Adepte de la glisse depuis sa plus tendre enfance – elle naît le 31 octobre 1958 à Annecy et est élevée à Saint-Gervais-les-Bains au pays du Mont-Blanc, de quoi déjà tutoyer les sommets ! – la petite Jeannie excelle d’abord en ski alpin, intégrant même l’équipe de France universitaire, avant d’empoigner le guidon.
Qu’est-ce qui la décide à prendre ce virage ? « Je suis presque venue au vélo par accident. Je m’entraînais à vélo l’été, mais j’étais d’abord skieuse. Et un jour, on m’a conseillé de prendre une licence de cyclisme pour voir ce que ça donnerait », expliquait-elle à la télévision, en 2000.
Et on a eu raison : à ce jour, « Terminator » comme on la surnomme, reste inégalée dans le cyclisme et le sport féminin français avec 59 titres de championne de France – toutes disciplines confondues -, 13 titres de championne du monde, 38 records du monde, trois Tours de France féminin remportés et une victoire olympique.
Un palmarès unique pour une sportive au tempérament unique, à jamais populaire auprès des Français qui aiment son authenticité.
En 2011, Jeannie Longo était la sportive favorite des Français dans le journal L’Équipe – et ce, malgré les affaires de dopage.
Reine de… la petite reine
Jeannie Longo a 20 ans, en 1978, quand elle décide d’enfourcher pour de bon le vélo en compétition. Aussitôt dit, aussitôt fait, un an après, la voilà championne de France sur route !
Et l’exploit en série se perpétue jusqu’en 1989, date à laquelle elle décide de raccrocher le guidon : onze titres de championnes de France en tout.
Autres sésames à son palmarès : quatre titres de championne du monde sur piste de 1985 à 1989, trois maillots jaunes de 1987 à 1989, et elle s’empare du record de l’heure en 1986. Rien n’arrête ce petit bout de femme increvable de 47 kilos et 1,63 m.
Après un break de deux ans – pendant lequel elle espérait notamment avoir un enfant avec son entraîneur de mari, Patrice Ciprelli – Jeannie Longo repart sur les chapeaux de roues, désireuse de remporter un titre olympique aux JO de Barcelone, en 1992.
La coureuse y parviendra en 1996 lors des JO d’Atlanta. Jacques Chirac la félicitera par téléphone. Elle a beau avoir 37 ans et être déjà surnommée « La vieille », c’est un monument, la Longo !
Quelques années auparavant, en 1991, elle avait remporté la très prestigieuse course du Women’s Challenge aux États-Unis.
Véritable phénomène, Jeannie Longo fera parler d’elle – et de son sport – dans les médias : une sacrée belle pub pour le cyclisme féminin qui n’intéresse pas grand monde alors !
À l’aube de l’an 2000, les lecteurs du Parisien la classent dans les vingt personnalités ayant marqué le XXe siècle, aux côtés de Jean-Paul II, Marilyn Monroe ou encore John Kennedy !
Lire aussi : VTT, le cyclisme féminin prend le bon virage
C’est à 53 ans, en 2011, que Jeannie Longo décroche sa dernière médaille majeure en tant que championne de France du contre-la-montre, quatrième première place depuis 2008.
Une carrière en or à la longévité incroyable. Sans oublier ses sept participations (et quatre médailles) aux Jeux Olympiques.
Des soupçons de dopage qui ne la font pas tomber du vélo
Déraillement difficile pour Jeannie Longo en 2011. Elle est suspectée de dopage après avoir manqué par trois fois à ses obligations de localisation dans le cadre de la lutte anti-dopage. « Ça a sali ma carrière. Même si au niveau du grand public, je constate quotidiennement que cela n’a pas entaché mon image ».
Elle est finalement « relaxée de toute poursuite disciplinaire » par la Fédération Française de Cyclisme, mais les soupçons repartent de plus belle lorsque son mari, suspecté en 2011, est finalement condamné à un an de prison avec sursis pour importation frauduleuse d’EPO.
Et Jeannie Longo de se défendre dans les colonnes du Parisien en 2018 : « J’aurais préféré avoir plus de solidarité dans le milieu du cyclisme. Car si on veut être objectif, on voit très bien que ma carrière est parfaitement saine et cohérente. Quarante ans de carrière, ça ne s’invente pas quand même… »
Une ombre au tableau glorieux de la « Mamie Jannie » préférée des Français et qui continue malgré tout d’inspirer les jeunes championnes.
Lire aussi : Cyclisme, 5 championnes qui tiennent la route
Une force de la nature
Si Jeannie Longo envoie du lourd sur un vélo, à terre, elle ne se laisse pas faire non plus. C’est une fonceuse qui n’a pas sa langue dans sa poche : « Elle n’est pas toujours très diplomate. Elle engueulait tout le monde », expliquait dans Le Monde l’ancien directeur technique national Lucien Bailly.
Elle a des difficultés avec la Fédération Française de Cyclisme en 1991 car elle refuse d’utiliser les pédales de la marque qui fournit la FFC. Elle se voit alors interdire les championnats du monde de Stuttgart. Elle se bat et gagne en justice. On ne la lui fait pas à la reine Longo !
Comme toutes les légendes, elle est un peu à part, s’entraîne différemment, vit différemment. Son moteur depuis toujours, c’est son mari et entraîneur, Patrice Ciprelli.
Il est son manager, son mentor, son équipe à elle. Ils ont leurs propres méthodes et ne se mélangent pas au gros du peloton. Un comportement qui crée nécessairement de l’incompréhension et des jalousies, surtout quand le résultat est là. Ceci peut expliquer cela.
Sa force de la nature ? Sa longévité ? Elle la doit, dit-elle, à son régime alimentaire ultra-sain et à son hygiène de vie irréprochable, quasi solitaire dans ses montagnes – un chalet sur les hauteurs de Grenoble – entourée de ses chats, de ses moutons, de ses chèvres et de son âne : « Je suis totalement bio ! Mon corps ne supporte pas la chimie, pas plus que le parfum ou la lessive. Je ne mange que du frais que je passe un temps fou à cuisiner, et quelques compléments alimentaires. Je suis capable d’efforts intenses, je sais gérer mon corps et emballer mon cœur ! Et je m’entraîne toute l’année, même en plein hiver quand d’autres se bronzent au soleil des tropiques ! »
Toujours ÀBLOCK! à bientôt 62 ans, elle ne change pas de braquet, fonçant et continuant de gagner en circuit amateur. Rien ni personne ne pourrait l’empêcher de pédaler.