Dans l’histoire de l’émancipation des femmes, le vélo tient une place toute particulière. Le tout premier « club » de femmes à voir le jour en 1892 était un club de vélo : le « Coventry Lady Cyclists ». Qui a très vite connaît le succès et a donné naissance à nombre clubs de cyclisme dans le monde. Autant dire que dans l’univers du cyclisme, les pionnières ne manquent pas !
Les deux suffragettes américaines Amélia Bloomer et Elizabeth Stanton, par exemple, ont inventé le bloomer pour libérer les femmes de leurs jupons et corset. Cette espèce de culotte bouffante deviendra dès la fin du XIXe siècle, le costume officiel des clubs de cyclisme féminin.
©Manchester Cycle Club, 1895
En 1895, c’est en bloomer justement qu’Annie Cohen Kopchovsky dite Annie Londonberry enfourche son vélo et s’élance depuis Boston, aux États-Unis, sur sa bicyclette Columbia pour un périple de quinze mois.
Elle est la première femme à faire le tour du monde à vélo. Elle se serait lancée dans cette aventure à la suite d’un pari, pour prouver que les femmes valent tout autant que les hommes.
Annie Londonderry en 1895…
En Europe, impossible de ne pas parler de la Française Marie Amélie Le Gall, connue aussi sous les noms de Lisette de Quintin, Mademoiselle Lisette ou Lisette Marton. Considérée comme la championne du monde féminine de la discipline en 1896, la Bretonne deviendra la coqueluche du public qui s’amassera sur les routes à chacun de ses coups de pédale.
Une championne qui refusait de porter des robes et qui, en rencontrant un jeune ingénieur suisse féru de vélo, épousera à la fois l’homme et sa passion.
Marie Amélie Le Gall alias Lisette Marton, en 1896… ©Wikipedia Commons
Impossible également de ne pas parler de la cycliste professionnelle italienne Alfonsina Strada. Dès 1904, alors qu’elle n’a que 13 ans, elle participe à des compétitions nationales mixtes ou 100 % féminines. En 1924, elle devient la seule femme à avoir « officiellement » participé au Tour d’Italie sous le nom… d’Alfonsin !
Autre coureuse audacieuse : la Française Marie Marvingt. Après s’être vu refuser l’inscription au Tour de France, la cycliste s’élancera malgré tout, seule derrière le peloton masculin…
Alfonsina Strada, la diablesse en jupons…
Il faut attendre les années 50 pour que le cyclisme féminin commence enfin à être pris au sérieux. Les premiers Championnats du monde, sur route et sur piste, sont organisés en 1958. Coïncidence ou signe du destin, c’est cette année-là que naît Jeannie Longo.
Elle est une des premières femmes à avoir attiré l’attention des médias français sur le cyclisme professionnel féminin. Il faut dire que son palmarès est exceptionnel : 59 titres nationaux, 13 titres de championne du monde et un titre olympique !
Jeannie Longo…©Ludovic/DR
Cent-vingt-neuf ans après la création du « Coventry Lady Cyclists », le cyclisme féminin continue de pédaler vers la lumière… Le 2 octobre dernier, pour la première fois de l’histoire du vélo, des coureuses ont participé à la mythique course Paris-Roubaix. Une course qui reviendra pour sa deuxième édition le 16 avril prochain.
Et de donner le la à la version féminine du Tour de France. Créée en 1984 puis stoppée en 2009, il prendra de nouveau la route en juillet. Ça roule, donc, pour le cyclisme féminin qui mouille le maillot pour mettre en lumière la place des femmes dans le sport. En selle !
Ouverture ©Collection Jules Beau Photographie sportive Gallica/Bnf
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