Axelle : « Grâce au softball, j’ai retrouvé en moi cette petite fille pleine d’énergie… »Joueuse de softball, 26 ans, journaliste

Softball
Elle a fait du softball sa passion. Un sport qui a changé sa vie. Car sur le terrain rien n’est anodin : gestion de la défaite, construction d’un collectif, prise de conscience de ses capacités physiques et mentales. Témoignage d’une fille, toujours en mouvement, qui frappe fort et juste !

Propos recueillis par Claire Bonnot

Publié le 24 octobre 2020 à 11h29, mis à jour le 16 janvier 2025 à 12h41

« J’ai toujours eu envie de faire du baseball. Mon père et mes frères en faisaient. Moi, je regardais. Je voulais jouer, mais je n’ai jamais pu parce qu’on me disait : « C’est pas pour les filles » ! Alors, j’ai fait de l’équitation dès l’âge de dix ans puis j’ai continué le sport au collège avec les courses de cross.

C’est quand je suis venue vivre à Paris que je me suis dit : « Tu es là pour longtemps, c’est le moment de te lancer vraiment dans le baseball ou le softball ! ». C’était presque un truc de gamin. Je n’avais pas été autorisée à en faire enfant, maintenant j’allais le faire coûte que coûte ! J’ai trouvé le club des Patriots, j’ai choisi le softball et ça a été une révélation.

softball

À la base, le softball existe surtout au Japon, aux États-Unis et en Amérique Latine et est « réservé » aux filles, tandis que le baseball est le « sport de garçons ».

Mais, depuis quelques années, une mixité se crée et les hommes se mettent aussi au softball. Chez les Patriots de Paris, il y a toutes les configurations : une équipe féminine, une équipe mixte et une équipe masculine… que je coache, d’ailleurs !

Ce sont deux sports qui se ressemblent, mais qui sont, en fait, très différents : je dirais que le baseball entraîne un jeu plus lent ; je m’éclate plus au soft’, c’est très rapide, ça demande une grande capacité de réaction.

Ce sport m’a fait découvrir la sororité. J’ai grandi dans un univers de garçons – j’ai trois grands frères – et je ne connaissais pas du tout l’amitié entre filles. Très souvent, on te fait croire que ça n’existe pas, j’avais même un peu peur des autres filles.

Au soft’, j’ai vraiment eu un déclic : être en équipe -alors que tu as de moins en moins cette possibilité et cette ouverture dans la vie en général- et avec des filles, ça m’a fait beaucoup de bien. De pouvoir me développer en tant que femme au milieu d’autres femmes. Je trouve qu’il y a moins de compétition, plus de bienveillance et tu te sens vraiment à ta place. En équipe mixte, tu peux avoir tendance à te dire que, sur ce poste, un garçon peut faire mieux que toi…

softball

Et puis, il n’y a rien de mieux que d’en baver sur le terrain ensemble pour créer des liens incroyables ! On a beau être une équipe qui a beaucoup perdu, sur le terrain on reste indestructibles.

Le fait de gagner ou de perdre, ce n’est pas l’important : les vrais gagnants sont ceux qui perdent avec une belle mentalité. Si tu as perdu mais que tu as tout donné, tu apprendras de ta défaite et tu auras tout gagné !

Plus largement, le sport m’a vraiment aidée au quotidien. Je ne serais pas celle que je suis aujourd’hui si je n’avais pas débarqué dans ce gymnase il y a quatre ans. Ça m’a appris à avoir davantage confiance en moi parce que je me disais : « Si tu es capable de faire ça sur le terrain, tu peux le faire dans la vie. »

Comme je ne faisais plus vraiment de sport à l’époque, j’avais intégré ce truc dans ma tête de n’être « pas sportive » ! On me disait que j’étais plus « culture », à toujours lire des bouquins, et que, du coup, je n’étais pas faite pour le sport. Et tu commences vite à le croire ! C’est quelque chose qu’on dit plus aux femmes d’ailleurs. Mais c’est faux ! Il faut juste le déclic, trouver un sport qui te plaît et te donner.

softball

Autre bienfait : se dire que c’est pas grave d’échouer, qu’il faut juste bosser parce qu’on n’a rien sans rien. Souvent, quand on n’est pas directement bon dans quelque chose, on abandonne en se disant : « Pourquoi faire ça, vu que d’autres y parviennent tout de suite ? » Alors, oui, certains ont plus de facilités que nous mais on peut toujours s’améliorer et il n’y a pas de secret, il faut s’entraîner. Moi, je ne savais pas frapper, j’étais au bout de ma vie à chaque essai. Et puis, le week-end dernier, en tournoi, j’ai tout réussi !

Ça m’a aussi montré que mon corps était capable d’un tas de choses. Il y a toujours matière à s’améliorer. Et c’est pas parce que tu es une femme que tu as moins de capacités physiques que les hommes, tu peux devenir super forte à force d’entraînements et de motivation.

Moi, par exemple, je me suis mise à courir et à faire des abdos en marge du softball parce que j’avais envie de performer sur le terrain, parce que j’ai un but et que ça me fait plaisir de le faire. Si tu commences tard le sport, tout est possible aussi ! Je ne crois pas du tout à la barrière de l’âge et du genre.

softball

En fait, le sport m’a vraiment décomplexée. Je suis notamment plus indulgente avec ce corps que j’aimais parfois peu. Quand je suis sur le terrain, que je réalise certaines actions, je me dis : « Merci de m’avoir permis d’être là et de me permettre de faire ça ! »

J’ai retrouvé la petite fille pleine d’énergie et de fougue que j’étais. Souvent, en grandissant, le sport passe au second plan car c’est un « loisir » et qu’on sait qu’on ne sera jamais des champions. Mais moi, en fait, j’ai pas envie d’être une championne, j’ai jamais été une grosse compétitrice, je veux m’amuser. C’est pas pour ça qu’on doit l’éradiquer, le sport fait partie intégrante de la vie, ce besoin de se défouler, de s’évader. C’est ça qui te définit en tant que personne.

Quand je suis sur le terrain, j’ai vraiment l’impression d’être libre : je cours dans tous les sens, je me roule dans la boue ; beaucoup de gens s’interdisent cet état alors que ça fait du bien, c’est même nécessaire. Le sport ne doit pas passer au second plan dans nos vies sous prétexte que nous n’avons pas le temps.

Donc je dirais aux filles qui ont peur de se lancer de n’écouter personne et d’y aller. Si un sport les motive, de se lancer à fond ! Et même si elles ne savent pas quelle est leur passion, de ne jamais s’autocensurer. Sinon, on loupe trop de choses dans la vie… »

Suivez Axelle dans ses aventures radiophoniques sur la web radio DGN’Air

Elles aussi sont inspirantes...

Maureen : « Grâce au street workout, on se sent maître de soi-même et de son corps. »

Maureen Marchaudon : « Grâce au street workout, on se sent maître de soi-même et de son corps. »

Suite à une anorexie mentale, Maureen Marchaudon découvre la pratique du street workout, un sport encore jusque-là réservé aux gros bras masculins. Piquée de ces figures qui allient force, agilité et technique, elle devient vite insatiable jusqu’à décrocher le titre de vice-championne de France 2024 de street workout freestyle et à l’enseigner aux femmes qui veulent r(re)trouver la confiance en elles. Who run the world ? Girls !

Lire plus »

Vous aimerez aussi…

Le Q&A de la skippeuse Pip Hare

Le Q&A de la skippeuse Pip Hare

Elle fait figure de révélation pour ce Vendée Globe 2024, tour du monde en solitaire et sans assistance, qu’elle s’apprête à réaliser pour la deuxième fois. L’Anglaise Pip Hare est dans la place et elle répond à notre Questionnaire sportif ÀBLOCK! avant d’aller faire un tour…

Lire plus »

Marjorie Delassus et Camille Prigent : « Aux Jeux Olympiques, on sera là l’une pour l’autre, pour se soutenir et partager nos émotions. »

Elles sont amies et sont parvenues, toutes deux, à décrocher leur place pour Paris 2024. Marjorie Delassus et Camille Prigent tenteront de se hisser sur la première place du podium olympique de slalom canoë monoplace pour l’une et de slalom kayak monoplace et kayak cross pour l’autre. Rencontre avec deux filles qui aiment les remous et l’eau vive.

Lire plus »
FISE

Le FISE s’offre un campus

Le Festival international des sports extrêmes (FISE) s’apprête à varier les plaisirs. L’organisateur d’événements sportifs va s’associer à Keyce Business School pour proposer un nouveau campus dédié aux métiers du sport et plus particulièrement aux sports émergents. La FISE Academy by Keyce ouvrira ses portes à la rentrée.

Lire plus »
Le Top 10 des livres sur le sport féminin

Le Top 10 des livres sur le sport féminin

Le 24 janvier célèbre les Sporting Girls avec la Journée Internationale du sport féminin. Même si pour ÀBLOCK!, c’est toute l’année, on ne pouvait manquer le rendez-vous. Rendons hommage, une fois de plus, aux pionnières et passionnées de sport, et faisons-le via la littérature qui les placent sur le devant de la piste. Essais, BD, Histoires vraies…voici le TOP 10 des pages à lire pour être 100 % ÀBLOCK!

Lire plus »
Gabriella Papadakis

Gabriella Papadakis : « Il arrive un moment où on ne patine plus pour gagner, mais pour ne pas perdre. »

L’or aux JO de Pékin et maintenant l’or aux Mondiaux qui viennent de s’achever à Montpellier, Gabriella Papadakis monte sur les plus hautes marches des podiums avec son partenaire de danse sur glace, Guillaume Cizeron. Nous l’avions rencontrée il y a quelques mois, focus et déterminée. L’occasion de faire le point avec celle qui, à 25 ans, collectionne les honneurs avec, toujours, cette envie de surprendre, d’explorer des domaines où on ne l’attend pas. Rencontre chaleureuse avec une fille qui laisse tout sauf de glace.

Lire plus »
Ingrid Graziani

Ingrid Graziani : « Le ring, ça apprend l’égalité, on est deux et le meilleur gagne. »

L’ex-championne du monde de savate boxe française n’a jamais eu peur de prendre des coups. La gagne, elle connaît. Du ring qu’elle a tâté dès l’âge de ses 16 ans au podium de Miss France qu’elle a foulé à 22. Son carburant ? Aller au bout de soi-même… quitte à sortir de son périmètre de sécurité et s’afficher dans une autre arène où la compétitivité est reine : les planches et le septième art. Échange punchy avec une jeune femme qui dégomme les préjugés.

Lire plus »
Aurélie Tourte, l’arbitre de chaise qui sait prendre de la hauteur

Aurélie Tourte, l’arbitre de chaise qui sait prendre de la hauteur

Incontournable du paysage tennistique, arbitre féminine française la plus gradée avec le badge d’argent en 2014 puis le badge d’or en 2017, Aurélie Tourte, qui a fait ses classes dans le circuit féminin, a aussi réussi à se faire sa place sur la terre battue au masculin en étant la première femme à accéder à cette chaise. Portrait d’une fille qui parcourt le monde pour l’amour de la balle jaune.

Lire plus »

Recherche

Soyez ÀBLOCK!

Abonnez-vous à la newsletter

Mentions de Cookies WordPress par Real Cookie Banner