Juliette : « Je n'aurais jamais pensé tomber amoureuse de la pole dance ! »Pole danceuse, 29 ans, autrice de bande dessinée

Juliette Taka Pole dance
Juliette Taka dessine. Mais c’est aussi une accro de pole dance. Et c’est de sa pratique depuis plus de trois ans qu’elle s’inspire. Elle vient de publier sa BD “Pole Dance, ma vie en équilibre“. L’occasion d’initier les néophytes à son exigeante discipline, mais aussi de casser les préjugés qui y sont très (trop) souvent associés... Juliette, à la barre !

Propos recueillis par Lise Famelart

Publié le 10 mars 2021 à 17h09, mis à jour le 29 juillet 2021 à 14h15

« Revenons trois ans en arrière : je viens de commencer à travailler, je ne fais plus de sport et je me sens un peu molle, mal dans ma peau… je me mets à la recherche d’un sport à pratiquer, de préférence qui tonifie le corps, tout en étant créatif et artistique. Je m’imagine mal me lancer dans la danse classique, j’ai pratiqué la gymnastique et j’ai trouvé ça nul… et puis une amie me parle de la pole dance.

Je vois tout de suite ça comme un défi personnel : parce que c’est un sport qui a une réputation sulfureuse, qui ne me correspond pas forcément. Mais aussi parce qu’en regardant des vidéos, je réalise que les figures sont impressionnantes : les pole-danceuses vont très haut, se retrouvent avec la tête en bas… moi j’ai le vertige et la douleur me fait très peur.

On aurait pu croire que la pole dance ne serait pas pour moi et, finalement, je tombe amoureuse de ce sport !

Mon premier cours se passe à merveille : un peu intimidée, je décide d’y traîner une amie qui a déjà fait de la pole dance, pour être plus en confiance. Quand on arrive dans la salle, nous sommes accueillies par une prof très gentille qui nous met tout de suite à l’aise. Elle est en pleine démonstration et réalise un impressionnant grand écart sur la barre. Je me dis : c’est exactement ça que je veux faire !

Bon… cela dit, c’est une figure que je ne sais toujours pas faire aujourd’hui ! Dès le premier cours, on apprend à réaliser trois figures et à la fin je n’ai plus qu’une envie, c’est de revenir. Et c’est comme ça que tout commence.

Peu à peu, la pole dance occupe une très grande partie de ma vie. Je ne vise pas la compétition ou les spectacles, parce que j’ai un trac épouvantable et que je ne suis pas du genre compétitrice. Mais même sans ces objectifs, je deviens addict à ce sport.

C’est peut-être grâce à cette satisfaction de réussir une figure, cette envie d’aller encore plus loin. Entre la chorégraphie, les cours techniques, les cours plus simples pour consolider les bases, je m’entraîne entre six et huit heures par semaine.

Sans compter que je prends d’autres cours qui sont utiles pour la pole dance : des cours de souplesse, de barres au sol, de renforcement musculaire, de yoga…

En un sens, ma pratique de ce sport est un peu addictive : la courbe d’apprentissage est très satisfaisante puisqu’on maîtrise les figures un petit peu mieux à chaque cours. Le fait de se voir réussir, mais aussi de voir son corps changer et évoluer, ça donne envie d’aller toujours plus loin dans la pratique.

Si cette façon de défier la gravité me faisait peur au début, je surpasse très vite ces craintes en apprenant pas à pas. Il m’arrive de souffrir, c’est sûr, mais je parviens à réaliser des figures dont je n’aurais jamais pensé être capable.

Au fil de ma découverte de la pole dance, je m’amuse à raconter tout ça dans de petites BD. Raconter ma vie en dessin est quelque chose que j’ai toujours aimé faire, et la pole dance est de mon point de vue un sujet incontournable.

Un jour, une personne de chez Glénat me propose d’en faire un album complet. Je décide de me lancer dans cette aventure, et mon livre « Pole Dance, ma vie en équilibre »* paraît finalement en juin 2020.

Mon but avec cet album, c’est d’initier les gens à la pole dance, de leur faire découvrir ce sport qu’on associe souvent à la sexualité, à quelque chose d’interdit. La bande dessinée, c’est quelque chose qui passe de main en main, qui se prête, qui s’offre… c’est l’occasion de présenter mon sport à des personnes qui ne le connaissent pas du tout.

Il y a des pages narratives qui racontent ma vie de façon un peu romancée, et des fiches techniques qui détaillent quelques notions essentielles de ce sport.

La publication de cet album est finalement une super expérience : des initiées me contactent pour me dire qu’elles sont contentes de lire un livre sur la pole dance qui s’écarte des clichés. Pas mal de lectrices me confient aussi que l’album leur a donné envie de se mettre à ce sport… ou même de s’y remettre !

Aujourd’hui, la pratique de mon sport est vraiment compliquée : avec la fermeture des salles, je ne peux plus faire de pole-dance dans des studios. Il existe des barres qu’on peut installer dans son appartement, on peut même choisir des modèles sur mesure en fonction de sa morphologie, de son niveau… malheureusement mon appartement est tout simplement trop petit pour y placer une barre.

Alors, pour compenser, je pratique la souplesse et je travaille ma force, histoire d’être prête pour la réouverture des salles. Mais c’est difficile, je ne peux pas, par exemple, faire de posture tête en bas et je perds un peu l’habitude de la pratique.

Il n’empêche que je ne regrette pas d’avoir fait entrer ce sport dans ma vie. Physiquement, mon corps est beaucoup plus tonifié, je suis plus souple, je dors aussi beaucoup mieux.

Côté confiance en moi, c’est aussi le jour et la nuit : quand on sait que tous les soirs on fait des figures de folie, on se dit qu’on vaut quelque chose !

La pole dance a changé ma vie à plein de niveaux, ça a changé ma façon de manger aussi : il faut s’arranger pour ne jamais avoir trop faim et éviter de se gaver pour garder la nourriture dans le ventre quand on fait des figures tête en bas !

À toutes les femmes qui sont intéressées par la pole dance, je leur conseillerais de ne pas hésiter à se lancer dans un premier cours : l’idéal est, comme moi, d’y aller avec un ou une amie. Les hommes sont aussi les bienvenus dans cette pratique, même s’il y en a peu.

Les débutantes se questionnent souvent sur la tenue : il y a des figures qui nécessitent en effet d’être en brassière par exemple, pour que la peau puisse être en contact avec la barre.

Mais c’est tout à fait possible de pratiquer en short et en tee-shirt, même à haut niveau, et de remonter le tee-shirt pour certaines figures.

Il y a beaucoup de clichés sur la pole dance en France, c’est aussi pour ça que j’ai décidé d’en parler en BD. Mais, dans l’ensemble, l’ambiance est vraiment bienveillante, et même si à l’issue d’un cours d’introduction vous ne décidez pas d’en faire votre sport, vous aurez quand même passé un bon moment ! »

  • *“Pole Dance, ma vie en équilibre“, aux éditions Glénat

Soutenez ÀBLOCK!

Aidez-nous à faire bouger les lignes !

ÀBLOCK! est un média indépendant qui, depuis plus d’1 an, met les femmes dans les starting-blocks. Pour pouvoir continuer à produire un journalisme de qualité, inédit et généreux, il a besoin de soutien financier.

Pour nous laisser le temps de grandir, votre aide est précieuse. Un don, même petit, c’est faire partie du game, comme on dit.

Soyons ÀBLOCK! ensemble ! 🙏

Abonnez-vous à la newsletter mensuelle

Elles aussi sont inspirantes...

Lil'Viber

Lil’ Viber : « Je suis motarde, je me la joue girly et j’adore ça ! »

Elle s’appelle Aurélie Hoffmann alias Lil’Viber. Mais sur les circuits, on l’appelle aussi « Wonder Lili ». Elle, c’est une super héroïne de la bécane qui se déguise comme ça lui chante pourvu que ce soit haut en couleur. Cette nana qui affole les chronos casse les codes à toute berzingue. Ultra féminine, elle est une motarde jusqu’au bout des ongles. Faites de la place !

Lire plus »
Sergent-chef Marlène P. : « Sans sport, je suis invivable ! »

Sergent-chef Marlène P. : « Sans sport, je suis invivable ! »

Première femme moniteur parachutiste de l’histoire de son régiment, basé à Montauban, elle est aussi une excellente triathlète. Petite, sa famille la surnommait, “l’adjudant-chef“, autant dire que sa vocation militaire n’aura été une surprise pour personne. Et le sport dans tout ça ? Il fait partie du pourquoi de son engagement. Témoignage d’une femme de troupe.

Lire plus »

Vous aimerez aussi…

Émeline Dodard : « Le foot américain, ce n’est pas seulement physique, c’est mental et tactique. »

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

Une danseuse née sur les pointes, une gymnaste persévérante, une entraîneure qui n’a pas dit son dernier mot, une joueuse de foot US coriace (Émeline, notre photo) ou encore un coach vocab’ et une initiative qui bouge, c’est le meilleur de la semaine sur ÀBLOCK!

Lire plus »
Donnons des ailes au vélo

« Donnons des Elles au vélo J-1 », ces cyclistes qui sont sur la route toute la sainte journée…

Six ans qu’elles avalent des kilomètres. Six ans à se faire les mollets sur les routes de France, les mêmes routes que celles empruntées par la Grande Boucle. Ces filles-là donnent de la voix sur deux roues pour démontrer que le sport se conjugue aussi au féminin. Cette année, ces cyclistes militantes sont treize à pédaler pour la bonne cause. Et on est ÀBLOCK! avec elles !

Lire plus »
Tour de France Femmes 2023, la route sera longue !

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

Le parcours 2023 du plus fameux road trip français à vélo et un zoom sur le handball avec l’Euro qui débute. Une Bleue du hand toujours en activité qui répond à notre questionnaire sportif et une autre qui retrace son parcours avec l’équipe de France, c’est le meilleur de la semaine sur ÀBLOCK!. Enjoy !

Lire plus »
Isabelle : « Continuer le sport fait partie de ma lutte contre le cancer du sein. »

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

Une étude sur les corps féminins musclés à l’extrême, une crossfiteuse qui combat la maladie par le sport (Isabelle sur notre photo), une nouvelle chronique philo signée Marie Robert, un récap’ de la dernière compet de ballon ovale, c’est le meilleur d’ÀBLOCK! Bonne (re)découverte !

Lire plus »
Le questionnaire sportif de… Pauline Robert

Le questionnaire sportif de… Pauline Robert

On y est, la première division de handball féminin a repris. L’occasion d’admirer des joueuses qui se donnent à 200 % sur le terrain. Pauline Robert, pivot de Besançon, ne fait pas exception à la règle. Elle répond à notre questionnaire sportif.

Lire plus »
Hazal Nehir, folle de toits

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

Une acrobate de la street (Hazal Nehir sur notre photo), une batteuse d’exception, du paddle pour la bonne cause, une marathonienne aux souliers d’or ou encore une arbitre qui ouvre la voie, c’est le meilleur d’ÀBLOCK! pour cette semaine. Enjoy !

Lire plus »
Laetitia Blot

Laetitia Blot : « Je veux que les femmes puissent se dire : elle, elle fait un sport de combat et elle est féminine. »

Elle est montée sur ressorts, elle déborde d’énergie. Laetitia Blot est un phénomène. Après avoir collectionné les titres en judo, en lutte et en sambo, la Française de 37 ans s’est lancée dans le MMA (Mixed Martial Arts). Victorieuse de son premier combat en octobre dernier, elle s’apprête désormais à affronter Marie Loiseau, ce 8 avril, dans le cadre du MMA Grand Prix. Rencontre avec une fille qui s’amuse à mettre « les poings » sur les « i ».

Lire plus »
Retour en haut de page

Recherche

Soyez ÀBLOCK!

Abonnez-vous à la newsletter

WordPress Cookie Notice by Real Cookie Banner