Axelle Étienne« J’étais timide, le BMX m’a permis de m’affirmer. »

Axelle Etienne
Fonceuse dans la vie comme sur la piste, cette championne de BMX en pince pour le guidon. Championne de France Élite en 2017, médaillée de bronze aux Championnats du monde 2019, Axelle Étienne, puissante rideuse de 22 ans, a une détermination joyeuse et à toute épreuve. Rencontre avec une fille née sous BMX.

Par Claire Bonnot

Publié le 16 octobre 2020 à 18h50, mis à jour le 13 janvier 2025 à 17h39

Tu es un prodige précoce du BMX – premiers titres de Championne de France Cadette en 2013 et 2014, à l’âge de 15 et 16 ans. Ça a débuté comment ?

C’est un sport que je ne connaissais pas du tout, mais comme mon frère en faisait, j’ai voulu essayer. J’avais 8 ans et, tout comme lui, j’ai très vite fait de la compétition. On enchaînait les week-ends de compét’ en famille, nos parents étaient là, ils nous soutenaient.

Axelle Etienne
©Facebook/Axelle Etienne

Qu’est-ce qui te plaisait tant dans ce sport extrême ?

Les compétitions ! J’ai toujours adoré ça, je voulais à tout prix gagner ! Le fait d’avoir rapidement bien marché dans ce sport m’a donné envie de progresser, cette envie du toujours plus, de donner le meilleur.

Et puis, les sensations de vitesse aussi. Encore aujourd’hui, ça me galvanise ! Pour la catégorie Race, huit pilotes s’élancent pour un sprint sur un terrain à obstacles, parsemé de bosses. Il faut arriver au bout de cette piste d’environ 400 mètres le plus vite possible.

Axelle Etienne
©EmmaJouteau/Facebook Axelle Etienne

Comment vis-tu le sport de haut-niveau sur le plan du physique et du mental ?

C’est assez intense, il faut être à fond, mais j’adore ! Je conjugue mes études de kinésithérapie et la compétition donc, parfois, c’est dur à gérer niveau organisation et stress évidemment. Il faut faire attention à la récupération, ne pas se coucher trop tard, bien manger, être toujours attentif à soi… Mais je suis super heureuse d’avoir pris cette voie.

Axelle Etienne
©François Alzingre/Facebook Axelle Etienne

Tu as rejoint l’Armée des Champions en 2018, un dispositif d’accompagnement pour athlètes de haut-niveau représentant la France et l’armée durant les compétitions et pouvant être amenés à remplir des missions. C’est ce qui te permet presque d’évoluer dans un cadre de cycliste professionnelle ?

C’est impossible d’avoir un petit boulot en étant étudiante et en poursuivant les entraînements, l’Armée des Champions permet donc de vivre et de s’entraîner au maximum. La rémunération mensuelle permet de payer les études, le loyer…

Surtout dans cette période où les compétitions sont annulées et, par la même occasion, les possibles rentrées d’argent liées aux subventions et aux primes de compétition en fonction de nos performances et de nos places.

Axelle Etienne
©Facebook/Axelle Etienne

Devenir pilote professionnelle, c’est ton objectif ?

C’est un sport assez extrême, ça me semble difficile de faire ça toute sa vie. Il y a trop de risques de blessures.

Quels sont les moments sportifs de ta carrière qui t’ont propulsée et ceux qui ont été difficile à surmonter ?

Ce sont les blessures qui entraînent les moments les plus durs… On se sent fort, on se sent bien et ça arrive comme ça, d’un coup ! Et on loupe des compétitions, on arrête de faire ce qu’on aime. Ça déprime assez vite…

Le vrai coup dur, ce fut en 2018 quand je suis tombée lourdement sur l’épaule, ce qui a provoqué un enchaînement de blessures : déchirement du tendon, tendinites à répétition, c’était très douloureux et en permanence.

J’ai eu beaucoup de mal à m’en relever, mais je n’ai pas laissé tomber, je me suis battue ! Et, au finish, c’est là que j’ai vécu un de mes meilleurs moments sportifs : l’an dernier, après m’être reprise en main, j’ai performé aux Championnats du monde en Élite. Je me suis classée troisième, c’était un rêve ! Je n’ai jamais été aussi heureuse !

Je partais d’un niveau tellement bas, tellement faible, que je n’y croyais pas.  J’ai beaucoup travaillé avec un coach mental car j’avais des grosses frayeurs en saut. Mon corps ne voulait plus, je l’étranglais presque, ce qui faisait que je perdais toute mon énergie.

Pendant cette période, il y a eu beaucoup plus de bas que de hauts mais c’est quand j’ai commencé à voir le bout du tunnel que j’ai progressé en force !

Axelle Etienne
©Facebook/Axelle Etienne

Qu’est-ce que le sport et cette discipline du BMX en particulier t’ont apporté d’un point de vue personnel ?

Le sport m’a fait grandir. J’ai été en Pôle France à l’âge de 15 ans, j’ai dû partir de chez mes parents à ce moment-là et ça te fait gagner en maturité ! J’ai pu découvrir plein de choses, faire des tas de voyages grâce aux compétitions, me faire des amis dans d’autres pays…

Petite, j’étais assez timide, le sport m’a permis de m’affirmer. Je sais me prendre en main et quand je veux quelque chose, je sais que je vais le faire, rien ne m’arrête !

Aussi, avec la compétition, on découvre la pression, celle qu’on se met à soi-même et celle qu’on peut avoir vis-à-vis des autres et c’est excitant. Le sport offre un vrai bouquet d’émotions !

Axelle Etienne
©Antoine Bronval/Facebook Axelle Etienne

Le BMX est un sport extrême qui peut être vu comme plutôt réservé aux hommes. Est-ce un milieu ouvert aux femmes ?

Effectivement, c’est un milieu plus masculin où il y a assez peu de filles. On le voit dans les organisations de compétitions. Proportionnellement, on est beaucoup moins que les garçons. Les filles, en Élite, ont plutôt des quarts puis des demi-finales, les hommes, eux, débutent en huitièmes de finale. Celles-ci se font à partir de 64 pilotes et les quarts-de-finale à partir de 32 pilotes.

Mais je n’ai jamais eu à combattre des préjugés ou des remarques sexistes parce que mon point fort, c’est ma force, ma puissance musculaire !

Côté féminin, on est de plus en plus à faire de bonnes courses et il y a du niveau !

Que dirais-tu à des jeunes femmes qui n’osent pas se lancer dans un sport comme le BMX qu’elles imaginent réservé aux hommes ?

Aucun sport n’est réservé pour un type de personne ! Si elles ont envie de se lancer, il faut y aller, s’amuser et progresser. Et surtout, ne pas faire  attention au regard des gens.

Axelle Etienne
©Julien Battut/Facebook Axelle Etienne

Après une saison sacrifiée par le Covid, tu te remets dans la course avec les Championnats de France BMX qui se déroulent jusqu’au 18 octobre sur la piste de Lempdes, près de Clermont-Ferrand. Tu fais d’ailleurs partie de l’équipe Lempdes BMX Auvergne. Tu es sur tes terres, comment te sens-tu ?

Je me sens très bien, mentalement et physiquement ! En fait, cette année, je n’ai pratiquement fait que des entraînements et seulement deux compétitions, une en janvier et une en février, ce qui est plutôt rare comme situation…

Donc, au final, j’ai passé mon temps à me préparer et je crois que je peux dire que j’ai progressé sur mes faiblesses ! Pendant le confinement, j’ai fait beaucoup de renforcement musculaire et, juste après, j’ai ressorti mon BMX, j’ai travaillé sur mes épaules, ma souplesse et ma force.

Axelle Etienne
©Facebook/Axelle Etienne

Tu as déjà été couronnée Championne de France Élite en 2017. Qu’est-ce que tu souhaiterais pour cette nouvelle édition ?

J’attends de rouler à mon meilleur et d’enchaîner des tours assez propres. J’espère faire le meilleur résultat possible parce qu’il y a eu peu de courses cette année et j’ai vraiment envie de performer !

Axelle Etienne
©DR

Quel est ton grand rêve sportif ? Tu as malheureusement manqué les Jeux Olympiques 2016 suite à une fracture de la cheville, tu étais alors remplaçante dans l’équipe de France…

Actuellement, j’aimerais me qualifier pour les JO de Tokyo en 2021. Il y a deux places à prendre en Élites dames et, en équipe de France, on est trois à pouvoir concourir. Donc, c’est possible, mais tout dépend de mes résultats à venir.

Ramener une médaille olympique, c’est un rêve pour beaucoup de sportifs et c’est aussi une belle expérience. J’espère vraiment pouvoir la vivre.

Depuis notre rencontre, Axelle Étienne a décroché son 2e titre de Championne de France.

Vous aimerez aussi…

Sport pendant et après le confinement : les Français gardent le cap !

Malgré le climat sanitaire anxiogène et les restrictions de sorties, les confinés français ont tout fait pour garder un esprit sain dans un corps sain. Une étude révèle en effet qu’une majorité de Français ont adapté leur pratique et leur consommation du sport à cette toute nouvelle vie. Sur le terrain, c’est ce qu’on appelle une belle action !

Lire plus »
Kirsty Coventry La sirène qui fait chavirer le CIO

Kirsty Coventry, la sirène qui fait chavirer le CIO

L’Olympe a parlé. À 41 ans, c’est la double championne olympique de natation zimbabwéenne, Kirsty Coventry, qui devient la 10e président(e) du Comité International Olympique. C’est donc une femme qui prend les rênes de l’instance suprême du sport mondial chargée d’organiser les Jeux Olympiques. Une première depuis la création du CIO par Pierre de Coubertin en 1894.

Lire plus »
À vos marques, partez... sur les pistes !

À vos marques, partez… sur les pistes !

Ce samedi 29 janvier, dans la station des 7 Laux, aura lieu la première édition du Trail Blanc. Une course nocturne, à pied, sur les montagnes enneigées afin de se dépasser dans une bonne ambiance qui mêlera dépassement de soi et chutes en tout genre.

Lire plus »
Sara Labrousse

Sara Labrousse : « La natation artistique à haut-niveau m’a appris à repousser mes limites… »

Ses rêves ne prennent jamais l’eau. À 32 ans, après avoir participé aux plus grandes compétitions internationales qui la mèneront jusqu’aux Jeux Olympiques, cette championne de natation artistique a quitté les bassins, mais pas l’univers aquatique. Sara Labrousse est désormais docteur en biologie marine. Les souvenirs cependant lui tiennent chaud. Et elle nous raconte avec ferveur comment ces années sous l’eau l’ont aidée à respirer.

Lire plus »
Julie Chupin tire dans le mille pour le handisport

Julie Chupin tire dans le mille pour le handisport

Amputée de la jambe gauche à l’aube de la trentaine, elle a réussi à trouver une nouvelle cible de vie : le tir à l’arc à haut niveau. Athlète handisport depuis seulement sept ans, championne de France handisport et 5e mondiale, Julie Chupin, 38 ans, se charge de « prendre du plaisir à tirer les bonnes flèches » pour les Jeux paralympiques de Tokyo 2021.

Lire plus »
Marine Leleu

Best-of 2022 : nos plus belles rencontres

Converser avec des championnes ÀBLOCK! et des expert.e.s du sport sans langue de bois, what else ? Ici, elles – et ils- peuvent s’exprimer longuement, intimement. Et en 2022, toutes ces personnalités d’exception nous ont régalés. Retour sur ces rencontres inspirantes.

Lire plus »
Sine Qua Non Run 2025, et c'est reparti pour le show !

Sine Qua Non Run, et c’est reparti pour le show !

Ce samedi 15 mars, la 7e édition de la Sine Qua Non Run débutera à 18 heures. La soirée appartiendra aux participantes et participants, qui seront tous là pour piétiner les violences sexistes et sexuelles subies par les femmes. Le tout dans une ambiance festive, en pleine Ville Lumière.

Lire plus »
Les triathlètes (re)débarquent à Paris !

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

Une course d’orientation nouvelle génération, un triathlon en capitale (celui de Paris, le retour, sur notre photo), une pro de la ride, une volleyeuse qui nous bluffe et une question qui tue, c’est le meilleur d’ÀBLOCK! pour cette semaine. Enjoy !

Lire plus »
Il était une fois le ski… féminin

Il était une fois le ski… féminin

À l’heure où les meilleures skieuses de la planète jouent des bâtons pour remporter une médaille aux JO de Pékin, faisons un petit saut dans le passé, histoire de saluer les premières dames à pouvoir fouler les pistes enneigées et les podiums olympiques.

Lire plus »

Recherche

Soyez ÀBLOCK!

Abonnez-vous à la newsletter

Mentions de Cookies WordPress par Real Cookie Banner