Clémence Simon : « Quand tu crois que tu peux rivaliser en surf avec Johanne Defay… »

Johanne Defay
Entre deux séances de CrossFit, je me suis essayée au surf. Et clairement, je ne m’attendais pas à ça… Et pourtant, à 12 ans, je cumulais un abonnement au magazine Surf Session et une fausse dent de requin achetée sur le marché...

Par Clémence Simon, crossfiteuse et fière de l’être*

Publié le 07 mai 2023 à 11h14, mis à jour le 24 mai 2023 à 14h00

Ce n’est pas parce que tu grandis entre des torches de raffineries et des élevages bovins que tu n’as pas le droit de te passionner pour le surf. Aussi, du haut de mes 12 ans, je cumulais un abonnement au magazine Surf Session et une fausse dent de requin achetée sur le marché.

Pour ce qui est de tenter un cut-back, j’étais franchement loin du compte puisque mon expérience se limitait à un pseudo-cours lors d’une colonie de vacances, l’été de mes 15 ans. On aurait pu en rester là si je n’avais pas été invitée à venir assister à une compétition de CrossFit. Le lien ? L’événement étant organisé dans les Landes, impossible de ne pas passer par la case « cours de Surf ».

Sûre de ma condition physique, taillée à coups de burpees et autres thrusters à raison de cinq séances par semaine, je suis plutôt sereine concernant ma capacité à convoquer la Johanne Defay qui est en moi. Malheureusement, ma planche Ouija s’avère être du toc.

D’abord, premier obstacle : il faut que je me faxe dans une combinaison. C’est comme ça que je me retrouve, les pieds dans le sable, à tenter un savoureux mélange entre danse de l’été sous LSD et gesticulations d’une larve qui suçote des fils électriques. En soi, l’exercice constitue déjà une sorte d’échauffement…

Anne, prof d’EPS et surfeuse témoigne sur ÀBLOCK!

Le warm-up, le vrai, nous mène au bord de l’eau. C’est parti pour un peu de mobilité articulaire, puis l’apprentissage du take-off, c’est-à-dire, l’art de se lever sur la planche. Évidemment, sur le sable, les gestes ne sont pas sans évoquer des postures de yoga. Mais je ne me fais aucune illusion : les vagues des Landes vont foutre en l’air mes chakras.

Place à l’épreuve du feu – ou plutôt de l’eau. Pierre, notre prof, nous rassure : nous allons rester sur le bord, là où nous avons pied et prendre des mousses. Quelques minutes passent, le groupe s’éloigne et me voilà un peu isolée. Là, Pierre s’inquiète : « Tu as peur des vagues ? » Non, je suis juste la seule à avoir arrêté ma croissance à l’âge de 11 ans. Aller plus loin, c’est tenter un remake du Grand Bleu.

Au-delà de ce problème de taille – littéralement – Pierre nous aide à nous lancer, afin que nous tentions de nous redresser sur la planche. Ce que j’imaginais être une chevauchée héroïque se transforme en imitation d’un crapaud sur une boîte d’allumettes.

Engoncée dans ma combinaison, peu sûre de moi, j’ai l’impression que les ordres émis par mon cerveau ne sont pas diffusés à l’ensemble de mon corps. Telle une possédée, je tape des burpees sur ma planche. Et qu’importe si cela n’a pas grand-chose à voir avec ce que Pierre nous a appris. Je recommence encore et encore, m’obstinant, en vain. Les autres élèves parviennent à se lever. Moi, je finis dans l’eau, tête la première.

Bref, ma session de surf flirte avec le snorkeling. Frustrée, je m’agace. Jamais quatre-vingt-dix minutes ne m’ont semblé aussi longues. Évidemment, je suis trop impatiente, ça ne date pas d’hier.

L’ex-gymnaste et aujourd’hui surfeuse Lauriane Lamperim

Enfant, alors que je débutais l’équitation, je m’imaginais grimper sur le cheval et, deux heures plus, faire du saut d’obstacles. Certes, je n’ai plus 6 ans. Mais la patience n’est pas ma qualité première. Surtout quand, insidieusement, je me répète que je suis en forme que j’ai la condition physique pour y arriver. La condition physique, peut-être, mais pas l’état d’esprit.

Cette première session, je l’ai presque abordée comme une qualification aux JO. L’enjeu ? Réussir à me mettre debout sur ma planche. À tout prix. J’ai juste oublié l’essentiel : m’amuser. Je ne suis en compétition avec personne – hormis moi-même (et encore !), ce sont les vacances, et Rome ne s’est pas faite en un jour.

Le cours suivant, je mets mes attentes en pause : ne suis-je pas là pour profiter ? Juste profiter. Résultat ? J’ai tellement d’eau dans le nez que je suis exempte de Sterimar pendant neuf mois ! Mais le cours, contre toute attente, prend une dimension bien plus agréable. À la troisième session, j’ai l’impression de pouvoir, enfin, me laisser porter – à tous les sens du terme.

Depuis, chaque séjour dans la région est l’occasion de m’améliorer. Je ne suis toujours pas Johanne Defay et je m’en fous.

*Clémence Simon est journaliste et grande sportive. Adepte de CrossFit, elle a créé un blog sur sa passion pour cette discipline exigeante, I hate Wall balls (La Belle et la Bête).

Soutenez ÀBLOCK!

Aidez-nous à faire bouger les lignes !

ÀBLOCK! est un média indépendant qui, depuis plus d’1 an, met les femmes dans les starting-blocks. Pour pouvoir continuer à produire un journalisme de qualité, inédit et généreux, il a besoin de soutien financier.

Pour nous laisser le temps de grandir, votre aide est précieuse. Un don, même petit, c’est faire partie du game, comme on dit.

Soyons ÀBLOCK! ensemble ! 🙏

Abonnez-vous à la newsletter mensuelle

Vous aimerez aussi…

Julie Allemand

Basket : ces Européennes qui s’offrent les States

Assistons-nous enfin à l’éclosion des joueuses européennes aux États-Unis, territoire si prisé du basket mondial ? Dans le championnat américain de basketball féminin, la WNBA, elles sont de plus en plus nombreuses à tenter le coup. Et à y parvenir. Pourquoi ? Comment ? Explications.

Lire plus »
Mélina Robert-Michon

Le questionnaire sportif de…Mélina Robert-Michon

Elle est l’athlète française qui a décroché le plus de titres nationaux. Le 21 février dernier, Mélina Robert-Michon, bluffante lanceuse de disque, a établi la meilleure performance mondiale de l’année avec 63,43 mètres aux championnats de France hivernaux de lancers longs. La vice-Championne olympique en titre et 34 fois Championne de France ne compte pas s’arrêter là. Elle sera à Tokyo en juillet. En attendant, elle répond à notre petit questionnaire vite fait, mais bien fait !

Lire plus »
Tjiki : "Je veux qu’on arrête de dire que la femme musclée n’a pas sa place dans notre société."

Tjiki : « Je veux qu’on arrête de dire que la femme musclée n’a pas sa place dans notre société. »

Elle s’est illustrée en athlétisme, en rugby aussi. Mais la discipline qui lui a apporté la consécration, c’est le body fitness. Après des années de pratique au haut niveau, Tjiki continue de chasser les titres avec une ambition : casser les codes et pulvériser les stéréotypes physiques qui emprisonnent les femmes. Rencontre avec une cover girl qui ne se cache pas derrière ses muscles.

Lire plus »
Camille : « Le sport outdoor me permet de revenir à l'essentiel.»

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

Une Question qui tue pour la fin de séance, le parfait alliage entre sport et bronzage, une fan du sport outdoor (Camille sur notre photo) et une gymnaste qui a l’Europe dans la peau, c’est le meilleur d’ÀBLOCK! de la semaine. Bon récap !

Lire plus »
Euro féminin 2022, les Bleues under pressure

Euro féminin 2022, les Bleues under pressure

L’Angleterre accueille l’Euro féminin dès ce 6 juillet et pour plus de trois semaines de rencontres à haut niveau. Alors que les seize nations qualifiées ont terminé leur préparation, la pression monte petit à petit. L’équipe de France compte bien faire taire les critiques et briller sur la scène anglaise. Petit récap’ de la compet’ avant le coup d’envoi.

Lire plus »
Retour en haut de page

Recherche

Soyez ÀBLOCK!

Abonnez-vous à la newsletter

WordPress Cookie Notice by Real Cookie Banner