« En skeleton, t’as pas le choix, il faut foncer ! »
Une fusée qui glisse comme elle respire, un sang-froid et une concentration inébranlables… Celle qui aime se surnommer « Fast & Curious » a une longueur d’avance : pionnière dans le skeleton féminin français, médaillée de bronze aux JO de La Jeunesse 2016, vice-championne d’Europe junior par deux fois et au bout du tunnel (de glace) : les JO d’hiver 2022. Rencontre tout schuss avec une reine de la luge.
Par Claire Bonnot
Tu glisses à plus de cent kilomètres-heure sur une piste glacée, la tête en avant depuis tes quatorze ans… Tu t’es jetée comment là-dedans ?
Mon père est directeur technique de la piste de bobsleigh à La Plagne et, quand j’étais petite, ma mère était secrétaire du club. Donc ça a toujours été un sport commun pour moi en quelque sorte, ce n’avait rien d’exceptionnel !
D’ailleurs, j’ai toujours dit à mes parents que je ferai ça plus tard. J’ai commencé au club de la Plagne à 14 ans parce que c’était l’âge minimum requis quand j’ai commencé même si je rêvais d’en faire depuis un petit moment déjà. Depuis 2015/2016, je suis sportive de haut-niveau.
Le skeleton est un sport plutôt impressionnant… Comment ça marche et est-ce que tu as toujours été une casse-cou ?
Au départ, dans la piste de bobsleigh, je dois faire la poussée, ensuite j’embarque en sautant sur le skeleton, je fais la descente et le but est d’arriver le plus rapidement possible en bas. C’est sportif, mais c’est vrai que je n’ai jamais eu peur de faire ça ! Sans doute parce qu’avant ça, je faisais du ski alpin en compétition…
Quand tu files à toute allure dans ce tunnel de glace, que ressens-tu ?
Des sensations qui donnent envie de recommencer ! On ne vit ça dans aucun autre sport, c’est très particulier : il y a l’adrénaline, la vitesse… Tout dépend des pistes, mais par exemple, sur la piste la plus rapide du monde, à Whistler, au Canada, je suis allée à 139 km/h ! En fait, quand je suis embarquée, je me sens juste bien !
À la vitesse folle à laquelle on va, on n’a pas trop le temps de penser à ses émotions parce qu’il y a trop de choses à considérer, à appréhender. Comme gérer le pilotage dans les virages pour avoir la ligne optimale, celle qui sera la plus rapide. Pour gérer les virages, il faut augmenter le poids de son corps et c’est à moduler suivant les pistes. Dans certaines, on arrive à multiplier son poids du corps par cinq. Tout mon corps est sur l’engin, sauf la tête, je dois donc essayer d’avoir la tête qui frotte la glace le moins possible car plus il y a de frictions, moins il y a de vitesse.
Pour autant, on ne réfléchit pas trop, il faut appliquer son plan de pilotage. Si on se rate, on doit avoir un plan A, B, C ou D pour pouvoir se rattraper le plus rapidement possible.
Même si ce sport paraît presque naturel chez toi… Comment t’es-tu bâtie ce corps de fer et ce mental d’acier ?
Il faut être rapide et explosive pour bombarder dès le départ et, même si la concentration est la clé, il faut avoir la capacité de se relâcher sur l’engin pour être à 100 % dans le pilotage. Je m’entraîne six jours par semaine, surtout de la musculation et du sprint, mais aussi de l’hypnose pour gérer mon mental.
Je crois que le plus important est d’être capable de se relever après un échec si on rate une course et, à l’inverse, ne pas s’emballer outre mesure quand on est dans une phase de réussite.
Qu’est- ce que le sport de haut-niveau t’a apporté dans ton émancipation en tant que jeune femme ?
Déjà, le skeleton est un sport très ouvert où il n’est pas fait de différences entre les hommes et les femmes, tout le monde est logé à la même enseigne et ça c’est très appréciable !
Sinon, personnellement, je pense que le haut-niveau m’a poussée à devenir indépendante très vite parce que à 15 ans, je me retrouvais à voyager toute seule pour les compétitions et à devoir gérer tous les à-côtés.
Raconte-nous une victoire grâce à laquelle tu t’es sentie reine de la glisse et un coup dur qui a failli te faire dévaler la pente…
Pour la grande victoire, c’est sans aucun doute ma médaille de bronze en 2016 aux JO de la Jeunesse à Lillehammer, en Norvège. Je n’étais pas du tout favorite et, de ce fait, étant une outsider, je pense que ça m’a mis beaucoup moins de pression… J’ai fait ce que j’avais à faire, j’ai piloté comme si j’étais en entraînement !
Concernant le coup dur, je n’en ai pas eu encore réellement. Peut-être, la course de la semaine dernière pour la première manche de la Coupe du monde de skeleton 2020-2021 à Sigudla, en Lettonie : je crois que je n’étais pas forcement dans la course mentalement et quand c’est comme ça, ça ne marche pas. Sur le coup, ça a été dur à vivre, mais je crois que ça permet de rebondir. Il faut analyser le pourquoi du comment puis trouver la solution pour y remédier…
À t’entendre, ça a presque l’air de glisser sur toi. Tu as développé un système de résilience à toute épreuve ?
En fait, j’ai pas trop le choix, c’est le sport qui veut ça, il faut foncer ! Et puis, en discutant et en analysant les choses avec l’entraîneur, on trouve toujours d’où vient le problème. Je ne reviens jamais sur toute une saison, mais sur une course en particulier.
Ce sport nous oblige à garder le bon côté des choses pour ne pas rester sur des aspects négatifs parce qu’on revient toujours concourir sur les mêmes pistes. Si on en garde un souvenir négatif, on ne pourra pas performer. En Europe et en Asie, je connais toutes les pistes ; en Amérique, il m’en manque une et je ne connais pas encore Sotchi, en Russie.
Tu es une sportive de haut-niveau, mais es-tu pro pour autant ?
On ne sera jamais professionnels dans ce sport. Mais on a des sponsors, des aides de la Fédération (Fédération Française des Sports de Glace (FFSG), ndlr) et de notre club. Je suis donc actuellement en STAPS à Grenoble dans une structure qui permet aux sportifs de haut-niveau de suivre leurs enseignements en distanciel avec seulement deux mois dans l’année en présentiel.
Quel est ton objectif sportif à long terme ?
Sportivement, c’est d’aller aux Jeux Olympiques ! Les qualifications pour les prochains JO d’hiver en 2022 qui se dérouleront à Pékin, en Chine, sont l’année prochaine. Le but va donc être de performer sur toutes les courses qui précèdent les JO. Je vais vraiment gérer les courses les unes après les autres, posément.
Le premier confinement n’a eu aucun impact au niveau des compétitions puisque la saison était terminée et que je débutais mes cours période de présentiel en distanciel du coup… Mais comme j’ai une salle de musculation dans mon garage, j’ai continué à m’entraîner à la maison même si la piste de bobsleigh était fermée.
Que dirais-tu aux femmes pour qu’elles n’aient pas peur de se dépasser en sport ?
Qu’il faut croire en soi, ne pas avoir peur de partir à l’assaut de son rêve si on en a un. On trouve toujours le moyen d’y arriver s’il y a une réelle envie !
Tu es une pionnière du skeleton féminin en France et donc une inspiration pour de futures candidates à la glissade. As-tu, toi-même, été inspirée par des sportives ?
C’est vrai que j’ai vécu un beau coup de foudre pour ce sport. Plus jeune, j’avais beaucoup de reconnaissance pour ces filles qui gagnaient en Coupe du monde. Elles avaient l’air complètement dans un autre monde ! J’imagine, qu’il y avait quelque chose d’inatteignable qui me donnait envie. Le fait de concourir auprès d’elles aujourd’hui, c’est juste fou !
Pour être à fond les ballons avec Agathe Bessard, on suit ses aventures givrées sur son compte Instagram @agathebessard et sur son site officiel
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