Laurie Phaï : « Le sport tel que je le pratique peut être vu comme un sacrifice, mais qui m’est vital. »Marathonienne, pratiquante de course à pied, sur route, trail et en montagne, assistante RH et juriste, 37 ans
C’est à la force de ses pas et d’une histoire familiale de battants que Laurie Phaï, trentenaire franco-cambodgienne est devenue marathonienne et championne de trails. Après sept ans comme pongiste en équipe de France, elle s’est mise à courir pour conjurer un drame personnel. Et ça l’a (re)lancée sur le chemin de sa vie.
Propos recueillis par Claire Bonnot
Publié le 07 juillet 2021 à 9h18, mis à jour le 28 octobre 2024 à 10h03
« J’ai toujours été sportive : petite fille déjà. À l’époque, j’avais une allure très garçon manqué avec les cheveux courts et ce, jusqu’à mes 17 ans. On m’appelait “jeune homme“ dans la rue et, franchement, ça ne me plaisait pas du tout ! J’étais une fille sportive, c’était tout. Je suis la troisième de la fratrie avec une sœur peu sportive et un grand frère très sportif et touche-à-tout. J’ai suivi son exemple : natation, tennis puis tennis de table avec mon père et mon frère. Il était en club.
Un jour où j’allais le chercher avec mon père à l’entraînement, on m’a dit : « Et toi, quand est-ce que tu t’y mets ? ». Ni une ni deux, j’ai commencé et j’ai lancé de bons services jusqu’à mes 21 ans ans puisque j’ai intégré l’INSEP à 15 ans et passé sept ans en équipe de France de tennis de table.
J’ai rapidement gravi les échelons en faisant ma première médaille de bronze aux Championnats d’Europe cadettes de tennis de table et j’ai représenté la France sur les compétitions internationales pendant sept ans. J’ai été Championne de France, en simple, double junior et double senior. Mes derniers championnats du monde étaient en 2007, en Croatie.
J’ai voulu arrêter et aller en master de droit car il est compliqué de faire des résultats au niveau européen. C’est un sport plutôt dominé par les Asiatiques dont l’entraînement est dingue et où l’investissement financier suit. Moi, je ne gagnais pas assez d’argent pour vivre donc j’avais besoin de travailler à côté ou de poursuivre mes études.
Le tennis de table, j’ai toujours vu ça comme un jeu. J’ai commencé à jouer dans le garage avec mon frère et on était ultra compétitifs, on se criait pas mal dessus ! Mais, c’est en atteignant le haut niveau que j’ai appris que c’était un sport autant tactique que physique, dans lequel il faut apprendre à se maîtriser pour contrôler ses gestes et gagner.
Ayant commencé la compétition à 9 ans, j’ai un mental taillé pour la compétition. Pourtant, au tout début, on me disait que je n’étais pas assez « méchante » et que je préférais m’amuser et faire du beau jeu que gagner ! On était accompagnés par des psychologues du sport, ce qui m’a vraiment aidée à forger mon caractère et à gérer les épreuves et les émotions dans tous les secteurs de ma vie.
En tant que jeune femme, cette expérience de sport de haut niveau aide vraiment à accroître sa confiance en soi. J’ai aussi beaucoup gagné en maturité puisqu’à 14 ans je suis partie de chez mes parents, je devais faire seule mes sacs pour aller en compétition, j’ai dû chercher du boulot, gérer mes études à côté… etc.
Si j’ai arrêté cette superbe expérience de la compétition de haut niveau en 2007, j’ai continué à jouer en club par équipe jusqu’en 2010. Je cherchais à retourner dans le Sud et c’est en m’inscrivant dans un club à Toulouse que j’ai trouvé un boulot via un joueur. En 2011, je deviens maman et je rejoins le père de mon enfant dans l’Aveyron puis je retombe enceinte d’une petite-fille qui décède à la naissance, en 2013… C’est à ce moment-là que la course à pied est entrée dans ma vie.
Ça a été un moment très douloureux à passer. Après trois jours à toucher le fond, j’ai repris le boulot et j’ai cherché autre chose pour m’aérer la tête : je me suis mise à courir. C’était le sport le plus simple, je n’avais qu’à chausser des baskets et me lancer. En me fixant de nouveaux objectifs, cela me permettait de ne pas me laisser aller et d’avancer et, ça, c’est grâce au sport !
Là où je travaille, les collègues font du trail et de la course en montagne. Même si c’était pour oublier ma vraie douleur, la perte de ma fille, je me suis lancée avec eux. C’était ma toute première course, en 2013. J’ai couru 10 km sans préparation et ça m’a fait un bien fou !
Et puis, le déclic s’est fait en 2016 sur une course à côté de Montpellier où le speaker de l’événement, aussi entraîneur, me repère. J’étais arrivée 3e sur les compétitrices féminines. Il me dit qu’il entraîne des athlètes et que j’ai un sacré potentiel qu’il faudrait exploiter ! On débute alors notre collaboration. C’est Ludovic Collet, il est connu dans le monde du trail. Je gagne lors de ma première course de 60km. C’est alors qu’il me propose une course au Cambodge, le pays de mes origines.
Je me prépare à ce marathon de 32km dans les temples d’Angkor avec un coach spécialisé, Sébastien Prats, qui est toujours mon entraîneur. Comme je décroche la première place, un journaliste français me dit que je devrais rencontrer le Comité Olympique car le pays recherche des athlètes. Le Cambodge pouvait inviter deux marathoniens cambodgiens pour les Jeux Olympiques de Tokyo avant le Covid et j’étais retenue grâce à mes belles performances. Les choses ont changé après… une seule place s’est libérée et ils ont choisi le jeune sprinteur qui est un « vrai » cambodgien.
Quand j’ai eu l’info, j’ai bien sûr été déçue mais, en même temps, ça m’a ouvert d’autres perspectives. Mon compagnon est montagnard et comme nous habitons à Briançon, nous avons décidé de faire le Mont-Blanc. Le sport c’est comme la vie, il y a toujours des hauts et des bas, il faut savoir rebondir ! Et puis, JO ou pas, moi le sport j’adore ça, j’en ai besoin et je ne coupe qu’une semaine ou deux par an. Je ne pourrais pas travailler à temps plein par exemple, le sport est mon équilibre, je dois avoir le temps d’en faire entre une et trois heures par jour.
La compet’ pour moi, c’est quand même du lourd, j’ai par exemple participé aux « petits JO d’Asie » que sont les Jeux d’Asie du Sud-Est (SEA) au Vietnam, sur 5000m piste, en 2022. Mon rêve était de faire les JO à un moment donné mais, maintenant, je ne sais plus vraiment si j’en ai encore envie. C’était fantastique de pouvoir courir pour le pays de mon père, mon pays de cœur, mais si je ne peux pas le faire, c’est comme ça, c’est une expérience de vie. Dans tous les cas, je saisis toujours les opportunités et je vis les choses à fond.
Je vis à 100 % pour le sport même si ce n’est pas facile pour la vie de famille. D’une certaine manière, c’est un sacrifice mais qui m’est vital. Le sport ÀBLOCK!, c’est fort en émotions !
J’ai eu, par exemple, la chance d’être approchée pour tourner un documentaire sur ma vie de sportive, « Au-delà du temps ». Ça s’est fait sur quatre ans, de 2017 à 2021. C’est un film qui retrace tout mon parcours, en partant de l’histoire de mon père au Cambodge, parti pendant la guerre des Khmers rouges pour venir se réfugier en France, en 1978. C’est une terrible épopée puisque toute sa famille a été assassinée et que lui a réussi à s’enfuir. Représenter le Cambodge aux Jeux d’Asie du Sud-Est en tant que sportive est donc quelque chose de très fort et symbolique pour moi !
Le film a été présenté au Winter Film Festival et a gagné le concours sur 36 documentaires, c’était fou !
Je vis aussi le sport comme une vocation : j’ai envie de redonner ce que j’ai reçu. J’ai donc créé une association « Trail sans frontières » pour aider à développer le sport dans le monde, à commencer par le Cambodge.
Je m’engage aussi pour le sport féminin au Cambodge : je vais préparer cinquante jeunes filles pour le 10 km de Phnom Penh dans le cadre de l’association « Toutes à l’école » créée par la journaliste Tina Kieffer. Je devais le faire avant le Covid…ça va se faire, je suis toujours en contact.
Ce que je dirais aux jeunes filles ou femmes qui n’osent pas se lancer dans le sport ? Moi j’ai cassé les codes, ça peut être une bonne option ! Même si la société met des barrières, il faut se rappeler qu’on est tous des êtres humains égaux et que les femmes peuvent tout déchirer. Je viens encore de voir que lors d’une course très connue aux Etats-Unis, il y a eu neuf femmes parmi les vingt premiers coureurs, du jamais vu pour ce trail ! Bref, si on n’ose pas, on n’y arrivera pas.
De plus en plus de femmes n’ont plus peur d’aller se challenger sur des longues distances et plus les médias relayent ces exploits, plus les autres femmes se sentiront légitimes. Les femmes sportives qui m’inspirent ne sont pas forcément celles qui ont atteint le haut niveau. Mais plutôt celles qui parviennent à faire des super trails – 165 km !- après avoir enduré des cancers, de longs traitements, qui travaillent et ont une vie de famille. Ce sont ces défis sportifs exceptionnels qui me portent ! »
Pour suivre la coureuse à la trace à travers le monde, suivez-la sur son compte Instagram @lauriephai
Suite à une anorexie mentale, Maureen Marchaudon découvre la pratique du street workout, un sport encore jusque-là réservé aux gros bras masculins. Piquée de ces figures qui allient force, agilité et technique, elle devient vite insatiable jusqu’à décrocher le titre de vice-championne de France 2024 de street workout freestyle et à l’enseigner aux femmes qui veulent r(re)trouver la confiance en elles. Who run the world ? Girls !
Il y a peu, elle n’était jamais montée sur un bateau. Pas de quoi arrêter cette professionnelle de la com’ qui s’est engagée, dès le début, aux côtés de Benjamin Ferré, pour son premier Vendée Globe. Confidences d’une fille de l’ombre qui travaille à mettre en lumière un skipper d’exception.
Elle est ingénieure en agroalimentaire de formation, passionnée par le milieu de la voile, et c’est elle qui a la responsabilité de l’avitaillement dans l’équipe du skipper Benjamin Ferré qui prendra le départ du Vendée Globe le 10 novembre prochain. Confidences d’une fille habituée à vivre dix journées en une.
Elle a 17 ans, l’aventure chevillée au corps et des projets plein la tête. Lena Kurbiel, engagée cet été avec l’Australienne Liz Wardley dans la World’s Toughest Row Pacific, est devenue la plus jeune, filles et garçons confondus, à avoir traversé le Pacifique à la rame. Un défi monumental qui en appelle d’autres !
Ce mercredi 25 septembre, elle s’élance pour la première fois lors d’un championnat du monde. Laula Captien, 16 ans, est une des prodiges de la nage avec palmes française, elle se raconte pour la rentrée des Kids sur ÀBLOCK!.
Elle s’appelle Emma Gongora , nom de scène : Valkyria. Combattante professionnelle, cette Marseillaise d’adoption qui a tout plaqué pour vivre sa passion pour la boxe anglaise court depuis 2018 après un rêve, celui de devenir championne du monde. Confidences d’une warrior.
À 32 ans, la cycliste Alice Puech s’est élancée sur les routes du Tour de France Masculin avec le collectif « Donnons des Elles au vélo ». Celle qui est également capitaine du club Skoda « We Love Cycling » de sa région Nouvelle-Aquitaine est toujours impatiente de se mettre en selle !
Elle est Parisienne, ingénieure de formation et, en 2019, à 32 ans, sans jamais avoir navigué, elle se met au défi de prendre le départ de la Mini Transat 2023, une traversée de l’Atlantique en solitaire et sans assistance. Pari relevé pour l’audacieuse Alexandra Lucas qui a été choisie pour être l’une des porteuses de la flamme olympique.
Pleine de peps, cette fana de running est un vrai guépard. Dopée aux marathons et aux entraînements ultra matinaux, elle a découvert la course par hasard et n’en décroche plus. Go pour un shoot d’endorphines !
À 17 ans, elle a déjà fait face à de nombreux revers. Mais, à chaque fois, elle est revenue sur les courts, raquette fermement en main, bien décidée à gagner. Aujourd’hui, Oriane Raguin se sent prête pour entrer dans la cour des grandes.
Grande blonde explosive au sourire franc, l’athlète et coach sportif Anouk Garnier, double championne du monde de course à obstacles, est une adepte des parcours du combattant. Son nouveau défi : battre le record du monde de grimper de corde où, à la force de ses bras, elle se hissera jusqu’au deuxième étage de la Tour Eiffel.
Maman d’un enfant en bas âge, la trentenaire Noëlie n’a pourtant jamais lâché le guidon et s’est fait une place de choix dans le monde du vélo. Son prochain défi ? La course reine de l’ultra-cyclisme, la RAF 2500km, sans assistance et en totale autonomie. Avec sa coéquipière Elsa, elles seront le premier duo féminin de toute l’histoire de la RAF. De vraies Indiana Jones au féminin !
Le terrain du sport féminin, Émeline Dodard le connaît bien depuis qu’elle s’est jetée dans l’aventure du football américain. Passionnée par ce jeu tactique, elle met son esprit d’ingénieure au service de son poste d’attaquante. Et donne de la voix pour le médiatiser. Témoignage d’une fille aussi audacieuse que coriace.
Elle a régné sur le tennis hexagonal quelques années avant que Suzanne Lenglen ne rafle tout sur son passage. Tout comme « la Divine », Marguerite Broquedis a, elle aussi, marqué de son empreinte l’histoire de son sport. La « Déesse », sacrée deux fois en simple, Porte d’Auteuil, à une époque où les Internationaux de France étaient réservés aux seuls joueurs du cru, est également la première Française à avoir été sacrée olympique et ce, toutes disciplines confondues.
Elle est l’une des seules athlètes françaises à avoir bien figuré aux Mondiaux de Budapest disputés fin août. Alice Finot, 32 ans, 5e du 3000m steeple en Hongrie, record de France et minima olympiques en poche, peut désormais se tourner sereinement vers Paris 2024. Rencontre avec une fille venue à l’athlétisme par hasard et qui se joue des obstacles.
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Cumuler les titres de gloire, s’engager en dehors des tatamis, s’illustrer dans le judo comme dans son métier d’adjudant… Qui est Clarisse Agbégnénou, l’une des meilleures judokates mondiales ? Réponse en 5 infos clés.
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