« En terrain libre » : des quartiers, des filles et du foot

En terrain libre
Jouer en toute liberté, c’est tout ce qu’elles veulent ces filles lorsqu’elles rentrent sur le terrain. Remplies de joie et de spontanéité, de jeunes footballeuses se livrent sur leur quotidien et leur amour pour le ballon rond dans un film touchant, « En terrain libre », diffusé sur France 3.

Par Manon Gimet

Publié le 24 mai 2021 à 12h20, mis à jour le 29 juillet 2021 à 12h04

Si on allait chanter dans les rues et taper dans un ballon avec elles ? « En terrain libre » est diffusé, en replay, sur la plateforme de France 3, dans la case « La France en vrai », et ça vaut le coup de découvrir ce film qui donne la part belle à des « footeuses ».

Ce film touchant de Marie Famulicki, Delphine Moreau et Corinne Sullivan suit des jeunes filles, entre 15 et 20 ans, passionnées de football.

Dans les vestiaires ou les tribunes de leur club, le Red Star de Saint-Ouen, jusque dans leur quartier où elles cherchent leur place, ces femmes bougent, témoignent, se livrent en toute liberté.

« Au départ, nous sommes un groupe de réalisatrices de documentaires ayant en commun un désir de collectif et de partage de notre passion avec le plus grand nombre. Depuis une douzaine d’années, parallèlement à nos projets individuels, nous proposons aux habitants de Seine-Saint-Denis – particulièrement aux femmes de ces territoires – de participer à des ateliers de créations cinématographiques. Cela nous semble d’autant plus important que dans les médias, les filles et les femmes des banlieues sont très absentes. »

Lorsque ces trois réal d’« En terrain libre » ont voulu mettre en lumière le sport, il y a deux ans, elles ont remarqué l’absence de filles dans les espaces sportifs publics…. Des petites filles, oui, mais des adolescentes, non.

Depuis maintenant trois ans, le Red Star a créé une équipe féminine sénior. C’est en allant à la rencontre de ses joueuses que Marie Famulciki, Delphine Moreau et Corinne Sullivan ont imaginé leur film : « Contrairement à la plupart des filles des quartiers, elles n’ont jamais cessé de jouer au foot sur les « city », ces espaces sportifs plus ou moins informels que l’on trouve en bas des tours. Il nous est apparu qu’il y avait là une sorte d’engagement, de courage, et d’affirmation de leur liberté », notent les réalisatrices.

Ainsi, le foot les fait vibrer et leur permet de s’affirmer en tant que femme dans leur quartier et au sein de leur famille. « Leur rencontre bouscule nos représentations du féminin, du masculin, du féminisme et de sa mise en pratique aujourd’hui », poursuivent les réalisatrices.

Chaque prise de ce documentaire a une signification pour les joueuses : un souvenir ou un sentiment qui leur donnait envie de s’exprimer. En mode spontané, les caméras suivent, se laissent embarquer par leur énergie débordante, sur le terrain et dans les rues qu’elles sillonnent chaque jour.

Les réalisatrices ont choisi de mettre en avant un petit côté comédie musicale qui donne un documentaire joliment décalé et reflète parfaitement les ressentis des “footeuses“.

« Tous les grands thèmes qui structurent les comédies musicales – le conflit familial, l’amour, les injustices – étaient présents dans les conversations informelles avec les jeunes et dans les exercices de « théâtre forum » pratiqués en préalable à l’écriture des chansons », expliquent-elles.

Dans ce film, le football féminin est mis à l’honneur dans l’un des stades mythiques de la région parisienne : le Stade Bauer. Pourquoi ? Parce qu’il est l’un de seuls qui a une section féminine et qu’il s’y joue au foot dans une ambiance d’exception.

Delphine Moreau et Marie Famulicki

Un stade pourtant bientôt détruit car non conforme aux normes mais qui a inspiré toute une génération. Les joueuses filmées se sentent chez elles à l’intérieur de ces murs. « Lorsqu’on entre sur le terrain, on n’est ni blanche, ni noire, ni musulmane, ni pauvre, ni riche. On défend son maillot, les valeurs qu’il porte et c’est tout », confie Lauryn, la capitaine de l’équipe.

En clair, « En terrain libre » est inspirant, rempli d’humanité, de joie et de voix qui veulent se faire entendre. Une histoire de sport, mais aussi de vie. Une histoire de confiance entre une bande de filles et des réalisatrices.

Le mot de la fin ? « J’veux être belle et rebelle, debout, debout, debout », extrait d’une des chansons du film. C’est leur devise lorsqu’elles sont ÀBLOCK!

Ouverture ©Filippo Fabbri

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