Nélia Barbosa : « Après mon amputation, tout ce qui m’intéressait était de savoir si je pourrais encore faire du bateau. »Athlète de paracanoë, 22 ans, étudiante en graphisme interactif
Elle n’a jamais rien lâché. Atteinte d’une tumeur puis amputée du pied, Nélia Barbosa, passionnée de canoë-kayak, aurait pu abandonner sa vie de sportive. C’était mal la connaître. La voilà aujourd’hui athlète accomplie de paracanoë, médaillée d'argent aux Jeux Paralympiques de Tokyo puis à Paris sur 200m KL3. Nous l'avions rencontrée alors qu'elle était en pleine préparation des Jeux japonais. Elle raconte comment le sport est devenu sa thérapie.
Propos recueillis par Lise Famelart
Publié le 11 mars 2021 à 18h43, mis à jour le 08 septembre 2024 à 17h07
« Le canoë-kayak fait partie de ma vie depuis très longtemps. Tout a commencé quand j’étais petite, je suis partie en colonie de vacances sur le thème des sports nautiques, en Corse. De retour en région parisienne où j’habite, j’avais envie de continuer dans cette voie. Il n’y avait pas beaucoup de possibilités : la voile ou le canoë-kayak. J’ai choisi la seconde option : l’ambiance me semblait vraiment sympa.
J’ai donc débuté à l’âge de 12 ans sur la Marne, au club de Champigny. Au club, j’étais une débutante parmi ceux de mon âge qui avaient commencé vers 7 ou 8 ans. Au départ, ça m’a un peu frustrée. J’ai participé à mes premières compétitions, ça ne s’est pas très bien passé, j’avais du mal à être dans le mood.
Pourtant, c’est normal, les premières fois on ne gagne pas, c’est à force d’y retourner qu’on parvient à gravir les marches du podium ! Vers l’âge de 15 ans, j’ai commencé à vraiment accrocher à la compétition, et je me suis lancée dans des challenges nationaux. Je progressais, j’allais aussi vite que les autres filles du club, et peu à peu, je suis devenue accro. Je suis quelqu’un qui n’aime pas travailler dans le vide, ça m’aide de me fixer des objectifs.
C’est gratifiant de maîtriser de nouvelles techniques, mais ça l’est encore plus quand on a travaillé dur et qu’on gagne ! La compétition m’a permis d’avoir confiance en moi et c’est une qualité que je n’avais pas trop quand j’étais enfant.
Dans le même temps, j’ai été diagnostiquée de la neurofibromatose. Une sorte de tumeur bénigne, mais très invasive, qui s’est développée sur ma cheville : j’avais beaucoup de mal à marcher, à me chausser, je ne pouvais pas courir… Les médecins m’ont conseillé une amputation du pied. Je ne leur ai pas demandé si, après cette intervention, je pourrais encore courir ou même marcher : je voulais juste savoir si je pourrais encore faire du bateau. Quand j’ai appris que c’était possible, j’ai accepté l’opération. J’avais 19 ans.
Avant l’opération, je voyais déjà le canoë-kayak comme une thérapie : je suis quelqu’un qui parle peu de moi, le bateau me permet de me libérer, de penser à autre chose. Si, avant, c’était une aide dans ma vie de tous les jours, après l’amputation, c’est devenu indispensable. C’est un élément de motivation, pour montrer à tout le monde qu’il me manque un petit morceau de jambe, certes, mais que ce n’est pas ça qui va m’arrêter ou me rendre moins forte que les autres.
Une amputation, ce n’est jamais facile à accepter : moi, j’ai tout le temps besoin de bouger, de me dépenser, et l’énergie que je dépensais en canoë-kayak à ce moment-là, ça m’a aidé à surmonter cette épreuve. Finalement, ce n’est pas quelque chose que je regrette. C’est une vraie amélioration de mon confort de vie, c’était la décision à prendre.
Avant l’opération, je connaissais très peu le handisport. J’étais quand même fascinée par l’athlétisme, parce que je trouvais les sportifs avec leurs lames très impressionnants. Reprendre le canoë-kayak m’a demandé un peu d’adaptation, mais j’ai réussi à contrer ce petit bout de jambe qui me manquait.
Aujourd’hui, je vise les Jeux Paralympiques : en ce moment, je suis en Guadeloupe pour un stage de préparation. On est partis chercher la chaleur là où elle est ! On pratique deux fois par jour, en jonglant entre la musculation et le bateau.
En tant qu’étudiante, je dois faire cohabiter mon entraînement et ma formation. C’est quelque chose qu’il faut anticiper, apprendre à gérer : je suis dans une école qui propose des horaires aménagés pour les sportifs de haut niveau, donc je peux suivre beaucoup de cours à distance.
Et puis, j’ai déjà passé un BTS, donc j’ai validé plusieurs items. Mon staff m’aide à jongler entre les deux, mais cette année, la priorité c’est l’entraînement. Je pense doubler mon année, et me focaliser davantage sur les cours l’année prochaine.
Peu à peu, ce sport a pris beaucoup de place dans ma vie et ce n’est pas quelque chose qui me dérange. J’ai toujours aimé les sports de glisse et cette sensation de glisser sur l’eau apporte un sentiment de légèreté qui est vraiment agréable.
Je suis quelqu’un qui déteste être enfermée dans une salle, c’est pour ça d’ailleurs que j’ai longtemps eu des difficultés à l’école. Mais sur l’eau, je me sens dans mon élément : ça fait du bien à la tête, ça fait du bien au corps…
Et il y a la proximité avec la nature qui est très agréable. C’est un sport qui permet de voir de très beaux endroits : quand je m’entraîne aux slaloms, il nous arrive d’aller dans les Alpes, par exemple… et pour la course en ligne, je pratique sur des lacs partout en France.
Même en hiver, j’aime beaucoup pratiquer : il fait froid, parfois il pleut ou il neige, mais ça fait beaucoup de bien. On est épuisé, mais positivement !
Ce qui me plaît dans ce sport, c’est aussi son ambiance très familiale. Tout le monde se connaît et s’entraide, le milieu est plutôt bienveillant. En plus, c’est un sport de passion, on peut pratiquer même sans faire de compétition. En ce moment, c’est l’un des rares qu’on puisse encore pratiquer, donc autant en profiter !
Le canoë-kayak, ça fait voyager, ne serait-ce qu’en France où il y a déjà beaucoup de spots sympas. En fonction du moment où on y va, les spots changent parce que les conditions climatiques ne sont pas toujours les mêmes.
À ceux et celles qui auraient traversé la même épreuve que moi, je leur dirais de ne pas se mettre de barrières. La plus grande barrière, c’est souvent nous-mêmes : on se dit : “Moi, avec mon handicap, je ne peux pas faire ci ou ça…”. Mais, c’est dans la tête ! En équipe de France, je suis avec un jeune homme paraplégique, il a trouvé des stratégies pour adapter son bateau et il est très fort, il est dans le top 5 mondial aujourd’hui.
Le cerveau humain est assez bien fait : quand j’ai repris le sport après mon amputation, j’ai réussi à m’adapter. Il suffit d’avoir la motivation et de ne pas baisser les bras ! »
Elle s’appelle Emma Gongora , nom de scène : Valkyria. Combattante professionnelle, cette Marseillaise d’adoption qui a tout plaqué pour vivre sa passion pour la boxe anglaise court depuis 2018 après un rêve, celui de devenir championne du monde. Confidences d’une warrior.
À 32 ans, la cycliste Alice Puech s’est élancée sur les routes du Tour de France Masculin avec le collectif « Donnons des Elles au vélo ». Celle qui est également capitaine du club Skoda « We Love Cycling » de sa région Nouvelle-Aquitaine est toujours impatiente de se mettre en selle !
Elle est Parisienne, ingénieure de formation et, en 2019, à 32 ans, sans jamais avoir navigué, elle se met au défi de prendre le départ de la Mini Transat 2023, une traversée de l’Atlantique en solitaire et sans assistance. Pari relevé pour l’audacieuse Alexandra Lucas qui a été choisie pour être l’une des porteuses de la flamme olympique.
Pleine de peps, cette fana de running est un vrai guépard. Dopée aux marathons et aux entraînements ultra matinaux, elle a découvert la course par hasard et n’en décroche plus. Go pour un shoot d’endorphines !
À 17 ans, elle a déjà fait face à de nombreux revers. Mais, à chaque fois, elle est revenue sur les courts, raquette fermement en main, bien décidée à gagner. Aujourd’hui, Oriane Raguin se sent prête pour entrer dans la cour des grandes.
Grande blonde explosive au sourire franc, l’athlète et coach sportif Anouk Garnier, double championne du monde de course à obstacles, est une adepte des parcours du combattant. Son nouveau défi : battre le record du monde de grimper de corde où, à la force de ses bras, elle se hissera jusqu’au deuxième étage de la Tour Eiffel.
Maman d’un enfant en bas âge, la trentenaire Noëlie n’a pourtant jamais lâché le guidon et s’est fait une place de choix dans le monde du vélo. Son prochain défi ? La course reine de l’ultra-cyclisme, la RAF 2500km, sans assistance et en totale autonomie. Avec sa coéquipière Elsa, elles seront le premier duo féminin de toute l’histoire de la RAF. De vraies Indiana Jones au féminin !
Pour son soixantième anniversaire, elle s’est offert un titre de vice-championne du monde de précision d’atterrissage. Elle, c’est Kti Devos, pilote référence en vol et ski et en précision d’atterrissage, deux disciplines affiliées au parapente. Témoignage d’une fille de l’air.
Ultra compétitive et un rien hyperactive, cette championne haute comme trois pommes fait figure de prodige du tennis de table. Double championne de France en benjamines et multi-sélectionnée en équipe de France, Albane Rochut est carrément ÀBLOCK!
La performance, l’échec, la résilience… elle a tout connu. À la suite d’un burn-out sportif, cette ex-infirmière a appris à se mettre en mouvement différemment. Devenue coach mentale, Louise Retailleau partage désormais son expérience pour aider les autres à toujours se relever pour mieux se révéler.
Aussi solaire que son Sud natal et dopée à l’énergie du sport-passion, elle envoie du lourd. Mais désormais, c’est tout en douceur. Ou presque. La coach Jessica Vetter, ex-gymnaste et championne de CrossFit, désire aujourd’hui aider les autres à se sentir bien dans leur corps, sans jamais se départir de son humour communicatif. Les muscles n’ont qu’à bien se tenir !
Le foot, pour elle, c’est une longue histoire. Elle s’appelle Karine Van den Eynde et a quitté sa Belgique natale il y a quinze ans pour s’installer en France. Ex-joueuse de football, elle a monté une équipe destinée aux femmes de plus de 50 ans en Dordogne. Dans le but de renouer avec le ballon rond, celui qui lui donne des ailes.
Sport adulé dans les anciennes colonies anglaises, le cricket voit monter la notoriété d’une joueuse au talent indéniable. Chamari Atapattu brille batte en main depuis 2009. En club ou avec l’équipe nationale du Sri Lanka, elle écrit l’histoire de son sport.
Ses rêves ne prennent jamais l’eau. À 32 ans, après avoir participé aux plus grandes compétitions internationales qui la mèneront jusqu’aux Jeux Olympiques, cette championne de natation artistique a quitté les bassins, mais pas l’univers aquatique. Sara Labrousse est désormais docteur en biologie marine. Les souvenirs cependant lui tiennent chaud. Et elle nous raconte avec ferveur comment ces années sous l’eau l’ont aidée à respirer.
Elle n’en fit pas tout un drame. Elle regretta juste d’avoir été gênée dans ses mouvements de brasse… Hildegard Schrader dite « Hilde » fit double sensation à Amsterdam lors des Jeux d’été 1928 : elle remporta l’or…à moitié nue.
La belle avancée du sport féminin a-t-elle vu son élan brisé par la crise sanitaire ? En passe d’être la variable d’ajustement, le sport féminin n’a pas dit son dernier mot et reste mobilisé, malgré la crise, pour atteindre son but : plus de médiatisation, plus de moyens, plus de pratiquantes. Un jeu de stratégies tout en vigilance et continuité qui pourrait bel et bien dessiner un « monde sportif d’après ».
À 26 ans, Gloria Agblemagnon est une force de la nature. Si elle a été déçue de sa prestation aux Jeux Paralympiques de Tokyo, elle compte bien prendre sa revanche à domicile, ici à Paris 2024. La lanceuse de poids veut du métal !
ÀBLOCK! accueille le podcast d’Audrey qui nous propose d’entrer dans l’univers et la tête des boxeuses. Du pur documentaire audio. Montez sur le ring avec elle.
Pour elle, le sport c’est comme un jeu, mais un jeu sérieux. Montée sur un ring très jeune, rien ne peut mettre cette fille K.O. Triple championne du monde de savate boxe française, multi championne de France et d’Europe, Mathilde Mignier est aussi prof d’EPS. Une double vie sportive, en solo et avec ses élèves, toujours tournée vers le sport plaisir, passion et… progression !
Elle a conscience de sa chance. Mais elle a travaillé pour ça. Sélectionnée à la dernière minute pour l’Euro 2022 de handball, la jeune gardienne messine ne cesse de progresser. Reconnue comme une des meilleures gardiennes de première division française, Camille Depuiset intègre néanmoins le groupe de l’équipe de France avec humilité et soif d’apprendre.
La joueuse de l’équipe de France de rugby à sept parie sur 2021 où, la même année, se disputeront les JO de Tokyo et la Coupe du monde de rugby à XV, pour relancer le sport au féminin.
Elle vise les Jeux paralympiques 2024. Pauline Déroulède, amputée d’une jambe après avoir été percutée par une voiture en 2018, est une combattante. Et c’est avec une raquette de tennis qu’elle lutte pour se reconstruire. Et gagner. Laissons-la se dévoiler en quelques questions Proustiennes.