Marguerite BroquedisLa Déesse du tennis trop vite éclipsée par la Divine Lenglen

Marguerite Broquedis La Déesse du tennis trop vite éclipsée par la Divine Lenglen
Elle a régné sur le tennis hexagonal quelques années avant que Suzanne Lenglen ne rafle tout sur son passage. Tout comme « la Divine », Marguerite Broquedis a, elle aussi, marqué de son empreinte l’histoire de son sport. La « Déesse », sacrée deux fois en simple, Porte d’Auteuil, à une époque où les Internationaux de France étaient réservés aux seuls joueurs du cru, est également la première Française à avoir été sacrée olympique et ce, toutes disciplines confondues.

Par Sophie Danger

Publié le 01 juin 2021 à 15h34, mis à jour le 31 mai 2022 à 17h25

C’est dans le Sud-Ouest de la France, à la fin du 19e siècle, que tout commence. En 1893 pour être précise. Cette année-là, Émile Broquedis et son épouse, Louise Vergez, accueillent leur troisième enfant.

Après deux garçons, Louis et Eugène, une petite fille vient enrichir la fratrie. Ils décident de la prénommer Marguerite. L’heureux papa est un maitre paumier réputé à Pau.

À ses côtés, Marguerite et ses frères apprennent les rudiments du jeu. Lorsque les Broquedis déménagent à Paris, la famille se convertit au lawn-tennis. Marguerite s’y montre particulièrement à l’aise.

En 1910, elle a 17 ans et se hisse, pour la première fois, en finale des Championnats de France, un rendez-vous qui deviendra, plus tard, les Internationaux de France. Battue par Jeanne Matthey, elle retente sa chance lors de l’édition suivante. Nouveau face-à-face avec sa compatriote, nouvel échec.

Il faudra attendre le mois de juin 1912 pour que la Béarnaise commence réellement à faire parler d’elle. Engagée dans les premiers Championnats du monde sur terre battue disputés à Saint-Cloud, elle remporte la mise en s’imposant face à l’Allemande Mieken Rieck.

Marguerite Broquedis vient de sauver l’honneur national et les journalistes n’en finissent plus de s’enflammer pour cette belle élégante au coup droit redoutable.

Jeanne Matthey

Les Jeux Olympiques de Stockholm, disputés dans la foulée, achèveront d’asseoir sa réputation de championne. Seule femme retenue dans une délégation de 112 athlètes, elle rentre de Suède l’or du simple dames autour du cou après avoir pris le dessus sur une autre Allemande, Dorothea Köring.

Première championne olympique française, toutes disciplines confondues, elle achève sa campagne scandinave en décrochant le bronze du double mixte avec Albert Canet.

Toute auréolée de son nouveau statut, Marguerite Broquedis, qui s’apprête à fêter ses 20 ans, se présente, pour la troisième fois, devant Jeanne Matthey lors des Championnats de France 1913. Cette fois-ci, le succès lui tend les bras.

©CIO Collections Musée Olympique

Elle conservera son titre, non sans mal, l’année suivante après une partie âpre et disputée face à une adversaire de six ans sa cadette : Suzanne Lenglen. La revanche entre les deux femmes n’aura lieu que six ans plus tard. La guerre vient d’éclater et le sport est relégué au second plan.

L’héroïne de Stockholm n’a plus la tête au tennis. Minée par la perte de son frère Louis, tué au front le 22 aout 1914, elle porte également le deuil de ses cousins, Pierre Lafaurie et Bernard Luce, disparus tragiquement, eux aussi, en 1915 et 1916.

Marguerite Broquedis bat Suzanne Lenglen à Roland-Garros en mai 1914, ce sera la seule a avoir pu défaire la Divine Lenglen sur terre battue.

La Porte d’Auteuil, terre de ses exploits, lui ouvrira de nouveau les portes en 1920. La Paloise y retrouve Suzanne Lenglen pour un duel qui s’annonce savoureux. Mais en six ans, la Divine a pris de l’épaisseur et la Déesse ne lui résiste pas. Les Jeux Olympiques de Paris, en 1924, ne lui apporteront pas plus de satisfaction.

Associée à Yvonne Bourgeois, avec laquelle elle vient de s’imposer dans le double dames de France, elle rate le coche, s’incline face au duo britannique Cover-Shepherd dans le match pour la troisième place.

Éclipsée par la trajectoire fulgurante de la Divine, la Déesse mettra un terme définitif à sa carrière en 1930 après un dernier fait de gloire : une victoire en double mixte aux côtés de Jean Borotra en 1927, date de la troisième édition des Internationaux de France.

Elle s’éteindra, dans l’anonymat le plus complet, le 23 avril 1983 à Orléans. Elle venait d’avoir 90 ans.

Ouverture ©CIO Collections Musée Olympique

D'autres épisodes de "Tennis : femmes sur court"

Vous aimerez aussi…

Tessa Worley

Tessa Worley, 5 infos sur la fusée des neiges française

Tessa Worley par-çi, Tessa Worley par-là… Alors que les Championnats du monde de ski alpin à Courchevel et Méribel battent leur plein, on parle de « Tess » encore et encore, l’une des favorites françaises de la compet’. Mais alors, comment s’est construite la si belle réputation de cette étoile bleue ? Une petite idée en 5 infos…

Lire plus »
Kids

Les filles, à l’école, prenez de la place !

Le court-métrage « La conquête de l’espace » de Françoise Davisse, sur une idée de l’ex-footeuse Nicole Abar, nous propose d’ouvrir les yeux sur une problématique qui perdure : les stéréotypes sexués à l’école. Et de trouver des solutions à ce qui freine les filles.

Lire plus »
Jeanne Richard

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

Une légende du foot féminin, une lanceuse de marteau au mental d’acier, une pionnière des JO, une jeune biathlète épanouie et au palmarès déjà bien rempli (Jeanne Richard sur notre photo), une trampoliniste attendue à Tokyo en juillet ou encore une cascadeuse à moto qui ne fait que ce qu’elle veut quand elle veut, voici le programme !

Lire plus »
Manon Genest, Jeux Paralympiques 2024

Jeux Paralympiques de Paris 2024, le grand récap’

Des rires, des larmes, de la joie et du désespoir. Voilà, c’est fini. Après onze jours de compétition, les Jeux Paralympiques de Paris 2024 ont permis à des milliers d’athlètes de s’exprimer comme jamais auparavant. En particulier, nos championnes. Les Bleues ont tout donné, régalant un public à la hauteur de leur talent. Retour sur ces Jeux historiques.

Lire plus »
Running

Le running virtuel, un sport bien réel

En hausse depuis la crise sanitaire et les interdictions de rassemblement, les courses virtuelles sont un phénomène bien réel ! Deux tendances : participer à une course en extérieur depuis son lieu de vie ou s’équiper d’un home-trainer simulant un parcours. Du sportif occasionnel au professionnel, le running virtuel fait de plus en plus d’adeptes pour ses bienfaits physiques et son côté fédérateur.

Lire plus »

Recherche

Soyez ÀBLOCK!

Abonnez-vous à la newsletter

Mentions de Cookies WordPress par Real Cookie Banner