Sophia PopovLa golfeuse qui rêve en green

Sophia Popov
Affaiblie par la maladie de Lyme et à deux doigts de ranger ses clubs à jamais, elle a finalement gagné son tout premier Grand Chelem cet été. La golfeuse américano-allemande est un exemple de persévérance. Son conte de fées ou plutôt de « tees » (puisqu’on parle de golf...) entre illico dans la belle histoire du sport !

Par Claire Bonnot

Publié le 29 octobre 2020 à 16h53, mis à jour le 29 juillet 2021 à 14h49

Le 23 août 2020, la 304e joueuse mondiale, Sophia Popov, décrochait le Graal à l’âge de 27 ans : le titre du British Open, devenant par là-même la première Allemande à remporter un titre du Grand Chelem sur le circuit féminin de golf.

« Une victoire historique et improbable », titre la presse. Même Sophia Popov, tout nouveau prodige du golf mondial, n’en revient pas : « Je suis sur la lune ! » ou encore « C’est tout simplement incroyable », s’exclame-t-elle alors. Et pourtant…

La persévérance, le hard-work et les obstacles lui ont peut-être pavé la voie vers la gloire avec, comme moteur, la passion du sport, bien sûr !

Sophia Popov, la golfeuse qui rêve en green
©Facebook/Sophia Popov

Un rêve solidement construit

Une histoire de famille, sportive et compétitive. Son père est joueur de hockey, sa mère, une grande nageuse. L’un de ses deux frères aînés confie au New York Times : « Si vous n’étiez pas le premier, vous étiez le dernier. Entre nous trois, c’était toujours une compétition. Et Sophia voulait nous battre, que ce soit au sport, dans les études ou pour un jeu de cartes ! »

Dès l’université, Sophia Popov s’entraîne avec passion et remporte, en 2010, le Championnat amateur européen. Pleine d’espoir, elle passe professionnelle en 2014.

Sophia Popov
©Facebook/Sophia Popov

Mais, durant six saisons, c’est une bien maigre récolte sur le plan des trophées – son meilleur résultat dans un tournoi du Grand Chelem est alors une 57e place en 2011 lors du British Open – mais aussi sur le plan financier. C’est alors qu’elle songe à arrêter le golf.

D’autant qu’elle est diminuée, depuis 2015, par une maladie dont personne ne parvient à établir le diagnostic. Ce sera finalement la maladie de Lyme ; elle ne le révélera que cet été après la remise de son trophée : « Nous ne savions même pas ce que c’était. Il a fallu au total près d’une vingtaine de visites chez le médecin pour comprendre. »

Mais la battante a le golf dans la peau et continue d’arpenter les greens… Elle remporte trois tournois sur le Cactus Tour, un circuit américain de troisième zone entre le Texas et l’Arizona, juste avant la pandémie mondiale de COVID-19. Puis, pendant les cinq mois de pause du tournoi international, fauchée, elle devient caddie pour une amie.

Sophia Popov
©AIG Women's Open

Enfin, c’est l’ascension surprise : elle se qualifie pour le British Open qui a lieu en Écosse sur le très réputé parcours de Royal Troon Golf Club. Droite dans ses bottes tout le long du tournoi, elle impressionne par son sang-froid avant de se laisser aller à l’émotion juste avant de frapper son dernier putt et c’est en larmes qu’elle relève le défi de remporter cet improbable exploit.

Elle devance ainsi de deux coups la Thaïlandaise Jasmine Suwannapura aux deux titres en tournois LGPA (Ladies Professional Golf Association) et de trois l’Australienne Minjee Lee, cinq titres LGPA à son palmarès, et devient ainsi la golfeuse la moins bien classée à remporter une majeure féminine. Inédit !

Sophia Popov
©Facebook/Sophia Popov

Une battante qui frappe juste

Le fin mot de l’histoire pour celle qui se hisse aujourd’hui au 24e rang mondial ? Persévérance. Et c’est encore elle qui l’exprime le mieux : « J’ai failli tout arrêter l’année dernière, Dieu merci, je ne l’ai pas fait. (…) C’est tout simplement incroyable. J’ai dû faire face à de nombreux obstacles sur mon parcours, mais je savais ce dont j’étais capable. »

Cette victoire sportive lui donne des ailes, de celles qui procurent ce fort sentiment qui n’est autre que “la gagne” : « Après Troon, je sens que j’ai la liberté de jouer de manière plus agressive. C’est génial, enfin, d’avoir cette attitude en tant que pro. Je suis très excitée. Je suis prête à rentrer dans l’arène maintenant ! »

Et le plus beau dans tout ça ? C’est que Sophia Popov revient de loin.

Dans une « Lettre à mes sœurs sur le circuit », elle partage ses épreuves et encourage tous ceux qui rêvent grand et loin à continuer de se battre… par amour du sport !

 « J’ai lutté pendant trois ans contre des symptômes d’engourdissement qui allaient parfois jusqu’à m’empêcher de ressentir le club entre mes mains, une vision floue et des maux de tête atroces qui rendaient impossible toute concentration. »

« La différence entre l’endroit où vous êtes et l’endroit où vous voulez être n’est pas aussi grande qu’il n’y paraît parfois. (…) Nous travaillons tous dur. Ce n’est pas un talent naturel. Bien sûr, certains joueurs ont plus de vitesse, de hauteur ou de force que d’autres. Mais le talent seul ne signifie presque rien. Nous connaissons tous des athlètes talentueux qui n’ont jamais percé. »

Sophia Popov
©Keith Allison

Et de poursuivre : « L’une des questions qui m’ont été posées depuis ma victoire est la suivante : qu’est-ce qui vous a empêché de quitter le jeu ? J’ai beaucoup réfléchi à ma réponse. Il y avait des moments où s’éloigner semblait être la seule chose rationnelle à faire. (…) Mais je n’arrêtais pas de penser : “Je ne peux pas arrêter le golf. J’aime trop le sport. Je pratique et joue au golf tous les jours. Je regarde le golf à la télévision chaque semaine. Je pense au golf tout le temps. Je ne peux pas tout quitter. J’adore ça !”

Beaucoup d’entre vous ressentent la même chose. Alors, mes amis, mes sœurs, je veux que vous sachiez que vous n’êtes pas folles de vous y tenir. Vous n’êtes pas si loin. J’ai hâte de vous embrasser un jour et de vous féliciter alors que vous franchissez et réalisez votre rêve de toute une vie. Cela peut arriver. »

Beau jeu ! Tellement ÀBLOCK!

Sophia Popov
©Facebook/Sophia Popov

Soutenez ÀBLOCK!

Aidez-nous à faire bouger les lignes !

ÀBLOCK! est un média indépendant qui, depuis plus d’1 an, met les femmes dans les starting-blocks. Pour pouvoir continuer à produire un journalisme de qualité, inédit et généreux, il a besoin de soutien financier.

Pour nous laisser le temps de grandir, votre aide est précieuse. Un don, même petit, c’est faire partie du game, comme on dit.

Soyons ÀBLOCK! ensemble ! 🙏

Abonnez-vous à la newsletter mensuelle

Vous aimerez aussi…

Luc Arrondel « En France, le salaire moyen d’une joueuse de foot est à peu près celui d’un footballeur des années 70. »

Luc Arrondel : « En France, le salaire moyen d’une joueuse de foot est à peu près celui d’un footballeur des années 70. »

Économiste du sport, directeur de recherche au CNRS, Luc Arrondel s’est penché sur l’aspect business du football et plus particulièrement du foot féminin. Son livre « Comme des garçons ? » propose de mieux comprendre son essor et ses opportunités dans notre pays où la discipline conjuguée au féminin en est encore à ses balbutiements.

Lire plus »
Marche

En marche pour Paris 2024 !

Portée par le partage, l’unité et la découverte, l’Association Leti Sports Académie passera la ligne de départ le 26 avril prochain au Havre pour un Tour de France à la marche jusqu’aux Jeux Olympiques de Paris 2024. Vous en êtes ?

Lire plus »
Renelle Lamotte

Rénelle Lamote, l’athlète qui fond sur Tokyo pour oublier Rio

Il y a cinq ans, au Brésil, Rénelle Lamote voyait ses ambitions olympiques réduites à néant dès les séries. Après une lente et douloureuse reconstruction, la demi-fondeuse francilienne est parvenue à renouer avec son meilleur niveau. À quelques jours de son entrée en lice aux Jeux Olympiques de Tokyo, la double vice-championne d’Europe du 800 mètres veut rivaliser avec le gratin mondial.

Lire plus »
26 juillet 2015, les nageuses synchronisées russes Natalia Ishchenko et Svetlana Romashina s’offre l’or mondial en duo technique

26 juillet 2015, les nageuses synchronisées Natalia Ishchenko et Svetlana Romashina s’offre l’or mondial

La Russie s’impose en… Russie. Les nageuses synchronisées russes Natalia Ishchenko et Svetlana Romashina, multiples médaillées mondiales et olympiques ont encore frappé. Le 26 juillet 2015, elles s’emparent de l’or mondial en duo technique à Kazan. Une médaille parmi d’autre sur ces championnats du monde où elles remporteront, en plus, un solo chacune mais aussi l’or sur le duo libre.

Lire plus »
Kim Ng

Kim Ng, la nouvelle boss du baseball qui frappe fort

Elle a su s’imposer dans un monde d’hommes. À 51 ans, Kim Ng est devenue manager général de l’équipe de baseball Miami Marlins. Une vraie révolution dans l’univers, jusqu’alors uni-genré, des sports majeurs aux Etats-Unis. Portrait d’une infatigable battante.

Lire plus »
Marit Bjørgen, la reine des neiges

Marit Bjørgen, la reine des neiges

Elle est tout simplement l’athlète la plus titrée de l’Histoire des Jeux Olympiques d’hiver et ce, tous sexes confondus. Avec quinze médailles, dont huit en or, la skieuse norvégienne Marit Bjørgen devance, sur le podium, ses compatriotes Ole Einar Bjørndalen et Bjørn Dæhlie. Retour sur le parcours d’une fondeuse d’exception.

Lire plus »
Retour en haut de page

Recherche

Soyez ÀBLOCK!

Abonnez-vous à la newsletter

WordPress Cookie Notice by Real Cookie Banner