La Bretagne a vu naître bon nombre de cyclistes, masculins comme féminins. Cette année neuf Bretonnes arpentent les routes de la Grande Boucle, parmi elles, Coralie Demay.
Le 10 octobre 1992, elle pointe le bout de son nez et, haute comme trois pommes, découvre le vélo grâce à ses frères. Son père est militaire et par essence nomade. Lorsque la famille déménage au Togo, en Afrique, la Morbihannaise délaisse quelques temps le vélo pour mieux pratiquer d’autres sports comme le judo, la gymnastique et surtout l’équitation.
Mais la jeune Coralie rêve de remonter en selle et, adolescente, lorsqu’elle revient dans l’Hexagone, elle ressort ce bon vieux vélo du placard pour prendre sa première licence au Véloce Vannetais. Pour l’Elvinoise, le cyclisme n’était alors qu’un passe-temps, elle est loin de s’imaginer y faire carrière. Pourtant, à 18 ans, elle intègre le pôle espoir de Lorient. Dans ce milieu exclusivement masculin, Coralie Demay doit se dépasser pour « survivre ».
Cette expérience lorientaise lui apprend à se concentrer sur ses performances et à exceller. Un apprentissage qui lui est bien utile dès l’année suivante, en 2011, lorsqu’elle commence les compétitions. Un début de carrière classique sur route, mais la Française se spécialise dans un tout autre domaine, le cyclisme sur piste.
Le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle va très rapidement s’exprimer dans cette discipline. En 2012, Coralie Demay est championne de France par équipe accompagnée d’une certaine Aude Biannic, de Laudine Génée et de Coralie Sero. Puis, en 2013, elle décroche le titre de championne de France de la course aux points, son premier succès individuel.
L’apothéose survient quelques années plus tard, en 2017, dans ces mêmes championnats de France, lorsque sur six épreuves disputées, elle en remporte cinq : la poursuite, la poursuite par équipe, la course aux points, le scratch et l’omnium. Seule épreuve qui lui échappe, l’américaine, et de peu puisqu’elle finit deuxième. Un braquage à la française. Au total, sur toute sa carrière, Coralie Demay comptabilise treize titres de championne de France.
Là où la coureuse se démarque, c’est assurément dans sa polyvalence. Entre piste et route, elle a toujours tenu à pratiquer les deux pour son équilibre personnel, comme elle le dit à Velo101 : « Je ne me vois pas faire l’un sans l’autre, ces deux disciplines m’apportent beaucoup et sont complémentaires dans ma progression ».
Mais alors sur route, qu’est-ce qu’elle donne la Bretonne ? Son parcours est moins victorieux que sur piste mais semble prendre un tournant intéressant ces dernières années. En 2022, elle participe à son premier grand Tour, qui plus est à domicile puisqu’elle est alignée avec son équipe St Michel-Mavic-Auber 93 sur le Tour de France qu’elle finit à la vingt-quatrième position. Une performance solide qui pousse sa formation à lui faire confiance et à la sélectionner pour la Vuelta de cette année où elle décroche la trente-et-unième place.
Mais l’évènement de l’année pour la Morbihannaise, c’est bien le Tour de France 2e édition, sur lequel elle est alignée en tant que leader de son équipe, ce qui la galvanise : « J’ai envie de leur montrer qu’ils ont eu raison de me faire confiance […] Je suis prête à me battre », confiait-elle à DirectVelo.
À la moitié du parcours, Coralie Demay pointe à la cinquante-huitième place. Loin de ses objectifs pour l’instant, mais l’espoir est permis, il reste quelques étapes dont la septième dans le col du Tourmalet où elle bénéficiera de l’aide de toute son équipe pour la mener au bout, ainsi qu’un contre-la-montre le dernier jour.
Un combat contre elle-même pour espérer marquer les esprits et continuer sur sa belle lancée.