Jeux Olympiques de Paris 2024Les frustrations françaises

Marine Boyer : « Mon parcours est la preuve que, quand on a l’envie, on peut y arriver.  »
Ces JO de Paris 2024 l'ont démontré, le sport de haut-niveau est bien loin d'être une science exacte, et peut même se révéler cruel. Certaines de nos championnes françaises, même si elles ont tout donné, le savent mieux que quiconque. Mais elles vont apprendre de ces désillusions. Et elles reviendront plus fortes.

Par Alexandre Hozé

Publié le 13 août 2024 à 16h05, mis à jour le 14 août 2024 à 19h31

Elles étaient 282, 282 athlètes françaises qualifiées aux Jeux Olympiques de Paris 2024. Et si 61 d’entre elles ont fini les JO avec une (ou plusieurs) médaille(s) autour du cou, toutes les Bleues nous on fait rêver. 

On y a cru avec elles, on a été déçus avec elles… La magie des Jeux était bien là ! Et si ce que l’on retient évidemment, c’est la fête et les performances incroyables de la délégation française, tout n’a pas été parfait. C’est le sport de haut-niveau, une histoire de micro-détails qui basculent dans un sens ou dans l’autre. Et malgré toute leur préparation, leur talent, ou encore la ferveur de leur public, certaines Françaises repartent de ces Jeux Olympiques parisiens frustrées. 

Tout a été compliqué dès les premiers moments pour l’équipe de France de gymnastique. Marine Boyer commence malheureusement sa compét’ par une chute, et les Françaises n’ont pas su s’en relever. Pas de finale pour les Bleues, la déception est grande, les larmes de nos gymnastes en témoignent. Le rendez-vous parisien est loupé, mais c’est loin d’être la fin… 

Marine Boyer est peut-être tombée, mais aucun doute, elle remontera la pente…©FFGym/Thomas Schreyer

Pour les tricolores du rugby à 7, tout semblait bien parti. La ferveur était là, l’euphorie de la victoire des garçons quelques jours plus tôt n’était toujours pas retombée… Les vice-championnes olympiques de Tokyo avaient tout en main ! Mais en quarts de finale, face au Canada, les Bleues se font surprendre. La défaite, qui clôt la deuxième journée de compét’, est on ne peut plus dure. Les espoirs de médaille s’envolent. Camille Grassineau et ses coéquipières iront tout de même chercher la cinquième place dans un baroud d’honneur, mais comment s’en satisfaire ? 

Un scénario cruel dont les filles du basket 3*3 ont également été victimes. Quatrième à Tokyo, championne du monde 2022 et deuxième mondiale en 2023, l’équipe de France voulait la médaille. Mais Laëtitia Guapo et ses trois coéquipières ont laissé passer trop d’occasions… Les tirs, d’habitude réussis, ne rentrent pas, ce qui était simple devient compliqué. Trop en difficulté offensivement, les filles ne se sortent pas des poules. Là encore, les garçons nous ont redonnés le sourire en décrochant l’argent, mais pour les basketteuses tricolores, le rêve a tourné au cauchemar. 

Idem pour Estelle Mossely. La championne olympique de 2016 s’était lancé le pari de doubler la mise dans la Ville Lumière. La préparation fût compliquée, mais l’espoir était toujours là au moment des seizièmes de finale. Véritable rockstar en arrivant sur le ring, Estelle Mossely n’a malheureusement rien pu faire. Dépassée dans l’agressivité, en-dessous physiquement, la boxeuse tricolore s’incline au terme de neuf minutes de combat. Une défaite qui promet d’être dure à digérer… 

Rien n’y a fait, la préparation perturbée d’Estelle Mossely lui a été fatale…

Pour deux autres Françaises, un destin similaire a ruiné leur rêve olympique. Une chute. Loana Lecomte en VTT et Marie Oteiza en pentathlon, ont partagé le même cauchemar. 

Sur son VTT, Loana Lecomte semblait en mesure de décrocher une breloque. L’or était réservé par la championne Pauline Ferrand-Prévot, mais la deuxième tricolore était dans le groupe des poursuivantes, prétendantes donc à l’argent ou le bronze. Malheureusement, dans une descente technique, Loana Lecomte chute lourdement. Évacuée, la Française a fait peur à tout le monde, mais le principal est là : elle va bien. L’apprentissage est dure pour elle, mais nul doute qu’elle reviendra plus forte. 

Pour Marie Oteiza, c’est son cheval qui lui a joué un mauvais tour. Sur l’épreuve du saut d’obstacles au pentathlon, le destrier de la tricolore fait un refus dès la première barrière, entraînant la chute de sa cavalière. Le rêve tourne court pour Marie Oteiza, qui finira son pentathlon à la dix-huitième place, loin du podium et notamment de la seconde place d’Élodie Clouvel. 

Pour Loana Lecomte, plus dure a été la chute… ©Facebook

Ces déceptions nous ont surprises, mais d’autres étaient sûrement plus prévisibles… 

En tennis, les Françaises n’ont pas réussi à créer l’exploit. Le niveau international reste égal à lui-même, très exigeant, et nos tricolores ont encore des choses à apprendre avant de tutoyer les plus hauts sommets de la petite balle jaune. 

Pour l’équipe de France de football, on espérait que ce tournoi olympique serait la confirmation que les Bleues n’ont plus de plafond de verre. Malheureusement, leur élimination en quarts de finale nous replonge dans la même situation. Le talent du groupe est indéniable, mais pour le moment, il manque quelque chose. Hervé Renard démissionnant, on croise les doigts pour que le ou la prochaine sélectionneuse trouve la formule magique… 

L’histoire se répète pour les Bleues… ©FFF

D’autres tricolores repartent également frustrées, mais apprendrons beaucoup de ces JO, quoi qu’il en soit. 

À seulement 19 ans, la jeune grimpeuse Oriane Bertone finit à la huitième et dernière place de la finale du combiné d’escalade. La Française voulait faire mieux, mais tout ne s’est pas passé comme prévu. Mais autant vous dire que nous ne sommes pas inquiets à son sujet… Oriane Bertone a une mentalité de championne. Une fois la déception (di)gérée, elle repartira de plus belle à l’assaut des blocs. Les années qui arrivent s’annoncent bien pour l’escalade tricolore… 

En breaking également, les deux jeunes B-Girls françaises Sya Dembélé et Carlota Dudek repartent déçues. La première échoue aux portes des demi-finales, la seconde a été éliminée plus tôt dans la compétition. Mais à 17 et 22 ans, on ne s’en fait, elles reviendront plus agiles encore sur le dancefloor. 

Carlota Dudek alias B-Girl Señorita Carlota reviendra plus forte sur le dancefloor… ©Facebook

Parlons maintenant de natation. Alors certes, côté masculin, c’est une réussite indéniable, la torpille Léon Marchand s’est révélée être un aimant à médailles (surtout celles en or) à toutes épreuves. 

Mais pour les nageuses françaises, le bassin fût plus compliqué à apprivoiser… Exceptée la magnifique seconde place d’Anastasiia Kirpichnikova sur 1500 mètres nage libre, aucune tricolore n’est montée sur le podium olympique. Charlotte Bonnet s’en est allée dès les demi-finales, Marie Wattel, après une préparation polluée par les blessures, a tout donné sans que cela puisse suffire… 

Mais tout n’est pas à jeter pour autant ! Sur 100 mètres dos, Emma Terebo et Béryl Gastaldello se sont toutes les deux hissées en finale. Et pour le reste des nageuses, nous n’avons aucun doute : elles sont peut-être touchées, mais loin d’être coulées… 

Pour Charlotte Bonnet, c’est JO n’ont pas été une partie de plaisir…

Ce sentiment mi-figue, mi-raisin, nous le retrouvons en athlétisme également. Une médaille, c’est peu. Certes, celle de Cyréna Samba-Mayela est magnifique, mais à domicile, il est difficile de se satisfaire d’un seul podium. Mélina Robert-Michon, peut-être pour ses derniers JO, finit douzième, déçue de ne pas voir sû se servir de l’énergie du public. 

Des frustrations, il y en a, mais pas seulement ! De grandes performances françaises ont eu lieu. 

Alice Finot, sur 3000 mètres steeple, finit à la quatrième place. Dit comme ça, c’est moyen. Mais quand on sait que la championne bat son record personnel et record de France, le record d’Europe, et descend sous la barrière fatidique des neuf minutes, que dire de plus ? Pour Rénelle Lamote, sa cinquième place en finale du 800 mètres a également ce goût de satisfaction. Après toutes les épreuves que la championne a traversées, être en finale olympique, ça vaut de l’or…

Mélina Robert-Michon est déçue, mais qui sait si ce sont vraiment ses dernières olympiades ?

On parle ici de filles plus expérimentées, mais la jeunesse française de la piste a pris rendez-vous pour les années à venir ! Louise Maraval sur 400 mètres haies, Ilionis Guillaume en triple saut, Solène Gicquel et Nawal Meniker en saut en hauteur, Marie-Julie Bonnin au saut à la perche… Toutes ces filles sont l’avenir ! 

On pourrait bien se casser la tête à essayer de trouver des explications à ces désillusions. Des préparations perturbées, une pression trop difficile à gérer, des concurrentes à un niveau trop élevé, la faute à pas de chance… Laissons derrière nous ces déceptions.

Il appartient aux athlètes et à leur entourage d’en tirer des leçons ou non. L’important, c’est la réponse… Et ça, nous en sommes sûrs, ces championnes en apporteront de bien belles ! 

Avec des championnes en herbe comme Marie-Julie Bonnin, l’athlétisme tricolore a ce qu’il faut pour remonter la pente…©️Instagram

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