Dimanche 24 juillet s’est clôturée la 18e édition des championnats du monde d’athlétisme, organisés pour la première fois aux États-Unis, à Eugene (Oregon).
Une catastrophe pour l’athlétisme français qui se place au 22e rang du classement des médailles (sur quarante-cinq) avec une seule et unique breloque en or rapportée par le décathlonien Kevin Mayer. L’honneur est sauf…si l’on veut.
Du 15 au 24 juillet, ces Mondiaux repoussés d’un an pour ne pas se dérouler en même que les JO de Tokyo reprogrammés durant l’été 2021 ont, comme à leur habitude, été le théâtre de records et de belles surprises. Même si la Marseillaise n’a retenti qu’une fois, les autres nations nous ont régalés.
ÀBLOCK! revient sur certains des événements les plus marquants de ces championnats.
Au menu, des championnes. Incontestées. À commencer par la Jamaïque et son vivier de sprinteuses. Sur les épreuves de vitesse, personne n’a pu leur tenir tête. Elles réalisent le triplé avec un podium 100 % jamaïcain sur le 100m et récolte au passage l’argent et le bronze sur le 200m.
En tête de cortège, la « pocket rocket » (fusée de poche), Shelly-Ann Frayer-Pryce, la reine du sprint d’1m52. À 35 ans, elle compte désormais quatorze médailles mondiales à son palmarès et égalise ainsi le record de son compatriote Usain Bolt.
Shelly-Ann Frayer-Pryce devient aussi la championne du monde du 100m la plus âgée de l’histoire, hommes et femmes confondues.
La principale intéressée, revenue au plus haut niveau après la naissance de son fils Zyon en 2017, explique sa longévité de la plus simple des manières : « Je suis une compétitrice et je crois que Dieu m’a donné un don. Je travaille dur, je suis assidue, déterminée, et j’en veux toujours plus ». C’est dit.
Du côté des championnes à couper le souffle, la Péruvienne Kimberly García Leon fait pas mal dans son genre. Dès le premier jour des Mondiaux à Eugene, elle s’adjuge l’or sur le 20km marche. Une première pour l’athlète de 28 ans, mais aussi pour son pays.
En remportant le titre, elle a offert la première médaille d’or mondiale d’athlétisme au Pérou. Et comme si ça ne suffisait pas, Kimberly García Leon a remis ça le 22 juillet sur le 30km marche. Une double championne du monde qui écrit l’histoire de son sport et de son pays.
SportingAlert.com YouTube
Pourquoi se satisfaire d’une discipline quand on peut en pratiquer sept ? C’est surement ce que s’est dit Nafissatou Thiam quand elle a commencé l’heptathlon. Spécialiste des épreuves combinées, la Belge de 27 ans à un palmarès bien fourni et arrive à Eugene, sans avoir quoi que ce soit à prouver.
Mais s’il y a bien un point commun entre toutes ces championnes, c’est le goût de la victoire et le plaisir de la compétition. Alors, comme si de rien était, Nafissatou Thiam s’impose sur l’heptathlon et réalise le double-double.
Deux titres olympiques : Rio 2016 et Tokyo 2020. Et deux de championne du monde : Londres 2017 et Eugene 2022.
Au niveau du palmarès bien fourni, Shaunae Miller-Uibo n’est pas en reste non plus. L’athlète originaire des Bahamas et spécialiste du 400m détient, par exemple, deux médailles d’or olympiques, un titre de championne du monde en salle, et jusqu’aux Mondiaux 2022, « seulement » une médaille d’argent et une de bronze sur les championnats du monde en extérieur.
La première marche du podium s’était jusqu’à présent toujours refusée à elle. À 28 ans, la Bahaméenne ne perd pas espoir, elle a fait le déplacement aux États-Unis pour s’offrir la dernière breloque qui lui manquait.
Ce sera chose faite le 22 juillet. En 49’’11, Shaunae Miller-Uibo atteint son objectif et s’offre au passage la meilleure performance de l’année sur 400m.
Dans la catégorie « championne d’exception », on demande tout le podium du 400m haies. Déjà, l’Américaine Sydney McLaughlin, double championne olympique et désormais triple médaillée en championnat du monde, remporte l’or de la plus belle des manières puisqu’elle améliore au passage le record du monde en s’imposant en 50″68. Elle devient au passage la première athlète à passer en dessous des 51 secondes.
Même si ses dauphines, ne peuvent pas (encore) se vanter d’une telle prouesse, leur place sur le podium n’a rien d’une surprise. Avec la Néerlandaise Femke Bol et l’Américaine Dalilah Muhammad pour compléter les marches, on obtient… le même podium que pour les JO de Tokyo.
Enfin presque, les médaillées d’argent et de bronze ont inversé leur place. Un sacré trio de tête qui règne avec une main de fer sur le 400m haies féminin mondiale.
Sydney McLaughlin…©Wikipedia
Les Mondiaux d’athlétisme, comme la plupart des compétitions sportives d’ailleurs, sont aussi des occasions pour certaines athlètes de prendre leur revanche sur des échecs ou des déceptions passées. En tête du groupe des revanchardes, la sauteuse à la perche américaine Katie Naegeotte.
Elle a 31 ans et s’est véritablement fait un nom il y a tout juste quatre ans en 2018, lorsqu’elle remporte contre toutes attentes les championnats des États-Unis à Albuquerque, en battant les favorites Sandi Morris et Jennifer Suhr.
En 2021, c’est le graal quand elle remporte l’or olympique à Tokyo. Alors quoi de plus étonnant que de la voir au sommet lors des championnats du monde ? C’est qu’il y a de ça quelques semaines, l’Américaine souffrait du tendon d’Achille et n’était pas certaine de participer au concours…
S’imposer chez elle devant son public, c’est incroyable. Elle n’y croit même pas quand elle franchit la barre des 4m85 dès son premier essai. Cette même barre qui lui permettra de rentrer avec l’or autour du cou.
Du côté du lancer de poids, Chase Ealey, elle aussi, hurle de bonheur… dès son premier jet. L’Américaine se « moque de la pression » d’être à domicile et assomme ses adversaires dès sa première tentative avec un lancer à 20m49. À seulement deux centimètres de son record personnel.
Elle s’impose alors devant la Chinoise Gong Lijiao, championne olympique et double championne du monde en titre, qui s’est arrêtée à 20,39 m à son 5e essai. Une revanche pour Chase Ealey qui n’avait pas pu défendre ses chances aux JO de Tokyo.
Cette victoire, qui survient le deuxième jour de la compétition, lui confère le titre de toute première athlète américaine sacrée sur le sol américain, puisque jamais auparavant les États-Unis n’avaient accueilli les Mondiaux.
Et puis, parfois, le terrain des championnats du monde d’athlétisme est aussi propice à la découverte de nouveaux talents. Pour ça, la finale du lancer de disque a apporté son lot de surprises.
La chinoise Bin Feng s’impose alors qu’elle n’a encore aucune médaille, de quelque métal que ce soit, olympique ou mondial. Pour réaliser l’exploit de sa carrière, Bin Feng s’offre le meilleur lancer de sa carrière avec 69m12 et devance Sandra Perkovic et Valarie Allman.
Pour terminer cette compétition sur un coup d’éclat, le 24 juillet, la Nigériane Tobi Amusan prouve que même si elle est habituée aux 4e places (Mondiaux 2019 et JO Tokyo), elle est vouée à tutoyer les sommets du 100m haies.
Alors, dès les demi-finales, elle montre ce qu’elle a dans le ventre. Une course en 12’’12 et elle s’offre le record du monde. En finale, elle l’améliorera encore, en courant en 12’’06 mais il ne sera pas comptabilisé… trop de vent favorable.
Les championnats du monde d’athlétisme de Eugene 2022 sont bouclés, mais le sport féminin y a brillé de mille feux.
On se retrouve dès l’année prochaine pour la 19e édition qui aura lieu à Budapest, en Hongrie, avec, on l’espère, un peu plus de Françaises à l’honneur…
Ouverture ©Wikipedia