Son combat ? Être considérée comme une sportive, une performeuse, avant d’être perçue comme une handicapée. Car la reine du tour de piste est née avec une particularité génétique qui lui a donné la peau blanche et l’a rendue malvoyante, un albinisme.
Elle la tient de son père, Salif Keïta, musicien malien de renom, qui en a souffert et a voulu préserver sa fille : « Il a subi des moqueries, on le dénigrait, on le traitait comme un animal, confie-t-elle avec affection sur leparisien.fr. Il s’est découvert avec la musique. Moi, c’est le sport. »
Née au Mali, Nantenin Keïta vivra en France dès l’âge de deux ans : « Mon père ayant grandi au Mali, il n’a pas voulu que j’aie les mêmes difficultés que lui, que ce soit sur le plan de la société ou de l’éducation. Avec une déficience visuelle, on n’apprend pas de la même façon », explique-t-elle dans Le Monde.
Sportive, elle débute par le handball et le basket, mais c’est l’athlétisme qui lui permettra de s’épanouir. Elle le découvre grâce à une compétition pour déficients visuels.
Si Nantenin Keïta considère ce sport comme un « divertissement » à ses débuts, la gagne prend le dessus lorsqu’elle termine 5e d’une compétition de 100m. « L’athlétisme est devenu une passion, même si je pense aimer plus la victoire que le sport en lui-même », dit-elle au Parisien. Et la machine s’enclenche…
Aux Championnats du monde d’athlétisme, en 2002, à l’âge de 18 ans, la Franco-Malienne se classe vice-championne du monde du 400m, décroche l’or au 200 et 400m en 2006 puis à nouveau sur le 400m en 2015.
Côté olympisme, Nantenin Keïta est championne paralympique du 400m à Rio, en 2016.
Avant cet exploit, elle décrochait, en 2008, le bronze au 400m et l’argent au 200m puis, en 2012, le bronze au 100m.
Nantenin Keïta à Rio, en 2016, lors de la finale du 400m T13
Si Nantenin Keïta a subi des railleries dans son enfance, aujourd’hui, son handicap ne la freine en aucun point, sur la piste comme dans la vie, puisqu’elle est aujourd’hui assistante en ressources humaines.
Là, elle favorise l’insertion des personnes handicapées et leur évolution tout au long de leur carrière professionnelle : « Quand j’allais à l’école, personne n’avait la même couleur de peau, donc ça ne m’étonnait pas d’en avoir une différente. J’avais mon blanc à moi. Donc je demandais pourquoi on me traitait, me regardait différemment. Pareil pour la vue. Je pensais que tout le monde voyait comme moi et parfois se prenait des murs ! », raconte-t-elle au Monde.
Résultat : Nantenin Keïta veut transmettre son mental d’acier aux autres enfants albinos. Avec son père, elle a créé une association, la Fondation Salif Keita Pour Les Albinos (FSK), basée à Bamako, qui agit sur le plan de l’éducation et de la santé. Elle n’a qu’une volonté et y travaille dur : faire reconnaitre les albinos comme des personnes comme les autres.
Et c’est, en quelque sorte, ce que l’athlète élancée aux nattes blondes nous prouvera en prenant son départ tant attendu pour la finale du 400m, ce samedi 4 septembre. On lui souhaite d’être ÀBLOCK!
- Nantenin Keïta a terminé au pied du podium en finale des Jeux Paralympiques de Tokyo, s’adjugeant la quatrième place lors de l’ultime course paralympique de sa carrière, le 400m T13 femmes. Elle avait pourtant signé son meilleur temps de la saison.