Ninon ChapelleLe come-back d’une perchiste qui ne voulait pas lâcher la barre
Ninon Chapelle n'a jamais cessé d'y croire. Non-retenue pour les JO de Tokyo alors qu'elle s'était qualifiée, la perchiste tricolore a pris sa revanche sur le sautoir des Jeux de Paris 2024. Encore mieux, elle s'offre la finale. Pari d'ores et déjà réussi pour la recordwoman de France.
Par Alexandre Hozé
Publié le 07 août 2024 à 18h36
Il existe des sportives et sportifs qui se relèveront toujours… Peu importe les coups, les blessures, les critiques, ces champions et championnes ne lâchent jamais l’affaire, même quand tout semble perdu.
Ninon Chapelle, depuis la naissance de son premier enfant et sa non-sélection aux JO de Tokyo, a pris un chemin d’épines, mais ne s’en est jamais détournée. Et aujourd’hui, elle est en finale de saut à la perche des Jeux Olympiques de Paris 2024.Un come-back inspirant, mais aussi surprenant quand on jette un œil aux premières années de la carrière de la native de Metz.
La jeune Ninon a pointé le bout de son nez le 15 avril 1995, à Guillon-Romarin. Elle se lance, haute comme trois pommes, sur les tapis de gymnastique. Pour son histoire d’amour avec l’athlétisme,il faudra attendreses 10 ans, et la perche encore plus tard, au collège, en 4e, sous l’impulsion de sa professeure d’EPS et ancienne perchiste de haut-niveau, Agnès Livebardon.
Au début de sa carrière, tel un Zébulon, elle ne tient pas en place. D’abord à Bourges, Ninon Chapelle quitte le club en 2014 pour celui de Clermont, notamment pour rentrer dans le groupe de Philippe d’Encausse, alors coach d’un certain Renaud Lavillenie.Un choix qui paye, notre prodige finit à deux reprises dans le top 8 des championnats d’Europe espoirs et, surtout, championne de France seniors en 2016.
Au total, Ninon Chapelle, c’est six titres nationaux, trois en extérieur et trois en salle, entre 2016 et 2020. Ça, c’est pour la France.Parce qu’évidemment, un talent de la sorte doit se frotter à l’international. Avec plus ou moins de succès, Ninon Chapelle se lance.En 2017 et 2019, elle fait partie de l’équipe de France médaillée de bronze aux championnats d’Europe par équipes. Deux belles médailles, mais la plus grande saison de la perchiste se déroule entre les deux, en 2018.
Cette année-là, Ninon Chapelle a côtoyé des étoiles qu’aucune française n’avait atteint jusque-là. Au club de Cergy-Pontoise où elle débute la saison, la jeune championne participe à ses premiers mondiaux en salle, remporte l’or aux Jeux Méditerranéens, le bronze à la Coupe du Monde et va chercher la cinquième place aux championnats d’Europe.
Mais le plus impressionnant, ce sont les barres franchies par Ninon Chapelle. En salle, elle améliore le record de France d’un centimètre, avec un saut à 4 mètres et 72 centimètres. En extérieur, elle reste sur sa lancée, montant jusqu’à 4 mètres et 75 centimètres, nouveau record national également. La saison est historique, et semble promettre de grandes choses pour la perchiste française.
La saison 2019 commence bien également, avec un nouveau record de France en salle avec 4 mètres et 73 centimètres, ainsi qu’une septième place aux championnats d’Europe en salle. Mais cette position de finaliste dans une compétition internationale est, jusqu’à aujourd’hui, sa dernière. On notera toutefois le très beau concours aux championnats du monde 2019. Certes douzième à l’arrivée, elle passe une barre à 4 mètres et 70 centimètres dans une finale de très haut niveau.
Avec de telles performances, Ninon Chapelle était logiquement parvenue à se qualifier aux Jeux Olympiques de Tokyo, censés se tenir à l’été 2020. Mais avec le Covid, l’événement est décalé d’un an, le temps pour Ninon Chapelle de mener à terme un autre magnifique projet : devenir maman.
En février 2021, son petit garçon naît. Et malgré un timing très serré, Ninon Chapelle se lance dans une course contre-la-montre pour revenir à niveau pour les Jeux. Mais elle ne sera pas de la partie. La raison ? La meilleure barre passée par la perchiste en 2021 était de 4 mètres et 5 centimètres… Pas assez pour aller titiller les meilleures internationales. Une décision injuste ? Ninon Chapelle s’était effectivement qualifiée pour les JO, un an auparavant, et était en situation de participer à la compétition. Alors quoi ?
Face à ce rendez-vous manqué, difficile de se remobiliser. Mais Ninon Chapelle ne lâche pas l’affaire. À force de travail, ses performances remontent, et les Jeux Olympiques de Paris 2024 ne semblent pas inaccessibles.Aux championnats d’Europe 2024, elle échoue aux portes du top 8, avec un saut à 4 mètres et 43 centimètres. Quelques semaines plus tard, elle finit deuxième des championnats de France derrière Marie-Julie Bonnin. Et finalement, au bout du suspense, le 7 juillet, c’est officiel : Ninon Chapelle sera de la partie pour les JO de Paris.
Une victoire sur laquelle bien peu de monde aurait misé après Tokyo. Mais elle l’a fait. Désormais, il ne reste plus qu’à Ninon Chapelle de profiter de cette scène olympique, juste récompense de tous ses efforts. Une championne dans l’âme.
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