Tu es sélectionnée en équipe de France à l’âge de 20 ans, en 2006, et tu gravis rapidement les échelons avec, à la clé, un tableau de récompenses fabuleux : vice-championne olympique en 2016, championne du monde en 2017 puis championne d’Europe en 2018… Comment as-tu fait du handball ton sport-vocation ?
J’ai vraiment commencé le hand par hasard, je ne connaissais pas du tout ce sport, et rien du milieu sportif, en réalité. Ma sœur avait voulu s’inscrire dans un club de hand, à côté d’où l’on habitait. Je l’accompagnais à ses entraînements et j’ai fini par en faire avec elle.
Depuis, je n’ai jamais quitté les baskets. J’avais 11 ans et ça m’a tout de suite plu. Pour le côté sport collectif, l’interaction avec les copines sur le terrain et toute l’énergie qu’il fallait y mettre ! Je n’avais pas forcément envie de faire du haut-niveau ou d’être professionnelle, je crois surtout que je n’y pensais même pas, je me suis toujours laissée guider… Quand on me proposait des défis, je les relevais !
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Qu’est-ce que ta carrière dans le handball te procure sur le plan personnel ?
Ça fait tellement longtemps que j’en fais – ça va faire quinze ans ! – que je pense que ça m’a construit en tant que personne. Déjà, à la base, j’étais quelqu’un de très introverti donc je suis certaine que ça m’a aidé à m’ouvrir. C’est tout l’aspect humain qui a permis cela : les rencontres qu’on peut faire au fur et à mesure qu’on change d’équipe et donc aussi la découverte d’autres pays, un véritable enrichissement culturel.
En jouant à l’étranger – aujourd’hui, Siraba Dembélé est dans l’équipe du CSM Bucarest, en Roumanie, après avoir joué pour le Danemark, la Macédoine, la Russie et Toulon pour la France, ndlr – j’ai pu apprendre d’autres langues, par exemple.
Le sport de haut-niveau offre de voir du monde et d’ouvrir l’esprit. C’est une belle école de la vie !
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Tu es devenue maman de jumeaux en 2019, comment gères-tu ta vie personnelle et ton implication dans le handball à haut-niveau ?
Dans le handball, il faut prendre soin de son corps car plus on vieillit, plus notre corps change et on encaisse moins bien. Depuis que je suis maman, je fais encore plus attention à mon hygiène de vie, je suis plus pointilleuse pour rester pleine d’énergie. J’ai une vie à dix mille à l’heure, mais je fais tout pour prendre soin de ma famille tout en restant performante sur le terrain.
Après, le haut-niveau, ça se joue aussi sur le plan du mental. Quand tu commences, tu sais que tu pars sur plusieurs années, il faut être solide mentalement, savoir que tu vas avoir des hauts et des bas et devoir faire face aux défaites et aux contre-performances.
Je suis partie de chez moi assez jeune, par exemple, mais je prenais ça comme une superbe opportunité. C’est vrai, à ce stade, quand on atteint le haut-niveau, on a moins le temps de voir sa famille et ça manque bien sûr, mais j’aime ce que je fais donc je me dis que c’est une chance d’en être là !
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Tu sembles totalement imprégnée de ton sport… qu’est-ce que tu ressens lorsque tu joues ?
Quand je suis sur le terrain, je ne sais pas jouer sans émotions ! Je ne sais pas jouer de façon robotisée : aller à mes entraînements, être payée et rentrer à la maison. Ce n’est pas du tout mon moteur. Moi, j’ai besoin qu’on se dirige toutes vers le même objectif, qu’on ait des interactions émotionnelles pendant les matchs, qu’il se passe quelque chose de fort entre nous toutes, l’équipe.
Tu es reconnue comme l’une des meilleures ailières gauches au monde… Si tu devais résumer ton style de jeu ?
Ma force, c’est surtout ma combativité, je ne lâche jamais rien, je suis une battante ! Je ne me suis jamais attachée à des modèles du monde sportif pour m’inspirer ou me motiver. Je crois que, dès le départ, j’avais une sorte d’insouciance, d’innocence de jeune qui m’a peut-être permis d’aller aussi loin.
Si tu devais te retourner sur ta carrière, quels sont les moments difficiles et les moments d’éclats qui ont forgé la sportive et la femme que tu es aujourd’hui ?
Quand on a perdu en quart de finale aux JO de Londres en 2012, ça a été très difficile. Parce qu’on ne méritait pas de perdre, il n’y avait pas de raison, on jouait très bien, on avait fait une belle compétition, un bon match… Ce n’est pas que l’autre équipe ne méritait pas de gagner, c’est tout simplement que c’est très dur à encaisser quand on sait qu’on a mis tous nos moyens en œuvre dans le jeu, qu’on avait les bonnes sensations et que ça n’a pas abouti.
J’ai mis longtemps à m’en relever, j’ai eu besoin de temps pour accepter.
Le moment de bonheur que je garde en mémoire, c’est en 2010, à Toulon, lorsqu’on a gagné le Championnat de France. C’était une issue géniale car, au départ, nous n’étions pas les favorites… Mais grâce à l’ambiance au sein de notre collectif, cette envie de partir à l’assaut, on a réussi.
C’est ça qui me plaît dans le handball : chaque victoire, chaque combat, sont guidés par quelque chose qui transcende la somme des individus qui y participent.
Comment gardes-tu l’envie de jouer après les moments de désillusion ?
Grâce à l’expérience… Tu apprends de plus en plus à faire face aux défaites et à accepter. Et au lieu de te prendre la tête, tu vas être dans l’analyse constructive : tu en tires des leçons !
Que penses-tu du manque de médiatisation du sport féminin ?
Pour nous, dans le handball féminin, on a clairement plus d’exposition quand on fait des résultats, quand on ramène des médailles. Au moins, on a cette chance-là. D’autres sports en catégorie féminine ne l’ont même pas !
Comment vis-tu ces périodes de confinement et d’arrêt des compétitions ?
Pour ma part, je l’ai très bien vécu parce que j’ai pu profiter de mes jumeaux nouveau-nés. J’étais vraiment contente d’avoir ce temps très rare pour un sportif de haut-niveau qui court sans cesse à droite, à gauche. C’est finalement bien tombé. Aujourd’hui, on a repris les entraînements et on joue normalement, donc tout est ok !
Quel est ton (plus grand) rêve sportif ?
Actuellement, ce serait de gagner la Champions League et, bien sûr, les Jeux Olympiques de 2021 à Tokyo !
Comment tu boosterais toutes celles qui n’osent pas se lancer sur le terrain du sport ?
Le sport, c’est la vitalité, quel que soit l’activité que tu pratiques. Il ne faut pas hésiter à se mettre à bouger, parce que quand tu fais du sport, quand tu te mets en mouvement, tu te sens revivre.
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