Il aura fallu attendre cent-quarante ans pour voir une femme décrocher la responsabilité du premier des tournois américains, l’US Open. Stacey Allaster a succédé, en 2020, à David Brewer qui occupait ce poste depuis 2012. Mais si le symbole est fort, le cadeau n’est pas si sucré qu’il en a l’air, certains, à ses débuts, l’ont même jugé empoisonné…
Stacey Allaster a eu, dès son arrivée, la lourde tâche d’être la solution au problème de l’organisation du Grand Chelem suite à l’épidémie du Coronavirus. Autant dire que dans les coulisses de Flushing Meadows, cette décision avait alors été prise avec autant d’espoir que d’appréhension : faut-il changer une équipe qui gagne à l’heure de la crise sanitaire ? Il s’est avéré que yes, we can.
Car la dame a du répondant. La Canadienne est une femme de défis. Et le prouve encore à 62 ans, alors qu’elle entame sa dernière édition en tant que directrice du tournoi. Un départ sous les honneurs, l’US Open n’a jamais si bien réuni les foules : il a accueilli plus d’un million de spectateurs pour la première fois cette année. Une victoire pour celle qui écume les courts de tennis depuis toujours.

Une décennie à développer le tennis au féminin
Stacey Allaster n’a pourtant jamais évolué en tant que professionnelle des circuits, mais elle agit depuis des années pour donner aux joueurs et aux joueuses les meilleures conditions de jeu qui soient. Présidente de la WTA (l’Association des joueuses de tennis fondée par Billie Jean King) en 2006, elle devient chef de l’administration de l’USTA (Association américaine de tennis) dix ans plus tard. Avant de se mettre aux services du monde tennistique, elle a décroché une maîtrise de l’administration, devint vice-présidente du marketing et de la vente puis directrice de la Rogers Cup (tournoi du Canada) entre 2002 et 2005. Du sang froid en toutes circonstances, présente sur tous les terrains, respectueuse et respectée, Miss Allaster est une winneuse qui sait marquer des points sans déplaire.

Une femme qui veut tout…
Mariée et mère de jumeaux, Stacey Allaster sait ce qu’elle veut. Et ce qu’elle ne veut pas. C’est ainsi qu’en 2015, elle confie quitter la WTA et ses fonctions en raison de déplacements trop nombreux qui nuisent à sa vie de famille. Et de débuter six mois plus tard sa nouvelle aventure au sein de l’USTA puis, en 2020, de l’US Open. Mais sous conditions. Militante pour l’égalité des sexes, elle a notamment été à l’origine de la mise en place d’une bourse équivalente pour les hommes et les femmes dans plusieurs tournois, signant des contrats lucratifs au profit du tennis féminin partout dans le monde.
Stacey Allaster n’a jamais quitté les starting-blocks. Toujours un set d’avance, audacieuse et innovante. La grande dame du tennis, Billie Jean King, elle-même, a salué son leadership et ses avancées à la tête de l’U.S. Open : « Elle a défendu l’égalité et le progrès, et a travaillé sans relâche pour élever le niveau de réussite dans son rôle ».
En septembre 2025, à l’issue de son ultime US Open, Stacey Allaster qui n’en a pas encore fini avec la petite balle jaune occupera un poste de conseillère stratégique au sein de l’USTA. Elle n’aime pas être à court de tennis.