Elle nous en a encore mis plein la vue. Le soleil dans ses yeux gourmands, le sourire jusqu’aux oreilles, Marie Amélie Le Fur est entrée sur la piste des jeux de Tokyo, pour disputer les derniers Jeux Olympiques de sa carrière.
Le samedi 28 août 2021, celle qui était favorite après son record du monde en février à 6,14m, a remporté l’argent sur le saut en longueur dans sa catégorie T64 avec un dernier saut d’exception à 6,11m.
Une olympiade relevée haut la main pour un départ en fanfare ! La trentenaire se prépare en effet à une nouvelle vie sans le sport de haut niveau, en tout cas plus sur le terrain comme athlète, mais toujours là quand-même.
Sa retraite sportive sera riche, entre sa vie de famille, celle de présidente du Comité Paralympique et Sportif Français (elle est à sa tête depuis 2018 et a été réélue en juillet 2021) et son métier à mi-temps comme pilote d’affaires relations territoriales à l’état-major de la direction du parc nucléaire et thermique d’EDF. Une femme et sportive tous azimuts !
L’athlétisme ? Une évidence chez celle qui le pratique depuis l’âge de 6 ans. Pourtant, un accident de la route vient sabrer ses rêves d’enfant. À l’âge de 15 ans, elle est amputée sous le genou gauche après une chute à scooter.
Avec une belle force de vie, elle recommence à courir quatre mois plus tard jour pour jour, et découvre le monde salvateur du handisport. Elle y enchaîne les beaux résultats.
C’est donc à neuf reprises (avec sa médaille 2021) que l’athlète handisport a tutoyé les sommets olympiens : deux médailles d’argent dans la catégorie T64, sur 100m et en saut en longueur pour ses premiers Jeux à Pékin en 2008, une médaille d’or en 100m, une médaille d’argent en 200m et une bronze en saut en longueur à Londres en 2012 puis deux médailles d’or en 400 m et saut en longueur, ainsi qu’une bronze en 200m à Rio en 2016.
La victoire de Marie-Amélie Le Fur sur 400m à Rio, en 2016
Son palmarès ne s’arrête pas là : la tonique sportive a, à son actif, douze médailles mondiales (huit en argent) dont quatre titres de championne !
Le super-pouvoir de Marie Amélie Le Fur ? Son mental de wonderwoman, son degré d’exigence et sa quête de l’excellence.
« Elle a un mental d’acier, elle a un mental incroyable ! souligne son entraîneur sur RFI. C’est quelqu’un qui est capable de faire des sacrifices incommensurables pour pouvoir atteindre ses objectifs et mener de front ses trois, quatre, ou cinq vies même. C’est son mental qui la caractérise. Elle est capable de se lever tous les jours à six heures du matin, voire même plus tôt, de s’entraîner onze fois par semaine. Parce qu’elle veut tout faire, et puis elle veut tout bien faire. »
Marie Amélie Le Fur s’exprime d’ailleurs avec résilience et sagesse sur son handicap : « Cette amputation m’a aussi façonnée, confie-t-elle sur eurosport.fr. Pour moi, ce n’est pas quelque chose en moins. C’est même mon petit plus, qui me permet aujourd’hui de rayonner et d’être heureuse. Le sport m’a offert des multitudes d’opportunités de vies, j’ai eu la chance de faire du cinéma, j’ai un travail passionnant chez EDF, je préside le CPSF. Sans le handicap, toutes ces portes ne se seraient pas ouvertes. »
Marie Amélie Le Fur, équilibrée, passionnée et impliquée est aujourd’hui une référence dans le monde du handisport et s’engage pour la visibilité des para-athlètes, intervenant notamment dans la société civile pour faire changer le regard sur le handicap : « Il y a les Jeux de Tokyo, pour ce qui est lancé, et trois ans pour préparer ceux de Paris 2024, explique-t-elle sur lhumanite.fr. On a pour objectif de montrer au grand public que le sport paralympique, c’est du sport de haut niveau, avec une spécificité, le handicap. Et nous poursuivons aussi la volonté de faire du sport un élément central dans la vie des personnes en situation de handicap. »
Marie Amélie Le Fur ? ÀBLOCK!
- Marie Amélie Le Fur a décroché la médaille d’argent en saut en longueur pour ses derniers Jeux Paralympiques
©Ralf Kuckuck