Il était une fois le lacrosse… féminin

Il était une fois le Lacrosse… féminin
Aux JO 2028 de Los Angeles, on assistera au grand retour olympique du Lacrosse. ABLOCK! opère un zoom sur ce sport intense qui n'a pas toujours été tendre avec les femmes.

Par Clotilde Boudet

Publié le 22 février 2025 à 17h34

Le lacrosse (ou La crosse dans les pays anglo-saxons) fait partie des cinq nouveaux sports prévus au programme olympique des Jeux de Los Angeles en 2028. Très populaire en Amérique du Nord, il reste encore inconnu en France. Discipline intense dont les joueurs n’ont pas peur du contact, le « sport national d’été du Canada » a longtemps eu la réputation d’être « un truc de mec ». Pourtant, à l’origine, il s’agissait surtout d’un jeu traditionnel des peuples amérindiens. Rituel social et politique ancestral, notamment chez les Iroquois, le lacrosse s’est progressivement transformé. Il devient un véritable sport codifié dans la seconde moitié du XIXe siècle, sous la houlette du Canadien William George Beers. 

À l’époque des Premières Nations d’Amérique du Nord, le « jeu du Créateur » avait une vocation spirituelle. Des centaines de membres d’une même tribu y participaient, les femmes incluses. Mais avec la colonisation des terres amérindiennes et l’arrivée du christianisme, celles-ci ont été éloignées de toute pratique dite « sportive ». Une nana qui fait du sport, ça n’va pas ou quoi ?

William George Beers…©Wikipedia

Il faut donc attendre 1890 pour assister au premier match officiel de lacrosse féminin. Après un voyage au Canada, Louisa Lumsden (figure de proue de la lutte pour le droit à l’éducation des filles) ramène la pratique en Écosse. La St Leonards School de St Andrews est reconnue comme le berceau du lacrosse féminin. Les premières équipes féminines ? Elles se composent d’étudiantes/athlètes badass.  

C’est à l’après-guerre que le lacrosse féminin commence à s’organiser en compétitions internationales. Rosabelle Sinclair fonde, en 1926, la première équipe féminine de lacrosse en Amérique. Là aussi, les joueuses sont des étudiantes puisque Rosabelle enseigne à la Bryn Mawr School de Baltimore, dans l’État du Maryland. Première femme intronisée au National Lacrosse Hall of Fame, elle est surnommée « la mère du lacrosse féminin » aux États-Unis.

Mais c’est bien en Grande-Bretagne, en 1931, qu’est fondée la Women’s Lacrosse Association. Aujourd’hui, le lacrosse féminin est une discipline sportive particulièrement populaire dans les universités américaines. Elle est organisée et régulée par la National Collegiate Athletic Association (NCAA), l’organisme qui supervise toutes les compétitions sportives des universités et des collèges aux États-Unis. En fait, sans ces compétitions entre facs, le lacrosse n’aurait peut-être pas autant de succès outre-atlantique. 

Rosabelle Sinclair…©Lacrosse Scotland

Là-bas, la version la plus répandue – bien qu’encore totalement inconnue en France – est le Field Lacrosse (ou la crosse en champ). La discipline n’a plus rien à voir avec le rite traditionnel amérindien de l’époque pré-coloniale… Avec dix joueurs armés de bâtons (« sticks » en anglais) sur un terrain de 110m sur 60m, le lacrosse moderne est un mélange de hockey sur gazon, de handball et de football américain. C’est un sport rapide et stratégique dans lequel le corps à corps n’est pas rare. Ce côté physique, parfois violent, a longtemps empêché les femmes d’accéder aux terrains.

Aujourd’hui, le lacrosse féminin est un sport à part entière, dont les règles diffèrent de celles du lacrosse masculin. Les joueuses, plus nombreuses sur le terrain, n’ont pas besoin des lourdes protections rigides portés par les hommes car les contacts sont limités. Les règles de pénalité sont également différentes, tout comme le stick. Sa poche, moins profonde, rend la maîtrise de la balle plus délicate. Ce qui compte dans la version féminine du lacrosse, c’est avant tout la technique, la vitesse et la stratégie. 

Une équipe de la NCCA Women’s Lacrosse en 2005…©Wikipedia

Sans surprise, il a fallu un peu plus de temps à la version féminine du lacrosse pour se faire une place sur la scène internationale. Quinze années séparent le premier championnat du monde de lacrosse féminin, organisé en 1982, de sa version masculine. À l’époque, l’équipe américaine, menée par sa capitaine Jane Diamond Barbieri, l’emporte en finale contre les Canadiennes dirigées par Michelle Bowyer. Et aujourd’hui ? Les grandes joueuses ne manquent pas. On peut citer l’incroyable attaquante américaine Kylie Ohlmiller, la légende australienne Hannah Nielsen ou encore Dana Dobbie, une des pionnières du lacrosse féminin au Canada.  

Après avoir été intégré à titre amateur aux Jeux Olympiques de 1904 et 1908, le lacrosse fera son grand retour aux JO de 2028, à Los Angeles. Les fans des Jeux découvriront une variante inédite de la discipline : le « Lacrosse Sixes ». Sans fédération et avec seulement 11 clubs dans tout l’Hexagone, il y a encore beaucoup à faire pour le lacrosse français. Jusqu’ici, le pays ne possédait pas d’équipe nationale féminine… Mais bonne nouvelle, le premier match 100 % féminin s’est déroulé en juillet 2024 !

Chez ABLOCK!, on croise les sticks pour que ce ne soit pas le dernier.

©France Lacrosse

Ouverture USA Lacrosse

D’autres actus en brèves…

Manelle Inaho

Le Q&A de la gymnaste Manelle Inaho

Elle fait partie des têtes d’affiche de la gymnastique rythmique. Manelle Inaho, 21 ans, est une des pépites de la fédé française de gym. D’une grâce toute aérienne, elle émeut le public à chacun de ses passages sur le tapis. Elle a répondu à notre Q&A express.

Lire plus »
Pilates, stretching, yoga, c’est quoi la différence ? La question qui tue

Pilates, stretching, yoga, c’est quoi la différence ?

Il parait que Pilates, yoga et stretching est le mix parfait pour se détendre. Moins de stress dans nos vies ? Ici, on dit oui ! Mais c’est quoi exactement ces pratiques qui ont l’air perchées ? Allez, on quitte un instant notre chien tête en bas pour t’en dire plus sur ces sports dans lesquels corps et esprit travaillent en harmonie.

Lire plus »
Pourquoi quand je cours, je suis essoufflée ? La question qui tue

Pourquoi quand je cours, je suis essoufflée ?

Courir, t’adore ça ! Ou plutôt… tu aimerais adorer ça. Le problème, c’est que t’as tout de suite le cardio en PLS. Les poumons brûlent, le souffle est saccadé… Au secours ! Si tu t’es déjà demandé pourquoi t’as l’impression que t’es au bout de ta vie quand tu fais un petit footing, cette mise au point est faite pour toi.

Lire plus »
Il était une fois le karaté...féminin Sophie Berger

Il était une fois le karaté…féminin

Avec plus de 35 % de femmes licenciées, la Fédération Française de Karaté est l’une des premières fédérations sportives féminine du pays. Pourtant, la présence des filles sur les tatamis n’a pas toujours été de soi… Dans le monde de la compétition en tout cas. Petit tour d’horizon de cet art martial conjugué au féminin.

Lire plus »
Il était une fois le kung-fu… féminin

Il était une fois le kung-fu… féminin

Il existe un grand nombre de styles de kung-fu comme le Shaolin, le Taiji-Quan ou encore le Wing Chun. Une légende raconte que ce style de kung-fu, dont le nom signifie « la boxe du printemps éternel », fut inventé au XVIIe siècle par… une femme !

Lire plus »
Le Q&A de la badiste Léa Palermo

Le Q&A de la badiste Léa Palermo

Elle vient de décrocher la médaille de bronze en double aux championnats d’Europe de badminton à Horsen, au Danemark, avec son partenaire de raquette Julien Maio. Léa Palermo, joueuse du Badminton Associatif Choletais, signe ainsi sa revanche après des moments de doutes et des blessures à répétition. Elle a répondu à notre Q&A express en vidéo.

Lire plus »
Le questionnaire sportif de… Aurélie Goubel

Le questionnaire sportif de… Aurélie Goubel

La saison 2024 a été sa dernière. La capitaine du Handball Plan-de-Cuques, Aurélie Goubel, a quitté les parquets pour reprendre à plein temps son métier de prof. Avant son départ, on lui a demandé de répondre à notre petit questionnaire de Proust à la sauce ÀBLOCK!

Lire plus »
Florian Grill : « Le challenge de la décennie, c'est de voir exploser le rugby féminin ! »

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

Une superwoman en chair et en muscles, le départ d’un rallye on ne peut plus ensablé, les ambitions féminines du président de la fédé de rugby, c’est le meilleur de la semaine sur ÀBLOCK!. Enjoy !

Lire plus »
David Maginot : « Dans mes photos de championnes, j’essaye de retranscrire à la fois la réalité et l’émotion du moment. »

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

Un photographe olympique, une nouvelle venue sur la piste du sprint, une reine du quad, des plongeuses pionnières et un rallye on ne peut plus ÀBLOCK!, c’est le meilleur de la semaine. Bonne lecture !

Lire plus »

Vous aimerez aussi…

Alice Modolo

Alice Modolo : 100 mètres, le rêve !

La divine descente en eaux troubles d’un poisson nommé Modolo. L’apneiste française vient de réaliser son rêve de toujours : plonger à plus de 100 mètres dans les profondeurs. Et, hop, un nouveau record de France !

Lire plus »
Le sport féminin ébranlé par la crise sanitaire ?

Le sport féminin post-Covid-19 ? Attention, fragile !

La belle avancée du sport féminin a-t-elle vu son élan brisé par la crise sanitaire ? En passe d’être la variable d’ajustement, le sport féminin n’a pas dit son dernier mot et reste mobilisé, malgré la crise, pour atteindre son but : plus de médiatisation, plus de moyens, plus de pratiquantes. Un jeu de stratégies tout en vigilance et continuité qui pourrait bel et bien dessiner un « monde sportif d’après ».

Lire plus »
CrossFit

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

Un nouveau podcast avec une bodybuildeuse on ne peut plus ÀBLOCK!, une star de la petite balle jaune, une pionnière qui ouvre le chemin à coups de sifflet, l’histoire de la ride au féminin, deux nouvelles chroniques signées d’une avocate et d’une journaliste crossfiteuse pour un autre regard sur le sport, c’est le meilleur de la semaine sur ÀBLOCK!. Bonne lecture !

Lire plus »
Alizée Baron

Alizée Baron : « Je fais du skicross pour me dépasser et j’aime ce risque-là. »

Une impétueuse, toujours en quête d’adrénaline. Après une saison blanche pour cause de blessure au dos et malgré les conditions particulières liées, entre autres, à la situation sanitaire, Alizée Baron reprend du service en Coupe du monde de skicross. La skieuse d’Orcières-Merlette aborde cet hiver avec une envie décuplée. Sereine et déterminée. Rencontre avec une fille qui ne laisse pas de glace.

Lire plus »

Recherche

Soyez ÀBLOCK!

Abonnez-vous à la newsletter

Mentions de Cookies WordPress par Real Cookie Banner