Coraline Foveau« Malgré mon accident, je ne renoncerai pas à ma passion pour le windsurf. »

Coraline Foveau ouv FB
Elle, c’est Coco, Coraline Foveau, grande liane blonde aux yeux bleus, championne de windsurf au mental d’acier. À 25 ans, elle a bravé les plus belles vagues de la planète mais aussi les tempêtes. Une chute en plein saut en 2023 et la souffrance qui la cloue au sol. Avant qu'on ne lui découvre une commotion cérébrale. Aujourd'hui, elle se remet lentement et veut sensibiliser sur le sujet. Et quel meilleur exemple que de retourner à l’eau et… à la compétition !

Par Claire Bonnot

Publié le 22 octobre 2025 à 17h03

Petite, est-ce que tu étais déjà un poisson dans l’eau ?

Ah, oui, totalement, parce que j’avais la chance d’habiter en Guadeloupe. J’y suis née et j’ai passé toute mon enfance là-bas. J’étais beaucoup dans l’océan. J’adorais le surf. J’adorais la plongée sous-marine, mais je n’étais pas encore attirée par la voile. Mes parents avaient un voilier, seulement j’avais peur, je n’étais pas à l’aise quand on penchait.

Tu étais donc assez sportive…

Oui, c’est vrai, parce qu’en plus de tout ça, j’aimais aussi faire du motocross dans le jardin ou aller courir pour me défouler. Faire du sport, c’était ma manière d’évacuer mes frustrations. Mais je n’étais pas encore une compétitrice dans l’âme ! Les choses ont un peu changé lorsque nous avons déménagé dans le Nord de la France, à côté de Boulogne-sur-Mer, suite au décès de mon père (dû à un accident de moto, Ndlr). J’avais 12 ans. La mer, l’océan… l’eau a eu une place différente pour moi. Je ne me baignais plus. Et je me suis mise à faire d’autres types d’activités sportives : du skate et beaucoup d’équitation. C’est pour ça qu’avec du recul, je me rends compte que la planche à voile est entrée dans ma vie pour me reconnecter à l’océan… et donc à mon enfance.

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Comment, alors, le windsurf t’emporte dans sa vague ?

C’était l’été de mes 14 ans. Mes cousins étaient dans le coin. Et, pour les canaliser, leur grand-mère les avait mis dans un club de voile. Ils nous ont embarqués avec eux. Ma première rencontre avec la planche à voile a été très mouvementée. Les conditions étaient difficiles : on avait du vent qui venait de la pleine mer et qui faisait monter les vagues. En plus, le moniteur nous a jetés dans le grand bain direct. Ils nous disaient : « Je ne peux pas m’occuper de vous tant que vous n’êtes pas sortis des vagues. » Sauf qu’on avait un matériel beaucoup trop volumineux pour ce genre de conditions. Du coup, j’ai choisi d’essayer de passer les vagues. Et puis, une fois arrivée au large, j’étais tellement épuisée par cette bataille que j’ai eu le mal de mer et j’ai vomis toutes mes tripes au large. Ça aurait pu me décourager mais non, je ne voulais pas avoir fait tous ces efforts pour rien. Je crois que ça a réveillé mon caractère de battante et mon côté un peu buté.

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Et tu as continué à (wind)surfer sur les vagues tout l’été ?

J’avais tellement apprécié cette session qu’avec mon petit frère, on a essayé de trouver un autre stage mais c’était la fin de l’été… Alors, on a décidé de s’inscrire dans une école de voile pour prendre des cours de planche à voile à l’année. On a eu la chance de tomber sur un entraîneur extrêmement pédagogue. C’est vraiment lui qui nous a transmis la passion à tous les deux. Et c’est lui aussi qui nous a fait entrer dans une autre dimension puisqu’il nous a permis de découvrir les compétitions. Jamais je n’avais abordé le sport de cette manière avant ça. Pour moi, le sport, c’était juste pour m’amuser. Je n’avais pas plus d’objectifs que ça.

À quel moment as-tu été lancée dans les compétitions ?

Très vite ! Surtout que, dans le Nord, la planche à voile est très développée, il y a plein de compétitions départementales. J’ai fait de la compétition quelques mois à peine après avoir commencé. Ça ne veut pas dire que ça a marché du premier coup ! Je me souviens avoir été bloquée dans les roseaux du lac dans lequel on concourait parce qu’il y avait trop de vent… Mais à force de tenter, on a de plus en plus apprécié avec mon frère. On regardait les applications météo dès qu’il y avait du vent et on faisait tout pour trouver le temps de se mettre à l’eau. On a vite essayé de naviguer dans les vagues, mais avec du matos pas du tout adapté. Par chance, notre entraîneur nous a vite prêté une planche idéale pour surfer dans les vagues. On se relayait dans l’eau. On progressait de plus en plus et on se motivait l’un l’autre. Notre mère a été d’un grand support vis-à-vis de notre passion, ça nous a beaucoup aidés. Parce qu’on avait 14-15 ans, on n’avait ni les moyens de s’acheter du matériel, ni ceux d’aller à la plage pour s’entraîner.

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S’entraîner avec ton frère, ça t’a aidée à ne rien lâcher ?

Absolument, parce que même si la planche à voile est un sport individuel, c’est un sport qu’on partage. Personnellement, j’apprécie beaucoup moins une session si je la vis seule que si je la vis accompagnée, et d’autant plus accompagnée de mon petit frère. Même si on est très contents d’aller à l’eau, parfois, il fait dix degrés, il pleut, il faut mettre la combinaison mouillée de la veille… C’est pas toujours évident. À deux, ça crée une émulation !

Quelles étaient tes sensations quand tu as commencé le windsurf ?

Ce qui m’a plu, c’est le côté très ingrat de la planche à voile, étonnamment. Dans le sens où quand tu démarres, il faut d’abord progresser, il faut être très tenace pour s’en sortir, pour réussir à faire des choses. Ça forge ! Et j’aimais me dire que j’avais tout à apprendre. C’est exaltant. Et puis, il y a aussi cette sensation de glisse et de communion avec les éléments naturels, le vent, la mer, qui est incomparable. Et cette rencontre avec mon entraîneur m’a vraiment donné le virus de la planche. Ça m’a changé la vie. Sur plusieurs plans. Je voulais être vétérinaire à la base et là, je me découvrais une autre passion. Mais pas seulement. Avant ça, je ne faisais rien à l’école. Avec la planche à voile, j’ai trouvé un bon équilibre : plus j’allais à l’eau, plus je bossais et meilleurs étaient mes résultats. C’est comme ça que j’ai compris que j’avais un tempérament qui avait besoin d’avoir plusieurs projets. En première et en terminale, je faisais même des concours annexes en géologie, en science, en maths. C’était peut-être une manière pour moi de montrer que ce n’était pas parce que je passais 80 % de mon temps sur l’eau que je foutais ma vie en l’air. Je prouvais que j’étais capable de tout faire !

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Comment tu parvenais à tout concilier ?

Quand il y avait du vent, je devais pouvoir aller à l’eau. C’était ça mon but ! Au lycée, j’étais même allée voir la principale en lui disant que si elle voulait me garder, il fallait m’autoriser des absences en cas de vent car j’irai m’entraîner… Comme j’étais devenue un bon élément et que j’étais même déléguée de classe, j’avais du poids ! Ça a marché. Du coup, dès qu’il y avait du vent et des vagues, je me retrouvais à louper les cours. Je les rattrapais ensuite, bien sûr.

À partir de ce coup de foudre pour la planche à voile, tout semble glisser pour toi…

Après les compets’ départementales, j’ai fait des compétitions régionales, puis les Championnats de France, et en parallèle, je faisais de la vague. Je préférais ce genre de sessions.

Parce qu’il y a plusieurs disciplines en planche à voile ?

Oui, en planche à voile, il y a le support olympique, où tu cherches à faire un parcours au large. C’est une course standard. Après, il y a la planche à voile de vitesse – on appelle ça du slalom, où l’idée est d’aller le plus vite possible. Et puis, tu as la vague, c’est-à-dire faire des figures dans les vagues. Il y a même le freestyle, mais ça c’est encore autre chose. On commence en faisant de la planche à voile standard et puis on peut se diversifier. Pour ma discipline, la vague, on parle plutôt de « windsurf ».

C’est donc un sport nautique, un sport de glisse, où l’on a une planche sous les pieds et une voile dans les mains, connectées. On se sert du vent pour avancer et on peut jouer, danser, avec les vagues, faire des sauts en essayant d’aller le plus haut possible pour s’offrir un peu plus de sensations. Pour pimenter les choses, en windsurf, on tente aussi des figures : des saltos, avant, arrière et même des doubles saltos.

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Quels sont les atouts que l’on te reconnaissait dans ce sport ?

Le fait que je n’abandonnais jamais. J’étais étonnamment la plus performante quand il n’y avait pas beaucoup de vent : je faisais tout pour essayer de créer une énergie avec la voile pour pouvoir avancer. Je n’ai pas peur des vagues aussi ni de faire quelque figure que ce soit. J’avais la chance de ne pas avoir d’appréhension.

À quoi tu penses quand tu glisses sur les vagues ?

Pas à grand-chose. Et c’est justement un de mes problèmes. Parce que je me retrouve facilement dans des situations un peu délicates comme, par exemple, à naviguer sans faire attention à la vague qu’il y a derrière moi… Je navigue surtout à l’intuition. Je ne suis pas dans le calcul. Mais sinon, je me sens tout simplement plus dans mon élément quand je suis sur ma planche qu’ailleurs.

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Quelles ont été les étapes jusqu’à devenir une sportive de haut niveau ?

Je n’ai pas été repérée plus que ça, mais j’ai gravi les échelons, de compétitions en compétitions. D’ailleurs, je n’ai pas eu de reconnaissance de la Fédération avant un bon bout de temps. J’avais le niveau pour faire partie du dispositif Relève qui permettait d’avoir des stages, des coachs, et un accompagnement, mais ça ne s’est fait que tardivement, en 2023, une fois que j’ai fait 3e mondiale Femme. Avant ça, je n’étais pas reconnue. En fait, dès le lycée, j’ai pris trois voies en parallèle : j’étais sur le support Olympique, je faisais mes entraînements en vagues dès que j’en avais l’occasion, et je faisais de la vitesse.

Mais mon objectif final, ce n’était pas les Jeux Olympiques mais plutôt de faire le tour mondial en vagues. J’ai donc été refusée d’un lycée où il y avait une section voile. Mais ce n’était pas grave pour moi, je savais que j’étais en train de trouver mon propre chemin. Côté support olympique, tu peux bénéficier des aides de la Fédération Française de Voile. Ce n’est pas le cas pour la vague car il n’y a pas d’avenir olympique. Donc il y a beaucoup moins d’aides.

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Comment envisageais-tu l’avenir alors ?

Je ne me voyais pas vivre de la planche à voile : très peu de personnes et très peu de femmes arrivaient à vivre de ce sport et c’est encore le cas aujourd’hui. L’une d’elles est vingt-cinq fois championne du monde… À l’époque, en plus, quand tu gagnais une compétition, tu avais trois fois moins d’argent qu’un homme. Et puis, les sponsors ne mettaient pas à disposition des femmes des contrats qui permettaient d’avoir un avenir quelconque.

J’envisageais surtout une carrière sportive mais pas professionnelle. J’ai donc fait une licence Sciences et Vie parce qu’avec ma connexion à l’océan, je me voyais bien biologiste marin. J’avais un accord avec la faculté, là aussi, tant que mes résultats tenaient la route. Parce que je faisais beaucoup de compétitions et donc il me fallait faire beaucoup d’entraînements. Mais au final, au bout de deux ans de licence, j’ai compris que ce métier me destinait à rester enfermée dans des laboratoires et que mes rêves d’expéditions étaient loin d’être réalisables. J’ai donc arrêté et je me suis lancée dans des études à distance, dans la relation client. J’avais la discipline et l’autonomie pour gérer ce parcours. Ça a bien marché pour moi et je pouvais faire mes compétitions en parallèle.

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Pourquoi ces conditions pour les femmes dans la planche à voile : elles ne sont pas prises au sérieux ?

Parce que la planche à voile était considérée comme un sport d’hommes. Et c’est encore le cas aujourd’hui. Même si on voit de plus en plus d’égalité dans les conditions, ça reste un « sport d’hommes ». À la manière des sports extrêmes, considérés comme plus masculins. Et puis, si on fait un ratio, la population de planchistes est composée à 95 % d’hommes. Du coup, je pense que les marques sont plus frileuses avec les femmes parce qu’elles se disent qu’un homme ne pourra pas s’identifier et comme ils sont en majorité… Nous ne sommes pas une assez bonne part de marché.

On est aussi moins nombreuses à faire de la compétition. C’est d’ailleurs l’argument pour justifier nos primes inférieures à celles des hommes. Pourtant, nous les femmes, avons un engagement tout aussi important que les hommes, voire plus important, parce qu’on n’a pas les contrats qui permettent d’avoir le matériel nécessaire pour faire le tour mondial, par exemple. On doit trouver comment financer tout ça. Sans ces supports, c’est un sacré handicap. Résultat : le trois-quart des femmes qui sont sur le Tour actuellement ont un double projet. Elles ont un métier à côté et elles se libèrent du temps pour pouvoir faire des compétitions.

Moi, j’ai envie de rêver. J’ai envie de dire qu’il y a aussi un avenir professionnel pour une femme dans la planche à voile et que ce n’est pas parce qu’on est une femme qu’on n’a pas une influence dans ce milieu. D’ailleurs, il suffit de regarder mes statistiques, j’ai beaucoup plus d’hommes qui me suivent sur mes réseaux. Ce que je partage le plus, c’est surtout mes performances et ma pratique en général. Je n’ai pas les fesses à l’air. On ne me suit donc pas pour ça mais pour mon sport. Alors, je me dis que je peux justement avoir l’influence que les marques recherchent.

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Malgré ce manque d’aides, tu as réussi à t’en sortir financièrement pour continuer à financer ta passion ?

Quand j’ai commencé à concourir sur le Tour mondial, je ne gagnais rien du tout. La seule chose qui me permettait de financer ma carrière sportive et mon matériel, c’était les rentes d’éducation auxquelles j’avais droit tant que j’étais étudiante suite au décès de mon père. C’est comme ça que j’ai pu retourner m’entraîner en Guadeloupe et faire des compétitions. Ensuite, j’ai commencé à faire des podiums. Les primes étaient alors à égalité avec celles des hommes à ce moment-là, mais ça me payait tout juste mon déplacement. Après, j’avais au moins la free accommodation, quand j’ai été classée dans le Top 8 des femmes (Coraline y a été classée à partir de 2023 après sa 3e place mondiale, Ndlr). C’était déjà ça mais ce n’était pas un avenir côté financier. Et il faut savoir que je faisais cinq compétitions à l’année, ce qui veut dire beaucoup de déplacements et donc de dépenses : Chili, Grande-Canada, Ténéré, Hawaï, Allemagne…

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Quel moment, dans ta carrière, a été une étape dans ta pratique ?

Ma compétition aux Fidji, en mai 2023. Ça a vraiment été un palier pour moi, c’est là-bas que j’ai compris à quel point j’aimais la planche à voile. Je me suis retrouvée à naviguer, en entraînement, dans huit mètres de vagues. Ça a été un sacré déclic. J’ai toujours fantasmé sur les pros qui parviennent à naviguer dans des énormes vagues, comme celle de Jaws à Hawaï ou de Nazaré, au Portugal. Pendant la compétition, la hauteur de vagues était moindre mais c’était quand même de la grosse vague. Du coup, j’ai pu montrer mon engagement, montrer que je n’avais pas peur et que, plus la vague était grosse, plus j’avais de l’adrénaline, plus j’étais transportée.

J’ai fini sur le podium à cette étape-là ! C’était mon premier sur le plan mondial, et j’avais réussi à naviguer dans des conditions un peu dangereuses, j’étais fière de moi. Après ça, il y a eu un autre événement marquant, la compétition de Gran Canaria en juillet 2023 où j’ai fait ma commotion cérébrale… Pourtant, c’est après ça que j’ai fait 3e mondiale Femme au IWT/PWA, International Windsurfer Tour/Professional Windsurfers Association.

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Effectivement, il y a deux ans, tu fais une lourde chute pendant une compétition et on t’annonce une commotion cérébrale. Que s’est-il passé ?

J’étais en quarts de finale de la Coupe du Monde de Gran Canaria. Il y avait énormément de vent. J’étais contre une windsurfeuse très forte en sauts. Donc, je me suis mis la pression pour sauter aussi fort, mais je n’avais pas le bon matériel pour ça. Le vent était trop puissant pour la voile que j’avais. J’ai voulu faire l’équivalent d’un salto avant et comme il y avait trop de vent dans ma voile, j’ai lâché. Je suis tombée la tête la première sur mon matériel. Et ça m’a mis un petit KO. C’est ce que l’on m’a dit parce que je ne me souviens pas du tout de l’accident ni même des trois heures qui ont suivies. Gros black-out.

J’ai apparemment fini par me réveiller dans l’eau et une amie qui était aussi en quarts de finale est venue me demander si ça allait. Je nageais tranquillement vers mon matériel et je l’ai ignorée. Elle s’est dit que je continuais ma compétition et que ça avait l’air d’aller bien. J’ai réussi à rentrer en naviguant. J’avais la lèvre en sang et la nausée. Autour de moi, les gens ont commencé à comprendre qu’il y avait un problème parce que j’étais extrêmement confuse. Je n’étais pas moi-même. Un événement en particulier a commencé à inquiéter mon entourage sur mon état : je cherchais une amie qui avait fait le Tour avec moi par le passé et qui était décédée deux ans plus tôt.

À l’hôpital, après m’avoir diagnostiqué une commotion cérébrale, comme rien n’avait été repéré sur les imageries médicales, on m’a laissée sortir rapidement après m’avoir recousu la lèvre. La prescription pour ma tête ? Du doliprane. Ils auraient dû attendre pour me faire les imageries médicales, peut-être que là on aurait pu voir quelque chose.

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Tu avais très mal à la tête, j’imagine, comment as-tu fait pour reprendre l’avion, par exemple ?

Même avant ça, quand on parlait normalement à côté de moi, c’était déjà trop fort pour moi. Il fallait qu’on me chuchote dans l’oreille pour que ce soit supportable. Je restais aussi dans le noir complet parce que la moindre petite lumière était trop forte. J’avais des énormes céphalées. J’avais essayé de sortir parce que je m’étais engagée dans un évènement féminin juste après la compétition pour promouvoir le windsurf chez les femmes. Sortir de l’appartement m’était impossible, je m’évanouissais.

Tu n’avais pas de solutions, pas de marche à suivre pour guérir ?

Étonnamment, alors que le windsurf est un sport extrême, pas grand monde dans ce milieu n’est sensibilisé aux commotions cérébrales et à l’impact que ça peut avoir. Personne ne savait comment agir autour de moi. On a compris après qu’il aurait fallu que je consulte à nouveau. Il aurait fallu aussi que je fasse un rapatriement sanitaire parce que le retour en avion, en effet, a été très dur. Je pleurais de douleur, j’avais l’impression que ma tête explosait. J’avais un masque pour la nuit sur les yeux et un casque à réduction de bruit pour les oreilles. Les dolipranes ne servaient à rien, évidemment… En arrivant chez moi à Nantes, on est allés directement aux urgences avec mon compagnon. On m’a refait des images médicales et on n’a rien trouvé. C’était dix jours plus tard. Peut-être que c’était trop tôt la première fois et trop tard cette fois-là.

On m’a prescrit du tramadol contre mes douleurs à la tête après m’avoir confirmé la suspicion de commotion cérébrale. C’était un peu « il faut attendre que ça passe ». À ce moment-là, en parallèle de mes études, j’avais trouvé un job pour une compagnie aérienne de jets privés. Comme j’étais en auto-entreprise, je leur ai dit que je n’étais plus disponible pour travailler. Je n’avais plus de rentrée d’argent, mais je vivais tellement dans la douleur que ce n’était plus la priorité. Ça a duré une bonne année puis j’ai quand même repris le travail, en étant constamment sous tramadol et en essayant de survivre. J’en étais là !

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Tu as donc subi une véritable errance médicale…

J’ai vu des tas de praticiens mais rien ne fonctionnait. Après mon podium de 3e mondiale au classement général, j’ai été acceptée dans l’équipe de France et j’aurais dû avoir accès à bien plus de suivis médicaux. Malheureusement, j’ai compris que c’était surtout un suivi sur le papier. Quand j’expliquais mon problème, qu’on ne voyait rien aux imageries médicales mais que je souffrais le martyre, on notait ça sur mon dossier, mais il ne se passait rien de plus. Au rugby et dans les sports de combat, la commotion cérébrale est très connue car il y a eu énormément de problèmes de cette sorte. Donc, là, il y a des dispositifs en place. Dans la voile, on n’en parle pas, on ne les voit pas.

Comme pour les cas de commotion cérébrale subis suite à un choc dans la vie quotidienne : se taper la tête contre le coffre de la voiture, une étagère ou un poteau. Ça peut être un geste anodin mais ça a des conséquences immenses. Pourtant, ce n’est pas suffisamment impressionnant pour qu’il y ait une prise en charge. C’est pareil pour moi et pourtant j’ai une vidéo de ma chute. Mais la planche à voile est encore considérée comme un sport de plage. Comme en plus j’ai continué les compétitions et que j’ai eu des résultats, à première vue, on avait l’impression que tout allait bien pour moi. Mais après les compétitions, je passais trois semaines alitée…

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Ça n’aurait pas pu être reconnu comme une situation de handicap ?

C’était clairement ça. Je ne pouvais même pas manger avec ma famille, je passais mon temps à dormir ou à faire semblant de dormir pour essayer d’adoucir la douleur que j’avais à la tête. J’avais aussi des problèmes d’équilibre. Je ne pouvais plus me réveiller dans la lumière sous peine d’avoir mal à ma tête dès le matin. Donc il fallait que je me réveille vraiment très doucement avec une lumière extrêmement tamisée. Trois personnes qui parlaient dans la même pièce, c’était déjà trop pour moi… Je ne savais plus conduire. Je ne savais plus travailler. Je ne savais pas passer une journée sans médicaments. Je me suis retrouvée à expliquer tout ça à un médecin d’assurances qui a estimé mon handicap permanent à 3 %, ce qui est l’équivalent d’une cheville raide après une entorse… Donc, c’est soi-disant reconnu mais absolument pas à la hauteur de la souffrance vécue. Et encore, je n’imagine même pas ceux qui sont accidentés dans la vie quotidienne. Car moi, malgré tout, j’étais dans l’équipe de France de haut niveau, j’avais la vidéo de mon crash, j’avais des éléments. Pour autant, on ne m’a pas pris au sérieux correctement. On s’est même mis à douter de ma douleur et on m’a demandé si ce n’était pas mental ! Un an plus tard, la médecin généraliste m’a quand même dit d’aller voir un psy quand je lui ai demandé des solutions. Elle ne voulait pas chercher, en fait.

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Comment as-tu trouvé le bon spécialiste qui te permet aujourd’hui de reprendre le chemin des vagues ?

J’ai fini par trouver une neurologue spécialisée dans les migraines qui m’a redirigée vers quelqu’un de plus adapté. C’était un neurologue, un médecin qui avait l’habitude de voir des commotions cérébrales dans des accidents de la route notamment. Il m’a très vite parlé du repos neurologique. En tant que sportive, un poil hyperactive il faut le dire, je ne connais pas le repos neurologique. Je le fuis même ! Il m’a dit que j’avais des symptômes tellement graves qu’il me fallait minimum six mois d’arrêt. Il m’a expliqué que je devais stimuler le moins possible mon cerveau. Je devais faire beaucoup de siestes et des activités extrêmement douces comme du coloriage avec un modèle pour ne pas trop stimuler mon cerveau, ou bien, du crochet.

Je suis donc partie à Hawaï chez mon copain, qui est aussi windsurfeur. Les gens ont une vie différente là-bas, beaucoup plus zen. Son entourage comprenait. Chez moi, c’était plus compliqué, ma famille se disait que c’était peut-être mental et puis même, ça ne devait pas être simple pour eux, on peut vite en avoir ras-le-bol car c’est quasiment ingérable comme situation. Pendant trois mois, je n’ai fait que des siestes. Je ne participais même pas aux tâches du quotidien chez mon copain. Je ne faisais absolument rien.

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Comment tu as fait pour tenir mentalement ?

Je croyais énormément en ce repos neurologique même si je n’ai voulu faire que deux mois au début. Quand on a fait les tests cognitifs, je n’avais absolument pas progressé. Alors, j’ai refait quatre mois de repos total. Je ne faisais pas les courses, je faisais à peine à manger et si jamais c’était le cas, il fallait que l’on me dise quoi faire. J’avais pour espoir qu’à la fin des six mois, je puisse reprendre doucement le travail et mon activité physique. Le problème, c’est que je me suis poussée dans mes retranchements, et ça m’a épuisée. C’était reparti pour deux mois… J’étais à nouveau alitée. Mon médecin n’avait plus de solution, il me proposait l’hypnose. Je me suis sentie à nouveau abandonnée. Je cherchais de nouvelles pistes, j’étais prête à investir beaucoup d’argent pour trouver le protocole miracle.

C’est comme ça que je suis tombée sur de nombreux témoignages de gens qui expliquaient l’errance médicale qu’ils subissaient depuis des années, leurs souffrances quotidiennes, etc. Je me suis dit que je devais faire pareil. Et les choses ont changé pour moi quand j’ai réussi à parler de mon état sur les réseaux. J’ai expliqué que je n’arrivais plus à vivre depuis deux ans. Et c’est comme ça que j’ai eu le contact d’un neurologue installé à Paris, le Docteur Chermann, qui proposait une nouvelle thérapie pouvant réduire les symptômes. Il fallait lui envoyer un mail pour qu’il estime l’urgence de mon état. J’ai écrit un vendredi à 21h, il m’a donné rendez-vous à son cabinet le lundi. Il a été choqué de savoir que j’avais survécu comme ça pendant deux ans. Ça fait du bien d’entendre ça. Pour une fois, je n’étais pas remise en question. Il comprenait totalement l’intensité de ma douleur.

Il m’a expliqué la thérapie dont la base était un casque faisant apparaître de la lumière infrarouge, et dont les petits picots permettaient à la lumière d’avoir l’intensité qu’il faut pour passer à travers la boîte crânienne. En parallèle, le système digestif est aussi traité car c’est le deuxième cerveau. Il me proposait deux semaines de traitement intensif au quotidien et me promettait 30 % de rétablissement au minimum. J’étais soulagée.

Deux semaines après avoir commencé, à la mi-mai, j’arrivais déjà à naviguer trente minutes sans avoir mal à la tête ou avoir besoin de faire trois heures de sieste derrière. C’était inespéré. Aujourd’hui, on a a espacé les séances, parce que je vais de mieux en mieux.

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La reprise n’a pas été trop difficile ? Car tu avais complètement arrêté l’exercice physique.

J’y vais vraiment petit à petit. Quand je retrouve des sensations. Aujourd’hui, mon énergie se dépense plus rapidement que pour une personne normale lambda, donc il faut que je trouve l’équilibre entre la préparation physique et le plaisir que j’éprouve à faire des activités. En plus, avec la commotion cérébrale, avant d’avoir les symptômes qui font mal, comme les maux de tête, il y a d’autres symptômes. Moi, j’appelle ça des pensées parasites : c’est quand tu commences à avoir une lassitude de ce que tu fais, même si tu aimes ce que tu fais à l’origine. Quand ça commence, je sais qu’il faut que j’aille me reposer. Je peux même avoir très vite le mal de mer ! C’est le signal que mon corps m’envoie pour que j’aille me reposer et que je puisse retourner à l’eau au bon moment pour moi. La fenêtre est très courte. Alors qu’avant je passais ma vie dans l’eau et que j’étais hyperactive. Mais, en fait, écouter autant mon corps m’a permis de progresser de plus en plus.

Tu as vraiment un mental d’acier !

Je crois que c’est un peu ma manière d’être, je suis très butée ! C’est surtout ça qui m’a permis de ne pas abandonner. Et aussi d’essayer de me battre pour tous ceux qui vivent l’errance médicale. J’ai pour ambition de créer une association autour de la commotion cérébrale pour donner les outils et conseils qui m’ont permis de progresser. Je veux relier mon nouveau projet sportif à cette sensibilisation autour de la commotion cérébrale, pour faire garder espoir à ceux qui sont blessés. Je veux montrer que la commotion cérébrale, ce n’est pas la fin des rêves. Je veux donc réussir à atteindre les miens. J’aimerais, pour cela, trouver une aide financière auprès de marques qui voudraient être associées à ces valeurs-là.

Pour ton retour à l’eau, as-tu pris un coach sportif ?

J’ai une coach sportive qui est basée à Hawaï. Elle détient le record du monde de la plus grosse vague naviguée. Elle m’accompagne sur la préparation physique mais, sinon, je n’ai pas d’entraîneur spécifique. Dans ce milieu des sportifs professionnels de windsurf, ce n’est pas courant. C’est à toi de te mettre la discipline. Et on s’entraide entre nous. Mon copain est aussi dans le Tour mondial. Du coup, on va beaucoup naviguer ensemble. On a le même rêve de vivre de notre passion. Lui, il a un contrat avec une marque spécialisée dans le windsurf. Ça lui permet d’en vivre. Si moi je veux arriver à avoir 8000 euros à la fin de l’année, il faut que je sois championne du monde, que je fasse des couvertures de magazines, que j’ai participé à quatre compétitions, etc… C’est une autre paire de manches pour les femmes !

En ce moment, j’essaie d’être beaucoup plus active sur la création de contenus sur les réseaux. Aujourd’hui, plus que la performance, c’est ça qui apporte de la plus-value auprès des marques. Je n’ai plus de job donc j’ai le temps ! Et ça me plaît. Depuis mon accident et cette errance médicale, je ressens aussi un besoin fort de partager mon expérience.

Même si tu n’es pas rétablie à 100 %, tu repars en compétition ?

Oui, ce sera plutôt en mars 2026 pour la nouvelle saison. J’ai pris pour décision de ne pas repartir en compétition maintenant. Même si, actuellement, il y a la compétition d’Hawaï et que j’ai beaucoup de mal à rester ici sans rien faire. Mais comme me l’a prescrit mon neurologue, je privilégie ma remise en forme. Avec pour objectif de déchirer en mars, au Chili ! En revanche, je ne suis pas encore prête à retenter la compétition à l’endroit où j’ai été blessée. J’y suis déjà retournée pour naviguer et ça a été très dur pour moi. J’ai fait des crises d’angoisse, mais j’ai réussi à dépasser cette peur. J’y retournerai en compet’ seulement quand je serai prête à performer.

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Est-ce que tu as pris un préparateur mental suite à tout ça ou bien tu gères seule ?

J’ai une neuropsy spécialisée dans les parcours de sportifs qui cherchent à reprendre leur activité suite à des blessures. Et elle est sensibilisée aux commotions cérébrales. Ça m’aide bien.

Malgré toute cette souffrance, est-ce que tu penses avoir retiré quelque chose de positif de cette épreuve ?

Avant l’accident, je n’étais absolument pas à l’écoute de mon corps. C’est un défaut de sportifs de haut niveau : on essaie toujours de dépasser nos limites. Les limites physiques, on les met sous le tapis. Maintenant, j’y fais attention. Et puis, j’ai réalisé à quel point c’était une chance d’avoir cette passion pour le windsurf, je veux donc réaliser mon rêve, celui d’en vivre. Enfin, je m’engage d’autant plus que j’ai perdu ma meilleure amie il y a quelques années. Suite à ça, j’ai failli arrêter la planche à voile. Faire le tour mondial en vagues, c’était notre rêve à toutes les deux à l’origine. Alors, je ne peux pas arrêter maintenant.

  • Le palmarès de Coraline Foveau : 2017-2020 2e Femme France, 3e Femme Jeune PWA Mondial, 4e Femme IFCA Europe ; 2022 5e Femme IWT Mondial ; 2023 3e Femme IWT/PWA Mondial dont 2 podiums mondiaux à Hawaï et Fidji ; 2024 8e Femme IWT/PWA Mondial dont 1 podium mondial à Hawaï
  • Coraline Foveau souhaite remercier ses sponsors, soutiens précieux dans cette aventure : Gunsails, Sooruz, Ubigi et Flikka
  • Pour contrer vents et marées dans votre propre ascension sportive, n’hésitez pas à suivre le flow de Coco sur son compte Instagram @cocofoveau
Ouverture ©Facebook/Coraline Foveau

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