Audrey Tanguy : « Savoir que j’ai le trail dans ma vie, ça me rassure. »Ultra-traileuse, 33 ans, prof d'EPS
Née pour être ultra traileuse. Audrey Tanguy s’est découvert, en 2017, un corps d’athlète inoxydable, endurant et ultra performant. Cette savoyarde avait beau avoir l’habitude de courir les montagnes, elle n’avait pas prévu d’en faire de la compét’. Les kilomètres, les dénivelés, désormais ça lui connaît et rien ne peut l’arrêter. La Diagonale des Fous, la Trace des Ducs de Savoie, le 90 km du Mont Blanc font partie d’une longue liste de courses avalées d’un trait et aux meilleures places. Une vraie tornade sur pattes !
Propos recueillis par Claire Bonnot
Publié le 12 février 2021 à 10h53, mis à jour le 21 avril 2023 à 16h24
« Mes deux parents sont très sportifs, ils étaient éducateurs sportifs tous les deux. J’ai donc toujours fait énormément de sport avec mes frères et sœurs. J’ai pratiqué beaucoup d’activités différentes, mais surtout le patinage artistique, pendant dix ans, et le tennis, pendant huit ans.
En parallèle, j’allais courir avec ma maman. C’était vraiment pour le plaisir, je n’aimais pas la compétition. Ça créait trop de stress pour moi. Pourtant, quand je faisais du cross au collège, le plus souvent, je gagnais ! Tout a vraiment commencé avec mon beau-père qui faisait beaucoup de courses comme le marathon de New York. Il ne m’a pas lâchée et je me suis retrouvée à faire des compétitions.
Comme j’avais de bons résultats, ça m’a donné envie de continuer. C’était vraiment cette joie de réussir que je découvrais qui m’a poussée ! J’ai débuté par un 24 km et j’ai poursuivi, deux ans après, avec un grand raid de 73 km à côté de chez moi. Je me suis vite rendu compte que, malgré la longueur du trail, je n’étais pas au bout de ce que je pouvais faire. Je n’étais pas épuisée et j’en ai été très étonnée.
Je me suis alors inscrite à L’Échappée Belle qui est un trail dans le massif de Belledonne, près de Grenoble. Il y a plusieurs distances et j’ai décidé de faire la moins longue, celle de 47 km, pour commencer. Et j’ai augmenté l’année suivante avec le 85 km. Je n’avais pas conscience que c’était l’une des courses les plus difficiles de France.
À l’époque, j’habitais à Paris – j’étais professeure d’EPS là-bas – et je n’étais plus autant entraînée pour le trail en montagne. Je me suis donc inscrite à un stage de préparation avec Antoine Guillon qui est un champion de la discipline. Ça a été un déclic pour moi : il m’a repérée, on est devenus amis, et il m’a entrainée pendant un an. J’ai pu faire une vraie saison de compétition.
Ce qui est fou, c’est qu’avant tout ça, avant de faire et gagner les courses, je ne me rendais pas du tout compte que j’avais un sacré niveau ! Par exemple, quand j’ai tenté la Trace des Ducs de Savoie (TDS) en 2018, j’ai gagné ! J’ai été la première femme à boucler le parcours ! C’était vraiment cool !
Même si j’ai enchaîné des sacrées victoires – comme lorsque je me suis placée sixième sur le classement scratch à mes débuts en 2017, c’était incroyable ! – j’ai aussi eu des moments hard ou bien des moments où j’ai dû faire avec les moyens du bord… les joies du trail !
Pour ma première compétition internationale, un 85 km à Madère – je n’avais même pas encore de sponsors à l’époque – il pleuvait des cordes et j’avais seulement un K-way sans capuche. La veille, je m’étais acheté des mangues sèches pour me ravitailler. Je suis carrément partie courir avec un sachet plastique de mangues sur la tête !
Les moments durs, j’en vis sur toutes les courses. Pour la Diagonale des Fous, sur l’île de la Réunion, mon ravitaillement n’est pas arrivé. Je suis donc repartie pour deux heures de course sans avoir mangé ! J’ai fait une hypoglycémie juste après, mais c’était aussi ma faute, j’aurais dû penser à me prendre une barre.
Le plus important pour moi, c’est toujours de finir une course donc je gère mon mental. Je me dis : « C’est comme ça, il faut passer à autre chose plutôt que rester en boucle sur le fait que j’ai faim » et je me concentre sur la course.
Pour le Lavaredo Ultra Trail en Italie en 2019, j’étais malade. Au bout d’une heure de course, j’avais très mal mais il n’y a pas eu un seul moment où je me suis dit « J’abandonne ». J’ai pris sur moi et j’ai fini deuxième, c’était un peu inespéré mais il n’y avait pas trop de concurrence au final.
Et puis, l’année dernière pour la Transgrancanaria, en mars 2020, ça ne s’est pas bien passé du tout, j’ai eu de la fièvre juste avant. J’ai vraiment subi la course sur 120 km et 16 heures… Je suis tout de même arrivée quatrième !
Avant une course, je suis très stressée, mais je crois que ça fait partie de ma préparation. J’ai essayé de lutter contre parce que c’est jamais très agréable, mais ça ne m’a jamais fait perdre mes moyens. Et puis, bizarrement, à l’approche du départ, le stress s’en va, je suis contente et déterminée. En fait, maintenant, j’aime gagner ! J’ai l’esprit compétitif, désormais.
Je ne lâche jamais parce qu’en courant je rentre dans un état particulier, je me mets dans une bulle, je suis presque dans un état second, totalement focalisée sur l’objectif. À aucun moment, je ne vais abandonner une course même en étant malade. Je sais que je dois la faire, je dois la finir, je ne saurais pas trop l’expliquer.
Pour autant, je ne suis pas très bonne sur le mental parce que je n’ai pas du tout confiance en moi à la base. Dans un premier temps, j’ai très peur et puis, une fois que je suis partie, je suis bien et je donne ce que j’ai à donner.
Prendre conscience de mes capacités sportives, ça m’a apporté une belle confiance en moi, renforcée à chaque épisode de courses que ce soit plus difficile ou que ça passe comme une lettre à la poste. Et surtout, je me rends compte que j’ai presque besoin de courir au quotidien.
Savoir que j’ai le trail, c’est quelque chose qui me rassure, ça me permet de prendre du recul sur tout ce qui se passe dans ma vie.
Je suis souvent seule en montagne quand je vais courir et ce sont de vrais moments d’introspection, des moments de solitude qui m’apportent une grande plénitude. Je sais que si j’ai une contrariété dans la journée, il me suffit de prendre mes baskets et d’aller courir en montagne et je suis bien instantanément.
Et puis, les beaux paysages, les montagnes, ont toujours été mon élément. Avec le trail et l’ultra-trail, j’ai trouvé l’activité idéale pour moi, je découvre les plus beaux coins de tous les pays !
Ce qui est génial, c’est que le trail est un milieu très respectueux. Il y a vraiment une égalité en terme de salaires et de primes. Moi je suis une sportive de haut niveau, semi professionnelle car j’ai mon métier de prof d’EPS à côté.
Mais si je voulais vraiment en vivre, je pourrais le faire grâce aux sponsors et aux primes que je touche en gagnant les courses.
Ce que je dirais aux femmes qui ont peur de se lancer sur la piste du trail, c’est qu’il faut toujours tester parce que moi, par exemple, je n’aurais jamais cru être capable de faire ce que je fais aujourd’hui.
Et si quelqu’un ne m’avait pas dit « Tu es capable, je crois en toi », c’est une foule de bonheurs que je n’aurais jamais cru vivre. Alors, n’hésitez plus à courir vers votre propre bonheur ! On n’a qu’une vie !
Là, par exemple, je rentre d’un 100km sur route organisé par mon sponsor Hoka en Arizona. J’ai eu la chance d’être invitée parmi plusieurs athlètes ! C’était une première pour moi de courir sur route.
Or mon principal point faible est le plat car j’ai grandi en montagne donc je me suis dit que cette opportunité était une belle chance de m’améliorer là-dessus !
Mon rêve aujourd’hui, c’est de gagner les trois plus grosses courses du monde, la Western States 100, la Hardrock 100 et le UTMB, Ultra Trail du Mont Blanc. Je veux être numéro 1 mondial chez les femmes ! »
Audrey Tanguy en quelques courses :
2017 – Echappée belle Traversée Nord : 1ère Femme et 6ème scratch
2018 – Trail de l’Arclusaz (73). 28 km et 2000m d+ : 1ère Femme et 22ème scratch
– Diagonale des fous (Ile de la Réunion). 160 km et 10000m d+ : 2ème Femme
Trace des Ducs de Savoie (74) : 1ère Femme et 23ème scratch
90 kms du Mont Blanc (74) : 2ème Femme et 22ème scratch
Ultra de Madère : 2ème Femme et 8ème scratch
2019 – 12 Octobre : TransJeju Corée (50 km) : 1ère femme et 5ème scratch.
28 Août : Trace des Ducs de Savoie : 1ère femme et 23ème scratch.
28 Juin : Lavaredo Ultra Trail (Italie) : 2ème F
27 Avril : MIUT Ultra Trail de Madère : 3ème femme et 20ème scratch
6 et 7 Avril : One&1 en duo avec Katie Schide : 1ère équipe Feminine et 9ème scratch.
Drailles de la Galinette (13). 47 km et 2500m d+ : 1ère femme et 9ème scratch.
2020 – 6 Mars : Transgrancanaria : 4ème Femme
5 Juillet : Record féminin des 14 2000 des Bauges (90km/9500 d+)
25 Juillet : MXTrème Montreux : 2ème F et 13ème scratch.
23 Aout : Tour de la grande Casse : Record de l’épreuve, 1ère F et 17ème scratch.
28 Octobre au 01 Novembre: Finale des Golden Trail Séries aux Açores : 10ème femme (4 étapes, 113km, 9750 D+)
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Ce qui la motive, c’est la compétition. Et les Jeux Olympiques de Paris 2024. Manon Disbeaux, 21 ans, est l’un des visages de l’équipe de France de natation synchronisée. Un condensé d’énergie et de détermination dont l’ambition est de ne jamais rien regretter.
ÀBLOCK! revisite l’histoire et vous fait revivre le mois d’août à travers des événements sportifs qui se sont déroulés dans le passé, plus ou moins proche, mais qui ont tous marqué l’histoire du sport. À retrouver chaque jour sur ÀBLOCK!
Elle n’a d’abord vécu que pour la compétition. Avant de lui tourner le dos, notamment faute de sponsors. Depuis 2016, Véronique Sandler a décidé de ne plus rider que pour le plaisir. Un choix payant pour la vététiste néo-zélandaise qui s’engage pour le VTT au féminin et régale, à grands coups de vidéos, une communauté grandissante sur les réseaux sociaux. Portrait d’une fille qui a la tête dans le guidon. Et en redemande.