Émilie : « La course, c'est vite addictif, tu découvres qu’il n’y a pas de limites. » Auditeuse interne, runneuse, 27 ans

Emilie : "La course, c'est vite addictif, tu découvres qu’il n’y a pas de limites. "
Pleine de peps, cette fana de running est un vrai guépard. Dopée aux marathons et aux entraînements ultra matinaux, elle a découvert la course par hasard et n'en décroche plus. Go pour un shoot d’endorphines !

Propos recueillis par Claire Bonnot

Publié le 26 avril 2024 à 10h55, mis à jour le 26 avril 2024 à 15h56

« Mes parents ont toujours été très sportifs, mais il paraît que moi, à l’âge de 7-8 ans, je disais : « On est vraiment obligés de faire du sport dans la vie ? » ! Je n’aimais pas transpirer et je ne comprenais pas pourquoi il fallait s’infliger ça. J’ai quand même fait de la gymnastique artistique deux fois par semaine avec ma petite sœur pendant pas mal de temps. Mais ce n’était pas une passion. 

La course à pied est vraiment arrivée comme ça, sans y penser vraiment. Il n’y a pas eu de déclic. C’est juste que je me suis rendu compte que le fait de me défouler me permettait de me sentir mieux dans mon corps et dans ma tête. Je courais un peu, mais c’est juste avant le Covid que les choses se sont accélérées. J’ai eu une envie de challenge. Résultat : je me suis inscrite au 20km de Paris. Le confinement est arrivé et la course a été annulée. Mais un petit quelque chose s’était planté en moi. 

Courir est pour moi la combinaison parfaite entre une habitude et un plaisir. Ce qui me drive, c’est vraiment de voir ma progression au fur et à mesure. C’est vraiment un sport où, si tu persévères, les progrès sont visibles très rapidement. D’une semaine sur l’autre, tu peux avoir la même allure mais être moins essoufflée par exemple et ainsi de suite. Ça devient vite addictif car tu découvres qu’il n’y a pas de limites. Tu peux toujours aller plus loin ! 

©DR

J’ai vite découvert que la course à pied était essentielle pour moi car, au-delà du challenge qui me motive, elle m’offre un bien-être physique et mental. Je le vois quand je suis en déplacement, je passe du taxi à l’hôtel et aux réunions. Je ne sors pas de la journée. Donc, dès que je peux, même très tôt le matin, je sors prendre l’air et je cours. Récemment, avant chaque journée de travail, je faisais un « city tour » de Milan en courant. Si je ne cours pas, je ne me sens pas bien, dans mon corps et dans ma tête. 

Si je suis dans un entraînement qui me demande de faire des allures spécifiques comme des fractionnés, je suis totalement concentrée sur ma montre et coupée du monde. Quand je fais des sorties longues, je m’écoute des podcasts ou de la musique, et j’ai plus d’espace pour laisser libre cours à mes pensées. Je réfléchis à ma vie, je relativise beaucoup sur ce qui peut m’angoisser et ça m’offre un vrai repos mental pour faire face à tout. 

©DR

Je cours depuis près de trois ans et je pense que ça m’a apporté une bonne dose de confiance en moi (Émilie a couru trois marathons, un semi-marathon, huit courses de 10km en deux ans, Ndlr). C’est vrai que quand tu dis aux gens que tu as fait des marathons, ils sont très impressionnés. Je suis vraiment fière de moi. C’est vraiment fort parce que c’est à la fois un ressenti d’accomplissement personnel, plein d’émotions et le résultat de mois de discipline, et, en même temps, un truc concret avec des chiffres. 

Je me donne beaucoup sur mes challenges et c’est dur quand ça ne se passe pas comme j’avais prévu. Un de mes énormes regrets est le marathon de Dijon en octobre dernier – 21km sous 30 degrés. J’ai fait une insolation et je l’ai terminé dans la douleur.

Dans ces cas-là, où tu subis pendant deux à quatre heures, tu te demandes vraiment ce que tu fous là. J’ai été très soutenue, des coureurs se sont arrêtés pour me parler, il y en a même un qui m’a dit : « Je t’attends au bout, je veux te voir avec la médaille ! ». J’ai alterné entre course et marche pour la terminer. 

©DR

D’ailleurs, j’aimerais préciser que les mecs sur les courses sont vraiment dans le soutien envers les femmes. Je n’ai jamais ressenti de la compétition à mon niveau, l’ambiance est vraiment très « supportive ». Il y a de la musique, des encouragements, tu fais des rencontres. C’est très chouette à vivre ! 

Côté entraînement, idéalement, j’essaye de faire trois ou quatre séances de courses à pied par semaine dont une sortie longue, environ 10km, le week-end.

Pour une prépa marathon, je cours 20-25 km dans la semaine, je fais deux footing et 15 à 20 minutes de renforcement musculaire (squat et soulevés de terre). Je me coache toute seule ou avec mon frère qui court lui aussi ! 

©DR

Avant la période du confinement, je ne courais pas autant qu’aujourd’hui mais j’avais déjà une bonne activité sur mon compte Instagram : j’étais plus tournée vers le lifestyle, l’écologie et les nouvelles marques françaises. C’est quand je me suis mise à la préparation du marathon que j’ai voulu parler de running sur les réseaux. Ça te motive toi-même pour courir. Tu te dis : « J’ai dit que j’allais m’entraîner, si je ne le fais pas, les gens qui me suivent vont savoir que je ne suis pas allée au bout ».

Il y a un bon et un mauvais côté des réseaux sociaux mais, moi, je trouve que ça montre que tout est possible. Tu suis des coureurs qui font des ultras mais aussi des marathons de 40km, et tu en viens presque à te dire « Ah mais ça va, c’est pas énorme » ! J’adore « follower » des gens car j’ai hâte de voir leurs résultats, leurs progressions, leurs ressentis. Je ne suis pas une personne « show off » mais j’adore partager, moi aussi, ma motivation et mon enthousiasme.

Quand j’ai fait mon premier marathon, je l’ai préparé avec mon frère et on s’envoyait des vidéos, des podcasts, des comptes Instagram pour se booster.  Et ça m’a donné envie de partager mon expérience et mes aventures à mon tour. Grâce à ça, j’ai rencontré d’autres passionnés, j’ai pu faire des sorties en groupe. 

©DR

Petit à petit, j’ai vraiment réfléchi à ce que je souhaitais poster sur mon compte Instagram : je suis restée essentiellement sur la course à pied avec, parfois, un peu de contenu sur l’alimentation. C’était vraiment sympa de recevoir des questions de gens que je connaissais du lycée par exemple. Ils ne savaient pas trop par où commencer pour débuter dans le running.

Je me suis mise aux vidéos depuis un petit moment, mais je voulais vraiment offrir du contenu qui apporte quelque chose. J’oscille donc entre les « vidéos partageables » un peu marrantes et les posts sur des éléments de la course à pied ou liés à la grossesse et le sport. J’ai tellement de messages là-dessus !

Grâce au compte (Émilie a près de 3500 followers, Ndlr), je suis aussi devenue ambassadrice d’une marque française de vêtements de running connectés, Uppik. On est six et ils nous sponsorisent sur certaines courses. J’aimerais beaucoup être ambassadrice d’autres marques liées à ma pratique sportive. 

©DR

Depuis que je suis enceinte, je cherche moi-même des informations sur le sujet et il y a finalement peu d’infos pour les femmes enceintes et coureuses. Ce n’est pas un sujet tabou mais ça fait très peu de temps qu’on dit qu’il est possible de courir dans les premiers mois de grossesse. Je cherche donc des réponses à mes questions sur d’autres comptes Instagram de runneuses et j’essaye de relayer aussi de mon côté. 

Depuis le début de ma grossesse, je continue à courir mais sans plan d’entraînement, et j’adore cette sensation. Ça change beaucoup de choses : tu ne te projettes plus sur le long terme, tu fais au jour le jour, il n’y a plus ce besoin de discipline. J’apprends vraiment à profiter et ça m’offre du temps pour moi. 

Faire un marathon, c’est un sacré investissement. Il faut avoir envie d’aller courir à 4 heures du matin parce qu’on est en période de canicule… Et puis, il faut s’entraîner quasi tous les jours. Ça a un impact sur toute ta vie : moi je suis une bonne vivante donc je continue à manger pour le plaisir mais je sais que, la veille d’une sortie longue, je ne vais pas pouvoir faire la fête et qu’il vaudra mieux manger des pâtes ! Le confinement m’a en quelque sorte préparée à ce rythme.  

Émilie avec l’une des championnes qui l’inspirent, la marathonienne ambassadrice d’ÀBLOCK! Anaïs Quemener.

J’ai pas mal de rêves – il y a une sacrée liste ! – comme faire le marathon de Londres, un des six World Marathon Majors, et un half Ironman. Je me suis récemment mise au vélo et je continue en vélo d’intérieur pour garder le cardio.

Avant de tomber enceinte, j’avais aussi des envies d’ailleurs et comme j’adore la nature et que je déteste courir en ville, j’ai pensé au trail. À suivre… 

©DR

  • Pour bondir de votre canapé et préparer un marathon en toute décontraction, on vous conseille de suivre le compte 100 % boost d’Émilie  @emi.bubble_run

D'autres épisodes de "Running, après quoi courent les filles ?"

Elles aussi sont inspirantes...

Guila Clara Kessous : « En montant à la corde, j'ai osé faire ce qui me freinait depuis des années. »

Guila Clara Kessous : « En montant à la corde, j’ai osé faire ce qui me freinait depuis des années. »

Formée à Harvard et par le théâtre, elle a plusieurs cordes à son art. Guila Clara Kessous, entrepreneure diplomatique, s’engage depuis plus de quinze ans pour les droits des femmes. Et voilà que le sport entre dans la danse en un geste politico-artistique : grimper à la corde. Une ascension symbolique, une allégorie de la difficulté des femmes à s’élever dans la société. Prenons de la hauteur.

Lire plus »
Lison Bornot : « Je veux mettre en avant l’Ultimate. C’est lui qui m’anime. »

Lison Bornot : « Je veux mettre en avant l’Ultimate. C’est lui qui m’anime. »

Avec sa sœur Éva, elle truste les premières places depuis 2015 en Ultimate. Membre essentiel de l’équipe de France, Lison Bornot est Championne d’Europe outdoor 2023 et championne du monde d’Ultimate sur sable 2023. La voici maintenant en piste pour les World Games, l’antichambre des JO, qui se déroulent en Chine, du 7 au 17 août 2025. Témoignage d’une fille pétillante devenue l’une des ambassadrices françaises d’un sport trop peu connu.

Lire plus »
Diane Servettaz : « Avec le vélo, j’ai compris que même si ça flanche côté mental, t’en as encore sous la pédale. »

Diane Servettaz : « Avec le vélo, j’ai compris que même si ça flanche côté mental, t’en as encore sous la pédale. »

En à peine trois ans, cette passionnée de vélo a décroché un podium sur 500 kilomètres et bouclé sa première course d’ultra, la fameuse BikingMan, en tant que première féminine. Carburant aux défis, pédalant sans relâche, surmontant tous les obstacles grâce à un mental d’acier, la Savoyarde n’a pas fini d’enfiler les kilomètres dans ce sport de l’extrême. En piste !

Lire plus »
Emelyne Heluin: « Je sais pourquoi je cours, pourquoi je lutte. »

Emelyne Heluin : « Je sais pourquoi je cours, pourquoi je lutte. »

Gymnaste jusqu’à son adolescence, Emelyne Heluin a dû raccrocher le justaucorps après une prise de poids inexpliquée et d’autres symptômes invalidants. Diagnostiquée d’une maladie endocrinienne chronique et évolutive, le SOPK, à l’âge de 17 ans, elle erre pendant des années entre perte de confiance en elle et détresse psychologique avant de retrouver le chemin du sport comme outil de santé. Ce sera la marche, puis la course à pied jusqu’à se lancer sur des marathons.

Lire plus »
Loïs : « J’associe le sport à la vie : on essaie, on tombe, on se relève, jusqu’à avoir la peau en sang ! »

Loïs : « J’associe le sport à la vie : on essaie, on tombe, on se relève… »

Tombée dans la marmite du sport toute petite, Loïs, 17 ans, est une sportive tout-terrain qui n’a peur de rien et surtout pas des garçons sur un terrain de foot ou un ring de boxe. Future pompier professionnel, elle s’essaye autant au wakeboard ou au ski qu’au tennis et à l’escalade, histoire de s’éclater et de se préparer à s’adapter à toutes situations. Une tête bien faite dans un corps surentraîné.

Lire plus »

Vous aimerez aussi…

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine Marie-Amélie Le Fur

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

Un slalom XXL, une femme de trempe engagée, un rattrapage sur la culture handisport (avec notamment Marie-Amélie Le Fur sur notre photo), une sirène et une question gourmande et sportive à la fois, c’est le Best-of ÀBLOCK! de la semaine. Go !

Lire plus »
Kids

La parité aux JO fera-t-elle bouger les jeunes filles ?

Cet été, à Paris, les premiers Jeux paritaires de l’histoire vont s’ouvrir. Mais le sport français fait-il pour autant la part belle aux jeunettes ? Le podcast le plus déjanté de la parentalité, Papas Poules, met le sujet sur la table dans ce nouvel opus dont ÀBLOCK! est partie prenante.

Lire plus »
Marie-Amélie Le Fur, une vie (sportive) à cent à l’heure

Marie Amélie Le Fur, une vie (sportive) à cent à l’heure

La présidente du Comité Paralympique et Sportif Français (CPSF) était très attendue pour ces Jeux Paralympiques de Tokyo, ses derniers. La reine française du saut en longueur et ambassadrice du handisport n’a pas démérité et a remporté sa neuvième médaille paralympique, venant couronner une carrière buffante.

Lire plus »
Yohan Penel : « Tout est réuni pour faire du badminton un modèle sportif d’égalité et de mixité. »

Yohan Penel : « Tout est réuni pour faire du badminton un modèle sportif d’égalité et de mixité. »

Le jeune président de la fédé de badminton qui entend faire de son mandat une réussite sur le plan des enjeux sociétaux et ainsi « mettre l’humain au cœur de la performance sportive et sociale du badminton » a bien l’intention d’attirer les filles dans ses filets…des terrains de bad. À l’heure où, hélas, les compétitions interclubs se transforment en championnat masculin faute de compétitrices.

Lire plus »
Maria Sharapova

Maria Sharapova, 5 infos pour briller au revers

Sur les terrains, au début des années 2000, la joueuse de tennis russe a rapidement marqué les esprits par sa détermination acharnée et son talent affirmé. Dotée d’un tempérament de feu, avec la raquette ou en entreprenariat, Maria Sharapova a conquis les courts et les cœurs. Malgré les soupçons de dopage, même après sa retraite sportive. Retour en 5 infos sur une icône qui a porté haut les couleurs de son pays.

Lire plus »

Recherche

Soyez ÀBLOCK!

Abonnez-vous à la newsletter

Mentions de Cookies WordPress par Real Cookie Banner