« Save snowboard in France »L’appel au sommet des snowboarders français
C’est un règlement européen qui ne passe pas. Contraints de se présenter à une épreuve technique de ski alpin pour valider leur monitorat de snowboard, coaches et riders français se mobilisent. Car, clament-ils d'une seule voix, le snowboard n’est pas un sport dérivé du ski. En jeu : l’avenir de leur discipline. Explications.
Par Sophie Danger
Publié le 08 décembre 2020 à 17h26, mis à jour le 29 juillet 2021 à 14h36
C’est une décision européenne qui était, jusqu’alors, passée quasiment inaperçue. Entériné le 14 mars 2019, le règlement délégué européen 2019/907 stipule que l’obtention du diplôme d’état de ski, sésame incontournable pour qui souhaite enseigner la discipline, est désormais conditionnée à la réussite d’une épreuve technique de ski alpin.
Une volonté d’harmonisation en matière de formation qui n’est cependant malheureusement pas sans conséquences sur l’avenir… du snowboard français ! Et pour cause. Alors que nos voisins européens disposent de deux cursus distincts, l’un en ski, l’autre en snowboard, il n’existe, en France, qu’un seul et unique diplôme pour les deux disciplines : le DE de ski.
« Depuis toujours, chez nous, le diplôme d’état ski est un diplôme d’état ski et snowboard, confirme Chloé Trespeuch, médaillée de bronze en snowboardcross aux Jeux Olympiques de Sotchi en 2014. C’est une exception française mais, le problème, c’est que l’obtention de ce diplôme requiert un niveau beaucoup plus élevé en ski qu’en snowboard. »
Pour pallier cette difficulté, les athlètes snowboarders issus du haut-niveau bénéficiaient, jusqu’alors, d’une passerelle leur permettant d’être exemptés de ce fameux test de ski alpin. Jusqu’à ce que l’Europe ne s’en mêle et ne vienne mettre fin à cette particularité hexagonale.
« Supprimer cette passerelle signifie que nous, athlètes snowboarders, nous devons passer ces examens de ski, mais ils sont très difficiles, explique Chloé Trespeuch. Il faut avoir un niveau de ski compétition pour pouvoir les réussir. Or le snowboard n’est pas du tout un sport dérivé du ski. Nous avons tous commencé le snowboard à l’âge de 5-6 ans. Le ski, pour ma part, j’en ai fait à l’école et je me débrouille mais, de là à passer un examen de ski… Il me faudrait deux ans d’entraînement, ce qui n’a aucun sens. »
Et c’est là que le bât blesse. Car si, dans leur grande majorité, les pionniers du snowboard français ont débuté leur parcours sur des skis, les jeunes générations, elles, se sont spécialisées en snowboard beaucoup plus tôt.
« Dans les années 1990-2000, beaucoup de snowboarders avaient été skieurs avant, rappelle Luc Faye, directeur des équipes de France de snowboard. Ce problème de diplôme était moins flagrant car ils avaient, pour beaucoup, une base de skieur. Mais depuis dix-quinze ans, on a des tout jeunes qui n’ont jamais mis les pieds sur des skis. Leur demander de faire un test en ski, c’est quasi impossible pour eux. »
Avoir un très bon niveau de snowboard implique une assiduité constante depuis le plus jeune âge… Martin Leleu, membre du Groupe France Relève en Freestyle, raconte son histoire et partage son dépit depuis cette décision européenne……
Une situation complexe qui, à très court terme, pourrait avoir des répercutions dramatiques sur l’ensemble de la filière snowboard française. « Demain, un membre des équipes de France, même un champion olympique, pourrait ne pas pouvoir entraîner ou enseigner, met en garde Luc Faye. Comme il n’y a pas de diplôme de snowboard spécifique, il faudra qu’il soit moniteur de ski mais, s’il ne sait pas faire de ski, il ne pourra pas devenir entraîneur. »
Une inquiétude partagée par Chloé Trespeuch : « À terme, nous n’aurons plus d’entraîneurs compétents parce que les coaches seront des diplômés de ski alpin. Cette décision européenne remet également en question le choix même du sport. On sait que faire une carrière de haut-niveau, c’est rare. Le plan B, c’est de pouvoir enseigner le sport que tu pratiques. Si ça, ça n’existe plus, le snowboard sera moins attractif et le nombre de licenciés en pâtira. »
Seule solution, désormais, pour les snowboarders français, se former à l’étranger, sans certitude, pour autant, que ce diplôme soit reconnu dans l’Hexagone. « Certaines écoles le reconnaissent et d’autres non, comme l’ESF, l’école de ski la plus développée dans toutes les stations, précise Chloé Trespeuch. Sans compter qu’il est complètement incohérent et insensé de devoir partir à l’étranger pour se former en snowboard alors que l’on est une nation de ski. »
Face à cette impasse, les acteurs du snowboard français ont donc décidé d’agir. C’est ainsi que le mouvement « Save snowboard in France » a vu le jour. « Ça a été un mouvement solidaire de la part de tous les athlètes, de tous les coaches, précise Chloé Trespeuch. Le snow c’est notre sport, notre passion, et le sentir menacé nous a touchés au plus profond de nous. Nous avons tous eu envie de donner un peu d’énergie pour cette cause. »
« Il y a eu un soulèvement graduel des troupes dans le monde du snowboard, de la montagne et du sport, renchérit Pierre Vaultier, champion du monde 2017 de snowboardcross et double champion olympique de la discipline. Les facteurs qui ont engendré ce mouvement sont anciens, mais la naissance du mouvement est assez récente. Personnellement, je suis diplômé d’état en ski alpin, je ne le fais donc pas pour moi, mais pour le snowboard. Et même si je ne suis pas quelqu’un qui crie fort, ça me tient à cœur. Ça a de l’importance pour moi, pour mon sport et pour l’image que l’on veut en donner. »
Premier acte de cette mobilisation : une pétition assortie d’une lettre ouverte à Roxana Maracineanu, ministre déléguée auprès du ministre de l’Éducation Nationale, de la Jeunesse et des Sports, chargée des Sports. « L’objectif est de nous faire entendre par la ministre des Sports afin qu’elle intervienne pour nous », justifie Chloé Trespeuch.
« Nous sommes dans la discussion et dans la volonté de résoudre cette problématique qui ne date pas d’hier, conclut Pierre Vaultier. Il y a quelques décennies de ça, des discussions avaient été engagées pour un DE de snowboard mais elles n’avaient pas abouti. La situation idéale doit être gagnante pour tout le monde. Elle ne doit pas créer de frustration ni d’un côté ni de l’autre, que ce soit du côté ministériel, des sportifs de haut niveau, du syndicat des moniteurs… Il y a une foule de protagonistes à mettre dans la boucle et je pense qu’il faut impérativement lancer la discussion pour que tout le monde puisse échanger à bâtons rompus de ce que nous pouvons faire pour l’avenir du snowboard et le maintien de tout le système économique qu’il y a derrière. »
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