Pauletta Foppa : « Quand on atteint le haut niveau, on doit rester humble et déterminée. »

Pauletta Foppa
À tout juste 17 ans, elle décroche le titre suprême au Championnat d’Europe avec l’équipe de France. À 19, elle est élue Meilleure Espoir de la saison du Championnat de France féminin.
Précoce, pugnace et réfléchie, la jeune handballeuse pro Pauletta Foppa a appris à surmonter les difficultés pour mieux travailler son mental de championne. Une future grande !

Par Claire Bonnot

Publié le 19 juin 2020 à 11h10, mis à jour le 13 janvier 2025 à 17h54

Tu as été élue Meilleure Espoir du Championnat de France de la saison, à tout juste 19 ans. Il se passe quoi dans sa tête à ce moment là ? 

J’étais déjà tellement contente d’être dans les trois nommées  ! En plus, je ne pensais pas que les Trophées All-Star LFH auraient lieu car on a terminé la saison dans la précipitation avec la crise sanitaire.

Ensuite, quand j’ai gagné, j’ai été très heureuse surtout quand on sait que les votes des internautes ne représentent que 30% par rapport au vote des professionnels. Et aussi étonnée parce que j’avais l’impression d’avoir fait de meilleurs matchs en Ligue des Champions qu’en Championnat de France.

Je me dis que je n’ai pas fait tout ce chemin pour rien et que le travail paye  !

Pauletta Foppa

L’envie de jouer au handball, ça t’est venu comment ?

Enfant, je faisais du foot et du basket, comme mon frère. J’ai arrêté le foot quand j’en ai eu marre d’être constamment dans les buts, ça ne m’intéressait plus. Et ma mère trouvait que le basket ne me fatiguait pas assez  !

Alors, j’ai tenté le handball à l’âge de neuf ans et demi en rejoignant ma meilleure amie. Ça a été extra ! Toutes mes copines étaient là-bas.

Lire aussi : L’interview de la handballeuse Bruna de Paula, « Le sport m’a tout appris. »

Qu’est ce que tu aimes le plus dans ce sport ?

J’aime piéger les adversaires, réfléchir aux stratégies de jeu et aux objectifs que l’on doit se fixer, la manière dont on prépare les matchs, l’engouement du public…

Et puis, le bonheur, c’est que chaque match est différent !

«  J’essaye de ne pas être qu’un pivot, avec une seule qualité. »

Pauletta Foppa

Selon toi, quel est ton point fort dans un match ?

J’aime bien marquer ! J’essaye de ne pas être qu’un pivot, avec une seule qualité, d’être autant dans le glissement que dans le bloc.

Un souvenir d’une victoire qui t’a boostée ?

Ce n’est pas quand j’étais professionnelle, mais lorsque j’étais en Équipe de France jeune.

On perdait un match contre la Suède en Championnat d’Europe en 2017. Mais à cinq secondes de la fin, ça s’est joué sur un penalty et on a gagné. On a poursuivi l’aventure pour se placer 4e. C’était déjà ça !

«  Il ne faut pas s’apitoyer sur son sort sinon tu ne progresses pas.»

Pauletta Foppa

Une défaite qui t’a rendue plus forte ?

C’est plutôt une difficulté  : le fait qu’à Brest, au début, je ne jouais pas (Pauletta Foppa fait partie du club Brest Bretagne Handball, ndlr) parce que j’arrivais en cours de saison et qu’il faut trouver sa place.

Et puis, je n’avais même pas encore 17 ans, j’étais à sept heures de route de chez mes parents, c’était la première fois que je vivais seule.

Ces difficultés m’ont permis d’avancer : il ne faut pas s’apitoyer sur son sort sinon tu ne progresses pas. Il faut juste se mettre au travail, beaucoup communiquer avec les joueuses d’expérience.

Ça a été un mal pour un bien. C’est peut-être pour ça que je suis dans les Espoirs maintenant…

«  Il y a des sacrifices, il ne faut pas se mentir… »

C’est vraiment cette année que tout s’est joué : j’ai eu un tremplin et la confiance du coach. J’ai eu beaucoup plus de temps de jeu car je comprenais mieux, je savais quoi faire.

Je n’étais plus dans l’observation. Je comprenais et j’agissais !

Pauletta Foppa

En 2018, tu participes au Championnat d’Europe et la France gagne, un grand moment pour toi ?

Je ne m’attendais pas du tout à être appelée en Équipe de France, je pensais que c’était une erreur !

Tu as l’impression de vivre un rêve éveillé. Tu acquiers un tas d’expériences : sur le plan du jeu en côtoyant les joueuses, mais pas que, aussi sur la façon de gérer ton image, par exemple.

Comment on se sent quand on atteint le haut niveau ?

Il faut rester déterminée, humble et sans cesse travailler  !

Le sport de haut niveau, c’est beaucoup de sacrifices ou que du bonheur ?

Il y a des sacrifices, il ne faut pas se mentir… Pour moi, le plus difficile est surtout le fait de ne voir mes parents et ma famille que trois fois par an…

Pauletta Foppa

La suite de ta carrière, tu la vois comment ?

Je me souhaite une belle et longue carrière  : je ne me fixe pas d’âge de départ à la retraite. Mais ma reconversion est toute trouvée : je serai agent immobilier.

Que dirais-tu aux jeunes femmes pour les inciter à faire du sport ?

Je sais que, personnellement, le sport m’aide beaucoup à décompresser.

Quand je suis énervée ou que je ne vais pas bien, j’aime aller courir ou m’entraîner. En se fixant d’autres objectifs, tu te coupes de tes soucis  !

Vous aimerez aussi…

Camille Prigent

Camille Prigent : « Le kayak, ça t’apprend la résilience… »

Tombée dans la marmite tourbillonnante du kayak quand elle était petite, la kayakiste de 22 ans semble voler sur l’eau depuis son titre aux JO de la Jeunesse et ses victoires en championnats nationaux, européens et mondiaux. La tête sur les épaules et armée d’une motivation sans faille, Camille Prigent trace avec détermination son sillon pour Paris 2024.

Lire plus »
Hazal Nehir, folle de toits

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

Une acrobate de la street (Hazal Nehir sur notre photo), une batteuse d’exception, du paddle pour la bonne cause, une marathonienne aux souliers d’or ou encore une arbitre qui ouvre la voie, c’est le meilleur d’ÀBLOCK! pour cette semaine. Enjoy !

Lire plus »
Solène Sache, celle qui nage à toutes jambes

Solène Sache, celle qui nage à toutes jambes

Paraplégique de naissance, Solène Sache ne se sent jamais plus légère que dans l’eau. Déjà multi titrée, elle a un nouveau rêve à accomplir : une médaille aux Jeux Paralympique 2024. Pour la championne Val d’Oisienne, nager à domicile est la cerise sur le gâteau. Et elle espère n’en faire qu’une bouchée.

Lire plus »
Kids

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

L’adieu à 2023 et l’arrivée en trombe de 2024, les femmes dans le sport encore et toujours, mais aussi notre lancement de la première édition d’ÀBLOCK! Kids, c’est le meilleur de ces derniers jours ! Enjoy !

Lire plus »
MMA

MMA, dans la cage aux lionnes

Ça s’appelle le MMA et c’est l’assurance…d’un spectacle explosif. Acronyme de Mixed Martial Arts, ce sport de combat, conceptualisé il y a vingt-cinq ans, a très vite enflammé le monde. Légalisé il y a un an en France, il compte, chez nous, environ 50 000 pratiquants dont 25 % de filles. Ce 8 avril, le MMA Grand Prix sera diffusé en live mondial avec 12 “warriors“ dont 2 femmes. L’occasion de mettre en avant la discipline et quelques-unes de ses combattantes acharnées.

Lire plus »
Kim Ng

Kim Ng, la nouvelle boss du baseball qui frappe fort

Elle a su s’imposer dans un monde d’hommes. À 51 ans, Kim Ng est devenue manager général de l’équipe de baseball Miami Marlins. Une vraie révolution dans l’univers, jusqu’alors uni-genré, des sports majeurs aux Etats-Unis. Portrait d’une infatigable battante.

Lire plus »

Recherche

Soyez ÀBLOCK!

Abonnez-vous à la newsletter

Mentions de Cookies WordPress par Real Cookie Banner