« J’ai toujours eu envie de faire du baseball. Mon père et mes frères en faisaient. Moi, je regardais. Je voulais jouer, mais je n’ai jamais pu parce qu’on me disait : « C’est pas pour les filles » ! Alors, j’ai fait de l’équitation dès l’âge de dix ans puis j’ai continué le sport au collège avec les courses de cross.
C’est quand je suis venue vivre à Paris que je me suis dit : « Tu es là pour longtemps, c’est le moment de te lancer vraiment dans le baseball ou le softball ! ». C’était presque un truc de gamin. Je n’avais pas été autorisée à en faire enfant, maintenant j’allais le faire coûte que coûte ! J’ai trouvé le club des Patriots, j’ai choisi le softball et ça a été une révélation.
À la base, le softball existe surtout au Japon, aux États-Unis et en Amérique Latine et est « réservé » aux filles, tandis que le baseball est le « sport de garçons ».
Mais, depuis quelques années, une mixité se crée et les hommes se mettent aussi au softball. Chez les Patriots de Paris, il y a toutes les configurations : une équipe féminine, une équipe mixte et une équipe masculine… que je coache, d’ailleurs !
Ce sont deux sports qui se ressemblent, mais qui sont, en fait, très différents : je dirais que le baseball entraîne un jeu plus lent ; je m’éclate plus au soft’, c’est très rapide, ça demande une grande capacité de réaction.
Ce sport m’a fait découvrir la sororité. J’ai grandi dans un univers de garçons – j’ai trois grands frères – et je ne connaissais pas du tout l’amitié entre filles. Très souvent, on te fait croire que ça n’existe pas, j’avais même un peu peur des autres filles.
Au soft’, j’ai vraiment eu un déclic : être en équipe -alors que tu as de moins en moins cette possibilité et cette ouverture dans la vie en général- et avec des filles, ça m’a fait beaucoup de bien. De pouvoir me développer en tant que femme au milieu d’autres femmes. Je trouve qu’il y a moins de compétition, plus de bienveillance et tu te sens vraiment à ta place. En équipe mixte, tu peux avoir tendance à te dire que, sur ce poste, un garçon peut faire mieux que toi…
Et puis, il n’y a rien de mieux que d’en baver sur le terrain ensemble pour créer des liens incroyables ! On a beau être une équipe qui a beaucoup perdu, sur le terrain on reste indestructibles.
Le fait de gagner ou de perdre, ce n’est pas l’important : les vrais gagnants sont ceux qui perdent avec une belle mentalité. Si tu as perdu mais que tu as tout donné, tu apprendras de ta défaite et tu auras tout gagné !
Plus largement, le sport m’a vraiment aidée au quotidien. Je ne serais pas celle que je suis aujourd’hui si je n’avais pas débarqué dans ce gymnase il y a quatre ans. Ça m’a appris à avoir davantage confiance en moi parce que je me disais : « Si tu es capable de faire ça sur le terrain, tu peux le faire dans la vie. »
Comme je ne faisais plus vraiment de sport à l’époque, j’avais intégré ce truc dans ma tête de n’être « pas sportive » ! On me disait que j’étais plus « culture », à toujours lire des bouquins, et que, du coup, je n’étais pas faite pour le sport. Et tu commences vite à le croire ! C’est quelque chose qu’on dit plus aux femmes d’ailleurs. Mais c’est faux ! Il faut juste le déclic, trouver un sport qui te plaît et te donner.
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Autre bienfait : se dire que c’est pas grave d’échouer, qu’il faut juste bosser parce qu’on n’a rien sans rien. Souvent, quand on n’est pas directement bon dans quelque chose, on abandonne en se disant : « Pourquoi faire ça, vu que d’autres y parviennent tout de suite ? » Alors, oui, certains ont plus de facilités que nous mais on peut toujours s’améliorer et il n’y a pas de secret, il faut s’entraîner. Moi, je ne savais pas frapper, j’étais au bout de ma vie à chaque essai. Et puis, le week-end dernier, en tournoi, j’ai tout réussi !
Ça m’a aussi montré que mon corps était capable d’un tas de choses. Il y a toujours matière à s’améliorer. Et c’est pas parce que tu es une femme que tu as moins de capacités physiques que les hommes, tu peux devenir super forte à force d’entraînements et de motivation.
Moi, par exemple, je me suis mise à courir et à faire des abdos en marge du softball parce que j’avais envie de performer sur le terrain, parce que j’ai un but et que ça me fait plaisir de le faire. Si tu commences tard le sport, tout est possible aussi ! Je ne crois pas du tout à la barrière de l’âge et du genre.
En fait, le sport m’a vraiment décomplexée. Je suis notamment plus indulgente avec ce corps que j’aimais parfois peu. Quand je suis sur le terrain, que je réalise certaines actions, je me dis : « Merci de m’avoir permis d’être là et de me permettre de faire ça ! »
J’ai retrouvé la petite fille pleine d’énergie et de fougue que j’étais. Souvent, en grandissant, le sport passe au second plan car c’est un « loisir » et qu’on sait qu’on ne sera jamais des champions. Mais moi, en fait, j’ai pas envie d’être une championne, j’ai jamais été une grosse compétitrice, je veux m’amuser. C’est pas pour ça qu’on doit l’éradiquer, le sport fait partie intégrante de la vie, ce besoin de se défouler, de s’évader. C’est ça qui te définit en tant que personne.
Quand je suis sur le terrain, j’ai vraiment l’impression d’être libre : je cours dans tous les sens, je me roule dans la boue ; beaucoup de gens s’interdisent cet état alors que ça fait du bien, c’est même nécessaire. Le sport ne doit pas passer au second plan dans nos vies sous prétexte que nous n’avons pas le temps.
Donc je dirais aux filles qui ont peur de se lancer de n’écouter personne et d’y aller. Si un sport les motive, de se lancer à fond ! Et même si elles ne savent pas quelle est leur passion, de ne jamais s’autocensurer. Sinon, on loupe trop de choses dans la vie… »
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