La Pole Dance Des « putains » d’héroïnes à la barre
Entre sport-performance et sport-thérapeutique, la Pole Dance met la barre haut. Cette discipline sportive et artistique à l’aura sulfureuse sortie tout droit des clubs de strip-tease (mais pas que) n’a jamais été autant d’actualité, à l’ère où les femmes reprennent possession de leur histoire, de leurs voix et de leurs corps. Le docu Netflix, « Pole Dance, haut les corps ! » suit le parcours d’Américaines de tous âges, morphologies et origines, cherchant à retrouver confiance en elles grâce à cette danse au parfum de scandale. Un parcours de combattantes puissant qui fera écho dans le cœur et le corps de chaque femme.
Par Claire Bonnot
Publié le 26 février 2021 à 15h02, mis à jour le 29 juillet 2021 à 14h19
On se croirait tout droit plongés dans un clip de rap ou une séquence de la comédie-musicale « Burlesque », mais il n’en est rien. Ce n’est pas du spectacle. Ici, il s’agit de vraies femmes dans un vrai studio qui dansent, tournent et ondulent autour d’une vraie barre de Pole Dance.
Nous sommes au cœur d’une leçon dispensée par S Factor, une école de Pole Dance fondée au début des années 2000 par l’actrice américaine, Sheila Kelley : « Je veux de la vérité, votre pouvoir érotique et ce magnifique désir qui vous habite. C’est une chose difficile à montrer. Ça va vous aider à vous provoquer et à lâcher prise. »
Elles ont tous les âges, toutes les corpulences et des histoires de vie différentes. Une chose les relie : leur envie de tenir la barre. Savent-elles pourquoi ? Pas toutes. Si la plupart souhaitent aimer leur corps, se sentir sexy ou se lâcher, elles ne savent pas encore jusqu’où cette barre verticale les mènera. Sheila Kelley ne leur cache rien : « Vous allez vouloir arrêter en pensant que c’est trop intime et que ça fait peur. »
« Strip Down, Rise up », comme dit le titre américain, soit « Déshabillez-vous et Revendiquez votre pouvoir » ! Il ne vous reste plus qu’à chausser des talons de quinze à plateforme…
« Entrer dans mon monde, c’est comme mettre les pieds dans un Fight club pour femmes ». C’est l’actrice hollywoodienne qui le dit. Sheila Kelley s’en est fait « une mission de vie », celle « d’aider les femmes à se sentir complètes à nouveau (…) dans une société où les femmes sont piégées par la masculinité. Le corps féminin a été mis sous silence. Il est temps pour les femmes de prendre leur pouvoir ».
Le moyen ? Par le mouvement. Cette démarche ondulante où la cambrure pousse les femmes à redécouvrir leur féminité et à ne plus avoir honte de leurs corps « qui ne ressemblent pas aux unes des magazines ». « Je savais que je devais dissocier cette discipline du regard masculin, du male gaze. J’en ai donc parlé comme un sport, comme une activité de remise en forme », explique la fondatrice du S Factor.
Oui, car au-delà d’un sport, ce qui se dégage de cet enseignement, c’est l’aspect curatif via la construction d’une communauté, « une aventure de reconstruction » partagée entre femmes.
On suit notamment les parcours d’Evelyn, 50 ans, endeuillée par la mort de son mari et qui cherche à se retrouver, celui d’une ancienne gymnaste agressée sexuellement par Larry Nassar, l’ancien médecin officiel de la Fédération américaine de gymnastique, condamné à la prison à vie, ou encore celui d’une malade du cancer que la Pole Dance a sauvée.
Avant de danser, les mises à nu de chacune de ces femmes sont poignantes, à l’image de cercles de paroles thérapeutiques. Ces cours de Pole Dance ne sont pas anodins. Ils bouleversent l’esprit et le corps longtemps emprisonnés. « C’est curatif, mais je comprends aussi que ça peut provoquer des choses », témoigne Sheila Kelley.
Alors, elle ouvre ses enseignantes à la parole d’une psychologue : « Les enseignants ne sont pas thérapeutes, mais font vivre une expérience thérapeutique et curative, il faut donc être très prudents ! », leur explique cette dernière.
Les passés traumatiques des élèves sont nombreux, le plus souvent des agressions sexuelles et des viols refoulés mais toujours présents dans les corps meurtris, les corps corpulents.
Dans ce cadre, ce partage au su et au vu de toutes ne convient pas à toutes les femmes et il faut respecter le libre-arbitre de chacune. Il est intéressant d’entendre dans ce documentaire une ex-élève qui ne se retrouve pas du tout dans cette façon de délivrer la femme en elle et…en petite tenue : « J’étais au milieu de femmes qui pleuraient. Je ne me sentais pas valorisée. (…) Je ne voudrais pas que mon fils de douze ans me voit en culotte et sans haut », dit-elle.
Car le lâcher-prise est total : c’est un lieu où les femmes peuvent extérioriser toutes leurs émotions en dansant : pleurer, crier, se déhancher langoureusement. « Le niveau de vérité est tel parce qu’on se voit danser. On capte les émotions de chacune », raconte Jenyne Butterfly, véritable étoile et performeuse de la discipline, qui remporte le premier championnat de la US Pole Dance Federation et la médaille d’argent en finale mondiale, en 2009. « Il faut du courage pour faire ce voyage », admet Sheila Kelley. « C’est magnifique à voir ! Ce ne sont pas les mêmes femmes qu’il y a six mois ! ».
Cependant, si la parole est activée, la place est faite au respect du timing de chacune : « Tu n’es pas obligée d’en parler ». Et Sheila Kelley de rappeler : « J’apprends à exécuter les ordres du corps de chacune ». Un coup de pouce thérapeutique et libérateur, en somme, via une discipline sportive et artistique tournée vers le self-love !
Des talons de plusieurs centimètres pour entraîner la cambrure, des petites tenues exigées pour que la peau accroche la barre. En bref, un corps à corps total qui demande à ces femmes de se mettre à nu, dans toute leur essence et vulnérabilité.
L’exercice est difficile : physiquement mais aussi mentalement. « Dès qu’on en parle, les gens s’imaginent des hommes buvants et des femmes dansant pour de l’argent. Ce n’est pas seulement ça », rappelle Jenyne Butterlfy. « Quand j’ai entendu qu’ils en parlaient pour la première fois à la télé, c’était Sheila Kelley, c’était fou ! Elle l’a démocratisée et l’a mise à la portée de toutes les femmes ».
Outre le sport thérapeutique, la Pole Dance fait l’objet de compétitions, de shows spectaculaires, elle est starisée dans des films et se voit intégrée dans des spectacles grand public comme au Cirque du Soleil où Jenyne a brillé pendant cinq ans. Pourtant, l’aura scandaleuse de cette danse tient bon la barre. Qu’en est-il vraiment de son origine ? C’est peut-être là où le bât blesse dans ce documentaire.
Les racines de cette discipline sportive et artistique restent peu évoquées. La Pole Dance, une discipline qui mêle danse et acrobatie autour d’une barre métallique verticale, serait née au Canada dans les années 20 dans des cirques forains itinérants recherchant toujours plus d’attractions et de spectaculaire.
Les « Hoochie-Coochie dancers », des danseuses tournant autour du poteau soutenant le chapiteau, proposaient des numéros en tenues légères, réservés aux adultes.
C’est avec l’avènement du Burlesque dans les années 1950 que ce type de spectacle fait son apparition dans les bars avant de s’étendre aux clubs de strip-tease dans les années 1970-1980, dans tout le monde anglo-saxon.
La discipline érotisée se meut en pratique sportive et artistique au début des années 1990 sous l’impulsion d’une danseuse de pole Dance canadienne, Fawnia Mondey, qui commence à enseigner cet art et ce sport très complet via un premier DVD pédagogique de Pole Dance.
D’autres danseuses vont prendre ce chemin, souhaitant faire sortir la Pole Dance des clubs de strip-tease et la faire reconnaître pour ses multiples atouts : « Une fabuleuse manière de développer sa musculature et sa souplesse, en même temps que sa sensibilité artistique et sa confiance en soi, tout en s’amusant et en assumant mieux sa sensualité et – éventuellement – sa féminité », comme le décrit la Fédération Française de Danse qui a intégré et reconnu la Pole Dance comme une discipline sportive et artistique en 2016, suite à son apparition dans la métropole en 2006.
Avec un championnat de France de Pole Dance, la discipline a retrouvé toutes ses couleurs et compte, en France, de plus en plus de pratiquantes et pratiquants, quelques 25 000 élèves avec près de 250 écoles.
Dégommant les préjugés, la Pole Dance est aujourd’hui (depuis 2015) reconnue comme une danse à part entière par le Conseil international de la danse et démontre son extraordinaire pouvoir spectaculaire sur les plus grandes scènes. Haut les corps !
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