Jade : « Dans le surf, on a un rapport au temps, à la nature, presque mystique. »Surfeuse, 26 ans, Chargée de mission direction à la Fédération française de roller/skateboard

Jade Rosa
Avant, Jade Rosa était très fitness, carrière et boîtes de nuit. Tout a changé lorsqu’elle a découvert le surf. Plus qu’un sport, une philosophie de vie. Aujourd’hui, elle vit près de l’océan et, d’avril à septembre, c’est dans l’eau que vous devrez aller la dénicher. Témoignage d’une rideuse rafraîchissante.

Propos recueillis par Lise Famelart

Publié le 15 mars 2021 à 18h16, mis à jour le 29 juillet 2021 à 13h07

« Si le surf fait aujourd’hui partie intégrante de ma vie, ça n’a pas toujours été le cas. Pendant très longtemps, j’ai pratiqué différents sports avec pas mal d’intensité, surtout pour sculpter mon corps.

J’étais à la salle de sport une à deux fois par jour, je faisais de la musculation, du fitness, du running… La découverte du surf m’a permis de repenser ma philosophie de vie

J’ai débuté le surf, il y a trois ans. À l’époque, je vivais à Lyon. J’avais grandi dans la région, j’aimais sortir en boîte, j’étais une carriériste… et puis j’ai rencontré mon chéri !

Il avait grandi dans le milieu du surf et il m’a fait découvrir sa passion pour ce sport et les sports de glisse en général. À Lyon, j’étais déjà très sportive.

Ça a toujours fait partie de moi : enfant, je devais faire du yoga sur conseil du psy pour canaliser mon énergie. Je faisais aussi beaucoup de judo. Mais je n’avais jamais pratiqué le surf.

Avec mon chéri, on s’est rencontrés à Lyon, mais son objectif à lui était de se rapprocher le plus possible de l’océan. Alors, dans un premier temps, on a vécu une relation à distance. Je le rejoignais les week-ends à Bordeaux, on allait surfer, et j’ai eu le plaisir de découvrir ce sport dans les meilleures conditions.

Je ne conseille pas de découvrir le surf tout seul : il faut choisir le bon matériel, se lancer à l’eau au bon moment, sur les bons spots… Moi, j’ai pu découvrir tout ça avec mon compagnon et j’ai pu me mettre debout sur la planche dès ma première séance. J’étais super fière !

Les allers-retours, ça a duré six mois. Ensuite, j’ai décidé de complètement changer de vie et je l’ai rejoint à Bordeaux. Et puis, on a eu envie de se rapprocher encore plus de l’océan, donc on a déménagé plus près de la côte, quitte à faire plus de route pour aller au travail. Maintenant, je suis dans l’eau plusieurs fois par semaine, d’avril jusqu’à septembre !

Je ne suis pas encore assez à l’aise pour surfer en hiver : c’est une saison où les conditions sont très dures, les vagues sont plus hautes, il y a beaucoup de courant, de grosses marées, l’eau est très froide.

Quand tu cumules le tout, tu as intérêt à avoir une très bonne condition physique. Ce n’est pas encore mon cas, mais, là, je vais bientôt pouvoir reprendre, et j’ai vraiment hâte !

Avec le surf, j’ai découvert des sensations nouvelles : j’ai toujours eu une grosse appétence pour les sports de glisse, le ski notamment. Mais au surf, il y a un côté mental incroyable : quand j’arrive sur l’eau je suis dans le moment présent, il n’y a pas de recherche de performance ou de résultat, c’est un sport vraiment différent de tous ceux que j’ai pratiqués jusqu’à maintenant.

Le surf, ça allie donc le physique et l’esprit : quand je suis sur l’eau, je suis en dehors du temps, les sensations sont uniques et ça me permet de progresser dans la connaissance de mon corps.

Le côté un peu frustrant, mais aussi magique, du surf est qu’on dépend complètement des conditions météorologiques. C’est pas comme la course par exemple, où il te suffit de mettre tes chaussures et de te lancer.

Les surfeurs passent leur temps à surveiller la météo, il y a un rapport au temps, à la nature, presque mystique. Mais ça apprend à être patient aussi !

Au final c’est un sport qui impacte toute ma vie. Avant, j’étais très centrée sur mon boulot, j’avais un besoin de performance. Le surf, c’est un sport mais aussi un mode de vie : aujourd’hui je suis plutôt dans la recherche d’un équilibre entre mes passions, mon temps libre et mon travail.

Et tous les exercices que je fais à côté du surf, le gainage, le yoga… ce n’est plus dans l’optique de sculpter mon corps, mais plutôt de m’aider à mieux surfer. Ma capacité physique va apporter à ma pratique, plus que l’inverse.

Cette passion, je la partage aussi beaucoup sur Instagram. J’ai toujours eu un compte assez actif sur ce réseau social, donc quand j’ai changé de vie, j’ai voulu le partager avec mes abonnés. Au lieu de mettre des photos de mes morning shapes, c’était le spot de surf du matin, les croissants sur la plage…

Instagram me permettait aussi de garder le lien avec mes amis et ma famille restés à Lyon. Mais surtout, ça m’a permis de me construire un réseau dans ma nouvelle région. J’ai pu rencontrer beaucoup de femmes qui pratiquent les mêmes sports que moi, rencontrer des gens qui partageaient mes passions.

J’ai donc pu me créer une team de copines pour aller surfer. Je ne me sens pas encore assez à l’aise pour aller sur l’eau toute seule, alors quand mon chéri n’est pas dispo, j’appelle mes potes !

L’ambiance est vraiment extra entre femmes. On s’écrit, on s’informe sur les conditions météorologiques, les meilleurs spots… J’ai l’impression que ce n’est pas la même chose entre hommes.

Mon copain, quand il croise un autre surfeur sur l’eau, ils ne se disent même pas bonjour ! Et ils préfèrent éviter de partager des photos de spots sur les réseaux sociaux pour ne pas qu’ils deviennent trop peuplés.

Dans le monde du surf, il y a un gros débat sur la représentation des surfeuses. Celles qui sont jugées « pas assez belles » n’ont pas de sponsors et donc ne peuvent pas participer à de grosses compétitions, même si elles sont douées.

On va demander aux femmes de surfer avec des bikinis minuscules, elles doivent être très jolies, alors que c’est beaucoup moins le cas chez les garçons.

Les réseaux sociaux ont permis de créer un mouvement « body positive », où les femmes se permettent d’être plus naturelles, de montrer ce qu’elles ont envie de montrer. Ce mouvement, il a ses failles, mais je trouve quand même que c’est un bon début.

Dans le surf, il faut savoir s’imposer. Quand on est tous sur l’eau et qu’on attend une vague, c’est celui qui est le plus doué et le mieux placé qui la prendra.

Le surf masculin, je le trouve très concurrentiel : si t’as quinze mecs à l’eau, le moins bon est sûr de ne pas toucher une vague ! Avec les filles surfeuses du coin, c’est autre chose, on se donne rendez-vous pour des sessions matinales, on se renseigne sur les bons spots…

Tout ça ne doit pas empêcher les femmes de se lancer dans cette discipline. C’est un sport hyper accessible aujourd’hui : il y a des surf shops et des surf camps partout.

Il ne faut pas y aller tout seul, mais plutôt être encadré par un professionnel afin de le découvrir dans les meilleures conditions.

En tout cas, c’est important de faire au moins une session, d’essayer, c’est vraiment un sport à découvrir ! »

  • Retrouvez Jade Rosa sur son compte Instagram, @jaderosalty

Elles aussi sont inspirantes...

Maureen : « Grâce au street workout, on se sent maître de soi-même et de son corps. »

Maureen Marchaudon : « Grâce au street workout, on se sent maître de soi-même et de son corps. »

Suite à une anorexie mentale, Maureen Marchaudon découvre la pratique du street workout, un sport encore jusque-là réservé aux gros bras masculins. Piquée de ces figures qui allient force, agilité et technique, elle devient vite insatiable jusqu’à décrocher le titre de vice-championne de France 2024 de street workout freestyle et à l’enseigner aux femmes qui veulent r(re)trouver la confiance en elles. Who run the world ? Girls !

Lire plus »

Vous aimerez aussi…

La Traversée Marthe Robert 2021

À l’eau pour Marthe Robert !

En maillot ou en combinaison, le Lac de Neuchâtel, en Suisse, accueille ce week-end des nageurs prêts à se mouiller pour rendre hommage à la pionnière Marthe Robert. Organisée par la Société de Sauvetage et de Vigilance Nautique de Neuchâtel, la première édition de la Traversée Marthe Robert se jette à l’eau. À vos lunettes et bonnets !

Lire plus »
Alexia Cerenys : « Origine, sexualité, identité… en rugby on s’en fout ! »

Alexia Cerenys : « Origine, sexualité, identité… en rugby, on s’en fout ! »

Elle est née dans un corps d’homme et s’est longtemps servie du rugby comme d’un exutoire. Alexia Cerenys, 35 ans, est la première joueuse transgenre à évoluer dans l’élite féminine. La troisième ligne de Lons, dans les Pyrénées-Atlantiques, est une femme engagée qui veut désormais montrer à tous et toutes que sport et transexualité peuvent naturellement fonctionner de pair. Rencontre avec une militante qui a brillamment transformé l’essai.

Lire plus »
Eugénie Le Sommer

Dans les petits secrets des joueuses de l’OL

Cinquante ans. Voilà pile un demi-siècle que la pratique du foot par les filles a été reconnue officiellement par la fédé française. Parfaite occasion pour s’inviter sur le terrain d’une des meilleures équipes féminines au monde, celle de l’OL, star d’un documentaire qui tire en pleine lucarne !

Lire plus »
Caroline Garcia, la saison n'est pas finie…

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

Un triathlon interactif, deux Ultra-Trails à couper le souffle, une tenniswoman qui est de retour au top (Caroline Garcia sur notre photo), une militaire à la force spéciale, une pionnière du ballon ovale et la Question Qui Tue, c’est le meilleur d’ÀBLOCK! pour cette semaine. En attendant la prochaine…

Lire plus »
Vendée Globe, les 6 skippeuses qui prennent le large

Vendée Globe 2024, les 6 skippeuses qui prennent le large

Elles mettent les voiles pour le plus symbolique des tours du monde en solitaire et sans assistance. Elles s’appellent Isabelle Joschke, Pip Hare, Justine Mettraux, Clarisse Crémer, Violette Dorange, Samantha Davies, et le Vendée Globe leur appartient ! Ces 6 navigatrices ont bien l’intention de faire des vagues lors de cette édition 2024 qui s’élance ce dimanche 10 novembre. Nous les avons rencontrées avant qu’elles ne larguent les amarres.

Lire plus »
Camille Lecointre

Camille Lecointre : « En voile, j’aime jouer avec l’incertitude, les éléments qu’on ne maîtrise pas… »

Matelot de l’équipe de France olympique en 470, dériveur en duo, médaillée de bronze aux JO, championne d’Europe et médaille de bronze aux Championnats du monde 2019, désignée Marin de l’année 2019 par la fédé de voile avec sa coéquipière Aloïse Retornaz, Camille Lecointre navigue avec sagesse et précision…sur l’eau, mais aussi dans la vie. Comme le vent l’emporte.

Lire plus »

Recherche

Soyez ÀBLOCK!

Abonnez-vous à la newsletter

Mentions de Cookies WordPress par Real Cookie Banner