Celle qui a déjà à son palmarès deux Championnats d’Europe fait aussi office de pionnière : elle est la première entraîneuse, hommes et femmes confondus, à avoir disputé deux finales de Coupe du monde de foot féminines avec deux nations différentes. La Néerlandaise Sarina Wiegman, coach des Lionesses anglaises, attire aujourd'hui les convoitises des sélections masculines.
Par Alexandre Hozé
Publié le 12 novembre 2023 à 19h03, mis à jour le 13 novembre 2023 à 17h21
Méticuleuse. Acharnée. Génie stratégique. Tous ces qualificatifs conviennent parfaitement à Sarina Wiegman, coach la plus douée de sa génération et actuellement à la tête des Lionesses, la sélection anglaise de football. Et ce n’est pas elle qui le dit, mais ses joueuses. On les comprend, avec une telle guide, difficile de tarir d’éloges à son sujet.
Mais avant de passer sur le banc, la Néerlandaise était crampons aux pieds. À une époque où le football féminin était encore moqué et décrié, Sarina Wiegman était déjà déterminée à faire ce qu’il lui plaisait. Si sa carrière de coach reste plus prestigieuse que ses prouesses sur le terrain, elle n’a tout de même pas chômé sur les pelouses ! Chiffres à l’appui : 99 sélections avec l’équipe nationale néerlandaise entre 1987 et 2001.
Entre le milieu de terrain et la défense, Sarina Wiegman s’est toujours mise au service de l’équipe. Une mentalité qui l’a rapidement poussée vers le coaching. Mais pas seulement : Sarina Wiegman impressionne par sa vision du jeu, sa maîtrise des émotions et ses qualités de technicienne.
Elle se lance tout d’abord avec des clubs néerlandais, notamment l’AOC La Haye, ville de sa naissance. Le temps de se faire une robuste expérience avec un titre de champion des Pays-Bas en 2012 et trois coupes nationales.
Et forcément, ça ne passe pas inaperçu. En 2014, elle intègre le staff de l’équipe nationale. La boucle est presque bouclée… Jusqu’en 2017, Sarina Wiegman poursuit son apprentissage et contribue à la montée en puissance des Pays-Bas. Et finalement, quand arrive le moment de l’Euro 2017, c’est à son tour de briller.
La joueuse prend les rênes de la sélection nationale, pour le meilleur… et c’est tout ! Cet Euro 2017 est la démonstration de tout son talent en tant qu’entraîneuse. Ses joueuses vont chercher le trophée ! Sarina Wiegman est désormais sur le toit de l’Europe.
Deux ans plus tard, toujours à la tête de la sélection néerlandaise, c’est la Coupe du Monde que vise les Pays-Bas. Sur le sol français, la sélectionneuse et ses joueuses ont un objectif : faire broder une étoile sur leur maillot. Et jusqu’au bout, elles y auront cru. Mais face à la surpuissante équipe des États-Unis et sa capitaine Megan Rapinoe, ça s’avère compliqué. Défaite en finale. Déception.
Mais il en faut plus pour abattre la coach batave qui va se lancer un nouveau défi : l’équipe d’Angleterre féminine vise les sommets et qui mieux qu’elle pour l’y guider ? En 2021, Sarina Wiegman quitte la sélection néerlandaise pour faire place aux Lionnesses !
L’Euro 2022 valide on ne peut mieux le choix de la Fédération britannique : les Anglaises ramènent la coupe à la maison, la technicienne est de retour au sommet. Et elle le confirme un an plus tard…
La Coupe du Monde 2023 est une autre démonstration du génie stratégique de Sarina Wiegman. La sélection anglaise fait partie des grandes favorites et est attendue de pied ferme. Mais les blessures et les suspensions s’en mêlent.Place à l’improvisation ? Pas avec Sarina Wiegman. On pourrait presque croire qu’elle avait tout prévu. L’équipe d’Angleterre joue son meilleur football. Même l’Australie de Sam Kerr, pourtant à domicile, ne peut rivaliser avec les Lionesses.
En finale face à l’Espagne, les Anglaises arrivent avec les crocs. Mais pour la deuxième fois à ce stade de la Coupe du Monde, Sarina Wiegman et ses joueuses trébuchent sur la dernière marche. Un coup dur pour la sélectionneuse. Pourtant, malgré la défaite, elle obtient sa place dans les livres d’histoire du ballon rond : elle devient la première sélectionneuse de l’histoire du football à accéder à deux finales de Coupe du Monde avec deux nations différentes.
Une sélectionneuse engagée qui dit dans le journal britannique The Guardian : « J’aime vraiment les médailles, mais ce dont je suis la plus fière, c’est que les jeunes filles ont maintenant une perspective, que les jeunes filles peuvent jouer au football et que les jeunes filles peuvent porter des maillots avec leur nom. Quand vous allez à l’épicerie et que les gens vous disent : « Ma fille portait ce t-shirt, mais mon fils le porte aussi maintenant », ça veut dire que nous avons contribué à changer la société. »
De quoi attirer les convoitises… Les États-Unis lui font rapidement savoir leur intérêt pour diriger son équipe féminine. Le football masculin se joint à la danse : selon le média anglais The Telegraph, la sélection néerlandaise aurait des vues sur l’entraîneuse, tout comme l’équipe d’Angleterre qui penserait à elle pour succéder à Gareth Southgate au terme de l’Euro 2024.
Rien de très surprenant, les qualités de Sarina Wiegman font d’elle une des plus grandes sélectionneuses actuelles. Honnête et claire avec ses joueuses, méticuleuse dans la préparation des matchs et des compétitions, visitant pas moins de vingt lieux de séjour pour la Coupe du Monde 2023 avant le tirage au sort, tactiquement au point, toujours calme sur le banc, elle semble transmettre une certaine sérénité à ceux qui l’entourent. Et elle continuera de le faire avec la sélection britannique féminine au moins jusqu’aux Jeux Olympiques de Paris 2024.
Et oui messieurs, Sarina Wiegman est sous contrat, et on voit mal la Fédération anglaise se passer de ses services. C’est ce qui s’appelle la rançon du succès. Il faut attendre son tour.
Sarina Wiegman a publié une autobiographie le 9 novembre, What It Takes: The Inspiring Journey of Sarina Wiegman and the Lionesses’ Rise to Success (HarperCollins).
Ouverture : @ Instagram / sarina.wiegman
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