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Sandrine Jamain-Samson « Aujourd'hui, les femmes transgressent et remettent en question le système. »

Sandrine Jamain-Samson : « Aujourd'hui, les femmes transgressent et remettent en question le système. »
Elle est la spécialiste de l'histoire du vêtement sportif en France. Docteure en Sciences Sociales du Sport (STAPS), Sandrine Jamain-Samson, revient pour nous sur l’évolution de la tenue sportive des femmes et ses conséquences sur notre société. Éclairant.

Par Sophie Danger

Publié le 15 septembre 2023 à 17h15, mis à jour le 16 septembre 2023 à 16h15

Il est coutumier de faire coïncider l’évolution du vestiaire féminin avec lavènement de la pratique sportive féminine, courant des années 10, or, il y a eu, avant, des femmes qui, à leur échelle, ont-elles aussi amorcé un changement dans la tenue comme la duchesse dUzès par exemple. Est-ce parce que cette transgression reste circonscrite à un milieu aristocratique, grand bourgeois quil ne diffusera pas dans toute la population ?

Je pense que cest en effet resté conscrit à ce périmètre social. La transgression était moins problématique car on savait ces femmes capables de folies, dexcentricités. La tenue en était une parmi dautres.

Ce n’était pas vraiment problématique car qui dit femmes aristocrates, dit femmes quantitativement minoritaires. Ce n’était pas aussi choquant que cela pouvait le paraître. 

L’audacieuse Anne de Rochechouart-Mortemart, duchesse d’Uzès

Vos recherches portent sur une période plus tardive, mais est-ce que lon sait pourquoi la duchesse dUzès, réputée pour ses combats en faveur des femmes, et ses semblables nont pas fait du vêtement un enjeu d’émancipation ?  

Je pense que, pour certaines de ces femmes, le débat portait plus sur les droits civiques que sur la tenue vestimentaire. Il y a aussi le fait que cette modification vestimentaire relevait de leurs loisirs ce qui fait, et cest là une intuition, quelles ne voyaient peut-être pas lintérêt de monter au créneau pour quelque chose qui leur paraissait relever de ce domaine-là, domaine non essentiel par rapport à celui des droits civiques.

Est-ce que le fait que lon soit dans lappropriation du costume masculin et non dans ladaptation, la transformation du vestiaire féminin, peut aussi être une piste ?

Je peux vous parler, à ce propos, des femmes alpinistes sur lesquelles jai travaillé avec Cécile Ottogalli. Nous nous sommes intéressées à ces pionnières du 19e et à celles qui les ont suivies. Il se trouve quune partie dentre elles a adapté, bidouillé, trafiqué ses robes avec un système de bouton qui permettait de pouvoir les relever et les attacher dès lors quon ne les voyait plus à la longue-vue.

Elles, elles ont vraiment retouché leurs tenues vestimentaires, elles les ont adaptées. Elles lont néanmoins fait parce quelles rencontraient des contraintes telles quelles se sont posé la question de savoir comment faire pour ne pas se mettre en danger.  

En 1907, Elizabeth Hawkins-Whitshed alias Lizzie Le Blond, présidente du Ladies’ Alpine Club, pionnière de l’alpinisme.

Il y avait déjà cette idée de transgression puisquelles attendaient d’être à labri des regards ?

Complètement. Il ne fallait surtout pas transgresser alors elles faisaient en sorte de le faire lorsquelles étaient cachées

La véritable révolution, va venir de la pratique du vélo qui connait un succès foudroyant dans le dernier tiers du 19e. Cest finalement à partir de ce moment-là que lon va véritablement commencer à voir le vestiaire féminin se métamorphoser ?

Pour moi, oui. À l’époque, on parle de costume rationnel et lidée est intéressante : quel peut être le vêtement, le vestiaire, le plus adapté pour pouvoir pratiquer dans des conditions optimums ? Ce débat-là, pour moi, va effectivement vraiment émerger avec les femmes bicycletteuses

©collection Jules Beau/Gallica/Bnf

Est-ce que, cette fois, cette tendance touche toutes les classes sociales ?

Lorsque lon regarde les catalogues des grands magasins de l’époque – magasins réservés à l’élite sociale – le vélo ne fait pas partie des activités potentielles contrairement à la pratique de lautomobile, du tennis, du golf, de léquitation

Cest certainement dû au fait que le vélo va, assez rapidement, être accessible à toutes les bourses et donc devenir populaire. Et cest à partir de ce moment-là que ça va devenir problématique :les jeunes femmes vont être de plus en plus nombreuses à se lancer dans la pratique et elles vont vouloir changer de tenue car il est compliqué de rouler avec une robe qui peut se prendre dans les rayons.

Cest certainement ça qui va attirer lattention : elles vont être de plus en plus nombreuses à changer de tenue, qui plus est, pour chevaucher un vélo qui, comble du comble, les emmène hors de portée de vue ! 

La cycliste Lisette Marton, 1896 ©Wikipedia Commons

Le vélo reste néanmoins un moyen de transport avant d’être une activité sportive. Est-ce que son effet sur nos armoires se limite alors aux seuls effets nécessaires à sa pratique, comme vous l’évoquiez dans le cas des alpinistes, ou bien va-t-il modifier tout de suite la totalité de notre vestiaire ?

Non, pas tout de suite parce que la pression sociale est telle que cest très compliqué pour ces femmes. Elles changent de tenue uniquement pour le vélo. Dès lors quelles reviennent à la maison, on retrouve une tenue qui doit être distincte entre hommes et femmes. Jamais elles ne vont revendiquer le port du pantalon pour la vie de tous les jours.

La transformation en profondeur va sopérer bien plus tard. Il faudra attendre lentre-deux-guerres pour que certaines femmes osent abandonner lidée dun vêtement ouvert, que ce soit la jupe ou la robe. 

Alfonsina Strada, première femme à prendre le départ du Tour d’Italie, en 1924.

On parle, à cette époque, dune vague de « culottisme » et on dit de la femme en culotte quelle est le mal du siècle comme si ce qui était en train de sopérer était un véritable tremblement de terre

Jaime bien lidée du tremblement de terre car, oui, la société française tremble. Ces jeunes femmes font trembler la société patriarcale, elles la font trembler parce que, jusqualors, on était sur ces adages qui, aujourdhui, nous paraissent archaïques : qui culotte a, pouvoir a. À savoir : qui porte le pantalon a le pouvoir.

Ça fonctionnait comme ça or, là, on a des jeunes femmes qui sapproprient la culotte. La crainte est quelles ne commencent à revendiquer dautres choses : si elles commencent à revendiquer le pantalon, elles ne vont plus vouloir faire la cuisineCest pour cela que cest un tremblement.

Cest symptomatique dune crainte de la société patriarcale vis-à-vis dune inversion possible de lordre du genre et, en plus, dune virilisation des femmes. Elles portent la même chose que les hommes, on ne sait plus si ce sont des femmes ! Il y a des caricatures qui montrent cette crainte de landrogynie.

©Albert James Perier/Alamy

Est-ce que lexpression « avoir mauvais genre » vient de là ?

Pour ce qui est du sens, oui, très clairement. Il y a une vraie crainte. Sur une des caricatures dont je vous parle, on voit la moitié dune jeune femme, identifiée comme telle parce quelle porte une robe, et sur lautre moitié, on voit la bicycletteuse avec une culotte bloomer, les cheveux attachés en chignon, surmontée dun point dinterrogation : Cest un homme ou une femme ? Cette question de mauvais genre, même si lexpression nexiste pas à l’époque, est particulièrement vive.

On franchit un nouveau cap avec la diffusion de la pratique sportive au cours des années 10. Les femmes ne se contentent plus dactivités aristocratiques mais jouent au foot, font de lathlétisme, du basket, pratiquent la baretteAutre nouveauté, certaines dentre elles cherchent la performance. Il leur faut un costume adapté et elles commencent à raccourcir les vêtements, les cheveux. Est-ce que, selon vous, cest véritablement le sport qui a précipité ce bouleversement ?

Oui, je pense. Ceci étant, cest un ensemble. La révolution vestimentaire est aussi liée à l’émergence de la garçonne, même si les garçonnes n’étaient pas si nombreuses que ça à transgresser en portant le pantalon.

Quoi quil en soit, le simple fait de se couper les cheveux et de porter des jupes courtes étaient déjà hyper transgressif. Si en plus, elles se mettent à porter le pantalon comme Violette Gouraud-Morris, lune des sportives les connues de l’époque

Ce qui est incontestable, cest quon assiste a une évolution vis-à-vis des normes de pudeur.

Violette Gouraud-Morris

En quoi la pratique du sport est-elle un déclencheur ?

La bascule du mouvement sportif vers une logique de performance existait avant mais cette notion de performance était plutôt réservée à l’élite sociale. Dans les années 10, on assiste à une première démocratisation de la pratique sportive à vocation de performance. Cest ça qui va faire que lon va avoir besoin dun vêtement plus efficace, plus rationnel en tout cas pour les hommes car on ne sest pas posé la question de savoir comment les femmes allaient pouvoir faire.

Il est là le problème et il explique pourquoi les femmes qui vont faire du football, du rugby, de lathlétisme vont shabiller de la même façon que les hommes : rien ne leur est proposé parce quon ne les attendait pas là. On les attendait ailleurs.

Autant, dans les catalogues, on trouve mention de vêtements conçus spécialement pour les femmes qui pratiquent le tennis, la natation mais celles qui font du rugby, des sports de tradition plutôt masculine, on se demande où elles vont shabiller ? Et bien elles vont littéralement emprunter le vestiaire des hommes car rien nest fait pour elles.

©Gallica/BnF

Il y a toujours cette distinction de classes. Les femmes qui pratiquent des loisirs aristocratiques comme le tennis, la voileont accès à un vestiaire dédié conçu par les grands couturiers de l’époque comme Jean Patou, Gabrielle Chanel. Les athlètes du stade, elles, sont contraintes de piocher chez le père, le frère ou le mari.

Cest exactement ça. Quand on parle des grands couturiers, cela sous-entend quune grande partie de la population est laissée de côté, seules les classes les plus aisées peuvent se permettre de se faire habiller par les plus grands couturiers de l’époque. Ce nest pas nimporte qui et ce ne sont pas nimporte quelles activités non plus. On reste sur des activités élitistes. Le tennis en fait partie avec lincontournable Suzanne Lenglen. Il y a aussi les sports dhiver. 

Suzanne Lenglen

On a la sensation qu’à partir de cette époque, le corps devient enfin un enjeu pour les femmes, du moins les sportives, qui veulent pouvoir disposer librement du leur quand elles se dépensent

Sur la période des années 20-30, je nai pas beaucoup de traces de revendications de la part de ces femmes. Il ny a pas de discours vindicatif de sportive qui dit : « Cest bon, maintenant on fait comme on lentend, on va shabiller comme on le souhaite ». Jai, en revanche, des discours inverses.

Dans les années 20 par exemple, on retrouve dans lAuto, lancêtre de l’Équipe, tout un débat, en Une, autour dun costume féminin sportif. Ce costume ressemble à un costume d’écolière avec un petit chemisier de couleur claire, un petit foulard à nouer autour du cou, une jupette et des socquettes qui montent relativement haut pour ne pas dévoiler trop de peau.

Autant les revendications féminines sont rares – ou je ne les ai pas vues – autant, chez les hommes, il y a une inquiétude par rapport au fait que les femmes empruntent leur vestiaire d cette idée de généraliser un costume qui puisse aller à toutes et les faire rentrer dans le droit chemin avec une jupette. 

L’équipe de rugby de Fémina Sport en 1923

On ne se rend pas toujours compte du courage de ces sportives qui contreviennent non seulement aux principes moraux mais aussi à la loi. Il existe une ordonnance de la Préfecture de police de Paris datée de 1800 qui interdit par exemple aux femmes le port de vêtements de lautre sexe. 

Clairement. C’était interdit sauf, je crois, pour le carnaval et certaines professions particulières qui nécessitaient le port du pantalon. Effectivement, ces femmes étaient transgressives. Elles sont allées à lencontre de.

Cest ce que disait Laurence Prudhomme-Poncet qui a travaillé sur lhistoire des joueuses de foot : elles sont des féministes en action. Cela signifie qu’à aucun moment elles nont cherché à revendiquer des droits. Pour la très grande majorité, lidée était de se faire discrète pour pouvoir pratiquer mais, le simple fait de transgresser les règles était un féminisme en acte.

Ce mouvement coïncide avec les premiers mouvements féministes qui militent pour le droit de vote mais à qui le sport échappe

Oui, parce que ce n’était pas important. 

Vous évoquiez Violette Gouraud-Morris. Elle a intenté un procès à la Fédération française sportive féminine (FFSF) qui lavait exclue pour mauvaise tenue. Cela signifie que même, dans le clan des femmes sportives, le mot dordre était de ne pas pousser le curseur trop loin

Exactement. Le procès de Violette Gouraud-Morris est, en effet, à ce titre, particulièrement révélateur. Il y avait deux conceptions, deux façons de voir la pratique du sport pour les femmes de la part des hommes mais aussi des femmes elles-mêmes.

Certaines revendiquaient le fait de pouvoir pratiquer comme les hommes et au même titre que les hommes. Violette Gouraud-Morris sinscrit dans ce courant-là, le courant défendu par Alice Milliat, un courant qui aspire à la performance. Lautre courant défendait le fait de pouvoir pratiquer mais, dans la limite de ce que peut faire une femme : on reste sur des pratiques modérées qui mettent en avant la grâce, l’élégance, la souplesse. Ce sont des principes défendus, notamment, par les fédérations de gymnastique.

Alice Milliat

Pourquoi Violette Gouraud-Morris va-t-elle se faire exclure dune fédération qui prône l’égalité ?

La Fédération va utiliser sa tenue vestimentaire – elle portait le pantalon tout le temps – probablement comme un prétexte car elle avait aussi des mœurs qui dérangeaient. Ça a été un prétexte mais cest révélateur. Elle a été exclue alors quelle était une des meilleures poly-athlète du pays, reconnue sur la scène internationale et pas uniquement française.

On voit que ce nest pas que la performance qui compte, il y a la pression sociale qui fait quune femme doit rester une femme et, dès lors quelle contrevient à cela, cela pose problème

Violette Morris

Au sortir de la seconde guerre mondiale, la pratique sportive féminine va connaître un fort recul avant de réapparaître durant les années 50-60, période durant laquelle les femmes revendiquent, de nouveau, le droit de faire du foot, du rugbyIl va néanmoins falloir encore attendre pour quelles puissent bénéficier de tenues conçues spécialement pour elles.

Oui, les femmes vont être oubliées. Là aussi cest révélateur de la place des femmes dans le monde du sport et de ce que lon attend delles. On ne les attend pas là, on les attend ailleurs.

Pour moi, la bascule, ce sont les années 70 à un détail près. Ce qui va changer pendant ces années-là, ce sont les hypermarchés sportifs qui vont rendre accessibles, financièrement, des tenues et pour les hommes et pour les femmes, mais qui, pour autant, ne concernent pas l’élite sportive. Ça concerne monsieur et madame tout le monde, à savoir des pratiquants qui nentrent pas forcément dans une logique de performance et encore moins élitiste au sens sportif ou sportive de haut-niveau.

La première femme à s’être alignée au départ du marathon de New-York, Raymonde Cornou

On retrouve malgré tout, encore et toujours, cette dichotomie entre les sports dits féminins, comme le patinage artistique par exemple, pour lesquels le corps de la femme est montré, valorisé, parfois à outrance, et les sports dits masculins avec une volonté de cacher ce même corps.On retrouve aussi cette ambivalence : ces tenues permettent de se rincer lœil même si les femmes qui les portent contreviennent à la morale. 

Cest dautant plus difficile à vivre que lactivité sportive, dans les années 60, est encore plus médiatisée et plus les activités sont médiatisées, plus le corps des femmes se dénude. On prend le contre-pied de la Belle Époque où il ne fallait surtout pas montrer le corps des femmes. Là, on continue de raccourcir.

Le tennis est révélateur de cela : les femmes jouent en mini-jupes. Il y a des joueuses connues pour ça, comme Françoise Dürr. Dautres sont même connues pour leurs tenues et non leurs performances, cest le cas dune certaine Gussie Moran que lon attendait pour ses culottes à dentelle.

En athlétisme aussi les tenues raccourcissent. Certes nous nen sommes pas à ces tenues que lon connaîtra au 21e siècle, mais elles sont de plus en plus courtes, ce qui nest pas le cas de certaines activités comme le ski qui reste un peu à part.

Françoise Dürr

Pourquoi ?

En ski, ce qui est prédominant, cest la performance. Cest ça qui compte et ce, que lon soit un homme ou une femme. Cest pour cela que les femmes vont avoir la possibilité de porter des combinaisons au même titre que les hommes. Il va y avoir une neutralisation du sexe.

Quand on voit les photos de l’époque, on ne sait pas si cest un homme ou une femme qui est sous la combinaison. La dimension genre disparaît parce quil ny a pas plus de raisons de faire un marquage sexuel.

La championne de ski française Marielle Goitschel, dans les années 60

Le climat ne joue pas dans cette abolition de la dimension genrée du vêtement ? 

Si mais, malgré tout, le constat que lon peut faire sur cette période est que le ski est hors norme. Est-ce que cest uniquement à cause de la question du froid ? Ça na pas empêché les skieuses du début du siècle ou dans les années 20-30 de pratiquer en jupe et chaussettes de laine.

Il y a vraiment quelque chose qui se passe dans les années 60-70. Il y a, en plus, une vraie volonté politique de prestige sur la scène internationale, ce qui fait que certaines choses sont boostées.

Les activités très médiatisées et pour lesquelles les conditions climatiques particulières nentrent pas en compte, raccourcissent les tenues des femmes et les raccourcissent même de plus en plus. 

À partir de quand les équipementiers vont commencer à sintéresser précisément à ce public féminin ?

Je pense quil est difficile, là aussi, de généraliser mais, quoi quil en soit, la natation et le tennis se sont les premiers intéressés à ce public-là.

Il reste néanmoins compliqué de parler d’équipementier car cest la haute couture qui sen est emparé, la haute couture et les équipementiers historiques, à savoir les Britanniques qui se sont implantés sur le sol français et ont proposé, demblée, des équipements pour les hommes et des tenues différentes pour les femmes.

Pour ce qui est de l’équipementier au sens performance, je pense que ce nest pas avant les années 80 et encore, ça n’évoluera pas au même rythme selon les activités. 

L’élégante joueuse de tennis française Simonne Mathieu dans les années 30

Il semble que lon assiste, depuis quelques années, à une nouvelle bascule. Les femmes ont lutté pour pouvoir découvrir leurs corps à des fins de pratique, elles luttent désormais pour pouvoir le recouvrir. Est-ce que vous sentez que nous sommes à laube dune nouvelle révolution vestimentaire ?

Je reste alerte sur ce sujet car jai limpression que quelque chose bouge. Pour moi, cest lune des premières fois où il y a des revendications dathlètes – et qui plus est dathlètes de haut niveau – qui remettent en question un règlement sportif alors que jusqu’à maintenant, les femmes lont toujours subi.

Les femmes sont restées silencieuses, elles ont parfois transgressé mais sans revendiquer, là, elles transgressent, expliquent pourquoi et remettent en question le système. Pour moi, cest véritablement nouveau.

Est-ce que ce sont les nouvelles générations qui sont plus sensibilisées aux questions des discriminations, des situations dinégalités ? Je ne sais pas, mais je pense quil y a une porte qui est en train de souvrir.

©Shutterstock

Elle va nous mener où ? Est-ce que ce rapport au corps qui se dessine, un corps multiple et non modelé par la norme, nest finalement pas quune illusion de façade ce qui sous-entendrait que, quoi quelles fassent, les femmes ne pourront jamais disposer de leur corps comme elles lentendent ?

Je pense que ce sera difficile daller au-delà de la surface sil ny a pas de changements en profondeur cest-à-dire, si linstitution sportive ne parvient pas à se féminiser à savoir faire rentrer plus de femmes ou des personnes sensibles aux problématiques des femmes.

Et ces problématiques sont nombreuses : le fait de ne pas vouloir montrer son nombril quand on fait de lathlétisme, celles des règles et de la question des shorts blancs

Tant quil ny a pas des personnes sensibles à ces sujets qui se posent la question de savoir si nos tenues sont pratiques, faciles à enfiler, confortableset qui disent : « Attention, il faut autoriser, on a le droit de… » on va rester en surface.  

Ouverture ©Angelina Litvin/Unsplash

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