Aude Biannic Celle qui pédale pour les autres

Aude Biannic, celle qui pédale pour les autres
On met très souvent en avant les leaders de chaque formation, mais qui sont-ils sans leurs équipiers ? En fin de carrière, Aude Biannic reste une coéquipière de luxe pour sa leadeuse Annemiek van Vleuten. Portrait d’une Bretonne qui est d’une aide précieuse pour la suprématie de son équipe.

Par Timéo Gomes

Publié le 26 juillet 2023 à 7h58

D’apparence individuel, le cyclisme est pourtant bien un sport collectif, et n’importe quelle équipe aurait besoin d’une Aude Biannic dans ses rangs. Née le 27 mars 1991 à Landerneau, la Bretonne impressionne dès ses débuts en jeune. En 2008, alors âgée de 17 ans, elle remporte le championnat de France sur route junior puis, en 2010, le contre-la-montre espoirs. Exactement le même parcours que réalisera quelques années plus tard une autre Bretonne prometteuse, Cédrine Kerbaol.

En 2011, elle se hisse à la dixième place des championnats du Monde sur route. Des débuts impressionnants qui lui valent d’être sélectionnée pour représenter la France aux Jeux Olympiques de Londres en 2012. Encore une fois, Aude Biannic surprend le public londonien qui la voit se placer dixième de la course en ligne.

Cette entame de carrière la pousse à signer chez les professionnels l’année suivante, dans l’équipe SC Michela Fanini Rox. Sa carrière va suivre son petit bout de chemin. Aude Biannic enchaîne les équipes différentes, Lointek en 2014, la formation française Poitou-Charentes Futuroscope 86 de 2015 à 2017.

Mais le vrai tournant s’opère en 2018 lorsqu’elle rejoint l’équipe espagnole Movistar, alors en pleine création. C’est cette année-là que Aude Biannic réalise ses meilleures performances individuelles. Elle rapporte à sa nouvelle formation sa première victoire, en remportant le prologue du Tour de Belgique. Tour dans lequel elle frôle la victoire au classement général, à seulement neuf secondes de l’Allemande Liane Lippert.

Malgré cette frustration, la saison est teintée de réussite pour la Finistérienne au niveau national. Elle sort vainqueure des championnats de France sur route dix secondes devant sa compatriote Gladys Verhulst. Tous ses efforts méritent récompense, c’est ainsi qu’Aude Biannic intègre le top 50 du classement UCI.

Jusqu’ici, Aude Biannic occupait le plus souvent le rôle de leader de son équipe, mais en 2021, ses habitudes sont bousculées par l’arrivée dans la formation espagnole d’une certaine Annemiek van Vleuten, meilleure coureuse du monde. C’est donc un changement drastique que doit opérer la Bretonne dans son style, elle ne roule plus pour gagner, mais pour faire gagner son équipière néerlandaise.

Une mue en coéquipière de luxe qui lui réussit particulièrement et donc par extension à la Movistar. Depuis l’arrivée de Annemiek van Vleuten c’est trois Vuelta, deux Giro et un Tour de France remportés par l’équipe considérée comme la meilleure du monde. La native de Vleuten en tête d’affiche, certes, mais pour qui il serait bien difficile de gagner sans des guerrières comme Aude Biannic pour la propulser au sommet.

Ce rôle convient à merveille à Aude Biannic, comme elle le raconte au Télégramme : « Maintenant je sais que je vais sur les courses en étant coéquipière. Je pense que c’est ma place, j’apprécie vraiment travailler pour les autres ». Le prochain objectif pour la landivisienne est clair : aider son équipe à arracher un deuxième Tour de France d’affilée, avant de raccrocher le vélo à la fin de son contrat en 2024.

Une retraite bien méritée pour celle qui a mis ses derniers coups de pédales au service des autres.

D'autres épisodes de "Cyclisme, dans la roue des sportives"

Vous aimerez aussi…

Il était une fois la boxe... féminine

Il était une fois la boxe… féminine

Alors comme ça, la boxe serait une affaire d’hommes ? Que nenni, les gants vont aussi bien aux filles qu’aux garçons ! Et certaines n’ont pas attendu d’autorisation pour le faire savoir. Retour sur l’histoire de ces pionnières gantées.

Lire plus »
Emeric Clos : « Les petites filles qui font de l'escrime sont souvent celles qui n'ont peur de rien. » Kids

Emeric Clos : « Les petites filles qui font de l’escrime sont souvent celles qui n’ont peur de rien. »

Si les escrimeuses françaises ont brillé lors des JO parisiens, les jeunes filles demeurent minoritaires dans les clubs. Pourquoi et comment inverser la tendance ? Réponses à fleurets mouchetés d’Emeric Clos qui a longtemps donné des cours, chez lui, à Aix-en-Provence, avant de s’occuper du haut niveau et d’entraîner l’équipe de France masculine de fleuret.

Lire plus »
Mélanie de Jesus dos Santos

Mélanie De Jesus Dos Santos, la discrète gymnaste qui nous en met plein la vue

Le bonheur ne tient parfois qu’à…une poutre. Mélanie De Jesus Dos Santos a été sacrée championne d’Europe à la poutre, fin avril, en Suisse. Elle enrichit ainsi un palmarès décoiffant : quadruple championne d’Europe de gym artistique et sept fois championne de France. La pimpante Martiniquaise, petit prodige de la gymnastique française, est aussi explosive que déterminée. Portrait d’une pépite prête à se challenger pour aller chercher le podium aux JO de Tokyo.

Lire plus »
Cherie Pridham

Cherie Pridham, une sacrée nana en tête de peloton

Le monde du vélo fait un sprint historique ! Une femme prend pour la première fois la tête d’une équipe cycliste masculine du World Tour, le plus haut niveau du cyclisme sur route professionnel. La Britannique Cherie Pridham, ancienne coureuse cycliste, obtient ce poste graal à l’âge de 48 ans. Récit du parcours sans faute d’une pédaleuse qui ouvre la route aux suivantes…

Lire plus »
Ramla Ali, toujours le poing levé !

Ramla Ali, toujours le poing levé !

Une enfance marquée par la guerre et l’exode, une adolescence troublée, une passion folle pour les gants, la championne somalienne de boxe anglaise Ramla Ali combat comme elle respire. Portrait d’une fille qui se hisse avec hargne au sommet de sa discipline, avec les JO en ligne de mire.

Lire plus »
Maame Biney, la black short-track attitude

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

Un mix de course, natation et paysages, une flèche sur glace (Maame Biney sur notre photo), une artiste tatouée, une monumentale capitaine et une question qui tue, c’est le meilleur de la semaine sur ÀBLOCK! Bon rattrapage !

Lire plus »
Manaé Feleu : « Quand t'es une fille et que tu dis que tu joues au rugby, on te répond que c’est un sport de brutes . »

Manae Feleu : « Quand je dis que je joue au rugby, on me répond que c’est un sport de brutes . »

Elle mène de front études de médecine et sport de haut niveau. Manae Feleu, 22 ans, a fait ses premières passes au ballon ovale à Futuna avant de tenter l’aventure sur le continent. La deuxième ligne des Amazones de Grenoble, cinq sélections en équipe de France A, n’a qu’un souhait : continuer à tout mener de front et être championne du monde de rugby en 2025. Rencontre.

Lire plus »

Recherche

Soyez ÀBLOCK!

Abonnez-vous à la newsletter

Mentions de Cookies WordPress par Real Cookie Banner