Ce devrait être son dernier tour de piste. Olympique, du moins. À 35 ans, Allyson Felix dispute, à Tokyo, les cinquièmes et ultimes Jeux de son extraordinaire carrière.
Alignée sur 400 mètres en individuel et en relais du 4×400, la Californienne pourrait, à cette occasion, enrichir une collection de médailles qui compte, à ce jour, 6 ors et 3 argents.
Un parcours quasi-sans-faute qui débute à Athènes en 2004. Quatre ans seulement que la jeune Américaine, fille d’un père pasteur, d’origine créole, et d’une mère institutrice, s’est découvert un penchant pour l’athlétisme.
Sa constitution fluette, son physique longiligne auraient pu faire d’elle une potentielle sauteuse en hauteur, mais la demoiselle préfère s’essayer au sprint. Va donc pour la vitesse. Et force est de constater qu’elle est douée.
En 2001, elle devient championne du monde des moins de 18 ans sur ligne droite. Moins de deux ans plus tard, elle s’invite sans bruit sur la scène nationale en remportant le 200 mètres des Championnats américains indoor.
À quelques encablures du coup d’envoi des Jeux grecs, elle frappe une fois de plus un grand coup en devenant championne des États-Unis du 200 mètres.
Allyson Felix, tout juste majeure, est invitée à se joindre à la Team US en partance pour l’Europe. Elle ne fera pas le voyage pour rien.
Qualifiée pour la finale du demi-tour de piste, elle livre une solide bataille contre Veronica Campbell. Elle terminera deuxième, à 13 centièmes de la Jamaïcaine, et s’offrira, au passage, le record du monde junior de la spécialité détenu, depuis vingt-quatre ans, par la Russe Natalya Bochina.
Le duo se retrouvera, une Olympiade plus tard, à Pékin. Même distance, mêmes têtes d’affiche, même résultat. La revanche se jouera sur le 4×400 mètres.
Deuxième relayeuse, la désormais double vice-championne olympique du 200 mètres se charge de remettre les USA dans le sens de la marche après avoir remonté les Jamaïcaines et les Russes.
Un tour de piste ultra maitrisé qui la propulsera tout droit sur la plus haute marche du podium du relais. Et de trois pour l’élégante sprinteuse !
Il faudra attendre Londres en 2012 pour qu’elle savoure, enfin, son premier titre en individuel. Meilleure performeuse mondiale de la saison sur 200 mètres avec un chrono de 21’’69 réalisé à Eugene (Oregon – USA) fin juin, Allyson Felix fait figure de favorite sur la distance.
Un statut qui la galvanise. Intraitable en série, elle survole les demies avant de se présenter en finale. Dernier passage, nouvelle formalité. Seule engagée à descendre sous les 22 secondes, elle met la concurrence au pas et s’impose devant la Jamaïcaine Shelly-Ann Fraser et sa compatriote Carmelia Jeter.
Allyson Felix réitère la performance sur le 4×100 mètres, record du monde à la clé, et le 4×400 mètres.
Triple lauréate, elle rejoint dans les annales l’Australienne Betty Cuthbert, seule athlète, avant elle, à s’être couverte d’or sur les trois distances du sprint, performance qui remontait à Tokyo en 1964.
Allyson Felix a définitivement pris goût aux honneurs. En 2016, elle aborde les Jeux de Rio avec des ambitions dantesques : un doublé 200-400 mètres plus les relais soit quatre médailles de plus à se mettre dans la poche. Il n’en sera, hélas, rien.
Diminuée par une blessure à la cheville, elle échoue à se qualifier pour le demi-tour de piste lors des Trials US. Reste le 400 brésilien pour se consoler. Alignée au couloir 4 en finale, Allyson Felix se hisse aux avant-postes à la sortie du dernier virage.
Au coude-à-coude avec Shaunae Miller, elle s’apprête à franchir la ligne en tête lorsque la Bahaméenne décide de plonger. Une fin de course inédite qui la prive d’un doublé royal pour 7 centièmes de seconde. Revancharde, elle s’adjugera l’or du 4×100 et du 4×400.
Avec un total de neuf médailles, Allyson Felix devient la première athlète de L’histoire à remporter six titres olympiques et rejoint, dans la légende, la Jamaïcaine Merlene Ottey, jusqu’alors athlète féminine la plus récompensée des Jeux Olympiques.
La parenthèse brésilienne refermée, la route vers Tokyo se profile à l’horizon et l’Américaine veut en être. Quatre années à patienter devenues cinq en raison de la pandémie de covid-19 qu’elle mettra à profit pour donner naissance à une petite fille et militer contre les politiques post-maternité inacceptables des sponsors et, en premier lieu, du sien : Nike.
Une olympiade devenue croisade sans pour autant occulter ses ambitions sportives. Non retenue sur 200 mètres, elle disputera le 400 mètres au Japon et s’alignera également sur le 4×400.
Deux nouvelles occasions de briller pour Allyson Felix qui pourrait alors prendre place au côté de son compatriote Carl Lewis, deuxième athlète le plus titré de tous les temps avec 10 médailles, juste derrière le Finlandais Paavo Nurmi qui en a décroché 12. Allez, encore 400m, Allyson…
- Allyson Felix a réussi son pari et rejoint Carl Lewis parmi les légendes de l’athlétisme : en bronze sur le 400m et en or sur le 4x400m des JO de Tokyo, elle compte désormais 11 médailles à son palmarès.