticiper ce que ça peut rendre et attendre le bon moment pour déclencher. Tout va très vite.
Il est vrai que le mouvement est parfait, mais les nageuses synchronisées sont des filles qui maîtrisent tellement de choses !
Tu sais également faire naître l’émotion de moments d’abandon. Il y a notamment cette photo de Camille Muffat qui la montre comme vidée, épuisée et totalement imperméable au monde qui l’entoure. Ce sont des moments très intimes mais on ne se sent pas voyeurs pour autant…
J’essaie toujours de ne pas être intrusif, d’être témoin mais en restant à ma place. Pour Camille, c’était particulier parce que c’était la première fois que je faisais ce que l’on appelle des photos de sortie d’eau. Ce sont des photos compliquées à prendre car tu ne sais pas à quel moment l’athlète va sortir, l’éclairage n’est pas évident et tu n’es pas forcément bien placé.
Encore une fois, il faut absolument que tu anticipes. J’avais pour moi de savoir que Camille sortait toujours de la même façon car chaque sportif a des comportements qu’il répète de manière inconsciente. Ce genre de photos, on ne les faisait jamais avant. J’ai commencé à cette époque en essayant de me renouveler et de proposer des angles auxquels on n’était pas habitués.
Sur cette photo, Camille est encore dans sa concentration, elle est aussi dans la récupération et elle est peut-être même en train de refaire sa course dans sa tête. J’ai proposé ce cliché lors d’un concours organisé par la FINA, la Fédération internationale de natation, et je suis arrivé deuxième.
Tes compositions sont également très graphiques. Entre la composition et la lumière, on ne perçoit pas la prothèse de Dimitri Pavadé, du moins pas tout de suite…
Dimitri Pavadé, c’est un sacré bonhomme. Pour faire ce genre de photos, il faut que ton personnage ait la pêche, ce qui implique de ne pas le refaire sauter cinquante fois. Il faut aussi prévoir l’encombrement du personnage en mouvement par rapport au cadre.
Pour ce qui est de la lumière, j’avais de la gélatine orange à gauche et, à droite, de la bleue. On le voit sur son visage. Je dois avouer que j’ai un peu forcé sur la post-prod sur celle-ci. C’est rare. Quand je fais des photos, je n’ai pas envie de passer des heures à les retravailler, je ne suis pas dans la post-prod de pub où le cliché final n’a plus rien à voir avec la photo de base.
C’est pour cela que j’essaie de maîtriser au maximum tous les aspects techniques.
La photo de plongeon est aussi très travaillée au niveau de la composition. Il y a beaucoup d’éléments mais ce qui saute aux yeux, ce n’est pas le plongeoir, pourtant très imposant, mais cette jeune femme qui se prépare à sauter.
Cette photo, c’était à Tokyo pendant les entraînements. Ce sont des moments pendant lesquels il ne se passe pas forcément grand chose. Là, j’ai dû réaliser deux photos intéressantes dont celle-ci.
J’avais un cadre défini et, à ce moment précis, chaque personnage a bien pris sa place : celles qui attendent, les juges, stoïques, avec leurs masques et celle qui se prépare à faire son plongeon avec les jambes en V.
Tu attends ce résultat mais il est long à venir. Il m’est arrivé de passer un temps incroyable à attendre, à faire malgré tout des photos parce que tu ne sais jamais… Il peut se passer quelque chose que tu n’as pas vu mais, parfois, il ne se passe vraiment rien !
Elle s’appelle Asmaa Niang et c’est l’une, sinon la, plus grande judokate marocaine. Née à Casablanca il y a 41 ans, elle a grandi en France où elle a découvert le sport. Le haut niveau viendra plus tard, au détour d’un chemin sinueux mais riche qu’elle raconte dans un livre « À bras le corps ».
Elle était un drôle de phénomène, une casse-cou de l’aviation des Années folles. Il y a cent ans, le 1er avril 1921, en devenant la première femme à traverser la mythique Cordillère des Andes, à bord de son G3 Caudron, Adrienne Bolland a ouvert l’horizon à ses semblables, bien avant les grands noms célébrés de l’aviation : des hommes tels que Mermoz ou Saint-Exupéry. Récit d’une pionnière terriblement attachante.
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Le 24 septembre 2023, sur le marathon de Berlin, l’Éthiopienne Tigist Assefa, 28 ans, devint la nouvelle reine du marathon, bouclant les 42,195 km en 2 h 11’’52. Mais pour que ces championnes puissent gagner à grandes foulées, il a fallu que d’autres filles intrépides battent le pavé. Histoire express d’une course longue distance conjuguée au féminin.
Ce dimanche 20 octobre, la première édition de l’AéroRun a lieu au cœur de l’aéroport historique du Bourget. L’ONG Aviation Sans Frontières ouvre ses pistes aux runners, l’occasion de faire un footing pour la bonne cause dans un cadre exceptionnel. En piste !
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Place aux jeunes ! Du 19 janvier au 1er février, ce sont les athlètes de demain qui prennent les rênes à l’occasion des Jeux Olympiques de la Jeunesse d’Hiver 2024. Dans la province de Gangwon, en Corée du Sud, ce ne sont pas moins de 81 médailles d’or qui sont à rafler. Et nos p’tits Bleus comptent bien en ramener à la maison…
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