Anaïs : « Au roller derby, le corps prend cher, mais ce sport est fait pour moi. »Joueuse de roller derby, 25 ans, vidéaste
Cette fille-là n’a jamais été très branchée sports collectifs. Pourtant lorsqu’elle découvre le roller derby, Anaïs se passionne illico pour cette discipline prenante et surprenante. Mais aussi engagée. En 2017, elle enfile ses patins et intègre une ligue à Lyon. Le début d’une belle aventure…
Propos recueillis par Lise Famelart
Publié le 01 mars 2021 à 10h05, mis à jour le 29 juillet 2021 à 14h18
« J’ai toujours été très sportive : pendant des années, j’ai pratiqué l’athlétisme et ça me plaisait beaucoup. Par la suite, je me suis essayée à l’escrime. Après mes études, je me suis mise au Roller Derby… et c’est un sport que j’adore !
Durant l’université, j’ai vécu un moment à Montréal. Là-bas, j’entends parler pour la première fois de ce sport. C’est une discipline très développée en Amérique du Nord, mais à ce moment-là je n’ai pas les moyens de me payer une assurance privée.
Je sais qu’il y a des risques de se blesser et ça me coûterait trop cher si je devais me soigner. Mais l’idée est là !
À mon retour en France, je continue mes études : en seconde année de master, je participe à un stage de recherche sur le terrain avec ma classe. On vit dans d’énormes dortoirs d’une trentaine de personnes, et c’est là que je réalise que le collectif peut être intéressant.
Après cette expérience, j’envisage pour la première fois un sport collectif. Au quotidien je streame sur Twitch, une plateforme qui permet de jouer à des jeux vidéo en direct et d’échanger avec les spectateurs.
Une spectatrice m’explique qu’elle fait elle-même du roller derby en France et j’entrevois de nouveau l’idée de pratiquer ce sport. Je me mets donc en quête d’un club dans ma ville, à Lyon.
Le roller derby est organisé en saisons, et nous sommes en plein milieu de l’une d’elles lorsque je décide de contacter une équipe féminine. J’écris un long mail, où j’indique entre autres que je fais un mètre cinquante-cinq et que je pèse quarante-trois kilos, en espérant que cela ne pose pas de problème.
Elles me répondent en m’expliquant que tous les types de corps ont des avantages et des inconvénients sur la piste, et qu’il faut surtout être motivée !
J’intègre l’équipe en novembre 2017 et je passe mes minimum skills, un examen qui permet d’accéder aux compétitions, en juin 2018.
Dans le milieu, on dit que le roller derby est un sport “do it yourself” : tout est fait par les joueuses et pour les joueuses. C’est nous qui organisons les compétitions, on cuisine pour les rassemblements… ça a un côté associatif aussi.
Le roller derby pour certaines personnes, ça prend quasiment tout leur temps en dehors du travail, notamment quand elles ont des postes à responsabilité.
Et plus on s’implique, plus on progresse vite : avant la pandémie, j’avais deux entraînements par semaine, et je pratiquais aussi de mon côté en patinant en ville, dans des skateparks, pour être plus assurée sur mes patins.
L’une des choses que j’aime dans ce sport, ce sont les gens : ça m’intéressait de rejoindre une discipline essentiellement féminine. À l’adolescence, je pratiquais l’escrime dans un cours où j’étais la seule fille.
Les garçons s’étaient mis au défi de me frapper les seins. J’avais demandé une protection pour la poitrine à mon coach qui m’avait répondu : “Pour quoi faire ? T’as pas de seins !”. J’ai tenu toute l’année, mais quand je rentrais chez moi après les entraînements, je souffrais vraiment.
C’est dommage parce que j’étais douée. J’aurais pu faire de la compétition, mais j’ai préféré arrêter, j’avais trop mal.
Aujourd’hui, j’aime bien l’idée d’être entourée de femmes. Même s’il y a des équipes mixtes dans ma ligue, mon équipe à moi, Les Bugneuses, est en non-mixité.
Dans le roller derby, les joueuses ne sont pas toujours militantes, mais la plupart du temps elles sont au moins conscientisées. Il y a un esprit à respecter, on n’a pas le droit de faire des blagues oppressives par exemple. Ça fait du bien de faire du sport avec des gens avec qui on peut aussi discuter de tout.
Cela dit, tout le monde ne vient pas pour la même chose : il y en a beaucoup qui sont là uniquement pour le sport, d’autres parce qu’elles ont vu le film « Bliss » et que ça leur a donné envie d’essayer.
Mais, très vite, je suis impressionnée de voir à quel point les gens peuvent évoluer dans ce sport, même en n’étant pas très sportifs à la base. J’ai vu des personnes arriver sans savoir faire deux pas avec des patins et qui sont maintenant plus fortes que moi !
Qu’importe notre poids, notre morphologie, notre rapport au sport en général, on peut réussir avec de la motivation. Et surtout, il faut savoir que c’est un sport en pleine construction : il n’y a pas qu’une seule bonne manière de faire au roller derby !
On parle souvent de la peur de se blesser parce que c’est un sport de contact où on peut se rentrer dedans, c’est d’ailleurs ce qui est mis en avant dans « Bliss ». C’est vrai que la peur est là, au début. Mais dans mon cas, elle est partie très vite : on pratique dans un gymnase, c’est un cadre qu’on connaît bien, on s’habitue au sol…
L’apprentissage est tellement long qu’on ne nous laisse pas nous taper dessus au début. On a le droit de cogner seulement certaines zones du corps et seulement avec certaines parties de notre propre corps.
Au final, j’ai toujours des bleus, le corps prend cher, mais les grosses blessures comme les entorses, on se les fait surtout toute seule, quand on loupe un freinage par exemple.
Lorsque je me rends à mon premier match, c’est l’enfer ! On joue contre Saint-Etienne, qui est une petite ligue donc les niveaux sont mélangés. Nous, on est une équipe plus débutante, et on se fait littéralement rouler dessus !
Deux de mes coéquipiers se mettent carrément à vomir juste avant d’entrer sur la piste. Mais les joueuses ne sont pas là pour nous cogner, elles comprennent à ce moment-là qu’elles ont l’avantage sur nous et jouent beaucoup sur les esquives pour marquer des points.
Moi, c’est mon premier match, je vois les gens bouger autour de moi, je suis complètement perdue ! C’est une expérience impressionnante, mais c’est positif : chaque match me permet de m’améliorer.
Le roller derby, c’est un sport qui, pour moi, est exigeant mais plaisant. Je ne suis pas très branchée collectif à la base, je n’ai pas l’habitude de fonctionner avec des gens et je peux ressortir ultra-frustrée de certains entraînements.
Dans ce sport, le seul matériel, c’est ton corps, il n’y a pas de ballon par exemple. Alors, quand l’autre est fatigué et que toi tu es à fond, ça peut générer des frustrations. Ce n’est pas toujours facile, mais c’est un espace où je peux me défouler et être écoutée. C’est un peu l’ascenseur émotionnel !
Aujourd’hui, c’est difficile, les restrictions liées à la crise sanitaire nous empêchent de nous entraîner. On ne peut plus pratiquer en salle et, avec le froid, la pluie et même la neige pendant un temps, c’est trop compliqué de s’entraîner dehors.
Durant le premier confinement, j’ai mis la situation à profit pour commencer à patiner dans la rue, ce que je n’osais pas faire avant. J’ai aussi fait beaucoup de renforcement musculaire, parfois en live sur Twitch.
Grâce à tout ça, en septembre, quand on a pu reprendre les entraînements, j’avais un bon niveau ! On se retrouvait en extérieur pour faire des entraînements autogérés.
Puis, l’hiver est arrivé, on a été obligées d’arrêter. Je n’ai pas eu l’énergie de reprendre le renforcement musculaire, j’ai eu un vrai coup de mou. Le roller derby me manque énormément. Je sais et je sens que j’ai trouvé le sport que je cherchais. Il est fait pour moi. »
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Aussi solaire que son Sud natal et dopée à l’énergie du sport-passion, elle envoie du lourd. Mais désormais, c’est tout en douceur. Ou presque. La coach Jessica Vetter, ex-gymnaste et championne de CrossFit, désire aujourd’hui aider les autres à se sentir bien dans leur corps, sans jamais se départir de son humour communicatif. Les muscles n’ont qu’à bien se tenir !
Le foot, pour elle, c’est une longue histoire. Elle s’appelle Karine Van den Eynde et a quitté sa Belgique natale il y a quinze ans pour s’installer en France. Ex-joueuse de football, elle a monté une équipe destinée aux femmes de plus de 50 ans en Dordogne. Dans le but de renouer avec le ballon rond, celui qui lui donne des ailes.
Elle a donné un an de sa vie pour la Transat Jacques Vabre qui vient de s’élancer du Havre. Elle, c’est Charlotte Cormouls-Houlès, 27 ans, navigatrice passionnée qui n’aurait jamais imaginé pouvoir s’embarquer dans pareille aventure. Nous l’avons rencontrée deux jours avant son grand départ. Avec sa co-skippeuse Claire-Victoire de Fleurian, la voilà à flot pour voguer vers un rêve devenu réalité.
Elle a déjà eu mille vies. Océanographe, éducatrice sportive en voile légère et croisière avant de travailler sur un chantier d’IMOCA pour finalement se lancer dans le commerce de voiles. Hélène Clouet, 34 ans, n’a de cesse, à travers ses aventures, d’assouvir sa passion pour la navigation. Engagée au départ de la Mini Transat en 2021, la Caennaise, Rochelaise d’adoption, a monté une association, « Famabor », afin d’inciter d’autres filles à se lancer !
En juin dernier, elle est arrivée première de l’Ironman de Nice dans la catégorie 40-44 ans, la voilà maintenant en route pour les Championnats du monde de la spécialité qui se dérouleront à Hawaï le 14 octobre. Adeline Trazic, professeure d’arts plastiques, n’a qu’une ambition : franchir la ligne d’arrivée et faire le plein d’émotions sur la terre du triathlon.
Le terrain du sport féminin, Émeline Dodard le connaît bien depuis qu’elle s’est jetée dans l’aventure du football américain. Passionnée par ce jeu tactique, elle met son esprit d’ingénieure au service de son poste d’attaquante. Et donne de la voix pour le médiatiser. Témoignage d’une fille aussi audacieuse que coriace.
Amoureuse du ballon rond, c’est elle qui le dit. D’aussi loin qu’elle se souvienne, au Canada comme en France, Jessica Silva a toujours été une footeuse passionnée. Avec ses joueuses du FC Metz, cette entraîneure ambitieuse se bat pour son club mais aussi pour le développement du foot féminin.
Elle a tout quitté pour vivre de sa passion pour le sport. Céline Martin officiait dans le domaine de l’informatique jusqu’à ce que la découverte du CrossFit en décide autrement. Aujourd’hui coach sportive, elle a fait le pari de lancer sa propre salle à Limonest près de Lyon.
À l’âge de 8 ans, elle est entrée dans la vague. Aujourd’hui, à 19 ans, Oïana Trillo voue une passion sportive au sauvetage côtier. En équipe de France ou au pôle sport de Montpellier, elle fait figure d’espoir de la discipline. Témoignage d’une fille qui se sent comme un poisson dans l’eau.
Depuis ses 9 ans, elle fonce sur sa moto. Balayant d’un revers de gant en cuir les commentaires sexistes, Justine Pedemonte, 15 ans au compteur, se balade de circuits en circuits et ramène un paquet de trophées à la maison. Témoignage d’une fille qui vit à 200 à l’heure.
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