Casey Brown La petite reine du VTT devenue grande prêtresse du guidon
Elle, c’est « jamais sans mon VTT ». Casey Brown, 30 ans, fait partie de cette génération de femmes qui n’a pas froid aux yeux. Descente, enduro ou freeride, la Néo-Zélandaise est sur tous les fronts. Son crédo ? Faire bouger les lignes en féminisant sa discipline « extrême ». Portrait d’une fille qui roule sa bosse avec panache.
Par Sophie Danger
Publié le 21 décembre 2020 à 12h19, mis à jour le 29 juillet 2021 à 14h33
« Pour moi, il s’agit d’aventure, de me dépasser en compétition et de donner envie aux autres d’enfourcher, à leur tour, leurs vélos afin de tester leurs limites ou tout simplement de profiter de la nature. » Dire du vélo qu’il est, pour Casey Brown, plus qu’un simple défouloir serait un euphémisme. La Néo-Zélandaise a en effet le VTT chevillé au corps et c’est à prendre ou à laisser !
Descente, enduro, freeride, rien ni personne ne lui résiste. Huit ans seulement après son entrée fracassante sur la scène internationale, elle est parvenue à s’imposer comme l’une des figures de prou de la discipline, toujours prête à en repousser les limites et à brouiller les frontières entre les genres.
Cette passion dévorante, c’est avant tout à son clan qu’elle la doit. Dernier rejeton d’une fratrie de cinq, Casey Brown grandit, avec son frère et ses sœurs, à Barn Bay, sur la côte ouest de l’île Sud de la Nouvelle-Zélande. La maison familiale, construite en bois par les bons soins de Lou, le père, est perdue au beau milieu de la nature, loin, très loin de toute civilisation.
La route la plus proche – et les premiers voisins – sont en effet à quelques huit heures de marche ! Beaucoup trop contraignant pour envisager des allers et retours quotidiens à l’école… Liz, la mère, prend en charge le savoir et les devoirs et lorsque sonne la fin de la journée, la joyeuse troupe s’empresse d’explorer le vaste domaine qui lui sert de terrain de jeu.
Saut à l’élastique, course en sac, tir à la corde, toutes les occasions sont bonnes pour se mettre au défi. Garçon ou fille, peu importe, l’essentiel est d’accepter le challenge. Et de le relever. « C’était nos Jeux Olympiques se souvient Casey Brown dans les colonnes de TetonGravity. J’étais la plus jeune et la plus petite alors je perdais souvent. »
Le vélo, lui aussi, fait partie du large éventail d’activités plébiscitées par la smala. L’initiation de la benjamine va d’ailleurs commencer tôt. Et dans la douleur ! « Lorsque j’avais 5 ans, Sam mon grand frère a construit une rampe de saut dans l’allée, s’amuse-t-elle dans Clifbar. Il l’utilisait toute la journée et il a décidé que je devrais la tester moi aussi. Il m’a alors attachée à la selle et m’a poussée du haut d’une colline pour que je prenne de l’élan. Je suis tombée du truc et je ne me souviens de rien d’autre, je suppose que ça ne s’est pas si bien passé ! »
Cette vie de Robinson, aussi trépidante que peu académique, va, toutefois, prendre fin. Au fils des ans, la belle harmonie familiale se fissure. Liz et Lou ne s’entendent plus. Le chef de tribu met le cap sur son pays natal, le Canada, emportant, avec lui, Sam et Jennifer, ses deux aînés. Casey Brown et Elinor, elles, restent avec leur mère et les difficultés commencent pour le trio. Au déchirement de la séparation s’ajoutent, très vite, des difficultés financières.
Lasses, les deux frangines prennent le large en 2002 et quittent, à leur tour, la Nouvelle-Zélande pour rejoindre le reste de la famille. « Nous n’avions jamais assez de nourriture ni d’argent reconnaît-elle dans TetonGravity. Nous avions toujours faim. Aller au Canada et être avec papa nous semblait une bonne opportunité – celle de pouvoir avoir tout ce que nous voulions. »
À peine installée à Revelstoke, petite ville de Colombie-Britannique réputée pour ses massifs alpins, Casey Brown se distingue par ses aptitudes en ski et en snowboard. Mais le vélo n’est jamais loin. Équipée d’une machine construite spécialement pour elle par son père, elle peut de nouveau emboîter le pas de Sam lorsque le grand-frère vénéré, devenu, entre-temps, pilote d’hélicoptère, rentre visiter les siens. « Nous empoignions nos vélos, nous mettions une frontale et nous remontions la route de la station avant de dévaler les pistes damées, confie-t-elle à TetonGravity. Nous ne pouvions pas freiner parce que nous risquions de glisser sur la neige alors nous allions incroyablement vite. C’était dingue ! »
Un bonheur retrouvé qui, une fois encore, ne va durer qu’un temps. En 2009, Sam est arrêté pour trafic de drogue. Emprisonné, il se suicide quelques jours plus tard. Casey Brown a 19 ans et peine à se relever. « Je voulais faire quelque chose de tout ça, poursuit-elle dans TetonGravity. Sam est mort si jeune, ça m’a fait comprendre qu’il fallait que je fasse quelque chose que j’aimais. »
Inconsolable, le vélo devient, pour elle, un échappatoire et une priorité. Elle s’y lance à corps perdu. Jusqu’à cet accident qui aurait pu lui coûter la vie. Engagée dans une course à Panorama, elle est évacuée à l’hôpital où elle est soignée, en urgence, pour une lacération du foie. « Je n’étais pas dans le bon état d’esprit pour rider, j’essayais d’être meilleure que je ne l’étais. Je suis restée à l’hôpital une semaine. Ça aurait pu me tuer. »
Renoncer n’étant pas une option, Casey Brown revoit son approche. En 2011, elle fait appel à Todd Schumlick. L’entraîneur de « PerformX » l’intègre dans les rangs de son équipe et lui concocte un programme inspiré du CrossFit. L’objectif ? Lui permettre de laisser libre court à son style de conduite agressif tout en évitant, au maximum, les dommages corporels. L’alchimie opère très vite.
Quelques mois plus tard, la Canadienne d’adoption termine 6e de sa première Coupe du monde de descente et grimpe, dans la foulée, sur la deuxième place du podium lors des Championnats nationaux de la spécialité. Sa carrière est lancée et les résultats s’enchaînent. Coupe du monde de descente ou Enduro World Series, elle collectionne les honneurs et excelle également en freeride. En 2014, elle est couronnée reine de Crankworx, sorte de X-Games du VTT. Elle terminera deuxième en 2015, 2016 et 2018.
En 2019, Casey Brown frappe encore un grand coup en s’invitant aux qualifications du Red Bull Rampage lors des Proving Grounds. Première femme à prendre part à ce que beaucoup considèrent comme la référence ultime en matière de compétition freeride, celle que l’on appelle désormais « la rideuse aux pieds nus » y voit une nouvelle occasion de faire bouger les lignes. « Il y a une citation que j’aime explique-t-elle dans Outside : « Les meilleures choses dans la vie sont de l’autre côté de la peur ». Le Rampage est un bon test pour voir ce que vous valez. Je veux faire avancer le sport, et c’est la prochaine étape pour moi ».
Le vent, trop fort, viendra malheureusement contrarier ses ambitions en matière de performance. Malmenée par les rafales, elle s’en tire avec une lourde chute et quelques contusions.
Peu importe le classement, l’essentiel était ailleurs ! Résolue à mettre en lumière la scène freeride féminine, Casey Brown continue, depuis, à mettre une partie de son temps à profit pour œuvrer pour ses paires. Dernier coup d’éclat en date, l’hiver dernier. Sollicitée par la pionnière américaine Katie Holden, elle participe à « Formation », une sorte de session d’entraînement pour rideuses organisée, une semaine durant, dans le désert de l’Utah, sur un ancien site du Rampage.
Un moment fort pour la Néo-Zélandaise qui souhaite, à l’avenir, voir ces initiatives se multiplier. « Je pense que les temps changent, se félicite-t-elle sur le site Lessons In Badassery. Le financement était, jusqu’alors, la principale limite, mais les entreprises ont désormais conscience de la valeur que représentent ces athlètes qui ne participent pas au circuit. »
Bref, la rideuse un rien rebelle n’a pas fini de faire entendre sa voix. Et de rouler pour mieux (se) prouver qu’on peut tomber et toujours se relever.
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