Bethanie Mattek-Sands Le tennis (tatoué) dans la peau
On l’a vue rire, s’enflammer, se délecter de renvoyer la balle lors des doubles à Roland-Garros. Celle que l’on surnomme “America’s Tennis Rock Star“ est une joueuse aussi chatoyante que les tenues et les couleurs qu’elle porte sur les courts du monde entier. Pour Bethanie Mattek-Sands, la vie est un jeu, tout comme ses parties de tennis. Portrait d’une flamboyante sportive.
Par Valérie Domain
Publié le 16 juin 2021 à 9h29, mis à jour le 27 juillet 2021 à 17h50
Son père est comptable, sa mère infirmière, autant dire qu’elle n’est pas une enfant de la balle. Bethanie née Mattek un 23 mars 1985, dans le Minnesota, a touché sa première raquette alors qu’elle avait 5 ans pour devenir pro à 14 et se consacrer entièrement à sa carrière de joueuse en 2005.
Elle a alors 20 ans et le sourire jusqu’aux oreilles à chaque fois qu’elle se rend sur un court. Depuis, c’est sa marque de fabrique, son empreinte. Presque autant que son jeu qui allie vitesse et agilité lorsqu’elle s’approche du filet.
Rien ne semble la déstabiliser, en tout cas rien qui pourrait la faire renoncer au tennis. Grande allergique (on lui a diagnostiqué vingt-six allergies alimentaires graves), Bethanie Mattek-Sands alias “BMS“ est une coriace, le bras droit désormais entièrement tatoué, tel un étendard.
Elle a pris l’habitude de jouer avec de hautes chaussettes de compression -c’est la Bethanie’s touch, et n’aime rien moins que de varier les looks, si possible détonants et colorés : « Mon allure vestimentaire est en fonction de mon humeur du jour », dit-elle.
Des tenues qui séduisent ou qui agacent, c’est selon : elle a été sanctionnée à l’US Open, en 2005, pour avoir arboré un chapeau de cow-boy. On a beau jouer chez les yankees, le tennis, c’est du sérieux !
Une originalité qui n’est pourtant pas un obstacle à son talent. Son palmarès est riche et multiple : c’est en effet en double que l’Américaine s’illustre (elle était numéro 1 mondiale en 2017, elle est 13e aujourd’hui). Elle a remporté, avec sa partenaire, la Tchèque Lucie Šafářová, vingt-sept tournois dont cinq titres du Grand Chelem, mais aussi l’or olympique avec son compatriote Jack Sock, en double mixte, aux Jeux Olympiques de Rio.
Un double mixte qu’elle apprécie et qui le lui rend bien avec quatre titres du Grand Chelem remportés haut la main.
En simple, “BMS“ est un peu moins fortunée, son meilleur rang est 30e mondial, en juillet 2011. Elle est aujourd’hui, à 36 ans, 269e au classement WTA.
Ses meilleures performances datent de 2013 où elle bat des joueuses bien mieux classées qu’elle et son match phare reste celui remporté en 16e de finale contre Venus Williams à l’US Open, en 2019 (7/6, 6/3, 6/1).
Bethanie Mattek-Sands est alors de retour depuis peu sur les courts après une pause de dix mois due à une blessure spectaculaire lors du tournoi de Wimbledon, le 7 juillet 2017.
Là, sous l’œil médusé du public, elle est soignée à même le court pendant près d’une demi-heure avant d’être transportée à l’hôpital.
Son genou droit est en miettes, sa rotule est disloquée, ajoutez à cela une rupture totale du tendon rotulien et la joueuse pense devoir tirer un trait sur sa carrière : « J’ai perdu tous mes muscles, toute la force de ma jambe gauche, racontait la joueuse à Paris, de retour au tournoi de Roland-Garros, en 2018. C’est incroyable, la vitesse à laquelle tout cela disparait. Ma jambe droite était devenue plus courte que la gauche de près d’un centimètre et demi. Il n’était plus question de penser à jouer au tennis : ma vie toute entière était affectée par cette blessure. »
Mais la badass du circuit a un mental implacable : elle a le tennis dans la peau, sa peau devra s’y faire : « J’ai remonté la pente de manière progressive, en cochant chaque petite étape. Comme une immense échelle que je devais grimper, barreau après barreau : plier ma jambe, remarcher, recourir, le tout en appréciant chacun de ces moments. Même quand j’ai pu rejouer au tennis, je ne me suis pas concentrée sur la victoire, mais sur mes mouvements, mes entraînements. Pendant ma guérison, je n’ai jamais cessé de visualiser mentalement mes déplacements sur un court. Cela suffisait à me motiver. »
Son mari, Justin Sands, président d’une compagnie d’assurance américaine, dont elle ajoute le patronyme au sien, en 2008, la soutient. Always. Elle s’est mariée en noir, mais voit la vie en rose. Et c’est puissant.
Depuis, elle semble aborder chaque match comme une enfant qui aurait enfin retrouvé son doudou.
À Roland-Garros, le 13 juin dernier, elle avait choisi un look plutôt sage pour jouer la finale du double dames avec sa partenaire et ex-tenante du titre en simple, Iga Swiatek. Bethanie n’était pas d’humeur à épater la galerie, semble-t-il.
L’issue du match fut à son image : sans esbroufe. Elles furent battues (sèchement) par le duo tchèque Barbora Krejcikova/Katerina Siniakov (6-4, 6-2) en 1h14 de jeu.
Iga Swiatek et Bethanie Mattek-Sands, à Roland-Garros, en juin dernier
So what ? Bethanie Mattek-Sands n’a pas fini de jouer. La star de la récré ? C’est elle !
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