Oïana Trillo : « Le sauvetage côtier, c'est dépassement de soi et sensations fortes ! »Étudiante en école d'ingénieur, sauveteuse côtière, 19 ans

Oïana Trillo : « Le sauvetage côtier, c'est dépassement de soi et sensations fortes ! »
À l'âge de 8 ans, elle est entrée dans la vague. Aujourd'hui, à 19 ans, Oïana Trillo voue une passion sportive au sauvetage côtier. En équipe de France ou au pôle sport de Montpellier, elle fait figure d'espoir de la discipline. Témoignage d'une fille qui se sent comme un poisson dans l'eau.

Propos recueillis par Alexandre Hozé

Publié le 14 février 2023 à 12h50, mis à jour le 15 février 2023 à 11h25

« Je fais de la piscine depuis toute petite, j’ai commencé en bébé nageur ! C’était important pour mes parents que je sache nager, que je n’ai pas peur de l’eau. Donc j’ai fait de la natation en club, et c’est par pur hasard que je me suis mise au sauvetage côtier. J’ai toujours été à l’aise dans l’eau et, un jour, mon entraîneur m’a conseillé d’essayer. J’avais 8 ans et je n’ai plus arrêté ! 

Je n’en avais jamais entendu parler avant, mais ça a tout de suite été le coup de foudre ! Faire du sport à la plage, dans les vagues, ça m’a plu. Et puis le sauvetage côtier mêle endurance, dépassement de soi et sensations fortes, j’ai encore plus accroché !

©Oïana Trillo

Dans cette discipline, il y a des compétitions dès l’âge de 6 ans. Je me suis inscrite et, très vite, j’ai eu de bons résultats sans trop me prendre la tête. Je gagnais certaines courses, donc mon entraîneur n’a pas hésité à me surclasser en catégorie benjamine. Là, je multipliais toujours les bons résultats ! Au fur et à mesure des compét’, j’ai vu que ça marchait très bien, je me suis alors investie à fond avec pour objectif l’équipe de France. 

Au collège, je m’entraînais le soir. Mais, à cette période, je faisais surtout de la natation, je n’avais que deux sessions par semaine en mer pour le sauvetage. Ensuite, lorsque j’ai intégré la section sport au lycée, j’ai pu m’entraîner deux fois par jour, j’ai aussi commencé la musculation et j’avais un peu plus de sessions de sauvetage. 

Aujourd’hui, je fais partie du pôle sport de Montpellier. Ça veut dire beaucoup d’horaires d’entraînements, trois entraîneurs qui ont chacun leur spécialité. Natation, nage avec palmes, sauvetage côtier… chaque coach apporte son savoir-faire, le tout forme une réelle harmonie.

©Oïana Trillo

Le seul endroit où on peut vivre du sauvetage côtier en tant que sport, c’est l’Australie. En France, c’est impossible ! Peu importe car, pour moi, le sauvetage reste avant tout une passion, je ne veux pas en faire mon métier.

En ce moment, je suis en école d’ingénieur pour devenir ingénieur en biologie, donc rien à voir ! Je veux continuer ce sport pour me faire plaisir, mais je ne veux pas faire que ça. Certains partent en Australie pour pouvoir vivre du sauvetage, mais moi je me suis toujours concentrée sur les études avant tout. L’Australie, on verra plus tard. Pour y effectuer quelques stages, pourquoi pas…

Le sauvetage côtier est peu médiatisé, mais on observe quand même une grosse augmentation du nombre d’adhérents en France ces dernières années. Ceci dit, pour rendre la discipline plus visible, ça doit forcément passer par la couverture de compét’ par des médias, par des chaînes de télévision par exemple. Ce serait super, surtout que des courses de sauvetage côtier, c’est impressionnant à voir !

©Oïana Trillo

Cette médiatisation doit aussi venir de la discipline elle-même, qu’elle soit davantage présente sur les réseaux notamment. Pour comparer, les Australiens font ça très bien, et aujourd’hui, ce sont les meilleurs de la discipline et des athlètes arrivent à vivre du sauvetage côtier. Mais pour le moment, en France, si tu ne connais pas des personnes qui font du sauvetage, tu ne vas pas en entendre parler. 

La Fédération Française de Sauvetage et de Secourisme (FFSS) communique autant que possible. C’est grâce à elle qu’il y a de plus en plus de licenciés chaque année. Les clubs suivent le mouvement, avec des pages Instagram pour mettre en avant leurs athlètes. Et ces nouveaux inscrits font du bien, on voit notamment pas mal de jeunes filles. Même s’il y a encore beaucoup plus d’hommes que de femmes, ça va dans le bon sens. 

©FFSS

Dans le sauvetage, il y a deux disciplines. Le sauvetage en piscine, avec des mannequins, des bouées, etc. Donc ça, ce n’est pas du tout ma spécialité, moi c’est le sauvetage côtier, avec du kayak, de la planche, de la course à pied et de la nage.

Une compétition classique va se dérouler deux jours en piscine puis deux jours en côtier. Et durant ces deux jours de courses en mer, on enchaîne une grosse quantité d’épreuves. On va avoir le kayak, à peu près un kilomètre de course, de la planche, entre six cents et huit cents mètres, et quatre cents mètres en nage. Sur les deux jours, pour chaque épreuve, on a les séries, les quarts, les demis et la finale.

Il y a aussi l’épreuve reine, l’Oceanman ou l’Oceanwoman. C’est un enchaînement de kayak, de planche et de nage, dans un ordre tiré au sort. Entre ces trois parties, il y a quatre-vingt-dix mètres de course à pied en transition. Un Oceanwoman va durer une quinzaine de minutes à peu près. Ça peut paraître assez court, mais quand on est dedans, on le sent, c’est super intense ! 

©Oïana Trillo

C’est difficile de dire ce que le sauvetage côtier m’apporte aujourd’hui, j’ai toujours tellement aimé ce sport ! C’est juste du bonheur pour moi. Je me sens super bien dans l’eau, je me défoule, je suis fière des efforts fournis… Et c’est une discipline qui peut aussi être utile pour une reconversion professionnelle. En faisant du sauvetage sportif, on a les qualités pour être Maître-Nageur Sauveteur (MNS) et donc potentiellement sauver des vies ! 

Et puis en termes de solidarité, c’est trop bien ! Dans mon club de Biarritz, on est comme une famille qui se tire vers le haut. Qu’on perde ou que l’on gagne, on le fait ensemble. Chaque année, le meilleur club de France de sauvetage est désigné, ce qui donne un vrai esprit d’équipe. Quand je fais une course, j’ai des objectifs individuels, mais ces derniers peuvent permettre à mon club de gagner, c’est donc encore plus de motivation !

©Oïana Trillo

Ma plus belle victoire, c’est quand j’ai remporté les championnats d’Europe 2019 en kayak. J’en ai pleuré de joie ! Je m’étais entraînée pour et c’était donc une très belle récompense. C’est plus fort que d’être championne de France, c’est vraiment mon plus beau souvenir. 

Le Red Bull Ocean Rescue réunit les meilleurs français. Le format est particulier, avec des courses plus longues, des sauts dans les parcours… C’est un peu plus « extrême ». Mon objectif pour le Red Bull Ocean Rescue qui aura lieu le 18 février, ce n’est pas d’être deuxième comme lors de ma première participation, l’an dernier, mais encore mieux ! Contrairement à la dernière fois, j’arrive sans une grosse préparation, j’ai eu un semestre très chargé en cours et en partiels. Donc on verra bien, mais je vise tout de même la première place !

Dans les années à venir, je pense que les études vont naturellement prendre le dessus, ça reste ma priorité. Mais je compte bien continuer le sauvetage, participer à de grosses compétitions, faire partie des équipes de France… J’ai toujours fonctionné sans trop me prendre la tête mais en cherchant toujours à me surpasser. »

Ouverture : ©Oïana Trillo/FFSS

Elles aussi sont inspirantes...

Loïs : « J’associe le sport à la vie : on essaie, on tombe, on se relève, jusqu’à avoir la peau en sang ! »

Loïs : « J’associe le sport à la vie : on essaie, on tombe, on se relève… »

Tombée dans la marmite du sport toute petite, Loïs, 17 ans, est une sportive tout-terrain qui n’a peur de rien et surtout pas des garçons sur un terrain de foot ou un ring de boxe. Future pompier professionnel, elle s’essaye autant au wakeboard ou au ski qu’au tennis et à l’escalade, histoire de s’éclater et de se préparer à s’adapter à toutes situations. Une tête bien faite dans un corps surentraîné.

Lire plus »
Maureen : « Grâce au street workout, on se sent maître de soi-même et de son corps. »

Maureen Marchaudon : « Grâce au street workout, on se sent maître de soi-même et de son corps. »

Suite à une anorexie mentale, Maureen Marchaudon découvre la pratique du street workout, un sport encore jusque-là réservé aux gros bras masculins. Piquée de ces figures qui allient force, agilité et technique, elle devient vite insatiable jusqu’à décrocher le titre de vice-championne de France 2024 de street workout freestyle et à l’enseigner aux femmes qui veulent r(re)trouver la confiance en elles. Who run the world ? Girls !

Lire plus »

Vous aimerez aussi…

Emmanuelle Bonnet-Oulaldj

Emmanuelle Bonnet-Oulaldj : « Faire du sport n’est pas juste une finalité pour être en bonne santé, mais un processus d’émancipation… »

Il y a des décisions qu’on ne prend pas à la légère. Ce fut mon cas, soutenu par la Fédération Sportive et Gymnique du Travail (FSGT), dont je suis la co-présidente, concernant ma candidature à la présidence du CNOSF. Femme, quadragénaire, représentante d’une fédération multisports, n’ayant jamais été sportive de haut-niveau, cette démarche inédite a surpris. Tant mieux !

Lire plus »
La question qui tue Un apéro après mon sport, ça peut pas faire de mal, si ?

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

Une arbitre qui refuse qu’on la mette sur la touche, une question qui tue sur le sport et l’alcool (notre photo), un 5 infos sur l’une des meilleures karatekas au monde, l’histoire du skateboard féminin, deux événements sportifs inédits à venir et un mouvement d’haltérophilie décrypté, c’est le meilleur d’ÀBLOCK! pour cette semaine. Enjoy !

Lire plus »
Le Q&A de Marie Oteiza

Le Q&A de la pentathlète Marie Oteiza

Elle a 30 ans et elle est une femme complète. Une athlète riche de cinq disciplines qu’elle pratique toutes avec le même bonheur. Ou presque. La championne de pentathlon Marie Oteiza répond à notre petit questionnaire de Proust à la sauce ÀBLOCK!

Lire plus »
Su-Wei Hsieh

Su-Wei Hsieh, l’esprit libre du tennis qui n’a rien à perdre

Elle inaugure son 16e Roland-Garros. En double, c’est la magicienne des courts. En simple, elle aime jouer les coupeuses de têtes du circuit féminin, même si elle n’a pas encore trouvé la recette pour gravir les marches des podiums. Mais, à 35 ans, la Taïwanaise Sue-Wei Hseih est l’une des joueuses de tennis les plus attachantes. Polyvalence, jeu atypique et force mentale, la numéro 1 mondiale en double, 64e en simple, séduit le monde de la raquette. Portrait d’une fille aux nombreux rebonds.

Lire plus »
Leonie Brodmann

Léonie : « Le parkour m’a libérée de certains diktats. »

Basket, équitation, danse moderne… Léonie a toujours eu la bougeotte. Lorsqu’elle a découvert le parkour, c’est devenu son sport de prédilection. À Lausanne, avec les traceurs (comme on nomme les pratiquants de cette discipline) de son association, Léonie Brodmann se réapproprie l’espace public à grand renfort de bonds et de roulades.

Lire plus »
Margot Boch et Carla Sénéchal : « Nous n’avons plus le droit à l’erreur. Ces Jeux d’hiver, c’est un mélange de stress et d’excitation. »

Margot Boch et Carla Sénéchal : « Nous n’avons plus le droit à l’erreur. Ces Jeux d’hiver, c’est un mélange de stress et d’excitation. »

Deux filles on the rocks, sinon rien. Margot Boch, la pilote, et sa partenaire de glisse Carla Sénéchal, la pousseuse, forme le premier binôme de bobsleigh féminin depuis dix ans. Ce n’est pas pour rien qu’on les surnomme « Les sœurs jumelles » dans cet univers de glace qui, pourtant, leur réchauffe le cœur. Rencontre avec des filles pas si givrées que ça et qui s’entraînent dur pour prendre le bon virage aux JO d’hiver 2022.

Lire plus »

Recherche

Soyez ÀBLOCK!

Abonnez-vous à la newsletter

Mentions de Cookies WordPress par Real Cookie Banner