Fanny : « Il faut une dose de courage pour faire de la musculation. On a vite peur du regard des autres et surtout des hommes... »Pratiquante de musculation , 26 ans, infirmière

Fanny musculation

Propos recueillis par Claire Bonnot

Publié le 04 mars 2020 à 9h46, mis à jour le 27 juin 2023 à 10h01

«  J’ai toujours fait du sport mais surtout des sports artistiques, de la danse, des « jolis sports » pourrait-on-dire. Je n’étais donc pas du tout attirée par la musculation car il n’y avait pas ces côtés féminin et gracieux, choses que je pensais être importantes pour moi.

C’est en 2017 après avoir assisté à une compétition de musculation à laquelle mon copain participait que j’ai eu le déclic. J’ai vu des filles faire des tractions, des développés couchés, des squats. Ça m’a impressionnée  ! Elles étaient fortes mais restaient féminines. Elles ne ressemblaient en rien à des hommes. J’ai eu envie d’être aussi forte qu’elles. Alors j’ai commencé avec un coach.

©Julien Leparée
©Julien Leparée

On s’attache très vite à ce sport, au vu des premiers résultats et des réussites. On y exécute des exercices qui vont cibler différents muscles du corps tout en soulevant des charges de plus en plus lourdes. Le but étant de développer sa musculature. Comme c’est un sport qui est traumatisant pour les articulations, il faut être assez précautionneux. Être encadré par un coach permet d’être le plus en sécurité possible.

Quand on n’est pas dans le milieu de la musculation, on peut se dire que ce n’est pas du tout un sport pour les filles. C’est vrai que la présence féminine n’est pas hyper répandue dans cette discipline. Les femmes auront tendance à plus se tourner vers le fitness, par exemple. Mais qu’elles se rassurent, je ne ressemble pas du tout à Hulk ou à un culturiste professionnel !

C’est vrai aussi que quand une fille commence la musculation, elle peut se sentir ridicule de faire la même chose que les hommes. C’est moi-même le sentiment que j’ai eu.

©Julien Leparée
©Julien Leparée

Sur mon compte Instagram et ma page YouTube, j’ai beaucoup de filles qui me disent qu’elles ne se sentent pas d’aller en salle sur le plateau de muscu parce qu’elles auraient honte. On a vite peur du regard des autres et surtout des hommes  : il y a souvent beaucoup plus d’hommes aux haltères, les filles restent sur les appareils de cardio.   

Dans les salles, il y a même parfois des espaces « Lady » un peu cachés avec des machines très simples. Il faut une dose de courage pour aller sur un plateau au milieu des hommes. Ce qui m’a aidée, c’est de pratiquer avec mon copain, j’avais alors un sentiment de sécurité.

Au bout de deux ans et demi de pratique, je me sens légitime surtout que je soulève autant qu’un homme voire plus parfois. C’est marrant de voir les regards impressionnés des garçons.

En plus de travailler le corps, la musculation travaille énormément le mental car les séances sont souvent dures. On se rend vite compte qu’on parvient à dépasser ses propres limites et ce qui est bien, c’est qu’on arrive à transposer cet état vertueux au quotidien.

Ça a été le cas dans ma vie professionnelle  : j’étais infirmière dans une clinique privée dans laquelle je ne voyais pas de perspectives d’évolution et où je n’arrivais pas à m’imposer. J’étais bloquée, mais la musculation a développé ma confiance et mon estime de moi. Avec cette assurance, j’ai réussi à démissionner et je suis même en train de créer mon cabinet en libéral. Le sport peut créer un changement complet dans notre vie et donne le courage nécessaire pour affronter les difficultés.

©Julien Leparée
©Julien Leparée

Ce qui a changé aussi pour moi c’est qu’avant j’avais l’impression que j’étais un peu fragile. On m’avait toujours plus ou moins fait comprendre qu’une fille l’était…

Dans ma jeunesse, il m’est arrivé de me faire malmener dans rue ou de subir des agressions et souvent je ne réagissais pas. J’étais très passive car je me considérais comme faible, j’avais un sentiment d’impuissance. Aujourd’hui, mon regard a complètement changé, je me sens beaucoup plus apte à affronter ce genre de choses.

 Avant je n’aimais pas du tout me mettre en avant sur les réseaux sociaux car on est vite confrontés aux jugements des autres. Mais quand j’ai vu que j’avais un impact bénéfique sur certaines des filles qui me suivaient et avec lesquelles j’échangeais, je me suis dit « Pourquoi pas faire des vidéos sur YouTube pour répondre aux questions autour de la musculation ? ».

Ça me motive pour continuer à partager mon expérience et à dire aux filles « Vous pouvez le faire, vous avez la force en vous de réussir à soulever ces charges, à être plus forte et plus confiante  ! ».

Elles aussi sont inspirantes...

Loïs : « J’associe le sport à la vie : on essaie, on tombe, on se relève, jusqu’à avoir la peau en sang ! »

Loïs : « J’associe le sport à la vie : on essaie, on tombe, on se relève… »

Tombée dans la marmite du sport toute petite, Loïs, 17 ans, est une sportive tout-terrain qui n’a peur de rien et surtout pas des garçons sur un terrain de foot ou un ring de boxe. Future pompier professionnel, elle s’essaye autant au wakeboard ou au ski qu’au tennis et à l’escalade, histoire de s’éclater et de se préparer à s’adapter à toutes situations. Une tête bien faite dans un corps surentraîné.

Lire plus »
Maureen : « Grâce au street workout, on se sent maître de soi-même et de son corps. »

Maureen Marchaudon : « Grâce au street workout, on se sent maître de soi-même et de son corps. »

Suite à une anorexie mentale, Maureen Marchaudon découvre la pratique du street workout, un sport encore jusque-là réservé aux gros bras masculins. Piquée de ces figures qui allient force, agilité et technique, elle devient vite insatiable jusqu’à décrocher le titre de vice-championne de France 2024 de street workout freestyle et à l’enseigner aux femmes qui veulent r(re)trouver la confiance en elles. Who run the world ? Girls !

Lire plus »

Vous aimerez aussi…

C’est la rentrée, on bouge !

C’est la rentrée, on bouge !

La Fédération Française de Triathlon lance son opération de décrassage ! Avec  » Rentrée ? Bougez ! », elle souhaite permettre à toutes et tous de découvrir les bienfaits de la discipline du triple effort. À la clé : du sport pour pas cher !

Lire plus »
Le service à la cuillère ? Cékoiça ?

Le service à la cuillère ? Cékoiça ?

On ne l’emploie pas en cuisine mais sur les cours de tennis. Les pros de la balle jaune connaissent bien ce coup qui n’est pas des plus nobles mais qui a ses adeptes. Pour les néophytes, l’expression peut paraître un rien obscure. Alors, c’est quoi, à votre avis, le service à la cuillère ? Les sportifs et sportives, les coachs, ont leur langage, selon les disciplines qui, elles aussi, sont régies par des codes. Place à notre petit lexique pratique, le dico « Coach Vocab ».

Lire plus »
Marie Mateos

Marie Mateos : « En paramoteur, je suis comme un oiseau ! »

Elle vient de décrocher le titre de Championne de France, en mixte, en paramoteur. Marie Mateos bourlinguait dans les airs, au cœur d’une montgolfière, lorsqu’elle s’est fait attraper par ce drôle d’oiseau volant et s’est lancée dans cette aventure pour tutoyer les cieux. Elle est l’une des rares femmes à pratiquer ce sport méconnu et a brillé à de nombreuses reprises sur les podiums. C’est parti pour l’envol !

Lire plus »
Nita Korhonen

Nita Korhonen : « Le monde de la moto s’ouvre, mais le cas “Sharni Pinfold“ prouve qu’il y a encore du boulot. »

“L’affaire“ Sharni Pinfold a fait l’effet d’un réveil d’après-cuite pour les motards. Une pilote qui se retire de la compet’ pour cause de misogynie, ça plombe les paddocks. La FIM (Fédération Internationale de Moto) a rapidement réagi, déplorant cette décision et rappelant que le monde de la moto devait être bienveillant. Rencontre avec Nita Korhonen, la directrice de la Commission FIM “Femmes et Motocyclisme“.

Lire plus »
Pauline Déroulède

Pauline Déroulède : « Après mon opération, la première chose que j’ai dit, c’est : « Je vais faire les Jeux Paralympiques ». »

Une guerrière, une winneuse. Sur une seule jambe. Il y a un an, percutée par une voiture, Pauline Déroulède a été amputée de la jambe gauche. Depuis, cette droguée au sport n’a eu de cesse de s’entraîner pour les Jeux Paralympiques de Paris 2024. Sa discipline : le tennis fauteuil. Mais ne vous y fiez pas, ce qu’elle aime avant tout, c’est taper dans la balle…comme avant. Rencontre avec une femme toujours debout.

Lire plus »
Béryl Gastaldello, 5 infos sur une sirène qui rêve grand

Béryl Gastaldello, 5 infos sur une sirène qui rêve grand

Exigeante, elle semble ne jamais se satisfaire de ses réussites. Béryl Gastaldello est une torpille fragile, qui attend sans doute trop d’elle-même. Mais sa présence aux Jeux Olympiques de Paris 2024 atteste bel et bien de son talent. Retour en 5 infos sur le parcours de cette olympienne dans l’âme.

Lire plus »
Coupe du Monde féminine de rugby 2022, le récap'

Coupe du monde féminine de rugby 2022, le récap’

Une nouvelle fois, les Bleues grimpent sur la troisième marche du podium d’une Coupe du monde de rugby. Une régularité qui, certes, impose le respect et témoigne d’un groupe bourré de talent et de caractère, mais ce XV de France voulait encore mieux. On refait les matches !

Lire plus »
Tia-Clair Toomey

Tia-Clair Toomey, l’iconique crossfiteuse qui place la barre très haut…

Et de quatre ! Depuis 2017, pas une édition des CrossFit Games n’aura eu raison de sa hargne. Le 25 octobre dernier à Aromas, en Californie, Tia-Clair Toomey a de nouveau été sacrée « Femme la plus en forme sur Terre ». L’Australienne qui ne cesse de repousser ses limites marque ainsi de son empreinte musclée l’Histoire de sa discipline. Portrait d’une guerrière.

Lire plus »

Recherche

Soyez ÀBLOCK!

Abonnez-vous à la newsletter

Mentions de Cookies WordPress par Real Cookie Banner