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Isabeau Courdurier « Retrouver du plaisir en VTT m’a permis de sortir de mes comportements destructeurs. »

Isabeau Courdurier : « Retrouver du plaisir en VTT m’a permis de sortir de mes comportements destructeurs. »
Elle a débuté par le cross country. Avant de basculer vers l’enduro. Une discipline qui a permis à Isabeau Courdurier, Championne du monde 2019 des Enduro world Series, de renouer avec le bonheur de rouler et de tenir à distance la course aux résultats à tout prix. Rencontre avec une rideuse apaisée et engagée.

Par Sophie Danger

Publié le 16 février 2022 à 10h43, mis à jour le 01 mars 2022 à 7h42

Tu as commencé le VTT très jeune, tu avais cinq ans, et tu as immédiatement accroché. Comment expliques-tu ton attrait pour la discipline ?

Petite, j’étais une véritable boule d’énergie. J’allais toujours à 300 à l’heure, je courrais constamment à droite et à gauche et il me fallait obligatoirement un sport dans lequel je puisse me dépenser.

Avant de tester le vélo, j’avais fait un peu de judo mais je n’avais pas spécialement accroché. Mon frère faisait du VTT et, avec mes parents, nous allions le voir le week-end sur les courses. Ça avait l’air hyper cool et je leur ai demandé de m’inscrire à une compétition.

C’est comme ça que j’ai fait ma première course. J’avais 5 ans mais je m’en souviens comme si c’était hier tellement ça m’a marquée.

J’ai eu un coup de foudre pour la discipline et, tout de suite après, j’ai dit à mes parents que je voulais m’inscrire au club de vélo avec mon frère.

Ils ont accepté tout de suite ?

Oui, l’année d’après, mes parents m’ont inscrite au VTT. Comme j’étais trop jeune, ma mère a dû s’inscrire avec moi pour pouvoir me raccompagner dans l’éventualité où je n’arriverais pas à suivre les entraînements.

Elle s’est donc mise, elle aussi, au VTT et c’est devenu une grande affaire de famille. D’ailleurs, aujourd’hui, elle continue à pratiquer et m’accompagne encore sur des petites sorties. Elle aime toujours autant le vélo.

Entre 6 et 17 ans, ta vie va tourner principalement autour de deux axes : l’école et le cross country. Tu suis les cours la semaine, le week-end est consacré à la compétition. On a la sensation que le VTT est très vite devenu une affaire sérieuse pour toi ?

Dès mes 6 ans, j’ai commencé à participer aux trophées régionaux organisés près de chez moi. J’étais hyper impliquée dans le vélo et je faisais tout ce qu’il fallait pour que ça fonctionne.

Pour l’école, c’était pareil. J’étais une élève super sérieuse et assez appliquée. Je tiens cette rigueur de mon père. J’ai mené études et vélo de front jusqu’au bac.

Je ne suis jamais allée dans des sections sport-étude, j’ai toujours réussi à m’organiser, à lier les deux et, même si j’ai connu quelques années compliquées dans le cross country, j’ai quand même réussi à mener ma barque.

Cette vie, bien remplie, ne t’a jamais pesé ?

C’est devenu plus difficile à partir du lycée. Lorsque l’on est au lycée, on a de grosses semaines de travail et peu de temps pour s’entraîner or, le cross country est une discipline dans laquelle, si tu n’as pas un minimum de bagage physique, tu ne t’amuses plus trop.

À ce moment-là, conjuguer les deux est devenu plus compliqué pour moi, mais c’est aussi là que l’enduro s’est présenté à moi.

L’enduro est une discipline un peu plus fun pour laquelle, même si tu as un peu moins d’entraînement, tu arrives quand même à t’amuser.

Avant de basculer sur l’enduro, tu vas avoir la possibilité d’intégrer l’équipe de France de cross country, la seule discipline olympique du VTT. Cette aventure va pourtant tourner court. Pourquoi as-tu décidé de changer de cap ?

J’ai fait une sélection en équipe de France de cross country lorsque j’étais junior. Je devais avoir 16 ans et, à l’époque, c’était un peu le rêve d’intégrer cette équipe.

Ça a été un beau moment, mais c’est également à cette occasion que je me suis rendu compte que tout cela n’était peut-être pas ce que je voulais faire.

Cette sélection a été un révélateur. Elle m’a fait prendre conscience que j’avais peut-être fait le tour du cross country et que j’avais besoin d’autre chose.

Comment expliques-tu cela ? Le cross country était devenu une obligation plus qu’un plaisir ?

C’était beaucoup de pression et, combiné avec mes études, c’était très très dur. J’avais atteint un point où je commençais à ne plus être bien dans ma peau, à développer des troubles alimentaires.

À ce moment-là, je me suis dit que ce n’était plus bon, qu’il fallait que je fasse autre chose et c’est pile à cette période que j’ai découvert l’enduro, ça s’est bien goupillé.

L’enduro est une discipline que tu découvres par hasard, par le biais d’une amie…

Oui, c’est grâce à Morgane Such, une de mes meilleures amies. Avec Morgane, nous nous sommes connues à 7-8 ans et nous avons grandi ensemble sur un vélo. Elle a basculé du cross country à l’enduro quelques années avant moi.

À ce stade de mon parcours, elle s’est aperçue que je commençais à tourner en rond. Elle m’a proposé de venir assister à une manche d’enduro pour découvrir sa discipline. Cette compétition a eu le même effet sur moi que ma première compétition de VTT : le déclic absolu, le coup de cœur.

En rentrant de ce week-end, j’ai annoncé à mes parents que j’arrêtais le cross country et que je voulais faire de l’enduro.

Tes parents t’ont immédiatement suivie ?

J’ai eu la chance d’avoir toujours mes parents à mes côtés. Ils sont investis totalement dans le vélo et ils m’ont vraiment soutenue comme il pouvait. Ce sont eux qui m’ont acheté mes premiers vélos lorsque je n’avais pas encore de partenaires, ils étaient également là pour me conduire sur les compétitions. Mon père a même été mon mécano lorsque je n’avais personne pour m’aider.

J’ai de la chance de les avoir et j’en ai pleinement conscience. C’est d’ailleurs pour cela que je me faisais un devoir de leur rendre leur investissement et tout ce qu’ils m’ont apporté en ramenant de bons résultats en vélo et de bonnes notes à l’école. Ma façon de les remercier, c’était de faire les choses bien, de me donner à 100 %.

L’enduro est, à la fois, un nouveau challenge et une bouée de sauvetage. Ce changement de discipline va t’aider à en finir avec des troubles alimentaires qui te gâchent la vie depuis tes 14 ans. Le sport jusqu’alors, était devenu pour toi une passion destructrice…

Je suis quelqu’un qui se met énormément de pression, quelqu’un qui veut toujours bien faire et j’ai des standards assez élevés vis-à-vis de moi-même. Parfois, il m’est difficile de trouver le juste milieu et pendant quelques années, ça a été le flou.

Je n’arrivais plus trop à trouver le bon équilibre. L’enduro m’a permis de renouer avec cette idée que je faisais du vélo avant tout parce que j’aimais ça, parce que ça me faisait plaisir et qu’il fallait que ce plaisir reste la priorité numéro 1.

C’est en renouant avec cette idée du plaisir que je suis sortie de mes comportements destructeurs.

Tu n’as pas craint, à un moment, que changer de discipline et non de sport ne suffise pas à retrouver un équilibre, notamment sur le plan alimentaire ? Que rester dans le monde du VTT perpétue voire aggrave tes troubles ?

Non, parce que l’enduro a été un déclic, le déclic qui m’a permis de prendre un peu de recul. Avec l’enduro, non seulement je repartais de zéro mais en plus, c’est une discipline qui implique d’aller vite en descente et de prendre des risques. Or, si on ne s’amuse pas sur le vélo, on ne peut pas aller vite car il est tout simplement impossible de s’infliger cette prise de risques.

Sortir de ces comportements-là s’est fait assez naturellement pour moi alors que d’autres galèrent pendant des années voire toute leur vie. Ce n’est pas évident mais je pense que le sport et surtout le changement de discipline, a été là au bon moment pour moi.

J’aurais en effet pu passer à quelque chose de complètement différent mais il y a cette passion pour le vélo qui m’anime, qui est là et qui sera toujours là. Je sais que, même si je m’en éloigne, j’y reviendrai toujours.

Arrêter complètement le vélo n’a donc jamais été une option ?  

J’ai un gros problème avec l’abandon. Depuis que je fais du vélo, je n’ai abandonné que quatre courses sur des centaines disputées et j’ai abandonné soit parce que je n’étais pas en capacité physique de finir, soit parce que j’avais un problème mécanique.

Abandonner n’est clairement pas dans ma nature et arrêter le vélo était inconcevable.

Arrêter la compétition pour une pratique amateur n’était pas envisageable non plus ?

Non plus. La compétition est quelque chose qui est en moi depuis toujours et j’ai du mal à me dire qu’un jour je n’en ferai plus.

Tu vas pourtant, très vite, enregistrer de bons résultats en enduro. Comment fait-on pour ne pas retomber dans la spirale infernale de la course aux résultats à tout prix ? Pour conjuguer performances et plaisir ?

Je pense qu’il est toujours difficile de trouver l’équilibre. Il faut prendre un peu de recul et ce n’est pas évident mais, plus les années passent, plus on arrive à se détacher de ces considérations. Je ne dis pas que j’ai moins de pression qu’avant, je l’ai toujours autant sur un départ en course, mais j’arrive à prendre un peu plus de distance.

À présent, lorsque je commence à être dans mon tunnel, à ne penser qu’aux résultats, à être sévère avec moi-même parce qu’ils ne sont pas à la hauteur de mes attentes, je relève la tête et je me dis que j’ai la chance de vivre de ma passion, que j’ai tout simplement la chance d’avoir une passion car ce n’est pas donné à tout le monde.

Je me dis également que je suis bête de me mettre la pression juste parce que le résultat n’est pas celui que j’attendais. Il y a tellement de choses autour d’un résultat, la progression notamment.

Désormais je regarde davantage ma progression que le résultat, ça permet de me détacher du chiffre qui, parfois, ne reflète pas du tout ce dont on est capable.

En 2015, tu termines 4e du Général des Enduro World Series, 2e les trois saisons qui suivent. Pour quelqu’un qui voulait tout sauf être athlète de haut niveau, c’est assez impressionnant comme CV…

Je pense que certains sont à la recherche de ça toute leur vie mais moi, non, ça n’a jamais été une ambition. Ça s’est présenté à moi et je me suis dit : « Cool, ça me correspond, je fonce ».

En 2019, tu réalises le sans faute absolu : neuf étapes, neuf victoires avec, à la clef, un titre de championne du monde. Ce sacre, il représentait quoi pour toi ? Une consécration, un aboutissement, une revanche ?

C’était aussi l’aboutissement de beaucoup, beaucoup de travail ! J’avais fait trois fois deuxième et j’avais envie de ce titre. Il y avait aussi le fait de pouvoir se dire : « C’est bon, tu l’as fait, c’est possible, et personne ne pourra te l’enlever ».

Au-delà de ma satisfaction personnelle, j’étais également hyper contente de ramener ce titre à ma famille, de les remercier et de remercier tous ceux qui avaient eu un rôle clé auprès de moi.

Toi qui as besoin de défis, qu’est-ce qui motive quand on a atteint le sommet ? C’est pour te lancer dans un nouveau challenge que tu as commencé à te mettre à la descente ?

Non, c’est parce que je suis perfectionniste et, au-delà du résultat, je suis constamment focalisée sur ce que je peux faire de mieux.

À la suite de cette saison, j’ai vu qu’il y avait des choses à améliorer comme la prise de vitesse pure et dure ou les sauts qui sont un peu une lacune chez moi. Je me suis dit que c’était une occasion nouvelle pour progresser.

Toi qui a toujours mené plusieurs activités de front, tu continues. Tu as décidé de t’engager et notamment auprès des jeunes pilotes femmes. C’est important pour toi d’amener les filles au VTT ?

J’ai toujours eu à cœur de faire grandir le vélo auprès des femmes parce que, qu’elles soient jeunes ou un peu moins jeunes, les femmes n’osent généralement pas se lancer.

Je veux qu’elles comprennent qu’on peut toutes faire du VTT, qu’il suffit juste d’adapter le niveau pour que tout le monde puisse se faire plaisir.

C’est pour ça que, quand j’ai le temps, j’organise des journées de ride entre filles. Ce sont des parenthèses sans pression de niveau ou de quoi que ce soit, on est juste là pour s’éclater, pour progresser.

Tu collabores également avec l’association « Fifty Fifty » qui prend en charge des survivantes de violences domestiques…

Oui, je me suis engagée sur de l’associatif avec la mise en place d’un programme de reconstruction par le sport. « Fifty Fifty » s’adresse aux femmes qui ont été victimes de violence, mais aussi aux enfants et le but est d’essayer de développer ce programme également auprès des hommes victimes de violence.

Le sport permet de renouer avec le mouvement, de renouer avec son corps et avec la sensation d’aller de l’avant. C’est quelque chose que j’aime beaucoup faire.

Comment envisages-tu l’avenir ?

J’aime bien être sur plusieurs fronts. À l’époque, quand j’avais l’école et le vélo, si l’un n’allait pas trop, je me disais que ce n’était pas grave car il me restait l’autre.

Avoir plusieurs casquettes est un gage de sérénité. Aujourd’hui, je m’éclate dans chacune d’entre elles.

Je suis athlète, je travaille pour l’association, je suis ambassadrice pour certaines marques et je veux m’investir auprès d’elles sur du développement de produits… Je suis un peu partout mais c’est ce qui fait que je trouve mon équilibre. Je me renouvelle sans cesse et je m’amuse.

©JB Liautard photography

Et sportivement, quelles sont les futures échéances ?

J’ai eu une saison 2021 très compliquée car je n’ai pas pu m’entraîner comme je le voulais. Sportivement, ce qui m’importe le plus est de revenir à mon meilleur niveau.

Ensuite, mon ambition est de continuer à me faire toujours autant plaisir. J’en ai tellement bavé la saison dernière que je me mets moins de pression pour la saison à venir. J’ai juste envie de m’amuser, de m’éclater.

D'autres épisodes de "Cyclisme, dans la roue des sportives"

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